Chapitre IV - Divin enfant

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Choix des lecteurs :

🏅Sagrymor claque la croupe de Talion pour l'ordonner de fuir, quitte à attirer sur elle la fougue du fermier.

— Mes navets ! vociféra le fermier.

Sagrymor n'eut que très peu de temps pour réagir. Sans vraiment réfléchir à son geste, elle se tourna pour claquer la croupe de Talion tout en poussant un cri pour l'inciter à fuir.

Elle aurait dû prendre un demi-battement pour considérer son geste. Ce n'est que lorsqu'elle perçut le liquide chaud sous sa paume qu'elle réalisa son erreur. La blessure.

Sagrymor baissa le regard vers sa main. Cette dernière était enfoncée dans le sang suintant des entailles laissées par les diablotins. Le temps de retenir sa respiration, la chevalière remarqua les yeux du cheval s'écarquiller, ses oreilles se dresser et ses muscles se tendre. Elle entama un geste pour attraper les rênes. Trop tard.

Foudroyé par la douleur, Talion se cabra. Sagrymor tomba à la renverse en essayant d'éviter un coup de sabot. Les pattes de l'animal retombèrent lourdement juste à côté de la chevalière et Talion détala aussitôt.
Le fermier était trop proche désormais. Il n'avait plus la possibilité d'esquiver le cheval en panique. Le choc fut terrible.

Le paysan vola sur une vingtaine de pas et se fracassa tête première dans la terre. L'outil qu'il avait en main avait embroché Talion au niveau du poitrail. Il y resta accroché, ballotant pendant quelques foulées supplémentaires avant de finalement se libérer de la chair animale et tomber dans les herbes sauvages.

Se relevant avec peine, le corps meurtri et l'esprit las de tous ces événements, Sagrymor assista impuissante à la fuite de Talion. Il était déjà loin, tout en bas de la colline, à l'orée d'un petit bois de bouleaux où elle apercevait le toit d'une modeste chaumière.

Elle siffla trois fois, sans conviction. En vain.

— Mais que vous ai-je fait ! hurla la chevalière vers le vide céleste.

☆☆☆

Tout était noir.

Jondo se rappelait son champ de navets dévasté et ce foutu canasson chargeant sur lui. Puis plus rien. Le noir.

Jondo n'était pas étonné, mais se demanda tout de même où il pouvait bien se trouver. Il tenta de marcher, mais ne sentait plus ses jambes. Il ne sentait absolument rien qui plus est.

— Salut.

Jondo en aurait presque sursauté. Il baissa alors le regard vers un gamin dont la peau laiteuse tranchait avec les ténèbres environnantes. Une tignasse blonde indomptée surplombait une bouille ronde aux joues rosées. Deux grands yeux virides, en amande tombante sur les extrémités, pétillaient comme autant de constellations dans la nuit. Sur son front, une lueur bleutée se dégageait d'un symbole en forme d'œil avec pour pupille une étoile à sept branches.

— Comment tu t'appelles ?

Sa petite voix juvénile résonnait avec innocence dans l'obscurité.

— Jondo.

L'enfant ricana.

— C'est rigolo comme nom ! Moi c'est Elpos, fit-il en bombant son petit torse.

Jondo, qui ne voyait pas en quoi son nom était rigolo, ne réagit pas. Cela sembla vexer l'enfant qui enchaîna :

— Elpos ! « L'enfant rêveur », comme vous m'appelez.

Toujours rien côté Jondo. Ni en expressivité faciale ni en réflexion cérébrale.

— Le Dieu de l'Enfance, des Histoires, des Rêves, de l'Espoir, de la Liberté, du Courage... non ? Rien ?

— Ç'fait une chiée, se contenta de répondre Jondo.

L'enfant se plaqua une main sur le visage, exaspéré. Il souriait toujours, mais semblait gêné.

— Pauvre Sagrymor... je comprends mieux là.

— C'poilant ça.

— De quoi ? demanda Elpos, entre ses doigts.

— « Pov' Sacrée Mort ». J'la ressortirais !

— Ah oui quand même, murmura l'enfant atterré. Mais non, andouille ! Sagrymor ! C'est le nom de la chevalière qui t'as sauvé la peau tantôt ! Celle qui aurait dû être l'Élue si tu n'avais pas déboulé de nulle part !

— Ah non ! T'vas pas t'y mettre aussi toi là avec c't'affaire « des lus » hein ? J'sais po lire d'abord ! s'énerva Jondo.

— Élu ! É-lu ! Ça veut dire que t'as été choisi par nous. Enfin malgré nous hein... nous, les Sept Dieux, ajouta Elpos devant le regard toujours aussi vide du fermier.

— Choisi pour quoi d'y voir ? se contenta de répondre Jondo pour qui les dieux, qu'ils soient sept ou non, ne l'intéressaient guère.

— Mais pour sauver le monde bourrique !

— Ah non ! Non, non et non hein ! C'po pour moi c'conneries-là !

— Bon, écoute bien mon grand, fit Elpos en se pinçant l'arête du nez et en fermant les yeux. On a tout vu d'accord ? Ton petit coup de sang là quand tu t'es énervé après le cheval pour ton histoire de champs de betteraves...

— Navets.

— Oui, peu importe. Donc si t'es pas content et que tu fais pas ce qu'on te dit pour sauver ton monde, on l'inonde ton champ ! De la bouillie tes navets ! Un foutu marais où rien poussera pendant des siècles ! C'est clair là ?

L'enfant avait prononcé ces derniers mots avec une virulence et une profondeur de voix qui n'avaient plus rien d'enfantin. La lueur du symbole sur son front avait viré au bleu glacé. Même ses iris avaient brillé d'une noirceur surnaturelle. Bien malgré lui, Jondo eut un frisson et se contenta de hocher la tête.

— Extra ! reprit l'enfant, à nouveau tout sourire.

Jondo qui se sentait de plus en plus mal à l'aise, comme jamais il ne l'avait ressenti de son existence, voulut changer de sujet.

— Où c'est-y qu'on est-tu là ?

— Ah oui, ça... en fait tu es un petit peu entre la vie et la mort là. Mais bon, heureusement pour nous tous, tu es sacrément plus costaud que tu en as l'air ! Donc ça devrait aller.

Le mot « devrait » fit légèrement tiquer Jondo, mais il ne releva pas, évitant d'interrompre l'enfant qui n'avait toujours pas répondu à sa question.

— Nous sommes dans ta tête. Je suis le Dieu des Rêves je te rappelle. Je suis donc le seul des Sept qui puisse te contacter sans trop d'effort ! il finit sa phrase d'un clin d'œil empli de fierté.

Dans la pénombre environnante, Jondo ne distingua qu'un petit tas de navets à quelques pas de là. Des naves de premiers choix, tous plus beaux les uns que les autres.

— C'noir comme un cul d'marmite dans ma caboche dis donc hein.

— Ah ça c'est sûr, fit l'enfant avec un nouveau rire gêné. J'ai jamais vu de rêve aussi vide ! T'as pas beaucoup d'imagination toi, hein ?

Jondo secoua les épaules. Un silence pesant s'installa entre les deux avant que l'enfant ne reprenne la parole avec une certaine gravité dans la voix.

— Écoute Jondo, on a peu de temps. Nous Sept, on faiblit chaque jour un peu plus. Bientôt, nous n'aurons plus la force de protéger les quelques humains encore en vie. Nous t'avons fait cadeau aujourd'hui de toute la puissance que nous pouvions donner. Toi seul es désormais capable d'anéantir les cinq Seigneurs Démoniaques qui ont envahi vos terres.

Elpos s'attendait à voir la terreur tordre les traits du paysan. Au lieu de cela, ce dernier soupira, comme fatigué d'avance.

— T'es étonnant toi, tu sais ? s'amusa Elpos, incertain s'il devait rire ou s'inquiéter. T'en fais pas, tu seras pas seul. Nous suivons Sagrymor depuis qu'elle est toute petite. C'est pas pour rien qu'elle devait être Élue ! Elle est plus toute jeune, mais elle est extra forte et très courageuse. Garde-la toujours avec toi... c'est notre seul espoir en fait.

Jondo écoutait malgré son oreille gauche qui sifflait jusque dans ses rêves apparemment. Un handicap qui prouvait bien la force de la chevalière, il ne pouvait pas dire le contraire.

— Et maintenant, écoute bien Jondo. Je vais t'expliquer comment nous avons béni ton... arme. Et surtout, ce que nous avons versé comme pouvoir dans l'heptagramme. Mais si, l'étoile à sept branches qu'on t'as taillée dans ta paume droite !

Elpos avait ajouté ces deniers mots en voyant clairement que l'heptagramme, symbole des Sept, ne signifiait rien pour cet homme. Tout comme l'existence des Sept d'ailleurs.

Un drôle de numéro ce Jondo !

Elpos espérait vraiment que le hasard, cette seule force que les Sept ne maîtrisaient pas, ne venait pas juste de condamner le monde et leur existence toute entière en ayant placé Jondo sur leur route...

☆☆☆

Sagrymor resta un instant ainsi, les yeux vers le ciel silencieux, la tête en arrière, les bras écartés avant de se relâcher en un long soupir.

Sans grande conviction, elle s'approcha du fermier et le retourna sans ménagement afin de lui extirper la face du sol. Elle ne pensait pas qu'il pouvait avoir l'air plus crasseux. Elle s'était trompée.

Il avait de la terre coincée jusqu'entre ses dents jaunies. Un ver de terre cherchait à s'extraire d'un nez visiblement cassé. Un filet de sang coulait de sa mâchoire pendante. Sous une croûte terreuse, les hématomes violacés laissés précédemment par ses claques dénotaient. On eût dit un navet à peine déterré.

Sagrymor ne se faisait plus d'illusion sur son pronostic vital. Surtout, elle ne tenait plus à s'approcher de cet être pestilentiel. Elle avait assez souffert aujourd'hui.

La chevalière reporta plutôt son attention sur l'outil béni du paysan. Du sang pourpre coulait le long des deux pics de l'instrument. C'était celui de Talion, aucun doute là-dessus. Alors comment était-ce possible que le cheval n'ait pas été pulvérisé à l'instar du diablotin quelques instants plus tôt ?

En plein questionnement, Sagrymor tendit la main pour se saisir de l'outil. Alors que les doigts de son gantelet métallique se refermèrent sur le manche, un crépitement électrique et un arc de lumière bleuté en jaillirent. La chevalière retira sa main sous le choc de la décharge.

Sagrymor soupira en reportant son regard vers la loque humaine gisant dans la terre. Plus de doute possible : l'arme avait été bénie pour l'Élu, et pour l'Élu seul.

Or l'Élu était vraisemblablement mort.

Alors que faire ?

Voici les choix pour le prochain chapitre :

● Aller chercher Talion et tenter de trouver une autre solution pour sauver le monde.

● Aller voir de plus près cette chaumière au pied de la colline et peut-être essayer de panser ses blessures.

● Tenter de trainer le fermier vers la chaumière pour éventuellement essayer de le sauver, ou sinon l'enterrer.

● Prendre sur soi concernant l'odeur affreuse et tenter de ranimer pour la deuxième fois de la journée le paysan.

● (proposée par DanielleLikhana) Craquage complet, Sagrymor prend une branche d'arbre et l'attache à la tête de Jondo pour qu'il ressemble vraiment à ses foutus navets !

● Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

Fin des votes mardi 22/09/2020 à 22h (GMT +2). Chapitre suivant le 24/09 au plus tard.

À vos votes !

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