Chapitre I - Coup de foudre

- Mortecouille !

Le jeune Jondo n'y comprenait rien.

Il fallait bien admettre qu'il ne comprenait généralement pas grand-chose à quoi que ce soit. Mais là, c'était incompréhensible.

La journée avait débuté avec une légère brume parsemée de rosée. Dans le ciel matinal, aucun nuage n'osait faire de l'ombre au lever de l'astre roi. Ce dernier avait éclairé la terre de ses ardents rayons estivaux que nulle brise ne vint rafraîchir. Tout cela indiquait clairement une chaude journée d'été. Bref, le jour idéal pour aller éclaircir à coup de serfouette son champ de navets et l'arroser à profusion avec l'eau du ruisseau en contrebas de la butte.

Alors pourquoi le ciel se noircissait-il tout à coup ?

C'était comme si ces sombres nuages moutonneux s'étaient tout à coup matérialisés au-dessus de sa tête, grondant leurs menaces. Jondo, intimidé, redoubla d'efforts pour terminer son labeur avant que l'orage impromptu ne se déverse sur lui. Au moins pourrait-il s'épargner l'arrosage.

Ce fut à ce moment qu'il entendit un hennissement. Il releva la tête pour voir un cavalier solitaire au bout de son champ. Voilà qui n'était pas banal !

Jondo n'aurait su dire à quand remontait la dernière fois qu'il avait vu une autre âme. En même temps, il était incapable de se rappeler ce qu'il avait fait la veille, alors forcément...

Sur le sommet de la butte, l'individu regardait tantôt en l'air, tantôt le sol. Il semblait chercher quelque chose.

- V'la-t'y po un vagabond à c't'heure, maugréa Jondo entre ses dents jaunies. Son foutu canasson va m'esquicher mes navets si l'envie lui prend de v'nir cavaler de ce côté-ci !

Il accompagna sa fin de phrase d'un épais mollard, sans quitter le cavalier des yeux. Puis, saisissant sa binette, il entreprit de grimper la butte d'un pas décidé.

☆☆☆

Du haut de la colline, Sagrymor était perdue dans la lecture de son parchemin. Elle ne devait plus être bien loin. Tous ces longs mois de trajet en solitaire, jonché d'épreuves et de douleurs, pour enfin atteindre cet endroit !

À travers la visière de son heaume, Sagrymor jeta un regard aux nuages gonflés d'orage qui s'accumulaient juste au-dessus d'elle. Encore quelques pas de plus sur sa droite. Malgré son armure lourde, elle mit pied à terre d'un agile mouvement de jambe. Continuant sa marche, elle caressa distraitement le garrot de Talion qui ne perdit pas l'occasion pour brouter un peu de ce gras pâturage.

Le voilà ! Elle le trouvait enfin. Juste là, quelques pas devant elle, dessiné par de modestes pierres alignées recouvertes de lichens et englouties sous les herbes : le Cercle des Dieux.

La chevalière en était presque déçue. Elle s'était attendue à un monument plus prestigieux que ce vague cromlech usé par le vent, la pluie et les années. Peu importe. Il lui fallait terminer la prophétie : lever son arme vers les cieux depuis le centre du cercle. L'orage grondait, le temps pressait. Le ciel était si chargé qu'on eut cru la nuit tombée.

Alors que Sagrymor fermait la distance entre elle et le cercle, toute captivée qu'elle était par l'objet de sa quête, la cavalière baissa sa garde et ne perçut pas les signes d'alerte autour d'elle.

Talion avait délaissé son herbage, les oreilles désormais dressées sur une tête relevée. Non loin, quelques branchages craquèrent sous le poids d'un pas lourdaud. Enfin, des interjections grossières étaient tout juste perceptibles par-dessus le souffle des rafales tempétueuses.

Ce ne fut que lorsque le fermier posa pied dans le cercle que Sagrymor réalisa enfin sa présence. Elle eut un mouvement de recul incrédule. Un homme ? Ici ?

- Mais qu'est-ce que...

Les mots hésitants furent aussitôt happés par les vents. Les cheveux hirsutes, l'homme sans allure et armé d'une sorte de bêche, était désormais au centre du cromlech divin. Son outil de fermier brandit en l'air, il s'époumonait en paroles qui, bien qu'audibles, n'avaient aucun sens aux oreilles de la chevalière.

- ...nard ! La vue y est p't-êt' ben belle d'ici haut, mais c'po une raison d'y v'nir y démouler un navet, maudit traine-lattes !

Les bourrasques s'échouèrent contre la joue de Sagrymor telle une gifle. Ressaisie, elle s'exclama :

- Mais qu'est-ce que vous fichez là vous ? Allez-vous-en abruti !

Elle porta sa main au fourreau et s'apprêta à bondir. Trop tard. L'homme venait de poser pied au centre du cromlech.

Un éclair aveuglant percuta le champ de vision de la chevalière. En un instant, son heaume fut éjecté, ses oreilles détonèrent et le souffle de l'explosion la projeta contre une terre toute tremblante.

Les poumons asséchés par le choc, Sagrymor haleta de douleur. Abasourdie par un sifflement aigu, elle distinguait tout juste le hennissement apeuré de Talion au loin. Sa vue était aussi floue que ses esprits. Toussotant, elle chercha appui pour se redresser. Des mottes de terre fumante glissèrent le long des plates de son armure.

Au bout de ses pieds, là où quelques instants plus tôt se trouvait un homme au milieu d'un cercle de pierres sacrées, un vaste cratère noirci de fumerolles.

Le visage de Sagrymor se décomposa à l'image des caillasses roulant sur les parois du fossé. Ce n'était pas la scène de dévastation ni même la pulvérisation du fermier qui accabla la chevalière, mais ce simple constat : l'éclair était tombé. Elle venait d'échouer.

Déjà au-dessus, percés de toute part de rayons ensoleillés, les noirs nuages s'évanouissaient. En un dernier soupir, l'orage disparut, emportant avec lui la fumée du cratère.

La vue ainsi dégagée, Sagrymor reconnut aussitôt le corps gisant au fond du trou. Si ce n'était pour ses ternes habits fumants et ses bruns cheveux plus ébouriffés encore, le contadin dénotait avec la terre carbonisée qui l'entourait : il semblait intact. Il tenait toujours à la main son outil de labeur qui crépitait  d'électricité.

Ne prenant guère le temps de sonder ses éventuelles blessures, la chevalière ôta ses gantelets et se rua aux côtés de l'homme. Il paraissait bien plus jeune de près. Une faible lueur bleue attira son attention sur la paume droite du fermier. Un heptagramme fumeux y était désormais ciselé.

Posant une main sur son torse et une oreille contre son nez, Sagrymor retint son souffle.

Il empestait, mais il respirait.


Une fois n'est pas coutume, pour ce premier chapitre, ce ne sera pas un choix mais une course aux tags. (Quoi ? Mais noooon c'est pas du tout intéressé ! 😅)

La règle de cette course aux tags : 1 tag @ = 1 baffe 🖐🏿 donnée par Sagrymor pour tenter de ranimer Jondo !
Madame ne fait pas dans la finesse !

(Si une personne est taguée plusieurs fois, une seule baffe sera comptabilisée)

● 0 🖐🏿 = Sagrymor secoue un peu Jondo, mais n'insiste pas. Il s'est pris la foudre quand même ! Son pronostic vital est plus que compromis, donc à quoi bon s'acharner ?

● 1 à 10 🖐🏿 = Jondo se réveille (un peu sonné quand même !)

● 11 à 30 🖐🏿 = Le son des claques résonne dans le vallon et la mâchoire de Jondo est engourdie.

● 31 à 60 🖐🏿 = Le visage de Jondo est couvert d'hématomes. Les marques de main vont rester un moment...

● 61 à 100 🖐🏿 = Un des tympans de Jondo se perce. Il va être complètement sourd d'une oreille pendant un bon moment...

● 101 à 150 🖐🏿 = Une dent s'envole dans un jet de sang. Ça ne va pas améliorer son charisme ça !

● 151 à 200 🖐🏿 = La mâchoire se disloque. Parler va devenir plus compliqué ! En prime, Sagrymor se foule un poignet.

● 201 à 250 🖐🏿 = Un deuxième tympan pète. Notre héro-en-devenir sera donc sourd désormais... et peut-être à jamais...

● 251 à 300 🖐🏿 = Jondo tombe dans un coma. Ça va être pratique pour sauver le monde, tiens !

● 301 et + 🖐🏿 = Jondo meurt d'un trauma crânien... C'est ballot, on n'était qu'au premier chapitre 😟

Fin de la course aux tags le mercredi 09/09/2020 à 21h (GMT +2). Chapitre suivant quelques jours après.

À vos marques ! Prêts ? BAFFEZ !

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