36. En route vers le gris
L'épreuve finale du programme d'entraînement initial de CHERUB consistait en une marche en milieu hostile, durant laquelle les recrues devaient mettre à profit les enseignements reçus tout au long des derniers mois. Et les instructeurs semblaient être d'une imagination sans limite quand il s'agissait de trouver de nouveaux terrains de jeu: la jungle de Malaisie, une île au large de l'Écosse, le désert australien et même l'arctique... Avant même leur première mission les futurs agents de l'organisation avaient déjà affronté des endroits parmi les plus durs que la nature pouvait créer.
Cette fois ils avaient proposé de confronter les stagiaires aux montagnes du Népal, un choix âprement discuté avec la direction du campus.
Certes il y existait bien des zones désertes, sans village ni habitants à des dizaines de kilomètres à la ronde, et l'armée britannique pouvait demander au gouvernement local d'interdire les randonnées dans le secteur quelques semaines sous prétexte d'exercices militaires. Mais c'était un environnement particulièrement dangereux et éprouvant, même aux standards de CHERUB. Crevasses, éboulements ou encore tempêtes étaient autant de menaces mortelles et incontrôlables. Le feu vert n'avait finalement été donné qu'un mois plus tôt, sous réserve que les recrues reçoivent un entraînement spécial à la montagne, d'abord sur de faibles altitudes en Écosse, puis sur les hauteurs du Népal.
Mais tout cela, les intéressés l'ignoraient. Ce qu'ils savaient, en revanche, c'était que les quatre jours passés sur place n'avaient été qu'une éprouvante succession de marches en montagne et de cours de survie. Pourtant ils ne se décourageaient pas; ils avaient déjà tenu quatre-vingt-dix jours au rythme du programme; désormais il n'existait plus grand chose capable d'entamer leur résolution. Avec l'aide des injections d' erythropoiétine leurs corps avaient finis par s'adapter au manque d'oxygène de la haute altitude, alors que l'entrée dans le dernier dixième des cent jours soutenait leur moral.
Le soir du quatre-vingt-quatorzième jour, Sam s'était effondré sur son lit juste après s'être traîné jusqu'à la chambre qu'il partageait avec sa coéquipière, Linda. Cette dernière avait fait de même et ils s'étaient endormis presque instantanément, comme chacun des soirs précédent.
Mais cette nuit là, le sommeil du garçon fut agité de cauchemars. Coincé dans une boite sombre dont les parois le serraient, il respirait péniblement, sa poitrine compressée dans un étau de terreur. Le bruit de son souffle lui revenait comme amplifié, masquant presque le chant des oiseaux.
Soudain il prit conscience qu'il n'était pas dans un de ses cauchemars et se réveilla tout à fait.
Il était vraiment enfermé dans une boite!
Paniqué, Sam commença par s'agiter, ses membres cognant contre les parois de bois de sa prison miniature.
-Au secours! cria-t-il en poussant de toutes ses forces la planche au dessus de lui.
Le garçon était complètement terrifié, saisit d'une peur primale, viscérale; celle d'être enterré vivant. Le couvercle bougea à peine de quelques millimètres, mais un mince filet de lumière apparut sur sa droite. Il continua à pousser avec énergie, sans plus de résultat malgré la musculature qu'il avait développé durant les derniers mois.
C'est alors que Sam s'aperçut qu'il portait ses rangers. Il ne se demanda pas comment elles étaient arrivées à ses pieds; il se contentât de frapper rageusement la paroi de la boite en utilisant tout le poids des chaussures. Mais après quelques secondes d'effort, il dut s'interrompre, vidé.
Apeuré, il étouffa un sanglot. Il était piégé dans le noir, livré à lui-même, incapable de bouger.
Alors qu'il cherchait à réguler les battements de son cœur et son souffle affolés par la claustrophobie, il entendit soudain une voix familière appeler son nom.
Aussitôt un intense soulagement l'envahit. Il n'était plus seul.
-Je suis là! lança-t-il en réponse à sa coéquipière.
La voix de Linda était lointaine, étouffée, mais heureusement le garçon avait une excellente ouïe et il saisit parfaitement ce qu'elle disait.
-Je viens de me réveiller dans une caisse! criait-elle. Et elle est bien fermée... C'est comment de ton côté?
-Pareil!
Respirant plus régulièrement et rassuré de cette présence, Sam s'astreint à rester parfaitement immobile pendant plusieurs secondes consécutives. Son entraînement lui revint; se calmer, observer et réfléchir avant d'agir.
Il se trouvait dans une caisse en bois, un peu plus longue que lui et à peine plus large. Le couvercle était solidement fixé, rien à attendre de ce côté. Ses coups de pied n'avaient pas ébranlé la structure donc il pouvait déduire que la force brute ne servirait pas à grand chose.
Mais les instructeurs ne les auraient pas mis dans cette situation s'il n'y avait pas une issue... Car c'était bien eux les responsables, sans aucun doute possible. Ils avaient dut droguer le repas qu'ils avaient pris la veille au soir pour pouvoir les amener ici sans les réveiller.
Tâtonnant plus doucement, Sam commença à explorer son environnement. Il ne tarda pas à rencontrer un cylindre posé près de sa jambe. Fébrile, il le récupéra et le manipula quelques instants, pour être sûr que son imagination ne lui jouait pas des tours.
La lumière jaillit de l'objet quand il pressa le bouton, à son grand soulagement.
-J'ai trouvé une lampe! cria-t-il à sa coéquipière.
Il balaya le faisceau sur les parois, cherchant un indice sur la façon dont il pourrait sortir de la boite de bois. Malgré sa position et le manque d'espace qui l'empêchaient de bouger à son aise, il finit par découvrir quelque chose.
Une bombe.
Il resta de longues secondes à fixer stupidement la charge de plastic collée tout près de sa tête, comme s'il refusait d'y croire. Son cerveau n'avait tout simplement aucune réaction appropriée à proposer. À moins que les épreuves endurées tout au long du programme ne soient responsables de son absence totale de panique.
-Il y a... commença-t-il, la gorge sèche.
Mais il s'interrompit. En observant la bombe, il venait de comprendre comment sortir de la caisse.
Il allait devoir la faire exploser.
Les mains moites et légèrement tremblantes, il décrocha la charge et l'étudia à la lueur de la lampe. Elle n'était pas armée, mais le détonateur semblait en état de marche. Il se souvenait maintenant de ce modèle; c'était une charge à explosif brisant, conçue pour orienter toute la puissance de l'explosion sur la surface offrant le plus de résistance, sans endommager ce qui pouvait se trouver ailleurs. Ça pouvait servir aussi bien à détruire une porte avant un assaut qu'à préparer une embuscade... Mais ça restait un produit puissant. À la moindre erreur et il finirait en charpie.
Réfléchissant rapidement, il tenta de se rassurer en se disant que les instructeurs avaient dut doser la charge au minimum.
-J'ai aussi une lampe, annonça Linda.
-Ne l'allume pas! cria aussitôt son coéquipier. Reste immobile!
Ce qu'il s'apprêtait à faire était déjà suffisamment stupide et dangereux, inutile que la jeune fille se mette en tête de l'imiter. Elle était bien meilleure que lui, certes, mais cette fois ce serait son tour de supporter les risques. Une fois sortit de sa prison de bois il pourrait aller l'aider à ouvrir la sienne... S'il survivait.
Prenant une grande inspiration –autant que possible vu le peu d'espace dont il disposait- il pianota sur le digicode. Les SAS avaient un code universel pour armer ce genre de bombe, et plusieurs autres à donner s'ils étaient capturés. Entrer un de ces codes pirates déclenchait immédiatement l'explosion. Heureusement il ne se trompa pas.
Le garçon programma ensuite un délais de trois minutes.
-Qu'est-ce qui se passe? demanda Linda, inquiète.
À force de travailler ensembles elle avait assez confiance en lui pour obéir sans délai, mais c'était normal qu'elle pose des questions. Sam grimaça et hésita une seconde avant d'enclencher le compte à rebours.
Tout va bien, j'arme juste une bombe pour faire sauter la caisse où je suis enfermé.
En se contorsionnant, il essaya ensuite d'atteindre le fond de son cercueil. Ce n'était pas facile malgré sa petite taille, et il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à coller la charge où il voulait. Ensuite de quoi il se tassa de son mieux de l'autre côté de la caisse, roulé en boule, comme si cela pouvait changer quoi que ce soit s'il avait commis une erreur. Lors de l'explosion l'onde de choc atteindrait 10 kilomètres par seconde, et aurait assez de force pour pulvériser un mur de béton armé.
Il risqua un coup d'œil vers le détonateur, et constata qu'il lui restait deux bonnes minutes. Il regretta aussitôt d'avoir programmé un délais si long. Trop de temps pour penser, hésiter.
-Sam?! appela à nouveau Linda.
-Tout va bien, je crois que j'ai trouvé un moyen de sortir, lança le garçon en essayant d'empêcher sa voir de trembler. Attends encore deux minutes.
Il ferma les yeux et plaqua ses mains sur ses oreilles, vers la charge pour laisser les épaisses rangers absorber le maximum de l'impact. Combien de temps encore?
Sans qu'il sache pourquoi, une vision de ses parents s'imposa soudain à lui. Ce n'était pas une image nette, plutôt un ensemble de souvenirs, d'émotions, tout ce qui donnait une âme à ces deux mots; papa, maman.
Une unique larme roula sur sa joue.
-Vous me manquez, murmura-t-il. Je... J'espère que vous êtes fiers de moi.
Depuis leur mort, c'était la première fois qu'il leur adressait à haute voix autre chose que des excuses. Il ne l'avait fait qu'une seule fois, au cimetière, après l'enterrement, le moment où il s'était vraiment effondré.
Étrangement, ces quelques mots ôtèrent immédiatement un poids sur sa poitrine, lui redonnant courage. Immobile, il attendit le choc.
Quelques instants plus tard, la bombe explosa.
Une détonation assourdie par le barrage de ses mains sur ses oreilles résonna, et toute la caisse fut violemment secouée. Le garçon fut projeté contre la paroi de bois, se cognant la tête. L'odeur de l'explosif saturait l'air. Sam grimaça mais resta parfaitement immobile durant plusieurs secondes supplémentaires. Il avait un peu mal à cause du choc, mais il avait subis bien pire durant ces derniers mois.
Je suis vivant, constata-t-il avec satisfaction, un peu étonné malgré tout.
Ouvrant les yeux, il fut éblouis par la lumière du soleil. La charge avait défoncé les planches auxquelles il l'avait fixée, ne laissant que des débris noircis autour de la zone d'impact. Ce n'était pas très large, mais il allait pouvoir s'y glisser.
Alors qu'il commençait à bouger, il enleva les mains de ses oreilles et entendit Linda l'appeler en criant son prénom.
-Je vais bien, signala-t-il, légèrement sonné.
Il pensa à nouveau à ses parents, et l'ombre d'un sourire passa sur ses lèvres. Après avoir murmuré un ''merci'' silencieux, Sam se glissa hors de la caisse. Il s'écorcha le bras sur les échardes qui bordaient le trou, mais quelques instants plus tard il arriva à l'air libre.
Avec un peu de surprise, il découvrit que la caisse dont il venait de s'extraire reposait au milieu d'une petite clairière. Des oiseaux chantaient, et des arbres très hauts bloquaient l'horizon dans toutes les directions. L'air était frais, et au dessus de sa tête, un ou deux nuages blancs glissaient paresseusement dans le ciel bleu. Où pouvaient-ils être?
Mais le garçon n'eut pas vraiment le loisir de chercher de réponse à sa question, car il découvrit la caisse contenant sa coéquipière en baissant les yeux. Elle avait été placée à deux mètres de la sienne.
-Je vais te sortir de là! annonça le garçon en s'approchant.
Leurs prisons improvisées devaient en fait être des caisses destinées à contenir des munitions de gros calibre, des obus ou des lance-roquettes. Très solides, leur couvercle était maintenu par cinq fixations. Sam les ouvrit une à une avant de pouvoir libérer sa coéquipière.
-Merci, lâcha-t-elle avec soulagement en se redressant avant de sortir de la boite, comme si elle craignait qu'on l'y enferme à nouveau.
-Je t'en prie, répondit le garçon.
La jeune fille fit quelques pas, respirant à plein poumon, avant de se retourner, un sourire radieux sur le visage.
-Alors c'est partit, lança-t-elle. L'épreuve finale...
Samuel acquiesça de la tête. Oui, ça ne pouvait être que ça...
-On devrait chercher des indices, lâcha-t-il en regardant autour de lui. On ne sait même pas où on est...
-Ouais, t'as raison. Au fait, comment t'es sortit de ta caisse? Ton bras a morflé.
Le garçon baissa les yeux sur son coude qui le piquait légèrement, et découvrit trois entailles sanglantes là où sa peau avait frottée contre les planches défoncées par l'explosion.
-C'est juste une égratignure, dit-il en cherchant le paquet de mouchoirs qu'il gardait toujours dans une de ses poches de treillis. Je vais t'expliquer pendant qu'on cherche...
Les deux recrues passèrent les minutes suivantes à ratisser la clairière. Vu les espèces d'arbres qui les entouraient, des pins et des cèdres majoritairement, ils ne devaient pas avoir quitté le Népal et se trouvaient toujours en altitude.
Les caisses ne contenaient qu'une charge explosive -celle de Linda- et deux lampes que les futurs agents empochèrent. À force de chercher, ils finirent par trouver une sorte de mini parachute suspendu à une branche, maintenant une petite boite à trois bon mètres du sol. Il suffit à Sam de faire la courte échelle pour que sa coéquipière s'empare du colis.
À l'intérieur se trouvait deux bracelets, deux couteaux de combat et une radio militaire. Celle-ci était déjà réglée, et la jeune fille appuya sur le bouton d'émission.
-Hello, y a quelqu'un? lança-t-elle.
Plusieurs secondes s'écoulèrent avant que la radio ne crache une réponse.
-Pas trop tôt! grogna la voix de Mr Speaks. Je commençais à me demander ce que vous foutiez! Bougez vous de mettre vos bracelets et allez récupérer vos affaires.
Linda et Sam échangèrent un regard perplexe.
-Nos affaires monsieur? demanda finalement la jeune fille.
-On les a jetées de l'hélico, sur un promontoire à cinq kilomètres au nord de votre position. Je serais vous je me mettrais en route tout de suite! Si vous avez un problème ou des questions appelez-moi avec la radio. Et recrues?
-Oui monsieur?
-Ne m'appelez surtout pas. Terminé.
Linda soupira avant de ranger la radio et de mettre le bracelet trouvé dans la boite, imitée par son coéquipier. L'écran s'afficha aussitôt, affichant l'heure, l'altitude et son pouls. Sans doute le moyen pour les instructeurs de s'assurer de leur santé à distance... 8 heures 17, la matinée commençait. Ils se trouvaient déjà à presque 3000 mètres d'altitude, mais ils allaient sans doute devoir encore monter pour pouvoir récupérer les précieux T-Shirts qui marqueraient la fin du programme d'entraînement initial.
-Bon, en route vers le gris! lança Samuel avec bonne humeur.
Le duo n'avait ni carte ni boussole, mais repérer le nord sans matériel était une des premières base qu'on leur avait enseignée. Le soleil se levait à l'est, montait au sud avant de se coucher à l'ouest. Il suffisait donc de tourner le dos à la lumière et marcher légèrement à droite de son ombre pour se diriger vers le nord. La mousse sur les arbres ou les étoiles pouvaient aussi donner de bons résultats.
Mais les instructeurs avaient dut trouver l'exercice trop facile, puisqu'ils avaient largués les agents en pleine forêt. Il n'y avait ni route, ni chemin à suivre, et les deux recrues devaient se frayer un passage entre les branches basses et les buissons, sans compter que le terrain était en pente. Heureusement ils avaient prit soin de grimper dans un arbre régulièrement pour s'assurer qu'ils marchaient bien vers le fameux promontoire rocheux, sans quoi ils auraient perdu leur route au moins dix fois. Les animaux du coin avaient aussi tracé des sentiers qui facilitaient leur progression. Malgré tout il leur fallut presque deux heures pour arriver à leur objectif, une allure de tortue.
Le promontoire émergeait de la végétation, grimpant au dessus de la cime des arbres. Depuis cette hauteur, les deux recrues pouvaient observer le paysage aux alentours.
En contrebas derrière eux, la foret semblait s'étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres, changeant de forme selon l'altitude. Le relief était vallonné, mais ce n'était rien comparé à ce qui leur faisait face.
Les arbres ne tardaient pas à céder le terrain à une steppe d'herbe, qui montait à l'assaut d'une montagne. Mais celle-ci n'était qu'un minuscule cailloux comparé aux sommets qui s'élevaient derrière elle. Perdus dans des nuages, ils étaient couverts de neiges éternelles. Il n'y avait aucune trace de vie humaine, pas même un avion dans le ciel. Seulement des oiseaux noirs, des goraks peut-être. À cette altitude ces corbeaux de montagne étaient presque les seuls oiseaux...
Tandis que Sam observait le panorama, subjugué, Linda s'était dirigée vers les deux gros sacs à dos de randonné pleins à ras-bord posés sur le promontoire. Ils devaient être presque aussi lourds qu'eux, et la jeune fille fouillait déjà dedans, sans doute pour séparer les affaires utiles de celles que les instructeurs avaient rajoutées pour les obliger à trier leur équipement. Le garçon la rejoignit après quelques instants, juste au moment où elle sortait fébrilement une paire de jumelles militaires du sac à dos. L'urgence que trahissait ses gestes mit Samuel en alerte, et il se posta à côté d'elle.
-Qu'est-ce qui se passe? demanda-t-il.
-J'ai cru voir quelque chose... Ou quelqu'un, lâcha Linda en scrutant la montagne.
Au bout de quelques instants elle abaissa les jumelles.
-Trop tard. Ça a disparu derrière les rochers...
-Sûrement un animal, lâcha Sam en la gratifiant d'une petite tape amicale sur l'épaule. Cherchons plutôt les ordres de mission.
Après un dernier regard préoccupé vers le paysage, elle abandonna et ouvrit un des sacs.
Quelques minutes plus tard les recrues avaient vidées toutes les affaires sur le sol rocheux, et parcouraient la liasse de feuilles trouvées parmi le matériel tout en se désaltérant. L'air d'altitude était sec, et ils avaient très soif.
L'ordre de mission était en deux partie, rédigé en russe pour Samuel et en hébreu pour Linda. Tous les agents de CHERUB devaient apprendre deux langues étrangères, dont au moins une comportant un alphabet différent.
Pour le garçon, déchiffrer le texte ne prit qu'une minute, mais pour la jeune fille c'était beaucoup plus difficile. Un stylo à la main, elle transcrivait mot à mot sur le verso de la feuille, réfléchissant au sens des mots qu'elle ne comprenait pas en fonction du contexte.
-C'est pas juste, râla-t-elle. Toi tu parlais déjà parfaitement russe en arrivant alors que moi j'ai dut commencer l'hébreu sur le campus.
Sam fit une grimace désolée, et lui expliqua ce qu'il avait traduit.
-On a moins de cinq jours pour atteindre notre objectif et c'est le sommet d'une montagne. J'ai des coordonnées GPS, et on a une carte pour nous guider à certains refuges. Mais pour savoir exactement où on va, je pense que c'est ton ordre de mission qu'il faut lire...
-J'essaie, répliqua la jeune fille en soupirant.
Sam décida de la laisser travailler et commença à trier le matériel. Tout en travaillant, il leva les yeux vers le paysage immense qui s'étalait devant eux. Les nuages blancs commençaient doucement à s'accumuler dans le ciel, bloqués par les haut sommets qui faisaient office de barrière naturelle. Le matin tout était dégagé, mais il y en aurait de plus en plus au long de la journée, évitant d'avoir trop chaud. Malgré les entraînements épuisants, il aimait cet endroit. Les montagnes lui semblaient tellement plus belles que la morne campagne anglaise... L'attrait de la nouveauté y était sûrement pour quelque chose.
Soudain, au loin, il repéra une tâche sombre qui évoluait le long de la montagne. C'était un point noir, à peine plus gros qu'une tête d'épingle.
Le garçon le fixa un instant avant d'aller chercher les jumelles et de les braquer vers la forme. Le grossissement était extrêmement élevé, et il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver ce qui avait attiré son attention.
-Tu vois quelque chose? demanda Linda en s'approchant, tandis qu'il réglait la mise au point.
Sam sourit avant de lui tendre les jumelles.
-C'est un chamois, lâcha-t-il en observant l'animal gravir la pente en bondissant gracieusement. Bon sang j'aimerais grimper comme lui! On serait en haut en un rien de temps...
Le garçon leva la tête vers le ciel. Les prochains jours allaient être épuisants, certes. La montagne était dangereuse, et ils ne pouvaient pas se permettre une blessure.
Pourtant il était heureux d'être ici. Dans cinq jours ils seraient enfin des agents de CHERUB.
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