Chère maman,

Ma chère petite maman, je t'avais promis de ne pas te rejoindre avant vingt ans...

Mais je n'ai pas réussi à tenir aussi longtemps. À peine cinq ans.

Tu étais persuadée qu'il y avait un "Au-delà" alors je vais sûrement te retrouver là-bas, au milieu des milliards de personnes. Mais tu es tellement lumineuse que c'est toi que je verrais en premier.

Je t'adore maman, si tu savais. Et tu me manques tellement que ça fait mal. J'avais lu dans des livres que c'était constant, et c'est presque ça.

Toute la journée, ce mal dans ta poitrine. Puis, parfois, ton ventre qui se tord. Ton cerveau qui hurle. Tes mains qui pressent ton abdomen. Enfin, ça s'arrête. Et le mal dans la poitrine revient.

Tu me manquais tellement maman, c'était pas vivable. J'aurais tellement aime que tu n'ailles pas chercher ces petits pains ce dimanche matin là maman...

Aujourd'hui, nous sommes aussi dimanche. Je suis dans la cave. Personne ne vient, j'ai encore quelques heures devant moi... Je n'ai rien à personne.

Je savais que si quelqu'un essayait de m'empêcher de le faire, ma lâcheté m'obligerait à laisser tomber.

Et je dois me suicider. Je veux le faire.

J'espère que ce sera comme tu me l'avais promis quand j'étais petite le Paradis.

Vert, plein de nature. Bleu, avec un ciel d'azur. Jaune, avec un soleil lumineux. Orange, avec des vêtements éclatants. Rouge, avec des cheveux originaux. Marron, avec de la terre battue.

Tout ça, ce serait mon "au-delà" rêvé. Mais déjà, quitter cette vie-ci ce serait le Paradis.

Je sais bien que beaucoup ont vécu pire. Que beaucoup vivent beaucoup plus de choses que moi.

Je les admire. Vraiment. Mais je ne pourrais jamais. C'est trop dur. C'est dur d'être courageuse. De serrer les dents et de sourire.

J'ai encore une demi-tonne de choses à te dire au Paradis, je t'aime ma maman,

Anaïs