Cher Guillaume,
Mon cher petit frère,
Mon petit pingouin préféré,

Tu sais, si quand tu rentres à la maison je ne suis pas là, ce n'est pas grave. Je suis allée tenir compagnie à maman dans le ciel. Je serais bien mieux là-bas.

Ne sois pas triste mon ange, je sais que l'on se reverra. En tous cas, j'aimerais que tu m'aimes encore, encore un tout petit peu, avec ton petit cœur adorable.

Souvent, les contes finissent par "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.". D'ailleurs, ton conte préféré " La Belle et la Bête " se finit ainsi.

Mais mon conte à moi il se finit pas comme ça. Il se finit avec toi, mon petit ange, et maman. Il se finit sur une note gaie parce que le reste c'était pas la joie.

J'aimerais que plus tard tu fasses les bons choix, qu'en attendant tu réfléchisses bien, que tu sois un roi de la vie, que tu sois mon petit ange préféré pour la vie, que tu vois des films romantiques qui finissent mal sans jamais ressentir ce que les acteurs montrent...

J'aimerais que tu aies une vie cool. Une vie qui déchire. Et je suis sûre que toi aussi.

C'est sûrement la concierge qui te lit cette lettre, et à ce passage elle va écarquille ses petits yeux plissés au milieu de son visage rougeaud parce qu'elle sera choquée...

Et toi, tu riras. Je vois 'd'ici la scène. Je vois ta bouille d'ange fendue d'un sourire. Je vois tes petites mains potelées tenir la feuille.

Je pleure en riant. Tu ne comprends sûrement pas, mais tu comprendras un jour.

J'aimerais que tu te rappelles de moi pour la vie, mais les anciens petits garçons de sept ans ont tendance à oublier leurs autres souvenirs vieux comme le monde une fois adultes. Ils ont tendance à se rappeler de ce qui les arrange. Ne sois pas de ces gens-là. Ces gens-là ne sont pas des personnes belles de coeur et d'esprit. Toi si.

Tu n'as pas du tout comprendre, mais cela n'a aucune importance. Je veux que tu souris une dernière fois pour ta grande sœur mon grand.

Je t'aime,

Anaïs.