Jeudi 24 avril 1812, Netherfiel - partie 1
Ma tendre Lizzy,
Je commence cette lettre en espérant sincèrement qu'elle te trouvera en meilleure forme, et que ces étourdissements qui te tourmentaient ont enfin cessé. Il est difficile de te savoir traverser de tels moments de faiblesse, et je souhaite de tout cœur que ta vigueur revienne rapidement. Prends soin de toi, Elizabeth, car il n'est rien de plus précieux que ta santé, tant pour toi que pour ceux qui t'entourent et t'aiment.
Quant à cette erreur d''envoi, je te prie de m'en excuser. Je dois bien avouer qu'Eliza me demande beaucoup d''attention en ce moment. Ses premières petites dents percent douloureusement, et la pauvre enfant est en proie à des fièvres qui me brisent le cœur. Elle est si petite, si fragile, et pourtant, je sens déjà dans ses cris et ses larmes la force de caractère qu'elle aura un jour. Entre ses pleurs et les maux de grossesse, je dois te confier que mes nuits sont bien courtes, et mon sommeil, hélas, bien perturbé. Mais je ne me plains pas, car chaque moment que je passe à la consoler me rappelle combien elle est précieuse, et combien l''amour maternel peut surmonter les plus grandes fatigues. Je te souhaite de vivre ça à ton tour, dès que tu te sentiras prête.
Je souris à l''idée de ce bonnet que tu as promis de me confectionner. Oh, Lizzy, je te promets, sur l''honneur, que jamais je ne me moquerai de ton travail! Nous savons toutes deux que la couture n'a jamais été ta plus grande passion, ni ta plus grande aptitude, mais cela n'a aucune importance. C'est l''intention qui compte, et l''affection qui se cache derrière chaque point que tu auras cousu. Le simple fait que tu te sois attelée à cette tâche avec tant de dévouement me touche profondément. Sache que ce bonnet occupera une place de choix dans ma garde-robe, non pas pour la perfection de ses coutures, mais pour la sincérité du geste. Et le jour où je le porterai, lorsque le froid se fera sentir, je me souviendrai de toi, et je sourirai en pensant à cette tendre amitié qui nous lie. N'est-ce pas cela, qui rend ces petits objets si précieux à nos cœurs ? Un bonnet cousu de tes mains ne sera pas seulement un bonnet ; il sera le symbole de cette attention délicate que tu m'offres, de cette générosité que j'apprécie tant chez toi. Il me rappellera à chaque instant les soirées passées à discuter, à échanger des confidences, et les moments de rires que nous avons partagés malgré les épreuves de la vie. Je te remercie donc déjà, ma chère sœur, pour cet effort que tu as fait, non pour la perfection du résultat, mais pour l''amour qu'il symbolise.
Je dois te dire combien je suis émerveillée par le napperon de papier que Georgiana a réalisé. Quelle patience, quelle finesse dans chaque découpe ! Il est indéniable qu'elle possède un talent et une persévérance dont je ne saurais jamais faire preuve. Ce genre d''activité délicate, demandant tant de concentration, ne fait que souligner son caractère doux et méticuleux. Je me demande si elle-même perçoit à quel point cette habileté manuelle est le reflet de la beauté intérieure qui la caractérise. Mais, hélas, cette admiration que j'ai pour elle est teintée d''une certaine tristesse. Il est regrettable de la savoir si tourmentée, déchirée entre des émotions si contradictoires envers le marquis. Que cela doit être difficile pour elle !
À la lecture de tes lettres, je sens que la cour que lui fait ce dernier est empreinte de respect et de délicatesse, et pourtant, quelque chose en elle semble résister à l''idée d''accepter ces sentiments naissants. Est-ce par peur de se laisser de nouveau blesser, comme elle l''a été dans le passé ? Ou bien est-ce cette éternelle réserve, propre à son caractère si délicat, qui l''empêche d''embrasser pleinement cette idylle ? Je ne peux m'empêcher de craindre que les blessures du passé, et surtout l''influence néfaste de cet abominable Wickham, ne pèsent encore lourdement sur le cœur de Georgiana. Comment pourrait-elle se laisser aller à l''amour avec tant de souvenirs douloureux encore présents dans son esprit ? Cette ombre de trahison qui plane toujours, malgré le temps qui passe, semble la tenir prisonnière d''une peur sourde, l''empêchant de se confier complètement à ce nouveau sentiment. Et pourtant, je souhaite de tout cœur qu'elle puisse comprendre que tous les hommes ne sont pas comme lui, que le marquis semble être un homme bien plus digne et honorable.
Je languis de connaître la suite de cette cour délicate que tu me décris dans tes lettres. Chaque mot éveille en moi un désir brûlant de savoir comment cela va évoluer. Le marquis a-t-il montré plus clairement ses intentions ? A-t-il réussi à percer cette barrière que Georgiana semble avoir érigée autour de son cœur ? Ah, ma chère Lizzy, je me prends à rêver que cette idylle finisse par fleurir, que Georgiana, malgré ses doutes et ses craintes, trouve enfin le bonheur qu'elle mérite tant.
Je place beaucoup d''espoir en toi, pour l''aider à trouver son chemin au milieu de ce tourbillon d''émotions. Tu es la personne la plus apte à la guider avec douceur et sagesse. Oh, Lizzy, que ce serait merveilleux de voir Georgiana s'épanouir dans une relation où elle se sentirait aimée et en sécurité, libérée des ombres de son passé. Je comprends qu'elle ait besoin de temps, mais j'espère qu'elle ne laissera pas passer cette opportunité de bonheur par crainte de revivre des douleurs anciennes. L'amour, quand il est sincère, est une lumière qui peut guérir même les blessures les plus profondes.
Je ne peux m'empêcher de penser que ce cher marquis, malgré les apparences et ses manières quelque peu formelles, n'avait aucune intention de s'imposer ni de rappeler son rang lorsqu'il s'est présenté à vous. Je crois plutôt qu'il était guidé par un sentiment bien plus doux, un désir véritable de profiter de la compagnie de notre bien-aimée Georgiana. Après tout, qui pourrait résister à l''attrait discret mais puissant qu'elle exerce ? Sa grâce naturelle, sa douceur et cette réserve qui la rendent si mystérieuse ne peuvent qu'attirer un homme de sensibilité, même s'il s'efforce de dissimuler ses véritables émotions derrière le masque de la raison. Bien sûr, tu as raison : dans sa tête, ce cher marquis semble résolu à faire un mariage de convenance, un mariage de raison qui respecterait les attentes de son rang et de la société. Mais n'est-il pas amusant de constater que, malgré lui, son cœur semble avoir choisi une autre voie ? Comme tant d''hommes de notre temps, il se débat entre ce que la société exige de lui et ce que son cœur, implacable, lui dicte. Et vraiment, qui pourrait le blâmer pour avoir laissé son cœur parler plus fort que sa raison, surtout lorsqu'il est en présence d''une jeune femme telle que Georgiana ? Elle est, après tout, une telle source d''attrait, non seulement par la délicatesse de ses traits, mais aussi par la profondeur de son esprit et l''intelligence de son cœur.
Je me prends à imaginer cette scène où le marquis, dans un moment d''abandon, aurait laissé échapper un discours lourd de son passé et de ses souffrances. Bien des jeunes femmes auraient peut-être pris la fuite devant une telle ouverture de cœur, effrayées par la douleur dissimulée derrière les mots, ou déconcertées par la franchise d''un homme qui n'a pas l''habitude de dévoiler ses vulnérabilités. Et pourtant, Georgiana, avec sa sensibilité si particulière, n'a pas reculé. Au contraire, elle a compris. Je crois que, d''une certaine manière, elle a reconnu en lui un écho de ses propres souffrances. Une douleur qui résonnance à celle qu'elle porte encore au fond d'elle, celle que ce misérable Wickham lui a infligée. C'est peut-être là la clé de l''attirance mutuelle qu'ils partagent. Le marquis, en se sentant compris par Georgiana, a dû éprouver un soulagement rare et précieux, cette impression de ne plus être seul face à ses douleurs passées. N'est-ce pas ce que nous cherchons tous, Lizzy ? Une âme qui, sans jugement, puisse accueillir nos fardeaux et comprendre nos silences ? Je ne serais pas surprise que ce sentiment de compréhension ait renforcé son attrait pour elle, bien au-delà des charmes extérieurs que Georgiana possède déjà en abondance.
En retour, j'ose espérer que Georgiana, même si elle reste encore prudente, trouve une forme de réconfort en la compagnie du marquis. Peut-être même que, doucement, cette relation pourrait l''aider à guérir certaines de ses blessures. Mais tout cela dépendra, bien sûr, de sa capacité à s'ouvrir à lui, à dépasser ses peurs, et à accepter que tous les hommes ne sont pas comme Wickham. J'ai foi en elle, bien que son cœur ait été ébranlé, et je crois qu'avec le temps et le soutien des personnes qui l''aiment, elle pourrait voir en ce marquis un homme digne de sa confiance, peut-être même de son amour. Qu'en penses-tu, Lizzy ? Crois-tu que Georgiana puisse, malgré ses réserves, laisser son cœur s'exprimer ? J'espère que tu continueras à veiller sur elle et à l''aider à naviguer dans ce dédale d''émotions nouvelles. Tu as toujours su, avec ta sagesse, démêler les situations les plus complexes, et je suis convaincue que tu sauras lui apporter les conseils nécessaires pour avancer dans cette délicate affaire. Je languis de savoir comment cette idylle évoluera et si le marquis parviendra à gagner la confiance de Georgiana. Cependant, je partage pleinement tes inquiétudes, et je dois avouer que l''idée même que ce marquis puisse jouer avec les sentiments de Miss Darcy me révolte. Comment pourrions-nous supporter de la voir souffrir à nouveau, elle qui a déjà traversé tant d''épreuves ? La pensée qu'un homme, sous le couvert de belles paroles, puisse la trahir comme l'a fait Wickham est intolérable ! Georgiana, avec sa douceur et sa sensibilité, mérite bien plus qu'un simple jeu de flatteries. Mais hélas, comment pouvons-nous être sûres des véritables intentions de ce marquis ? C'est une question qui me tourmente, car nous ne pourrions supporter qu'elle soit à nouveau victime d'une déception aussi cruelle. Les hommes avec leurs masques de politesse et leurs calculs, peuvent si aisément cacher leurs véritables sentiments. Je crains que, dans une société où le mariage est souvent une question de convenance et de statut, il soit difficile de distinguer l''amour authentique de l''ambition déguisée en tendresse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top