Chapitre 32 - Une raison de combattre

Novembre 1941,

Combien de temps ? Depuis combien de temps n'ai-je pas vu le sourire d'Élise ? Ce sourire qui obnubilé mes rêves, hanté mes journées. Ce sourire auquel je me suis raccroché si souvent. Le sourire d'Élise.

C'est comme si j'étais dans un rêve. Un doux rêve réveillé. La voir là, à côté de moi, me serrant la main avec une fermeté que je ne lui connaissais guère. Je ne sais pas si elle le fait exprès ou si c'est inconscient et j'aime à croire que c'est sa façon de me dire de rester près d'elle.

J'aimerais tellement. Vraiment. J'aimerais rester là, près d'elle, et ce, à tout jamais. Mais fuir serait lâche. Après tout ce qu'il s'est passé. Tout ce que j'ai vécu. Traversé. Enduré. Subi.

Je ne peux plus faire marche arrière. Ça ne m'est pas permis. Moi-même, je ne me le permettrais pas.

Toute cette peine que je lui ai infligée, les larmes qu'elle a versées pour moi, je ne tolérerais pas qu'elles se soient écoulées en vain.

Élise est la raison de mon combat. Elle est tout ce que je veux défendre et chérir. Elle est tout ce qui compte.

La savoir près de moi est un cadeau de Dieu et je ne remercierais jamais assez les cieux pour ces instants précieux.

« - Thomas ? Tu es dans la lune encore ! »

Comment ne pas l'être avec elle ? Élise a toujours été celle qui me faisait rêver. Depuis notre enfance, jusqu'à maintenant. Rien n'a changé. Ni mes sentiments pour elle, ni ce dévouement que je porte pour elle.

Un simple mot d'elle suffirait à me rendre fou et sans doute, ne saura-t-elle jamais l'emprise qu'elle a eue sur moi, sur ma vie.

Élise fait partie des gens qui vous marquent. Une douce marque chaude. Une de celle que l'on a pas envie d'enlever. D'effacer.

Postant sa lettre, je la vois sourire pour la je ne sais combientièmes fois de la matinée. La dernière fois que je l'ai vue, son visage était rougi par les larmes et là, j'ose me dire qu'il est rougi par le soleil qui nous berce elle et moi.

Élise sourit en envoyant sa lettre à Antoine. Quand bien même nous ne serions jamais amis lui et moi, je lui dois beaucoup. Beaucoup trop que ça a le don de m'agacer. J'aurai aimé être à sa place. J'aurai aimé consoler Élise et lui dire que tout ira bien. J'aurai aimé lui susurrer des mots doux. J'aurai aimé lui conter mon amour pour elle et lui déclarer haut et fort en grimpant sur un toit.

J'aurai été fou de le faire, mais après tout, pourquoi pas. Nous ne vivions qu'une fois.

Je suis bien placé pour le savoir.

« - Élise, viens par là.

- Qu'est-ce qu'il y a ? »

La sentir contre moi, la serrer dans mes bras sont des privilèges, je sais. Je ne pourrais pas le faire tout le temps. Temps qui m'est compté. Bientôt, je vais devoir repartir.

Je vais devoir la laisser derrière. Encore.

Cette idée me frustre au plus haut point. Je ne veux pas et pourtant, je ne peux pas faire autrement. Je ne peux pas me couper en deux ô combien j'aimerais le faire.

« - Tu es bizarre Thomas ! À être tout câlin.

- C'est juste que tu m'as manqué...Tu m'as tellement manqué. Ô Élise si tu savais ô combien les jours sont froids et durs sans toi à mes côtés. »

Combien de temps pourrais-je tenir encore ? Aurais-je la force nécessaire pour affronter les batailles à venir ? Je ne sais pas. Je ne peux que prier les étoiles pour que ce soit le cas.

Je veux la revoir.

Je veux la serrer dans mes bras encore une fois.

Je veux lui dire ô combien je l'aime.

Mais pour ça, il faut que je la protège de ce mal qui rôde. De cet orage qui gronde dans le ciel.

Je me battrais pour le sourire d'Élise.

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