Chapitre 18 - Souviens-toi Thomas
Février 1941
Te rappelles-tu Thomas ? De tous ces rêves d'enfants que nous avions avant ? Parfois je me demande ce que seraient devenues nos vies sans la guerre à nos côtés. Nous qui rêvions tant de quitter le village, nous qui rêvions d'aventures et de dangers. On peut dire que d'un certain côté, tout a fini par se réaliser...De la pire manière qu'il soit possible.
Nous n'étions pas des enfants de la guerre. Nous savions à peine nous débrouiller nous-mêmes alors penser à un jour devoir se battre pour soi comme pour un autre, c'était impensable. On s'imaginait une vie tranquille, loin des fermes et des champs. On s'imaginait une vie où tu aurais été acteur et moi maîtresse d'école. Parce que c'était ce que l'on voulait faire. Ton rêve, ta vie, tournait autour de ces nombreux masques tu portais. Le visage heureux, souriant à pleine dent, tu ne te plaignais jamais de rien. Tu te contentais de ce que tu avais. Tu te contentais de ce que les autres avaient à t'offrir. Tu étais de ces petits garçons simples, passant son temps allongé dans l'herbe, la tête vers les nuages en imaginant des formes plus diverses que variées. Nous ne voyions jamais les mêmes, mais ça nous faisait rire. Un rien nous suffisait à rire.
Et maintenant quoi ? Maintenant nous ne rions plus. Nous ne nous amusons plus. Nous avons perdu le goût à la vie. Du moins, c'est ce que je pense. Malgré cette hargne qui bouillonne au fond de nous, la vie paraît bien moins colorée qu'elle ne l'était avant. Tout parait fade. Triste.
La vie sans toi me paraît bien moins amusante qu'elle ne l'a jamais été. La vie sans toi me rappelle à quel point tu étais celui qui mettait des couleurs partout. Tu apparaissais et puis, tout changé. Tel un artiste, tu as mis des touches de chaleur ici et là.
Oui, m'imaginais finir ma vie avec toi me faisait sourire. Ça me faisait rêver.
« - Élise ? Tu m'écoutes ? »
La voix d'Antoine est un ultime rappel. Je ne fais que divaguer. Tu n'es pas là. Ô Thomas comme j'aurais aimé être l'une de ces héroïnes de roman. J'aurais aimé être la demoiselle en détresse qui ne crains rien, pas même le danger, car quoi qu'il arrive, elle sait qu'elle sera sauvée.
J'aurais aimée que tu viennes me sauver. Je ne sais pas de quoi, mais j'aurais aimée rien qu'une fois, ressentir ce genre d'émotions. L'angoisse, la peur puis finalement un grand bonheur.
Même près de mon cœur, tu resteras à jamais ce héros. Le héros de ma vie. Tu ne peux peut-être pas me sauver, mais tu sauveras quelqu'un d'autre à la place. Une vie. Peut-être même deux. Ou dix. Qui sait ?
J'ai confiance en toi Thomas. J'ai toujours eu confiance en toi. Peu importe la distance. Peu importe où l'on se trouve, la terre n'est pas moins aussi petite que mon cœur. On saura se retrouver. On saura se revoir. Au moins une dernière fois.
On saura se dire que la vie est belle malgré tout et que quoi qu'il puisse arriver...Il faudra se promettre de vivre. De vivre pour soi et de vivre pour l'autre. Il faudra être cette toile pleine de couleurs immortalisant nos derniers moments ensemble.
Souviens-toi Thomas, de cette promesse que tu m'as faite. De ces mots que tu m'as dit. Souviens-toi de ce Noël passé ensemble à rire dans la neige blanche. Souviens-toi comme on avait chaud malgré un hiver glacial.
Souviens-toi comme on était heureux.
Souviens-toi comme on s'est accordé le temps de rêver une nouvelle fois.
Nous ne rêvions plus de quitter le village, ni même de partir à l'aventure. Non. Nous rêvions de retourner chez nous et de pouvoir s'aimer une seconde fois.
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