Chapitre 16 - Dans les yeux d'Elise
Février 1941
« Élise,
Voilà deux semaines maintenant que nos chemins se sont séparés. Encore. Te rappelles-tu de cette promesse que je t'ai faite avant de partir ? Ne l'oublie pas, s'il te plaît. J'ai l'horrible impression que c'est tout ce qui m'accrochera à toi pour les mois à venir. J'ai l'impression que c'est tout ce qui me rappellera à toi. Alors, ne l'oublie pas.
Quand je suis arrivé, j'ai retrouvé quelques compagnons, dont Alexandre. Ce nom doit te parler non ? Il m'a dit qu'il t'avait envoyé une lettre quand il s'est passé...ce que tu sais. Alexandre est devenu un ami sur lequel je pouvais réellement compter pour protéger mes arrières. D'ailleurs, il te salue. Il est en train de lire par-dessus mon épaule au moment où je t'écris. Cet homme n'a aucune notion de la pudeur. Mais je l'aime bien.
Dis-moi Élise, où es-tu ? Que fais-tu ? Es-tu déjà partie avec Antoine ? Vers où vous êtes-vous réfugiez cette fois ? Je veux savoir. Je veux tout savoir. Tu vas trouver cela égoïste, mais j'ai l'impression que cet homme va profiter de la moindre occasion maintenant que je ne suis plus là. Pourtant, d'un certain côté, malgré cette jalousie qui me ronge, je sais que je peux te confier à lui et je sais que je peux te faire confiance. Lui, il t'aime assez pour te protéger, toi, tu m'aimes assez pour me garder une place dans ton cœur.
Sur la base, les choses sont plutôt mouvementées, il s'est passé pas mal de chose sur Londres ces derniers jours. Des choses horribles, tellement que je ne pourrais les compter, mais cela ne nous a pas affaiblis, non. Cela a réveillé en nous l'envie de se relever. L'envie de nous battre. Ils ne nous battront pas Élise, jamais. Ça, je te le garantis. On ne se pliera pas devant eux. Jamais.
Je ne sais que te dire d'autre. Je perds mes mots et pourtant, j'ai tellement de choses à te dire, à te raconter. J'ai l'impression qu'une lettre ne suffira jamais. Si je le pouvais, je te dédierais un roman. Tu es le genre de femme sur laquelle on écrit des lignes, le soir. Tu es ce genre qui inspire un homme. Par ta force, ton courage et ta détermination. Ces qualités contre lesquelles je ne pouvais pas lutter quand tu m'as dit « Thomas, je m'en vais ». J'aurais tellement voulu te retenir et t'empêcher, mais à quoi bon ? Tu n'es pas de ces femmes que l'on garde à la maison.
Tu es de celles qui se battent. De celles qui ont une fièvre brûlante en elle. Une flamme qui ne s'éteindra jamais. Une flamme qui illuminera mon chemin jusqu'à notre prochaine fois.
Parce qu'il y en aura forcément une, tu sais ? Une prochaine fois.
Du moins, c'est le rêve que je fais le soir avant de fermer les yeux en entendant les sirènes d'alarme. Je vois ton visage me sourire. Je vois tes yeux pour lesquels je suis tant épris de toi. Ces yeux qui témoignent et communiquent toutes les émotions du monde. Ceux qui vous transpercent l'âme.
Tu as une force dans le regard que nulle autre n'a, Élise. C'est ce qui fait de toi à la fois une femme forte et une femme passionnée.
Mais tout homme, aussi fou soit-il pour tomber amoureux d'un tel regard, sait que les yeux d'une femme sont certainement sa lame la plus tranchante. Son arme la plus dangereuse. Des guerres ont eu lieu à cause de ces yeux-là.
Et crois-moi Élise, c'est de ces yeux dont je suis tombé amoureux. »
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