XVII. Le Temple des Visages
En ce monde où nulle chandelle n'est éternelle,
Les pétales de cette fleur aux coloris exceptionnels
S'amenuisent en une longue ribambelle
Et tombent, frivoles, au profit de la nuit si belle.
Sur cette stèle sacrée frappée du nombre soixante,
Sur cette toile à la beauté époustouflante,
Sur ce marbre où les marteaux s'enchantent
Ou ce rosier qui charme les passantes,
Les calendes déferlent le vague vent venu du temple
Dont s'ouvrent les larges portes et passages amples
Au Temps qui nul n'exempte, ils font de bons exemples
Des victimes que le Dieu aux deux Visages contemple.
Ils ont beau lutter pour conserver leur beauté, vacillants et vieillissants,
Se débattre en espérant ne point se faire abattre, expirants et flétrissants,
Ils perdent tout de ce qu'ils furent jadis, enrichis et embellis,
Et ne sont plus que ruines et épaves, affaiblis et avilis.
Le grinçant cercueil se referme sur eux comme une porte
Que l'on scelle, et ils sont ensevelis là où les vents les portent
Perfide oubli, c'est plus que les passants perdus n'en supportent
Sans savoir que c'est la mémoire à laquelle les portiers les exhortent.
Quand la rotation rebondit sur son axe, c'est l'instant du souvenir
Le cycle repris et les portes closes, voici venu celui de se recueillir
De déambuler entre les passages paisibles jusqu'à n'en plus souffrir
Et de vénérer la face de la statue dont le Visage est tourné vers l'avenir.
Mais lorsque l'on tourne la tête vers les époques déjà bien écoulées
Et que les portes s'ouvrent, voilà le temps retourné et ensanglanté
Elles doivent passer le pas du temple, les valeureuses armées
Et prier la face de la statue au Visage tourné vers le passé.
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