Lettres V - VIII


Lettre Cinq : Mardi 17 avril

Cher Grand-père, comment vas-tu ?

J'ai l'impression de m'en sortir pour mes examens, mais je vise moins haut que la dernière fois, au vu de mes révisions acharnées (note l'ironie...). Je fais actuellement une pause dans mon try-hard de l'histoire pour t'écrire une lettre, parce que j'ai besoin d'une demi-heure tranquille. Est-ce que je t'ai dit que je voyais Rose vendredi, quand on sera en vacances ? Elle m'a proposé d'aller chez elle, je crois qu'elle va me peindre, j'ai hâte ! Elle aime bien dessiner d'après modèle, si j'ai bien compris ; et c'est pour ça qu'elle observe toujours les gens sans se cacher. Elle regarde comment ils s'habillent, se tiennent, quel est leur dynamisme et quelles sont leurs expressions... Parfois on croirait presque qu'elle mate, tellement elle peut être insistante. Je me souviens d'une fois où elle fixait un garçon de troisième année, qui sortait avec une fille qui suit les mêmes options que Rose. Cette fille est allé la voir pour lui demander d'arrêter de mater SON mec (oui, il y avait sérieusement des majuscules dans sa voix) et d'aller voir ailleurs. Tu sais ce que lui a répondu Rose ? Essaie de deviner...

''T'inquiète pas pour ça, c'est l'œil du dessinateur. Je récolte juste des données, je vais pas te piquer TON mec.''

Alors là, Grand-père, j'étais mort de rire. Décédé sur ma table, pouf !

Je suis parti loin là, de quoi est-ce que je te parlais ? Ah oui, je vais chez elle vendredi... Je te raconterai tout ça le soir même, mais m'est avis que je ne risque pas de m'ennuyer. En plus, je serai en vacances, je pourrai décompresser tranquillement. Je pense que je vais passer pas mal de temps avec Casper, Lilia et Marine, pour m'aérer l'esprit (et le corps d'ailleurs, j'espère bien qu'on ira dehors), ça me fera du bien.

Au niveau de Kiam, il a essayé de venir me parler, je n'ai pas encore suffisamment fait la paix avec moi-même pour écouter ce qu'il a à dire et mettre des mots justes sur mes sentiments. Penses-tu que je saurai lui pardonner un jour ? Vous m'avez toujours appris que le pardon menait au bonheur, que les Hommes font tous des erreurs et qu'elles font partie intégrante du genre humain. Peut-on être Homme sans faire se tromper ? Je ne crois pas. Mais peut-on pardonner toutes les erreurs ? Parce que là est bien mon problème. Suis-je capable de passer outre, de ne plus m'occuper de ce qui s'est passé ce soir-là, et d'autres avant lui ; pour pardonner à ce garçon que j'ai tellement aimé ? Et que je continue d'aimer malgré tout ?

Je dois prendre plus de recul pour être au clair avec mes pensées et mes sentiments, j'irai le voir de moi-même une fois que ce sera fait. Mais une chose est sure, je ne me remettrai pas avec lui, sois-en assuré Grand-père. Ça me ferait trop mal, et puis comment être certain qu'il ne recommencera pas ? Donc je vais prendre de la distance avec tout ça, passer mes vacances en marge de ma vie, pour pouvoir revenir plus en forme que jamais.

Pour parler d'autre chose, parce que j'ai l'impression de ne t'entretenir que de ce qui se passe avec Kiam, Cass m'a mis en relation avec un de ses amis rencontré en vacances. Il est vraiment gentil et on a des goûts musicaux assez similaires, ce qui fait que je peux me retrouver un peu en lui. Elric est plus curieux que moi, il fouille plus profondément dans les profondeurs de la musique ; puis me propose tout un tas de chansons dont je ne soupçonnais même pas l'existence et qui me plaisent toutes plus les unes que les autres. On parle un peu de tout et de rien, sauf de choses négatives, et ça nous va très bien comme ça. On ne se connaît pas depuis longtemps alors ça me ferait bizarre de me livrer à lui, de m'ouvrir complètement. J'ai besoin de garder une forme de... d'intimité ? Je ne comprends pas vraiment ceux qui parviennent à tout dire à une personne à laquelle ils n'ont jamais parlé qu'à travers un écran. Et encore, moi je peux être assuré qu'il a réellement mon âge, qu'il est réellement un garçon et autres, puisque Casper le connaît IRL (In Real Life, Grand-père). Mais comment font les gens qui font des rencontres sur les réseaux sociaux ? Cette façon de vivre me dépasse. Enfin bon, je ne suis pas dans ce cas-là, et j'apprécie particulièrement parler avec Elric, il amène une sorte de... fraîcheur, dans ma vie. J'espère apprendre à lui faire confiance rapidement, et si possible que l'inverse soit vraie aussi.

Je retourne à mes révisions de dernière minute (oui je sais, tu m'as toujours répété qu'il fallait m'y prendre à l'avance, je n'ai pas oublié tes enseignements, mais... disons que j'ai préféré refréner ces souvenirs là... Parce que, soyons sincère, tu me l'as appris de façon assez brutale. Je me souviens que tu me poursuivais partout dans la forêt pour me ramener par les bras jusqu'à la maison. Est-ce que tu avais une idée de combien j'avais mal le lendemain, avec les courbatures ? Et pourtant, ces scènes font partie de mes souvenirs les plus heureux...).

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : Est-ce que la forêt est emplie de jacinthes, comme tous les ans ? Tu adores ces fleurs, non ? (Si je me souviens bien, leur violet est ta couleur préférée). Est-ce que Grand-mère danse encore au milieu des fleurs du jardin ?



Lettre Six : Vendredi 20 avril

Cher Grand-père, ton humeur est-elle aussi volage que le printemps qui s'installe ? Parce que le froid est de retour alors qu'il faisait si beau jusqu'aujourd'hui...

C'est enfin les vacances, et le ciel redevient gris... C'est ce qui s'appelle avoir la poisse. Mais ce que je me demande, c'est : pourquoi l'ai-je tout le temps ? Enfin bon, entrons dans le vif du sujet : c'était. Juste. Génial. Je suis sorti de ma dernière salle d'examens quelques dix minutes après Rose, et je l'ai retrouvée dans le couloir. Elle était toute excitée, j'ai failli éclater de rire en la voyant sautiller sur place pour m'attendre. La surveillante de couloir nous a demandé de quitter les lieux si on avait fini notre épreuve, et on est descendu ASAP, pour se rendre compte qu'il pleuvait, au lieu du soleil permanent depuis plus d'une semaine. Imagine la déception. On a croisé Kiam, mais j'ai entraîné Rose dans la rue adjacente pour éviter qu'il ne me voie, et elle a été très réceptive, ne se plaignant pas. Elle a compris aussitôt que je ne voulais pas le voir, et encore moins qu'il me voie, lui. Notre ''histoire'' a fait le tour de la fac, tu sais ? Presque tout le monde est au courant, et ça a l'air de ne gêner que moi...

Elle a été très discrète par rapport à tout ça, et n'y a pas fait allusion de l'après-midi, c'était reposant. Donc on est allé chez elle, on est monté directement au deuxième étage, son atelier (elle a son atelier pour elle toute seule, c'est trop stylé!), où elle m'a proposé de m'asseoir. C'était une grande pièce, très lumineuse de par ses nombreuses fenêtres, et remplie du sol au plafond de matériel d'art. De la peinture, des chevalets, des toiles plus ou moins grandes et des feuilles de toutes les tailles. Je ne te parle pas de tous les outils, pinceaux et autres crayons que j'aie pu voir, parce que pour la plupart, je ne saurais même pas mettre de nom dessus. Aux murs on trouvait tout un tas de travaux, tous d'elle si je ne me trompe pas ; et le sol était tâché de peinture et de fusain. Cette pièce, Grand-père, c'est... c'est incroyable. Elle est tellement vivante cette pièce. Je m'y suis aussitôt senti à l'aise, comme si j'y venais tous les jours depuis ma naissance. C'est un peu ce que ça me fait dans la salle de musique, mais je m'égare.

Je me suis installé sur son canapé défoncé en essayant d'éviter les traces de couleurs, et Rose m'a assuré qu'elles étaient toutes sèches depuis un certain temps, et que je ne craignais donc rien. Elle m'a fait rire. Après, elle est allée tirer un tabouret de sous une pile de carnets de croquis que je me suis naturellement mis à feuilleter. Elle a un talent évident, c'est impressionnant. Sans doute a-t-elle dû beaucoup travailler avant de réussir à faire ça, mais ça semble tellement facile quand elle le fait... Elle a placé son siège de fortune derrière un chevalet de trois-quart par rapport à moi, et s'est mise à crayonner sur une feuille blanche trois fois plus grande que celles dont on a l'habitude. Du A2, m'a-t-elle dit.

Naturellement, je bougeais légèrement en découvrant les uns après les autres ses dessins, que je pourrais déjà presque qualifier d'œuvres d'art ; mais elle ne m'a jamais repris, se contentant de retranscrire sur le papier ce qu'elle sentait en me regardant. Elle ne parlait pas, moi non plus, perdus dans nos mondes respectifs. Mais le silence était bien loin d'être désagréable. Au contraire, il était d'une sérénité peu commune, et empli d'un bien-être évident. Tout ce qu'on entendait, c'étaient le froissement de son pinceau sur son support et les pépiements des quelques oiseaux ayant le courage de sortir après la pluie qui venait de s'arrêter. Je me souviens avoir laissé reposer ma tête contre le dossier, puis j'ai dû m'endormir.

Je sais que quand je me suis réveillé, la nuit était tombée. Les rayons de la lune passaient à travers les différentes fenêtres, générant au sol des zones de lumières cernées d'ombre. Rose peignait toujours, le regard concentré et de légères rides striant son front plissé de concentration. J'ai remarqué à ce moment-là qu'elle se mordillait la lèvre quand elle était concentrée, et que ses cheveux partaient en bataille sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle était belle, sous cette lumière et son attention rivée sur son travail. J'ai hésité à me redresser, puis ai abandonné cette idée en voyant qu'elle me jetait de temps à autres quelques regards pour peaufiner son œuvre.

Au bout d'encore un certain temps, elle s'est étirée avec un sourire éclatant, et s'est reculée pour observer sa feuille, un pinceau coincé entre les lèvres et un crayon piqué dans sa chevelure. Visiblement satisfaite, elle s'est retournée vers moi et s'est approchée après avoir déposé son pinceau sur sa palette qui ne ressemblait plus qu'à un mélange de couleurs. Je lui ai alors fait comprendre que j'étais réveillé en m'asseyant bien à nouveau, et elle a esquissé un sourire en s'installant contre moi. Elle m'a remercié d'avoir accepté de faire ça pour elle, et m'a annoncé très sérieusement que je devrais poser plus souvent, que j'étais un très beau modèle. Tu l'imagines, ça, Grand-père ? Moi ?

En réponse, j'ai replacé une de ses mèches brunes derrière son oreille, et son sourire s'est agrandi. Elle a libéré ses cheveux de la barrette qui tentait de les maintenir pour qu'ils ne tombent pas sur ses yeux, et les a laissé s'installer en bouclettes légères sur son front. C'est à ce moment-là que je me suis demandé pourquoi ce n'était pas elle qui posait. Je la voyais presque de profil, la peau laiteuse sous la lumière lunaire, les yeux brillant et un petit sourire satisfait aux lèvres. Franchement, elle était à faire damner un ange. Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté de sa beauté jusqu'ici. Peut-être parce qu'elle elle est très discrète pour tout ce qui touche de près ou de loin à sa personne. J'en ai presque oublié de regarder son travail et franchement, je me serais maudit de ne pas l'avoir fait. Elle m'a représenté presque endormi sur le canapé, le carnet à la main et avec une expression... je ne saurais même pas te la décrire, Grand-père, c'était... grandiose. Elle a un talent fou. Et elle l'a passé à la peinture, tout en bleu. Que du bleu, mais de toutes les nuances, suivant les caprices de la lune. C'était magnifique.

J'en suis resté sur le cul, et n'ai pas lésiné sur les félicitations. Elle voulait pas les accepter, cette timide. Mais bon, elle les méritait. Je lui ai dit que si elle voulait me dessiner ou me peindre à nouveau, je serais toujours d'accord, et elle a eu l'air tellement heureuse, comme si je venais de lui offrir quelque chose d'incroyable.

Au final, il a bien fallu que je rentre chez moi, mais je n'en avais aucunement l'envie, j'étais bien chez elle. J'ai croisé son père en partant, il m'a jeté un regard plus que surpris... choqué, presque. Je me suis excusé pour ma présence à cette heure-là (il était quand même plus de vingt-deux heures), et je me suis enfui après avoir remis mes chaussures et récupéré mon sac. Je suis rentré chez moi avec un vieux sourire débile sur le visage, mais j'étais tellement content.

Une belle journée de terminée, mais je suis sûr que demain sera superbe aussi ! Je vais passer des vacances géniales, Grand-père, je te raconterai ça. Il faudra que je pense à présenter Rose à Cass, Lilia et Marine, si elle le veut bien, évidemment. Mais ce serait sympa qu'on se voie tous ensemble !

En espérant le retour du beau temps...

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : ASAP = As Soon As Possible ;)



Lettre Sept : Dimanche 22 avril

Cher Grand-père, comment vas-tu ?

Le beau temps est-il revenu chez vous ? Il est là depuis ce matin ici. Hier je n'ai pas fait grand' chose, sinon de la lecture et écouter de la musique. Enfin si, j'ai pas mal discuté avec Elric (tu te souviens, l'ami de Cass qui habite à une vingtaine de minutes de la maison, rencontré en vacances?). Il se trouve qu'il a quelques soucis avec ses parents, et, malgré ce que j'ai pu te dire sur les confidences au sein d'une relation au travers d'écrans, je suis tellement heureux qu'il m'en ait parlé ! De cette façon, j'ai pu essayer de l'aider, lui remonter le moral... Je suis fier qu'il ait décidé de se confier à moi, je pense que rien n'aurait pu être plus grande preuve de confiance que ce qu'il m'a raconté, et que je tairai par respect pour lui. Peut-être te le raconterai-je dans une de mes prochaines lettres, mais pas tout de suite, j'attends de voir comment il va évoluer par rapport à tout ça. En tous cas, il avait besoin d'une oreille pour l'écouter, j'espère avoir su remplir ce rôle. En retour - ou pour le faire penser à autre chose, et retrouver sa bonne humeur ? - je lui ai expliqué pourquoi je n'étais plus avec Kiam. Je lui avais vaguement raconté qu'on avait cassé, mais il ne m'a pas plus posé de questions que ça, ayant visiblement compris que je ne voulais pas tellement en parler. Je lui ai donc défini et explicité les ambiguïtés de ma ''sexualité'', il m'a aussitôt soutenu et rappelé que je pouvais compter sur lui. Ses mots m'ont fait chaud au cœur, je me suis senti mieux, alors qu'une seconde plus tôt j'angoissais quant à sa réaction.

On a parlé longtemps, il m'a rassuré, m'assurant que Kiam avait autant, voire même plus, de responsabilités que moi dans notre rupture, que je n'étais pas le seul fautif. Je le savais, mais qu'on me le dise, ça m'a fait du bien. Ça te semblera peut-être idiot. En plus, Elric a su rester hors des barrières que j'avais posé, et ne m'a pas forcé à en parler plus que je ne le voulais. Il m'en a alors appris encore un peu plus sur lui, sur son homosexualité enfin révélée à ses parents, sur leur réaction que je ne parviendrai décidément jamais à comprendre ni à tolérer... Je pense que la distance n'est plus un problème maintenant ; je sais que je peux lui faire confiance, et ça fait du bien. Accorder sa confiance quand elle vient d'être trahie n'est pas forcément chose aisée, je suis content que ce soit pour lui que je l'aie fait. J'espère qu'on réussira à rester proches.

Sinon, aujourd'hui j'ai vu Cass et Helena, qui avait décidé de fuir son chantier de maison. Elle a sauté sur l'occasion quand on lui a proposé de venir avec nous au cinéma. On est allé regarder Ready Player One, je ne pense pas que tu connaisses, mais on sait jamais. Les effets étaient plutôt réussis, pour ne pas dire fabuleux ! En tous cas, j'ai trouvé. J'ai adoré, c'était vraiment génial. De l'action, un peu de romance, des énigmes et des courses-poursuites. Frisson garanti ! (On dirait que je fais de la pub c'est abusé. En tous cas, je te le recommande, si pour une raison obscure tu voulais regarder un film type américain.)

Après notre séance, Lena est rentrée et avec Casper, on est allé se poser tranquillement près de la vieille chapelle. Il s'est assis en tailleurs sur un pan de mur et a failli se rétamer, on a bien rit. On a bavardé jusqu'à la tombée de la nuit, en riant tous les deux. Je me souviens qu'on a abordé le sujet d'Elric à un moment, mais je ne sais plus pourquoi. En tous cas, Cass est carrément pour que je vienne aider au déménagement pendant les vacances d'été. J'espère que papa sera d'accord avec ça aussi, maman je pense que ça devrait aller. Je compte bien réussir à les convaincre.

La lune et les étoiles sont de sortie cette nuit, Grand-père. Elles me rappellent ce vendredi soir, quand je me suis réveillé chez Rose. Je me suis rendu compte que je préférais la nuit au jour. Tu trouves ça étrange ? Tu as toujours été fasciné par le soleil, je ne comprenais pas ton engouement pour cet astre hors d'atteinte et d'un monde qui n'était pas le notre. Maintenant, je comprends. L'univers est notre monde, il en est la source. Je comprends aussi cette admiration à la limite de la vénération que tu portais à cette étoile. Je la porte à toutes celles dont je peux imaginer l'existence. Les étoiles sont tellement impressionnantes. Elles nous réverbèrent les rayons du soleil, pourtant la lumière nocturne est tellement différente de celle que nous recevons dans la journée...

J'aime la nuit, parfois je me demande ce que ça donnerait si je vivais de nuit. Ne pas aller en cours, profiter des brises nocturnes, ne jamais croiser personne. Le silence, partout. Le silence, la sérénité, la mélancolie et la beauté scintillante de la lune.

Et voilà que je m'improvise poète, non mais vraiment. Faut m'arrêter quand je divague comme ça, Grand-père. Je pense voir mes amis demain, et peut-être dormir chez Lilia, on verra. Je ne sais donc pas si je t'écrirai demain.

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : J'ai trouvé un livre superbe, 14-14, je te le recommande fortement. Il est assez simple à lire, et l'histoire est magnifique. Du moins, j'ai trouvé. Je l'ai adoré.



Lettre Huit : Mercredi 25 avril

Cher Grand-père, comment vas-tu ?

Comme prévu, j'ai dormi chez Lilia, mais je ne pensais pas que ce serait pour deux jours... On s'est entassé tous les quatre (avec Marine et Cass) dans sa chambre qui n'est pas plus grande que la mienne, essaie de visualiser la partie de Tetris qu'on s'est tapé avant de pouvoir se coucher... Au final, Marine a dormi avec Lilia dans son lit - qui est un lit simple, je précise - et Casper avec moi, sur un matelas au sol. S'il n'y avait eu que ça, pas de problème. Sauf qu'il se trouve que l'une des deux filles a eu besoin d'aller aux toilettes pendant la nuit (bon sang, mais dormez la nuit, vous n'aurez pas envie) et m'a marché sur l'avant-bras. Évidemment, je me suis réveillé avec un cri, et d'un coup, toute la chambre émergeait. Casper s'est fichu de moi pendant un certain temps, avant que je ne l'étouffe avec un oreiller et que je le chatouille pour le faire taire. Il a tenu jusqu'à en avoir les larmes aux yeux, le bougre !

Les journées ont été divisées entre repas, jeux de société, jeux sur console et activités extérieures. On a couru comme des fous sur la lande, et on a fait des rouler-bouler à n'en plus savoir où est le haut et où est le bas. On est revenu en enfance, en soi. Qui aurait pu nous croire si on avait annoncé qu'on avait la vingtaine ? Personne, je t'assure. On faisait à peine lycéens tellement on enchaînait les bêtises. Marine a même escaladé la chapelle pour s'installer sur son toit pendant un cache-cache...

Je me suis remis à la batterie, j'ai ressorti mon vieil instrument du cellier, et j'ai passé ma soirée à le nettoyer, le retaper et le remettre en état. Ilias m'a aidé sans dire un mot, je pense qu'il avait besoin de compagnie mais qu'il était trop fier pour me le dire. Ça n'a pas trop l'air d'aller de son côté, mais il ne me confie rien. Je me demande ce qui lui arrive pour que son beau sourire ait déserté ainsi son visage. Les parents ne se rendent même pas compte qu'il ne va pas bien... Je suis pris entre deux feux : je ne sais pas si je devrais insister pour qu'il me parle, ou respecter son besoin de silence sans pouvoir l'aider. Je pense que je vais lui laisser le temps de sortir de cette phase de mutisme, et rester présent pour lui s'il en a besoin.

J'ai envie d'aller frapper ma caisse claire, de laisser s'exprimer mes baguettes sur le métal, mais je vais peut-être m'abstenir, à deux heures du matin... (D'ailleurs, j'aurais dû dater ''jeudi 26 avril'' mais bon). Je vais donc prendre mon mal en patience, et attendre un horaire plus propice pour me défouler. Si ça se trouve, je ne sais même plus jouer, depuis la terminale ! Même si je dois pouvoir retrouver mes réflexes, après deux ans de creux.

Je pense aller dormir, j'ai retrouvé mes partitions cachées dans un cieux classeur, sous tout un tas de cartes postales envoyées par Grand-mère. Je les ai toutes gardées, tu sais ? Je souris toujours en voyant qu'elle signe ''mamie et papy'' alors que je sais très bien que tu ne participe nullement à l'écriture. Je replonge dans mes souvenirs ; je pense que finalement, je vais partir à la recherche d'un album photo. Je vais le feuilleter tranquillement dans mon lit, sous la lumière de la lune, comme j'adore le faire depuis peu. Bonne nuit Grand-père.

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : Je suis sûr que tu en as plein, des photos ! Regarde les aussi, et rappelle toi du nombre de fois où tu m'as demandé de redescendre des roches sur lesquels j'adorais grimper, près de la plage ! Tu n'as jamais réussi à me l'interdire, j'aimais trop ça...






Coucou !

Je ne pouvais pas attendre demain pour poster, je ne me souviens plus si j'avais précisé que je posterais le dimanche ou le lundi soir. Le moment dépendra de mes humeurs, et surtout de mes migraines (mes meilleures amies)...

Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter, me donner vos avis : sur les personnages, le style d'écriture (même si en roman épistolaire c'est forcément un peu particulier), les relations entre les persos, tout ça tout ça...

Trop hâte de lire vos avis <3

Maintenant, je vais me mettre à méditer sur le fait que je n'aie pas bossé du week-end et que je vais probablement décéder rapidement.

Gros bisous à tous <3
Nezy :3


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