Première lettre .
Cher(e) toi ,
Il y a énormément de choses que je voudrais te dire, mais par quoi commencer ?
Je n'en sais rien .
En plus, nous ne nous connaissons pas . La preuve, je ne sais même pas comment te genrer ... peut-être qu'un jour tu me diras comment éviter des maladresses .
Les journées sont longues, et je me sens parfois seul . C'est pour ça que je t'écris .
Pour ça et pour te faire découvrir un bout de mon monde.
J'ai choisi ma solitude, mais elle a beau me faciliter la vie de bien des façons, j'aimerais pouvoir en sortir parfois .
Mais tu vois, ça n'est pas aussi simple que ça pourrait en avoir l'air.
Parce que je suis malade . Et handicapé .
Par handicapé, je veux dire que ma normalité est probablement peu semblable a la tienne.
Je suis perpétuellement fatigué, j'ai des douleurs chroniques variées qui vont et viennent par cycle, et a certaines périodes, mes articulations ne tiennent pas dans leurs gonds .
Il m'est déjà arrivé de me luxer l'épaule ou le genoux en dormant !
Sans parler des chevilles, des poignets et des doigts tordus, des tendinites, des contractures musculaires en tout genres ( les pires sont sans aucun doute celles dont souffre mon postérieur quand je suis resté trop assis ... Sans blague ! Le vrai problème, c'est que je me vois mal demander a ma kinée de me masser l'arrière train... Enfin bon, il reste toujours les étirements ! )
Bref , ma réalité est certainement différente de la tienne, mais je l'aime .
Elle a plein de points positifs !
L'hôpital en a été un . Je t'expliquerais ça plus tard .
Malheureusement, a cause de ça, les gens me regardent souvent avec tristesse, pitié, voir même dégoût et mépris parfois ...
Leur jugement hâtif m'a lentement dégoûté, et me fait maintenant fuir la compagnie des inconnus . Je suis fatigué du regard qui est posé sur moi .
Et puis, même en mettant a part les gens inconsciemment désagréable, c'est compliqué de gérer de nouvelles relations en étant malade .
Déjà, parce que beaucoup fuient a l'annonce du handicap . Ensuite, parce que nombreux sont ceux qui ne comprennent pas la situation ou ne l'acceptent pas et finissent par partir . Sans oublier ceux qui pensent pouvoir transcender mon quotidien... que je laisse partir avec grand plaisir.
Je n'en veux pas a ces gens .
Je ne t'en voudrais pas si tu agis comme eux .
Les quelques personnes qui restent a mes cotés sont là depuis plusieurs années, et sont toutes incroyable dans leurs genres .
Je les aimes infiniment .
Nos relations seraient certainement différentes si j'étais valide . Mais je m'en fous.
Ils sont là, c'est tout ce qui compte .
L'hôpital est un point positif, entre autre parce que j'y ai rencontré une de ces personnes .
Alors tant pis si je suis malade et que ça m'handicape, parce que si j'avais été valide j'aurais raté de belles choses .
J'espère que tu vas bien et que tu prends soin de toi .
Et puis je croise aussi les doigts pour que ma lettre ne t'ai pas dérangé ou mis(e) mal a l'aise ...
À une prochaine fois si j'ose encore t'écrire,
Lyzendre
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