Cher Conrad




New York

19/01/1958

Cher Conrad,


Je me souviens encore parfaitement du jour où nous nous sommes parlé pour la première fois, ce fameux jour où j'ai ramené certaines de mes pièces anciennes que j'ai fait semblant d'examiner pour avoir ton attention...elles t'avaient intrigué et tu m'avais demandé si tu pouvais les regarder aussi. À ce moment là, j'étais heureux et je voulais absolument que cette courte discussion que nous avions eu ne soit pas la dernière. Et plus les jours avançaient, plus nous nous rapprochions...et on avait fini par devenir amis. On se voyait même en dehors des cours, j'appréciais ta compagnie comme tu appréciais la mienne...mais à ce moment là, je ne me doutais pas encore que tu allais adhérer aux idéologies de ce tyran qui a détruit les liens qui nous unissaient, d'une manière si violente que je ne peux pas prononcer son nom!

Je ne comprends toujours pas comment tu as fait pour trouver autant de points positifs dans ses idées, même s'il y en a quelques uns avec lesquels je suis d'accord, sache que la majeure partie des arguments que tu m'as donnée n'est aucunement justifiée...même pas aujourd'hui!

Vous avez bel et bien été sous la conduite de ce tyran, et il a vraiment décidé de votre destin comme de celui du monde entier en provoquant la seconde guerre mondiale, mais pas pour des siècles à venir. Son règne s'est arrêté en 45. Mais ça, à la limite, je n'en ai que faire. Tu disais qu'il serait capable de choisir entre les bons juifs et les indésirables, mais n'en a-t-il pas tué plus de six millions sans avoir cherché à les mettre dans telle ou telle catégorie? Te rend-tu compte de ton erreur?

L'Allemagne étant capitaliste et démocratique, il n'a pas non plus préserver ce pays du matérialisme et du bolchévisme. Je suis sincèrement désolé pour ta mère, elle n'aimait pas ça si je me souviens bien. Pensais-tu réellement qu'il n'y aurait pas de place pour moi en Allemagne uniquement pendant un ou deux ans? Je tiens à dire que cela fait vingt-cinq ans que je l'ai quittée et je n'ai toujours pas retrouvé de place là-bas...je ne sais même pas si j'ai encore envie d'en chercher une. Tu disais aussi que personne ne ferait de mal à mes parents, qu'ils mourraient en paix...il s'avère que là aussi tu t'es trompé ! Certaines personnes ont dû leur faire assez peur pour qu'ils se suicident! Mais bon, je serais resté en Allemagne, j'aurais sûrement fais comme eux...je n'aurais certainement pas supporté de vivre sous l'emprise de ce tyran! En voyant ça, es-tu sûr que l'Allemagne a regagnée son ascendant, soit disant perdu par sa propre folie? Qui plus est, le mur de Berlin tient toujours il me semble. Je crois bien qu'ici aussi tu as fais une erreur. Je suis par contre d'accord avec toi par rapport à son physique, qui est par ailleurs à l'opposé de « la race » tant recherchée, et pour sa force de conviction, je reconnais qu'il s'agit d'un très bon orateur...en tout cas assez bon pour te mener en bateau!

Au final, je ne sais pas si je peux dire que tu avais raison sur nos retrouvailles...je suis au moins satisfait d'apprendre que tu as fini par comprendre que tu avais eu tort de croire en ce tyran...et le fait que tu ais participé au complot contre lui me fait dire que nous n'avons pas été amis pour rien.


Bien à toi,

Hans Schwarz

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