2020
Malo se réveilla de bonne humeur. Son réveil annonçait sept heures du matin, il bailla tout en s’étirant… sursautant lorsque sa main toucha une boule de poil couleur sable, dormant à point fermé sur le plaid blanc a ses cotés.
-Bien le bonjour Laka… murmura ce dernier tout en tirant son berger allemand de deux mois dans ses bras. Cette dernière se laissa tomber contre le torse nu de son maître, et lécha avec enthousiasme son cou. Oui oui je t’aime aussi, ça va je me suis lavé hier soir ma belle !
-Je pense surtout qu'elle a envie de faire ses besoins ! Une tête brune passa la porte de la chambre, regardant Malo d’un air tendre et aimant. J’ai ramené les croissants !
D’une moue absolument adorable, Malo se leva en faisant retomber Laka sur son lit et prit dans ses bras sa meilleure amie, une seule larme coula le long de sa joue… s'échouant dans le cou de Laura.
-Merci Laura… relevant son regard, il embrassa sa joue et baissa rapidement ses yeux verts. Et désolé pour ça… soupira-t-il en faisant référence à son regard certainement remplis de larmes.
-Je t’aime toi et ton hypersensibilité Malo, ne te cache pas et ne t’excuse jamais avec moi. Ébouriffant ses cheveux, elle se mit à rire tout en sortant de la chambre. Allez viens, on sort ta chienne et on déjeune !
-Laisse-moi deux secondes pour enfiler un jean et j'arrive !
-Au cas où tu tomberais sur ton prince charmant en promenant Laka ?
Mettant un jean bleu ciel et un t-shirt noir, il marcha rapidement pour rejoindre Laura et s’arrêta en plein milieu de son loft, inspirant l’air frais provenant de la baie vitré entre ouverte tout en fermant les yeux.
-J’aime ce genre de matin. il pouffa en sentant sa chienne se glisser entre ses jambes. Oui je vais te sortir.
-Tu changes de sujet, encore.
-Je t'ai déjà dit quoi sur ce sujet ?
-Le prince charmant n'existe pas pour un Omega et encore moins pour toi, et encore moins pour le si petit Malo Payol et…
-Stop. D'un air blasé, il récupéra la laisse et le collier qu'il glissa autour du cou de Laka, tout en soupirant. Tu sais bien que je n'ai ni l'envie ni le temps pour tomber amoureux.
-Tu as peur Malo.
-Je suis un oméga je ne l'ai pas choisis ! S'énerva-t-il en se redressant. Écoute, je ne t'ai pas donné le double des clefs du loft pour que tu me parles de ça encore une fois.
-Je veux simplement ton bonheur.
-Je suis heureux, j'ai ma maison, ma chienne et toi qui m'a lâchement abandonné.
-Petit con va ! s'amusa Laura en pinçant son bras libre.
-Ça va je plaisante ! Sortons et arrêtons de parler de ça, tu veux bien ?
-On en reparlera.
-Hm hm. Roulant des yeux, elle suivit son meilleur ami à l'extérieur, Malo sortit une petite boîte noire la poche arrière de son jean sous l'œil agacé de son ex colocataire. Quoi ?
-Tu ne devais pas arrêter de fumer pour la nouvelle année ?
-Techniquement, c'est demain le premier janvier. Allumant sa cigarette, il tira dessus avant d'ajouter : Et puis j’ai d'autres résolutions pour cette nouvelle année.
-Du style ?
-Je…
Du style ? Malo n'en savait rien, ses lèvres avaient bougé sans même s'en rendre compte. À vrai dire, il était perdu. Arrêter de fumer était une bonne résolution, mais pourquoi se disait-il ? Il n'avait pas grand chose au final mis à part cette maison.
Il avait acheté le loft il y a de ça deux semaines, une terrasse accompagnée d'un jardin assez grand pour dégourdir les pattes de Laka. Trois chambres dont une suite avec salle de bain privative. Il avait eu un coup de cœur pour le style ancien de ce bâtiment, contrastant avec l'industriel de l'intérieur du loft. Malo avait opté pour une décoration simple, nuancée de vert d'eau, de beige et de blanc.
Le coup de cœur avait été inévitable, notamment avec la situation géographique du loft, plein cœur de Brooklyn, à quelques minutes seulement de l'appartement qu'il avait loué en colocation avec Laura, sa meilleure amie depuis ses dix-sept ans.
C'était donc le lendemain de Noël qu'il avait emménagé seul. Il n'avait pas résisté plus de trois jours après ça, pour aller à la SPA la plus proche adopter un animal de compagnie. Son cœur s'était porté sur une portée de cinq chiots berger allemand aux poils longs, dont une femelle. Et lorsqu'il avait croisé son regard vairon, il avait senti son loup intérieur ronronner de contentement et une connexion s'établir entre eux. Il avait été la chercher le trente décembre, cette pensée le fit sourire, interpellant sa meilleure amie.
-Malo ? Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
-C'était ma première nuit avec Laka.
Un sourire lumineux au visage, il regarda sa chienne marcher devant lui, la queue bougeant joyeusement et sa truffe se promenant un peu partout à la quête de la moindre petite odeur.
-Tu mérites ce bonheur.
-Ça, je n'en suis pas si sûr, mais merci.
Exaspérée, elle soupira et attrapa son bras libre tout en lui embrassant la joue. Le suivant dans les rues de Brooklyn avec enthousiasme, sachant que ce dernier allait sûrement user toute son énergie de la journée lors de cette balade matinale.
Malo le savait également, son plan pour la journée était tracé. “promener Laka, déjeuner avec Laura, se glisser sous un plaid avec son ordinateur portable, et écrire quelques lignes avant de s'endormir d'épuisement au beau milieu de l'après-midi”. Pas de télévision, pas de téléphone, pas d'interactions sociales et pas de fête du jour de l'an, seulement une soirée tardive accompagnée de sa chienne et de sa meilleure amie, qui avait déjà prévu de revenir le voir pour fêter le passage à la nouvelle année avec lui.
Souriant à cette vision d'une journée parfaite, son regard se fit happer par un immense building face à lui… Une envie irrésistible d'y rentrer s'empara de lui, un but à portée de main et pourtant si loin. Il soupira, voilà ce qu'était sa première résolution, celle “qu'il n'atteindrait jamais” se disait-il, les Éditions Darcy, son rêve ultime, devenir écrivain édité.
Les Éditions Darcy, l'une des plus grandes entreprises d'édition de romance connue dans tout le pays. Dans cette tour se cachaient de nombreux talents, des écrivains déjà réputés et d'autres sur le point de l'être, des centaines de personnes embauchés se démenaient pour cela.
Tout en haut se trouvait le directeur, l'éditeur en chef, ce dernier regardait distraitement par la fenêtre les personnes passant dans la rues face à lui. Un café avec une file d'attente interminable, un salon de coiffure bondé de monde, des couples s'embrassant, d'autres riant mais ses yeux s'arrêtèrent sur un animal.
Depuis tout petit il adorait les animaux, un berger allemand attirait son regard… Il se mit à sourire en coin “il a mes yeux” soupira-t-il envers lui-même, devant cet homme aux cheveux châtain clair et rebelle accompagné de son chien, l'espace de quelques secondes il trouva ce moment de douceur qui apposa un micro pansement sur son cœur meurtris. Secouant la tête, il se retourna dos à la vitre quand le chien disparut de son champ de vision, allant s'asseoir derrière son bureau quand on toqua à la porte à sa gauche.
-Entrez !
-Monsieur Darcy, un café ? Demanda un homme d'une vingtaine d'années.
-Non merci Nate j'en ai déjà un, tu peux t'en aller.
-Mais il n'est que dix heures du matin monsieur.
-Tu es un stagiaire, et les stagiaires ne sont pas censés travailler un trente et un décembre, donc… montrant d'un geste de la main la porte de sortie, il compléta. Tu peux partir, et appelle-moi Koa.
-Merci Monsieur D… Koa ! Passez une bonne fin d'année.
-A toi aussi Nate. La porte se referma et son sourire professionnel s'en alla.
Il pensa au chien qu'il venait de voir, pourquoi ne pas en prendre un ? “Non, il faut du temps et de la patience, tout le contraire de toi” pensa Koa. Chassant cette idée de son esprit, il se racla la gorge afin de se reconcentrer dans son travail.
Il appuya sur le petit bouton vert du téléphone posé sur son bureau et attendit qu'une voix féminine résonne dans son bureau.
-Monsieur Darcy ? besoin d’aide ? Tout va bien au bureau ?
-Du calme Mia, tout va bien au bureau, je venais prendre de vos nouvelles, comment vous sentez-vous ?
-La semaine est presque finie, je suis sur la fin.
-Je peux vous apporter quelque chose ? Une soupe ? Des chocolats ?
-C'est très gentil de votre part Monsieur Darcy, comme chaque mois depuis trois ans déjà… Mais vous n'êtes vraiment pas la bonne personne pour cela.
-C'est vrai… Votre sœur va… bégaya Koa, désorienté.
-Vous êtes beaucoup trop gentil pour ce monde Koa Darcy , vous êtes un Alpha ne l'oubliez pas.
-Donc pas vraiment celui qu'il faut pour gérer des chaleurs d'oméga… Se tapant le front du plat de la main, il soupira d'agacement contre lui-même. Je suis désolé Mia, je…
-Non ne vous excusez pas, c'est adorable de votre part, comme toujours. Je reviendrai le deux janvier.
-Prenez tout le temps qu'il vous faut, et si vous avez besoin n'hésitez pas à m'appeler, même s'il faut que je dépose quelque chose devant votre appartement et que je reparte avant que vous…
-Merci Monsieur Darcy, pensez un peu à vous également !
-Bon courage Mia.
-Bonne soirée Monsieur.
Raccrochant rapidement, Koa laissa quelques secondes de battement où seul le silence de la pièce était présent, un silence non pas lourd mais gênant. Dans son esprit, il était déjà dans son appartement accompagné de son poisson “junior”, de sa solitude ainsi que de ses démons. L’isolement, koa ne connaît que trop bien ce sentiment. Depuis ses vingt ans il vivait ainsi exilé de tous, faisant bonne figure face à ses collègues et connaissances avec qui il allait de temps en temps boire des verres au bar d'à côté. Il souriait pour donner le change, mais son regard avait cessé de pétiller il y a quelques années déjà.
-Déjà huit ans… plongé dans ses pensées, l’odeur de son café lui rappela celle du chauffeur de bus, le tic tac de son horloge le bruit du moteur, le soleil à travers les vitres réchauffant sa nuque en accord avec le chauffage auquel il était accolé. Sans s’en rendre compte, un goût métallique se déversa dans sa gorge, bloquant sa respiration au souvenir de l’odeur ferreuse qu’il avait ressenti ce trente-et-un décembre deux-mille douze. Le bruit d’un mail sur son ordinateur le fit sursauter, il passa le dos de sa main sur ses lèvres et essuya la goutte de sang s'y trouvant après s'être mordu la lèvre par automatisme. Toujours par habitude, il récupéra sa boîte à lunettes afin d'avaler rapidement un comprimé s’y trouvant, respirant fortement tout en pressant les paumes de ses mains contre ses paupières closes. Par pitié, faut que ça s'arrête…
-Koa ?
-Aurore, tu m'as fait peur, tu ne sais pas frapper ? Contrarié, il se redressa sur sa chaise et fit face à sa collaboratrice.
Cette dernière le sonda du regard avant de rouler des yeux en soupirant :
-Je te signale que cette entreprise est également la mienne.
-A trente pourcent seulement. rétorqua sèchement le directeur. Que me vaut l’honneur de ta visite ?
-Nate a oublié de passer par la sortie du personnel en partant, l’alarme s’est donc déclenchée, l’agence de sécurité t’a appelé mais comme tu n’a pas décroché c'est moi qu'il a dérangée.
-Si tu es venue pour faire semblant de travailler ou dénigrer nos stagiaires tu peux repartir Aurore, une erreur ça arrive et il n’y a pas mort d’homme.
-lls m’ont dérangés ! Commença à s'énerver cette dernière, s'avança dans le bureau elle se stoppa net au regard glacial de son associé. Koa…
-Ce n'est ni le moment, ni la journée pour me prendre la tête Aurore. Se levant, il récupéra son ordinateur qu'il rangea dans sa sacoche. Tout en enfilant son manteau, il parla. Donc reste ici si tu en a envie, je vais travailler de chez moi.
-Mais…
-A l'année prochaine ! Pense à sortir par la bonne porte !
Roulant des yeux, exaspéré par la personne qu’il avait choisi comme binôme, il râla contre lui-même d’avoir accepté ce partenariat avec cette jeune Autrice, se rappelant les mots de sa défunte grand-mère “ta bonté te perdra mon garçon”. Heureusement il avait eu l'intelligence de signer un contrat de collaboration en donnant seulement trente pourcent de son entreprise à cette dernière, se protégeant ainsi pour le futur.
Il récupéra le manuscrit posé sur son bureau et quitta son travail afin de rentrer chez lui.
Habitant à seulement quelques rues des Editions Darcy, il alla jusqu'à son domicile comme tous les jours, à pied. Prenant seulement le temps de s'arrêter au café du coin, afin de prendre à emporter son éternel latté noisette.
Rentrant enfin chez lui, il jetta son gobelet dans la poubelle prévue à cet effet avant de se changer, troquant sa chemise bleue nuit pour un polo noir plus confortable. Un plaid, une musique d'ambiance, le manuscrit d’un jeune Auteur posé devant lui ainsi qu’un bloc note papier accompagné de son stylo mont blanc. Koa était fin prêt pour continuer sa journée de travail au chaud dans son petit appartement. La soirée du nouvel an sera tout aussi calme, un bon livre et un verre de bourbon l'amènerait jusqu'au premier janvier, chassant cette année également difficile de son esprit.
Une bonne inspiration plus tard, il se plongea dans ce manuscrit, accélérant son coeur rien qu'en lisant le titre. “Traumatisme” de Malo Payol.
La soirée allait se transformer en un tout autre programme que ce qu’il avait prévu, oubliant de manger, de boire et même de se coucher, il se laissa submerger d'émotion par la plume et l’histoire on ne peut plus captivante qu’il était en train de lire.
Koa s’endormit alors sur la dernière phrase du manuscrit, plongeant dans un sommeil qu’il n’avait pas connu depuis plus de huit ans aujourd’hui, un sommeil calme et réparateur.
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