Une question hante mon esprit et je ne peux m'empêcher de lui demander.

-Tu n'as pas peur... d'être vu avec moi ? Après tout tu es l'amie d'Ashley et en plus de cela...

-Ah vrai dire, je m'en fiche complètement ! Je me fiche de ma soit disant « popularité ».

Elle s'interrompt en regardant sa montre.

-Oulah, il faut aller en cours, on a déjà 15 minutes de retard.

On sort des toilettes, et nous nous dirigeons dans des directions opposées, vers nos salles respectives. Je me retourne une dernière fois vers Kathleen.

-J'espère que tu n'auras pas de problème à cause de moi !

Pour toute réponse elle me fit un clin d'œil et ouvre la porte de sa salle. J'en fis de même. A peine la porte entrouverte, j'aperçois le regard furieux de mon prof d'histoire.

-On daigne enfin de se montrer en cours, Miss Thomson !

-Je suis désolée, Monsieur... j'ai eu un... hum... problème !

-Bon, vous êtes une élève sérieuse, je vais donc fermer les yeux pour une fois !

Moi ? Une élève sérieuse ? Laissez-moi rire ! Je fais semblant ! Je ne prends pas des notes, je dessine. Je n'écoute pas le prof attentivement en le regardant, je rêvasse ! Et avec cela j'arrive à me maintenir au-dessus de la moyenne. Vous connaissez le talent ?

- Merci, Monsieur !

Je me précipite sur la première place que je vois, à côté du frère de Meredith, Jackson. Il a un an de moins que nous, ce petit prodige ! Il a sauté une classe, et appartient à l'équipe de football (je parle ici, du football américain). Il est le plus frêle de l'équipe, mais surtout le plus rapide. C'est d'ailleurs pourquoi, il a le poste de running back.

-C'est vrai que tu t'es pris la tête avec Ashley ce matin ?

J'hoche la tête en lâchant un grognement.

-Les nouvelles vont vite ici !

-Tu sais quand il s'agit de baston... surtout entre filles !

Je roule des yeux et tourne ma tête vers lui.

-Ce n'était pas une bagarre... juste une humiliation.

-Tu ne devrais pas te laisser faire !

-(rire forcé) : Ah oui ? Je devrai faire quoi ? Répliquer ? J'ai déjà du mal à me défendre verbalement, tu me crois vraiment capable de lui faire des crasses aussi ?

Son silence m'incite à continuer

-Et puis quoi ? Si je lui fais quelques choses, elle appellera ses toutous pour me faire 1000 fois pire !

- Madison ! Baissez d'un ton je vous prie !

J'attends quelques instants avant de poursuivre en chuchotant.

-Je n'ai pas envie de me battre pour quelque chose qui risque de se retourner contre moi !

-On dirait que tu parles d'une chose super dangereuse ! Mais Maddy, c'est juste une fille !

Qu'est-ce qu'il peut m'énerver des fois ! Il ne comprend pas ! Je préfère ne pas continuer de lui parler, car c'est quelqu'un de très têtu. J'ouvre mon carnet et commence à griffonner, pendant que notre prof nous parle de la guerre d'indépendance américaine. On a l'impression qu'il récite un extrait d'une thèse sur le sujet. Ce qui a d'ailleurs un effet soporifique, compte tenu du fait que plus de la moitié de la classe a la tête plongée entre les bras. J'arrive même à entendre de légers ronflements. La sonnerie retentie enfin, indiquant l'heure d'aller MANGER. Je sors précipitamment de la salle pour me diriger vers la cafeteria. J'ai cru que ce cours de maths allait me griller tous les neurones. Et puis cette dernière heure de cours a été un véritable calvaire, entre mon ventre qui criait famine et mon prof de maths qui s'obstinait à m'expliquer un exercice sur les suites arithmétiques tout en me postillonnant dessus. Il faut d'ailleurs que je passe par les toilettes, histoire de me laver le visage. Beurk, rien que de repenser aux postillons dégoulinants sur ma joue m'écœure. Une fois à la cafétéria, je tombe sur Meredith.

-Alors cette matinée ?

-On a eu anglais ce matin (l'histoire se passe aux USA donc anglais= cours de français pour nous). J'ai cru que j'allais me tirer une balle (en fronçant les sourcils) Où est-ce que tu as dégoté ce truc ?

Je baisse la tête pour voir de quoi elle parle, et vis le sweat de Kathleen.

-Oh ce matin, on m'a versé du soda sur la tête et Kathleen m'a passé ce sweat.

-Kathleen? Comme Kathleen Wilson? Genre la cheerleader ?

-J'ai été moi-même surprise !

Je tendis la main pour attraper une assiette de steak frite. Après tout, on a sport après alors autant prendre des forces... Suis-je la seule à trouver cette excuse quand je mange quelque chose de bien gras ?

-Tu ne devrais pas prendre ça ! Vu ton état je te conseillerai plutôt une salade, sans vinaigrette bien sûr !

Contrairement à ce que vous pouvez penser, il ne s'agit pas d'Ashley mais presque. C'est Mary-Jane, la meilleure amie de celle-ci. J'ouvre la bouche pour répliquer, mais rien de me vient à l'esprit. Je n'ai aucune répartie, bordel ! Meredith intervient et se place devant M-J

- Euh, pardon ? Pour qui tu te prends pour lui dire ça ?

Allez au lieu de dire de la merde, avance tu bouches la file. M-J lui lance un regard dédaigneux, avant de se retourner en secouant ses longs cheveux. Je souffle de soulagement et souris à Meredith pour la remercier.

-Hey, et évites de trop t'exposer au soleil, tu risques de fondre !

Les gens près de nous explosent de rire. Il y avait une rumeur qui circulait comme quoi elle avait fait beaucoup de chirurgie esthétique, d'où le surnom que nous lui avions donné : miss plastique. Je lâche un petit rire lorsque je vois la tête de M-J face à l'attaque de Meredith. Ses yeux sortaient presque de leur orbites. C'est aussi en partie pour ça que j'aime tant Meredith, elle dit ce qu'elle pense et n'a pas peur du regard des autres mais surtout elle a de la répartie, elle au moins ! Mary-Jane partit presque en courant. Cette fille-là n'a du courage et de la repartie que lorsqu'elle est avec sa bande, comme par hasard ! On s'assit à une table, l'une en face de l'autre.

-Il ne faut pas que tu te laisses faire, Maddy

-Je sais...

Mon attention fut détournée par l'arrivée des sportifs. Je ne fus pas la seule. Il y a beaucoup d'équipes sportives masculines dans notre lycée : Basket, football et soccer. Nous les filles n'avions que l'équipe de cheerleader et netball car il n'y a pas assez de demandes pour d'autres disciplines. Ils se dirigèrent tous vers les tables du fond et un silence envahit la pièce. Tout le monde avait le regard fixé sur eux. Les basketteurs ne semblaient pas en avoir conscience et continuèrent à discuter entre eux, comme si de rien n'était. Lucky passe devant notre table et me fait un petit clin d'œil. J'affiche alors un sourire niais en sentant mon cœur fondre.