Chapitre 11
Le froid glacial se glissant sur nous, me fait frissonner. Je décide alors de lâcher ma sœur. J'essuie rapidement ses larmes avant de lui prendre la main, et de nous faire avancer. Il était temps de rentrer, la journée a été trop pleine d'émotions. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête. Ma sœur est donc lesbienne... Je vous mentirai si je vous disais que je prenais ça avec calme et sérénité. A vrai dire je suis un peu perdue, je ne sais pas quoi faire. Je ne me considère pas comme homophobe mais ... enfin cette nouvelle me chamboule, quoi. Je n'ai jamais pu envisager l'idée qu'Emmy ne soit pas hétéro. Depuis combien de temps est-elle attirée par des filles ? Comment a-t-elle su qu'elle était amoureuse ? Si elle est homosexuelle, ça veut dire qu'elle faisait semblant quand on s'amuser à fantasmer sur de belles célébrités masculines ? Tout ces moments de complicité ont-ils donc été factices? Depuis combien de temps se cache-t-elle ?
Je ne sais pas pourquoi, mais plus j'y pense, plus un sentiment de trahison envahi mon esprit... Pourquoi ne me l'a-t-elle pas dit plus tôt ? Je sais qu'en ce moment on s'est un peu éloignées, mais j'ai toujours été présente pour elle. Comment a-t-elle fait pour supporter ce lourd secret ?
Je soupire essayant d'éloigner ces pensées de mon esprit. Je n'ai pas à me concentrer sur ça. Emmy a besoin de moi maintenant et il faut que je la soutienne.
Nous arrivons enfin devant la porte de la maison. J'ouvre doucement la porte, apercevant toutes les lumières allumées. Bon, maman était de retour plus tôt que prévu. Je m'avance quand je sens une pression sur ma main.
- S'il te plait Maddy, n'en parle à personne, tu es la seule au courant.
Je sens un poids s'ajouter sur mes épaules, le poids d'un secret de plus à cacher dans ma vie.
- Très bien.
J'entends des bruits de pas s'approcher.
- Alors c'est à cette heure-là que vous rentrez ?
Elle essaye de paraitre en colère, mais je vois bien qu'elle cache un sourire sous sa moue énervée. Je me doute qu'elle est plutôt contente de nous voir ensemble, afin de « renforcer les liens fraternels». C'est sûr que nous voir revenir d'une petite sortie, ça change de nous entendre nous crier dessus. Je sens mes membres s'alourdirent à cause de la fatigue. Je force un sourire avant de la dépasser et de monter les escaliers afin de m'écrouler sur mon lit.
...
Deux semaines. Deux semaines s'étaient passées depuis ce soir-là, et... rien n'avait changé entre Emmy et moi. Toujours distantes, toujours énervées l'une contre l'autre. Les seules fois où elle me parlait à peu près correctement c'est quand elle me répéter de ne rien dire à personne.
Non sans blague je pense qu'au bout de cent fois j'ai compris...
- Maddy ?
La voix de mon père me sort de mes pensées. Chose extrêmement rare mon père se trouve à la maison, en congé de trois jours, et non pas en voyage d'affaire.
- Oui ?
- Je te demandais si tu voulais que je t'emmène à l'école. J'ai déjà proposé à ta sœur et je me demandais si toi aussi tu voulais éviter de prendre le bus.
Moi. Mon père. Emmy. Voiture.... Bonjour l'ambiance ! Mon père n'a jamais été très bavard et vu les tensions existantes avec Emmy... Cependant, j'accepte sa proposition, m'évitant ainsi de courir après le bus.
Je monte dans ma chambre enfiler un jean et un sweat avant de récupérer mon sac et de dévaler les escaliers.
- Bon on y va ?
Mon ton sonne plus agressif que je l'aurai voulu, et ma mère me regarde en fronçant ses sourcils.
- Madison ! Comment tu parles à ton père !
- Oui, bon ça va. Pardon !
Je n'attends pas de réponse et sors attendre devant la voiture.
Une fois ma sœur enfin prête nous montons dans la belle voiture et mon père démarre. Comme je m'y attendais un grand silence envahis l'habitacle. Mon père se racle la gorge avant d'allumer la radio. Je soupire en posant ma tête contre la vitre fraiche.
- Hum... alors... euh.... L'école comment ça se passe, les filles ?
J'allais répondre par un grognement quand ma sœur pris la parole.
- Tu le saurais si tu étais plus souvent là. Mais bien évidemment c'est impossible vu que ton boulot passe avant tes propres enfants.
Outch ! Même moi qui reproche la même chose à mon père je ne me serais jamais permise de le dire et encore moi de cette façon-là. Je vois les mains de mon père se crisper sur le volant et décide d'intervenir.
- Ferme-la Emmy !
- Quoi ?! Mais arrêtes, tu penses la même chose que moi. Il n'a jamais été présent dans notre éducation on peut même se demander à quoi il sert !
La s'en ai trop, je ne peux pas lui laisser dire ça. Malgré ses nombreux déplacements il a toujours était très aimant avec nous. Il faisait tout son possible pour nous rendre heureuse.
- EMMY ! Comment oses-tu dire ça ? C'est notre père !
Je la regarde dans les yeux avant de souffler doucement.
- T'es pathétique.
Je vis une lueur de colère traverser ses yeux. Lorsque la voiture s'arrêta à un feu rouge, elle déboucla sa ceinture.
- Emmy, qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne peux pas rester un instant de plus dans cette voiture. Vous me soulez tous.
Son comportement m'exaspère au plus haut point.
- Bon Em' rassis –toi et arrête de faire la pseudo ado rebelle!
- J'me casse, salut.
Sur ces paroles, elle ouvrit la portière, pris son sac et sortis.
- EMMY !
Mon père déboucle sa ceinture mais je le retiens par le bras.
- Laisse-la. De toute façon on est à côté de son collège.
Je soupire et tourne la tête vers lui. Des larmes coulèrent sur ses joues, ce qui me surprit. Mon père n'a jamais était très démonstratif dans ses sentiments.
Le feu passa au vert et il redémarra.
- Je ... je voulais vous accompagner à l'école pour... pour vous dire que j'avais enfin eu une mutation dans un bureau plus proche de la maison... et .... Et que j'aurai enfin pu être plus présent... Je croyais que ça vous aurait fait plaisir, mais je me suis lourdement trompé.
Je me contente de le regarder quelques instants, bouche bée avant de prendre la parole.
- Mais c'est une bonne nouvelle ! Il ne faut pas te fier au comportement d'Emmy... elle ... euh... traverse une mauvaise passe.
Mon père hoche doucement la tête, en essuyant ses larmes du revers de la main. Il tourna le volant, me faisant froncer les sourcils.
- Qu'est-ce que tu fais ? c'est pas par la pour aller au lycée.
Il afficha un faible sourire.
- Je sais ! Je veux juste vérifier que ta sœur soit bien arrivée.
On peut tout dire sur mon père, mais malgré tout il est très protecteur vis-à-vis de ses enfants. Je le regarde en souriant et prononce des mots qui n'ont plus franchis mes lèvres depuis des années.
- Je ... hum...t'aime... papa.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top