5 - Alby

La preuve qu'il n'y avait que des enfants de riches ici ? Les soirées. Sous le nez des encadrants. Enfin, à ce moment précis, ça regardait surtout dans l'autre sens. Cela me faisait-il quelque chose ? Non, pas vraiment. Des soirées, j'en avais fait plein dans ma vie, peut-être trop avec le club. On apprenait à boire assez vite et surtout à tenir l'alcool assez bien. Je regardai les mecs se disperser pour se rendre à cette fameuse soirée. Assis sur le rebord d'une vitre, un livre à la main, je me demandais brièvement si tout cela valait le coup.

Y aller n'arrangerait pas mon humeur, j'en étais sûr. Mais peut-être qu'il y aurait un peu d'alcool pour me détendre. Juste assez pour me relaxer, pas pour me bourrer la gueule. Jamais je ne ferais ça ici, en plein milieu des requins.

Je fermai mon livre et allai le déposer dans ma chambre. Je me lavai rapidement et me changeai avec des fringues plutôt normales. Je n'allais pas commencer à m'habiller pour ce genre de merde. Visiblement, il existait un groupe d'élèves sur une application qui leur permettait d'annoncer les évènements. Je ne voulais même pas être au courant de cette merde, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Mais comme mon père disait, mieux valait repérer les lieux du crime avant qu'il n'y ait un meurtre. Ça ne voulait rien dire, en vrai, car vous ne saviez jamais quel endroit serait utilisé pour un meurtre.

Hormis si vous étiez le tueur.

Je suivis un groupe de mecs et gardai une certaine distance. Juste pour faire comme si je me fondais dans la masse. Ils ne firent pas attention à moi, ce qui me convenait vraiment.

La petite soirée se tenait dans un endroit éloigné des bâtiments de cours de Riverview. Visiblement, c'était quand même régulièrement utilisé vu la salle qui s'y trouvait ainsi que toute la technologie nécessaire pour projeter des vidéos sur un écran, ainsi que de la musique à fond.

Je passai la porte pour découvrir une foule d'adolescents qui buvaient, fumaient et dansaient. Quand la musique se coupa, j'aperçus Jaxen Ross, le roi de l'école, grimper sur une petite estrade qui accueillait la sono. Il était bien habillé, très sûr de lui et du pouvoir qu'il avait.

— Je tenais à saluer tous nos petits nouveaux. Riverview est une grande et belle famille et vous savez ce qu'on dit, dans une famille, pas de place aux secrets.

Les secrets, ça tue, Thaddeus.

Je fermai un quart de seconde les yeux quand la voix de mon père résonna dans mon crâne. Une soudaine envie de vomir me prit à la gorge. Quelques jours après cette tirade, j'avais perdu quelqu'un de très cher à mes yeux.

Et jamais il ne reviendrait.

— Je vais donc commencer. En vous partageant un moment très... intime, continua Jaxen.

La mise en scène prit un autre tournant quand la lumière fut éteinte et que nous eûmes droit à un film en plein air. J'eus à peine le temps de détourner le regard quand je compris ce qui se déroulait sous mes yeux. Une sex tape.

Et je ne mis que quelques secondes supplémentaires pour comprendre qui se trouvait sur ces images.

Pas seulement Jaxen lui-même.

Mais aussi Greer McCray.

Elle était figée au milieu de la foule, son corps tremblait.

Nous eûmes droit à la bande-son intégrale. J'aperçus Greer fendre la foule en direction de Jax.

Le silence après la musique forte donnait cette impression de vie, comblé par les quelques bruits qui se dégageaient de la vidéo.

— Tu aimes mon cadeau pour les nouveaux ?

Je fus surpris de voir Greer répliquer par une claque.

— Tu n'es qu'un porc !

Mes yeux voulurent se relever vers l'image quand la vidéo s'arrêta, mais je me retins. Jax ne répliqua pas et Greer fit un demi-tour express pour se barrer. Elle était pâle comme un linge.

Elle me heurta quand je ne me poussais pas assez vite de sa trajectoire et glissa. J'eus à peine le temps de la rattraper par son bras.

— Ça va ? soufflai-je.

Elle s'arracha à ma prise.

La musique reprit et les rires grivois de la bande d'idiots s'élevèrent tandis que je regardais Greer fuir le lieu du crime. Jaxen l'avait baisée et enregistrée à son insu pour dévoiler la vidéo ? Et ce n'était visiblement pas la première fois qu'il le faisait puisque certains ricanaient et racontaient ce souvenir aux nouveaux.

Enfoiré.

Une grosse partie de moi, élever par ma mère, se révoltait de ce genre d'actes. Mais Jaxen n'avait même pas craint de se montrer lui-même en train de baiser... Greer. À défaut de savoir ce qu'ils avaient pu être l'un pour l'autre pour qu'elle couche avec lui.

L'amour était aveugle ma foi.

Je voulus me détourner, mais mon surnom résonna.

— Alby ! Tu t'en vas déjà ? Peut-être que tu auras une autre demoiselle en détresse à sauver, t'en dis quoi ? s'exclama la voix de Jaxen.

Et merde. Je pris la bière qui se trouvait non loin de ma main et qui était encore close. Je fis sauter le bouchon et pris une grande gorgée avant qu'une main ne s'abatte sur mon épaule.

— On n'a pas eu l'occasion de parler toi et moi ! Tu es nouveau ici il faut que tu apprennes deux trois trucs avant de finir dans le caniveau avec les autres rampants qui se trouvent ici.

Je serrai les dents. Cet enfoiré ne méritait pas une once de mon attention et pourtant, j'allais devoir lui répondre, sinon monsieur le Roi allait se vexer.

— Je ne compte pas finir dans le caniveau, remarquai-je. Mais merci de l'info.

— Reste donc avec nous ! me retint-il quand je fis un pas vers la sortie. Tu ne veux pas t'amuser un peu avec nous ? On peut distraire tout le monde ici !

Mes épaules se crispèrent.

— Je suis pas intéressé par tes petites activités, grognai-je. Et encore moins ça.

Il n'y eut que mon doigt qui pointa les images qui déroulaient encore. Je ne voulais rien voir de plus. Autant par respect pour mon pauvre cerveau et imaginaire qui n'avaient rien demandé, que par respect pour Greer qui elle non plus n'avait rien demandé. Ça se voyait qu'elle n'avait pas accepté de se faire filmer par Jaxen. Je grognai et compris que mon cerveau avait quand même reçu quelques images même si je ne voulais pas consciemment y penser.

Fais chier.

— Ça te regarde, mon gars, ricana Jax.

Je voulus partir pour de bon, mais sa main s'abattit sur mon épaule pour me faire pivoter et son nez frôla le mien quand il me fit face de tout son corps. Nous étions de la même taille, mais il était un peu plus fourni que moi en masse musculaire. J'avais grandi trop vite et essayai encore de prendre en poids, mais la course n'aidait pas forcément. Néanmoins, je savais que je me battais mieux que lui. Sûrement. Peut-être pas en fait, s'il s'amusait régulièrement aux combats.

— Sache qu'ici, les relations font beaucoup. Frotte-toi à la mauvaise personne et ton année se transformera en Enfer. T'as compris ?

Je secouai la tête et m'écartai de lui brusquement. Je voulais juste qu'on me foute la paix. C'était si dur que ça à comprendre ?

Je n'en revenais pas qu'il puisse tenir un discours pareil après avoir balancé une vidéo de ses ébats. Sur le fond, je me foutais de ce qu'il faisait, mais quand il impliquait une personne non consentante dans sa merde, je ne le supportais plus.

Les connards dans son genre devenaient des violeurs sans limites une fois complètement adultes. Ma famille avait beau grandir sur des profits illégaux, nous n'étions pas des violeurs ou des psychopathes avides de sexe ou de sang.

Je retournai au dortoir avec des frissons de rage qui parcouraient tout mon dos. Je n'en revenais pas que ce mec était un connard triplé d'un enfoiré.

Au moins, je savais pourquoi il avait cette réputation.

Et il fallait que je l'évite à tout prix.

Vu ce qu'il faisait subir à Greer, une nana qu'il connaissait sûrement depuis plusieurs années, je ne voulais pas savoir ce qu'il inventerait pour me faire chier.

Putain d'enfants de riches.

Je ne dormis pas cette nuit-là. Mon cerveau m'empêcha de trouver la paix dans le sommeil. Je regardai ma porte toute la nuit, mon couteau dans les mains. Je jonglai avec, avant d'effectuer plusieurs exercices de musculation.

Je tentais de lire, mais mes yeux revenaient à chaque fois sur la poignée de ma porte.

Et si Jaxen venait me chatouiller les oreilles ?

J'avais promis à mes parents de faire profil bas, de rester dans les rangs, mais avec ce connard ici, je n'étais pas sûr de survivre sans me défendre un minimum.

J'étais le fils du Prez. Je ne pouvais pas m'amuser à me faire tabasser comme ça sans retour de mon père.

Maintenant que j'étais l'aîné de la famille, j'étais prédestiné à devenir un jour Président du club à mon tour. Le voulais-je ?

Pas vraiment.

Avais-je le choix ?

Il fallait visiblement que je survive à toute cette merde avant.

Un petit bip me parvint de mon portable.

Je le tirai et lus le message d'un numéro inconnu.

« Prudence est mère de sureté. Et la discrétion est un art à convoiter. »

Je grognai et me retins au dernier moment de jeter mon portable à l'autre bout de la pièce.

Ce n'était franchement pas le moment pour penser à ça.

Et encore moins à tout ce qui m'attendait à la maison après mes études.

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