— C'est quoi cette merde ? grondai-je.

Je venais de voir Doug faire son spectacle devant quelques profs et Alby se faire embarquer par le prof d'info. Spencer, à côté de moi ne dit rien. Savait-il quelque chose ? Qu'est-ce que j'avais bien pu louper, hormis le fait que Doug digérait mal la raclée d'Alby ? Ce sale gosse pourri gâté qui n'acceptait rien de moins que d'être le plus fort, la petite frappe de Riverview. Il commençait sérieusement à me casser les couilles avec son égo mal placé.

— Te l'ai dit ; un jeu d'enfant, se gargarisa Doug. J'ai échangé la bouteille de la petite princesse pour être sûr que le boursier n'y voit que du feu. J'ai peut-être eu la main lourde sur la dose.

Je m'arrêtai à côté de lui, si les autres me virent tout de suite, Doug eut un temps de latence.

— Qu'est-ce que tu as fait ? demandai-je.

— Je voulais juste me venger de ce petit merdeux, cracha Doug, qui pressentait sûrement ce qui couvait en moi.

— Et si c'était Greer qui avait bu ? Tu aurais fait quoi ?

Un silence pesant fila entre nous. Doug cligna des yeux, pas bien sûr de ce qu'il devait répondre, de ce qu'il pouvait avouer. Il se foutait bien de cette option puisque finalement c'était bel et bien Alby qui avait bu au goulot de cette maudite bouteille.

— Un peu de GHB ça n'a jamais tué personne.

Le coup partit et Doug chancela, une main sur sa mâchoire. Il me regarda, de la surprise dans le regard, mais aussi une étincèle de haine. Bientôt il cesserait d'être un suiveur sans cervelle, mais pas encore. Pour le moment, je pouvais encore le tenir et lui faire comprendre qu'il n'avait pas à agir comme il l'entendait. Cette situation commençait sérieusement à me donner une migraine, tout ça à cause de l'arrivée de ce petit con d'Alby Cooper.

Je m'éloignai et Spencer m'emboita le pas. Nous traversâmes quelques couloirs avant d'arriver au niveau de la salle d'informatique, l'antre du professeur Landy. C'était le genre de prof qui faisait bien son taf, qui punissait quand c'était nécessaire et qui s'attendait à des notes exemplaires sur le semestre. Beaucoup l'appréciait ; jusqu'à présent je n'avais eu aucun avis sur la question, mais lorsque sa voix résonna derrière la porte, je sus qu'il était bien que plus qu'un simple prof de Riverview.

— La Tour n'a qu'une parole, mais veillez à être plus prudent à l'avenir, monsieur Cooper. Pour votre propre bien.

La Tour.

La Tour aidait Alby ?!

Qu'est-ce que c'était que cette merde ?

Mes poings se refermèrent et j'inspirai. Je comprenais mieux la disparition de la vidéo de la sex tape de toute l'académie. Bien sûr, maintenant, ça faisait sens. Et putain, ce n'était pas bon. Parce que ça changeait la donne. Qu'une pièce si puissante vienne en aide à un fils de Pion... je ne savais même pas ce que ça signifiait. Comment Alby pouvait-il être impliqué d'une quelconque façon avec la Tour ? Un lien avec son père ? Ou complètement autre chose. Trop de choses m'échappaient à ce stade et je savais que l'ignorance était mon ennemie. Je devais être prudent, avancer à tâtons, jusqu'à trouver les réponses qui me manquaient.

Je tapai dans le bas du mur avec mon pied et me barrai, sentant clairement mon esprit vrillé. J'avais toujours su que l'Échiquier avait de l'influence entre les murs de l'académie, peut-être même plus que je pouvais ne serait-ce que l'imaginer. Mais de là à me dire qu'Alby pouvait compter sur la Tour, on atteignait un autre niveau.

Putain !

Perdu dans le cheminement de mes pensées, je ne vis pas Greer me foncer littéralement dessus. Elle me poussa de toute ses forces contre le mur et mon dos le heurta sans bruit.

— Tu cherches à le faire virer ou quoi ?

Elle aurait tout aussi bien pu crier. Sa colère ne fit que décupler la mienne.

Pourquoi tout échappait à mon contrôle ? Comme si j'avais besoin de ça ! Comme si un petit merdeux pouvait ébranler les fondations de ce que j'avais mis du temps à bâtir.

Il n'était plus question de le faire virer à ce stade, mais d'aller planter sa tête sur une pique.

— Le droguer ? C'est quoi la prochaine étape, Jaxen ?

Elle exultait. Et moi, moi, je voyais rouge.

Ma main se referma autour de son cou et se fut à son tour d'être plaquée contre le mur. Elle me défia du regard, incapable de se soumettre, trouvant une nouvelle force, une nouvelle ardeur qui me dépassait.

Elle m'échappait et ça... ça...

— Qu'est-ce qu'il a pour que tu veilles à ce point le protéger ? explosai-je.

Je ne serrai pas vraiment. Je voulais juste la soumettre, qu'elle arrête, putain qu'elle arrête de me défier !

— Je ne suis pas un objet ; j'ai le droit d'exister par moi-même !

— Arrête de me faire chier, Greer.

— Alors, laisse-nous tranquilles !

Pas moi.

Pas juste elle.

Non. Nous.

Nous.

Nous.

Nous putain !

— C'est donc ça, soufflai-je.

Je la lâchai et reculai. Elle se frotta la peau, la poitrine se soulevant trop vite.

— Tu es amoureuse.

Elle ouvrit la bouche sans prononcer le moindre son.

Quelle idiote !

Je secouai la tête.

Et sans un autre mot, je me barrai, avant de faire quelque chose que je pourrais vraiment regretter. 

**

Jaxen qui perd le contrôle 😎

La bise 😘

Taki et Ada'