40 - Alby
Quand j'ouvris ma porte, je découvris l'enveloppe noire par terre. Je regardai dans le couloir pour voir s'il y avait quelqu'un qui partait, mais ne vis personne. Je soupirai et entrai dans ma chambre. Je récupérai l'enveloppe et l'ouvris. Je déglutis quand je découvris le texte dessus. J'appelai mon père dans la seconde et il décrocha assez vite pour que je comprenne qu'il n'attendait que ça.
— Tu as eu la lettre ?
Pas de bonjour. Au moins, c'était clair.
— Oui. Pourquoi je la reçois ?
— Parce que tu es mon héritier et je veux que tu t'impliques. C'est ton entrée dans le monde l'Échiquier.
— Ai-je le choix ?
Ma voix dégoulinait de colère.
— Non. Tu viendras, que ça te plaise ou non.
Un silence. Puis, il reprit la parole.
— Ça se déroule à New-York. Notifie tes professeurs que tu ne seras pas présent lundi et mardi. La vente aux enchères a lieu lundi soir, mais j'ai besoin de toi avant là-bas.
Il voulait que j'ai accès à l'envers du décor. Je retins un long soupir et acquiesçai simplement. De toute façon, avec toute l'avance que j'avais, ça ne changerait rien que je sois absent ou non. Il le savait et il s'en servait avec plaisir. Mon père avait décidé de ne plus m'attendre, si je ne l'avais pas encore compris, ce mouvement-là était une simple assurance pour que je lui obéisse.
Je n'irais jamais contre les ordres de mon Président.
Entre ça et Jaxen qui tenait une information sur moi, j'allais vraiment finir par devenir fou. Ils me courraient tous bien comme il le fallait sur le haricot. Et je ne pouvais pas retourner vers lui pour une nouvelle demande. Si je faisais ça, je lui donnais une de mes faveurs à la place. Je grognai et jetai l'enveloppe sur le bureau. Voilà, où j'en étais, alors que je n'avais pas encore un seul pied dans l'Échiquier.
Jaxen ne revint pas vers moi pour faire tomber son épée sur le coin de ma gueule. C'était un gars intelligent, il attendrait le bon moment pour l'utiliser contre moi. Je devais absolument trouver une solution pour me sortir de cette merde là. Greer semblait sur les nerfs et elle m'avait montré les deux cartons d'enveloppe qu'elle avait reçus. Au moins, mon père ne m'avait pas mis aux enchères. Et je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
Le milieu de la semaine arriva à une vitesse folle. Nous étions installés dans la bibliothèque pour une séance de révision quand mon regard se posa sur la petite moue de Greer. Elle tentait tant bien que mal de résoudre une équation assez lourde et cela me fit sourire.
Elle se redressa quand elle sentit mon regard et ses joues rougirent un peu. J'aurais aimé lui demander de venir dormir dans mon lit ce soir, mais c'était trop dangereux. Surtout avec Jaxen qui rôdait. Cependant, j'allais très vite lui commander une serrure supplémentaire pour sa porte. Histoire qu'il ne puisse plus rentrer comme dans un moulin.
— Tu as déjà fini ? maugréa Greer.
Elle se pencha sur mon cahier pour voir que j'avais fini les deux équations suivantes, ainsi que tout l'exercice pour la prochaine fois. Elle releva son nez et je le tapotai de mon doigt.
— Tu n'es pas concentrée, murmurai-je.
Elle haussa ses épaules, sa cuisse contre la mienne. Je m'appuyai sur mon coude.
— Je ne vais pas plus l'être avec toi qui me regardes comme ça, ronchonna-t-elle, son crayon entre ses dents.
Je ne pus m'empêcher de sourire. Malgré les trois épées de Damoclès qu'on avait au-dessus de nos têtes, on grappillait des instants tous les deux, des baisers volés à chaque angle de couloirs. Et ça me poussait toujours plus à réfléchir à la suite. Je pouvais l'aider, j'en étais sûr. Je pouvais nous sortir de là tous les deux. Il le fallait. Je ne devais pas faire du sur place. Sinon, une de nos merdes allait nous mordre la fesse et ça ne serait pas agréable du tout.
— Je pense à ce qu'on pourrait faire si on n'était pas coincé ici, minaudai-je.
Je haussai un sourcil aguicheur quand elle me regarda et elle ne put retenir un rire. Ce seul son nous valut beaucoup de regards noirs et de grognements. Tout le monde était tellement concentré que la plus petite des distractions était la pire. Comme je ne pouvais m'empêcher d'embêter Greer, elle m'embarqua en dehors de la bibliothèque pour que je me calme. On fit un arrêt par le distributeur et je réussis à lui faire avaler une barre chocolatée. Elle sembla même l'apprécier ce qui me fit plaisir.
On dut se séparer pour les cours suivants et je filai vers mon casier pour récupérer un ou deux cahiers. Vu que je laissais la plupart dans ma chambre, je n'avais pas grand-chose dans celui-ci. En chemin pour mes affaires, je tombai sur le classement. L'école se faisait un plaisir de l'afficher avant les examens.
Pour motiver les troupes ? D'après moi, c'était à revoir, mais bon qui étais-je pour juger n'est-ce pas ?
Arrivé à mon casier, je le vidais entièrement. Je ne voulais pas qu'on abîme le peu d'affaires qu'il me restait encore sain et sauf. Quand je refermai la porte, je découvris Doug, accoudé au reste des casiers. Je le regardai sans expression notoire.
— Tu veux quoi ? grognai-je.
— Tu sais mon nouveau but dans la vie, Cooper ?
Je levai les yeux au ciel.
— Savoir écrire ? tentai-je.
Il ricana.
— Te faire virer du bahut. Et crois-moi, ça va devenir un plaisir que d'essayer... et réussir.
— Hâte de voir ça, marmonnai-je.
Je remontai mon sac sur mon épaule et le laissai là, à raconter sa merde. J'eus le temps d'aller courir un peu avant de rejoindre Greer à la piscine. Comme d'ordinaire, elle y était seule. Je n'aimais pas qu'elle y vienne après ce qu'il s'était passé, mais la disparition de l'enfoiré qui avait essayé de la violer tenait à distance les connards. Ce qui jouait en ma faveur pour le coup. Greer était concentrée dans ses longueurs et je m'installai à côté de ses affaires sur l'un des bancs. Quand Greer m'aperçut, elle me fit signe de la rejoindre. J'hésitais un peu, déjà crevé par l'athlé, mais craquai quand elle me demanda avec de grands yeux de biche. Je me débarrassai de toutes mes fringues hormis mon boxer et filai la rejoindre.
— Tu me revaudras ça, grognai-je.
Elle s'approcha de moi et s'enroula autour de moi. Je sentis toutes les parcelles de son corps contre le mien et grognai de satisfaction. Mes mains glissèrent dans son dos, là où son maillot de sport se rejoignait.
— Ça fait du bien, souffla-t-elle contre mon oreille.
Je la serrai un peu plus fort contre moi et elle gémit avec douceur. J'embrassai sa joue avant qu'elle ne se redresse. Sa bouche frôla la mienne, puis nos langues. Mes doigts s'enfoncèrent dans ses cheveux qu'elle avait libérés de son bonnet de piscine. Nos lèvres s'écartèrent lentement les unes des autres et nos souffles glissèrent sur nos visages proches.
— J'aimerais que ça ne s'arrête jamais, me confia-t-elle, ses deux mains sur mes joues.
Je frottai mon nez contre le sien et elle rit.
— Il y a des caméras ici ? grognai-je.
Son corps se crispa, mais elle finit par secouer la tête. Je regardai la porte de la piscine, pas si sûr que ça pour faire ce genre de bêtise ici.
— Quelqu'un pourrait venir, murmurai-je.
— Il n'y a personne à cette heure-ci.
Je glissai ma bouche contre son oreille.
— Je n'aimerais pas qu'on me trouve la langue sur ton sexe et tes cuisses contre mes...
La main de Greer se posa sur ma bouche pour me faire taire et je sentis son corps se tortiller contre le mien.
— Alby ! s'écria-t-elle.
Je haussai mes épaules. Elle me força à nager un peu pour me calmer et on sortit tous les deux de l'eau une bonne quarantaine de minutes plus tard. J'enroulai Greer dans sa serviette et l'aidai à se sécher. Elle se mordit la lèvre quand je m'occupais de ses cuisses et elle dut les serrer pour que je ne m'aventure pas plus haut. Elle se moqua encore une fois, mais m'offrit quand même une séance de baisers qui me demanda de me calmer quelques minutes avant de renfiler mon pantalon. Je pris la bouteille d'eau de Greer et la descendis rapidement, mort de soif. On remballa nos affaires et on fila ensemble avant qu'il ne fasse complètement nuit.
Je raccompagnai Greer dans sa chambre, la tête un peu dans le flou. Je retournai à la mienne en luttant contre mes propres pieds. Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait, mais j'eus le temps d'entendre des ricanements dans mon dos.
Le reste disparut de ma mémoire.
Un atroce mal de tête me tenaillait le crâne. Quand je clignai des yeux, le goût du vomi dans ma bouche me donna une nouvelle nausée. J'étais recroquevillé contre ma porte de chambre, du vomi sur le devant de mon t-shirt. Je sentais à peine mes pieds et mes jambes. La panique qui m'envahit tandis que je me redressais me donna envie de crier. Je roulai sur mon flanc et dus m'agenouiller avant de me redresser. Je touchai le verrou et le trouvai fermé. Je n'avais aucun souvenir d'avoir réussi à rentrer dans ma chambre ou même d'avoir verrouillé la serrure. Je me tins la tête un instant et compris avec quelques minutes supplémentaires ce qui m'était arrivé.
Drogue. On m'avait drogué hier. Quand ? Comment ? Je me traînai jusqu'à mes affaires sur le bureau et trouvai mon téléphone balancé dessous. J'avais dû essayer de l'utiliser, mais ça n'avait pas fonctionné. Je le récupérai et deux pensées me vinrent en même temps.
Les règles à Riverview étaient pourtant très claires sur les drogues et je n'avais aucun passe-droit là-dessus. Si quelqu'un me faisait une analyse maintenant, j'étais un peu près sûr que le GHB n'apparaîtrait plus, mais que le reste oui. Pendant un instant, j'hésitais à appeler mon père, mais il n'y réfléchirait pas à deux fois avant de me sortir complètement de là.
La seconde pensée fut qu'il n'y avait qu'un truc que j'avais touché qui ne m'avait pas appartenu. La bouteille d'eau de Greer. Une unique seconde mon cerveau fit filtrer une vague de panique. Avait-elle.. Non. Non la bouteille aurait dû lui revenir. Elle aurait dû être droguée... Je grognai et frappai mon bureau du plat de la main.
Do... Doug ? Se pouvait-il que ce soit Doug ? Je ne voyais que cet enfoiré, mais mettre Greer dans une merde pareille. Que lui serait-il arrivé si elle l'avait bue ?
Je déverrouillai mon portable pour voir plusieurs messages de sa part, donc un qui datait de quelques minutes. Elle était inquiète que je ne réponde pas.
Je retournai dans mon journal d'appel et trouvai très facilement le numéro que je voulais. J'appuyais sur le bouton d'appel, le cœur dans la gorge.
Il décrocha au bout de la seconde sonnerie.
— J'ai besoin d'aide, croassai-je de ma voix sèche.
— Que se passe-t-il ?
Sa voix me tira presque un putain de grognement. Je me tenais les côtes un instant avant de lâcher la vérité.
— J'ai été drogué, soufflai-je. Si je me fais tester, je me ferais expulser. Je peux pas me faire virer... Je...
Un long silence à l'autre bout du fil. Je fermai mes paupières et les serrai fort.
— Tu me devras un service.
Je mordis mon poing pour ne pas faire un commentaire désobligeant.
— Ok.
Et il raccrocha. J'aurais aimé qu'il me demande si j'allais bien, mais il le vérifierait lui-même d'ici là. J'en étais sûr. Ce n'était pas la première fois que je touchais à de la drogue, mais le faire contre ma volonté ne plaisait pas du tout. Je tentais de ne pas m'attarder sur sa voix et sur l'effet qu'elle avait encore sur moi. Putain, j'aurais aimé l'éviter. L'éviter pour ne pas ressentir tout ça.
Je récupérai des affaires à moi pour aller me laver. Avant de sortir, je changeai mon t-shirt et laissai l'autre plein de vomi sur le sol de ma chambre.
Je devais avoir une gueule horrible. Je pris ma trousse de toilette et ouvris la porte. Je ne fus absolument pas surpris de découvrir plusieurs tronches dans le couloir qui m'observaient.
— T'es foutu Cooper ! cracha un connard.
— On va être aux premières loges pour te voir dégager du campus, gronda Doug, ses bras contre son torse.
Ils se barrèrent avec quelques rires et commentaires un peu gras. Je me fis la réflexion que je devais peut-être prévenir Greer avant quoi que ce soit d'autre. Je n'avais pas mon portable avec moi, si bien que je me traînais d'abord jusqu'aux douches. Je n'y restais pas longtemps et je me cachai de nouveau dans ma chambre. Je pris mon portable cette fois et m'aventurai de nouveau dans les couloirs pour trouver Greer.
Quand je ne fus qu'à quelques mètres de la cantine, je me figeai en apercevant plusieurs profs s'approcher. Doug me pointait du doigt avec un petit sourire.
J'allais faire demi-tour quand quelqu'un s'arrêta devant moi. Je levai mon regard sur le prof d'informatique.
-- Venez avec moi Monsieur Cooper.
J'étais foutu putain.
Doug avait réussi son coup.
**
Parce qu'on est jamais tranquille à Riverview 😎
À votre avis la connaissance d'Alby lui a sauvé les fesses ? Ou c'est trop tard pour Alby ? 😆😆
La bise 😘
Taki et Ada'
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top