33 - Alby
Je me réveillai avant Greer, ce qui me permit de réfléchir à ce que nous avions fait cette nuit. Ses fesses étaient pressées contre mon sexe, déjà un peu dur. Rien d'étonnant, le matin n'aidait pas, surtout quand je dormais avec la fille qui me plaisait énormément. Peut-être que c'était plus, mais je n'étais pas prêt à me l'avouer. Surtout pas avec les ombres que nos études jetaient sur nous.
Ou notre ascendance.
J'avais pressé Greer contre mon torse, mes bras contre sa poitrine, ma main quelque part sous son cou. Elle dormait encore profondément, son corps lourd contre le mien. Le t-shirt qu'elle portait ne cachait pas ses hanches fines qui pointaient à travers sa peau. Je tirai les couvertures pour la couvrir un peu plus. Si j'avais pu rester là, à l'abri des couettes, contre son corps chaud, je l'aurais fait. Une seule personne m'avait procuré cette sensation de paix et de bien-être. Et je ne pourrais jamais l'avoir de nouveau, alors, si Greer voulait bien me laisser du temps, j'allais le prendre.
Je dus me rendormir, mon nez dans son cou, car je clignai des yeux à cause du bruit dans la maison. J'entendis ma mère et mon père discuter avant de me redresser sur mon coude, mon bras à moitié engourdi. Greer marmonna dans son sommeil avant de s'étirer, ce qui remua ses fesses contre mon sexe. Je posai une main sur ses hanches pour l'arrêter, mais elle roula sur le dos et enfouit son visage contre mon torse. Elle se figea quand son esprit s'éclaircit un petit peu.
— Ne panique pas, marmonnai-je.
Elle ricana et pressa son nez contre ma peau. J'enroulai mes bras autour de sa tête et elle grogna de satisfaction. Elle entendit à son tour les mouvements dans la maison, les cris de mes frères, ainsi que les voix plus atténuées de mes parents.
— C'est grave ? souffla Greer.
— Quoi donc ?
— Que tes parents sachent où j'ai dormi.
Je haussai mes épaules et m'appuyai sur mon coude.
— On pourrait traîner encore un peu.
Mon clin d'œil la fit rire. Elle joua avec le bord de son t-shirt, ce qui dénuda une partie de ses cuisses. J'aperçus un bleu, mais ne réussis pas à bien voir. Je n'avais pas été assez brutal hier soir pour lui laisser des marques, donc je savais que ce n'était pas moi. La lumière du jour révélait bien plus d'informations que nos corps à moitié nu hier soir. Même si nous n'avions fait que découvrir le corps de l'autre avec nos bouches et nos doigts, je ne pensais pas avoir loupé autant de marques sur le corps de Greer.
Mon ventre gargouilla, ce qui poussa la jeune femme à faire une petite moue de sa bouche.
— Je ne vais pas t'affamer, dit-elle.
Elle voulut sortir de sous la couette, mais mon bras s'enroula autour de sa taille et je la soulevai pour qu'elle atterrisse sur mes cuisses. Ses seins se pressèrent contre mon torse et la sensation me fit remuer les doigts de pieds. J'aurais vraiment aimé qu'on reste ici. Greer gigota, ce qui la fit glisser pile au bon endroit. Elle enroula ses bras autour de ma nuque.
— Si on pouvait rester caché ici, je te jure que je ne bougerais pas d'ici. Même pour manger.
Ses mains glissèrent sur mes joues et elle se pencha pour m'embrasser. Je la laissai faire et savourai toutes les sensations qu'elle me communiquait à travers son corps et ses mouvements.
On sursauta tous les deux quand Angus frappa quatre fois à ma porte.
— On se bouge ! cria-t-il.
On l'entendit dévaler les escaliers à toute vitesse. Il ne savait pas que Greer était ici. Elle ricana et se leva du lit. Mon regard glissa sur les marques sur la jonction entre ses fesses et ses cuisses, avant que le t-shirt ne retombe. Je savais reconnaître les traces laissées par différentes armes. Les ceintures n'étaient pas à proprement parler mortelles, hormis pour étrangler quelqu'un.
— Je file, souffla Greer.
J'agrippai sa main avant qu'elle ne s'en aille. Je glissai mes jambes hors du lit et l'attirai entre mes cuisses. Son sourire, ce sourire-là, j'étais presque sûr de ne pas le revoir une fois de retour dans notre enfer personnel. Ma main sur sa nuque, sa bouche contre la mienne. Elle s'accrocha à mes épaules avant que je la libère. Mes doigts frôlèrent ses cuisses et elle frémit.
— File, grognai-je.
Je sentais ma volonté plier rapidement. Elle embrassa une dernière fois ma bouche avant d'ouvrir la porte discrètement et de se faufiler dans sa chambre. Je grognai en regardant mon érection et me laissai tomber sur le côté pour retenir avec peine mon sourire.
Une fois lavé, calmé et habillé, je descendis pour trouver ma mère dans la cuisine. Elle préparait déjà le repas du midi. Il n'était pourtant pas si tard. Peut-être onze heures.
— Thaddeus, grommela-t-elle et je sus que j'étais dans la merde.
Je déposai un baiser sur sa joue et elle me retint par le t-shirt.
— Je ne dis rien pour cette fois, mais vous êtes encore jeunes. Donc attention à tes fesses. C'est clair ?
Je ne rougis pas et hochai simplement la tête. Ma mère savait très bien que j'avais déjà été amoureux et j'avais déjà eu des relations sexuelles. Elle m'avait elle-même assis à une table pour m'expliquer tout ce qu'il y avait à savoir sur le cycle menstruel d'une femme, mais aussi l'utilisation du préservatif et que ce n'était pas à la femme de porter tout le poids de la protection. Et qu'elle ne souhaitait pas être grand-mère si tôt.
— Et surtout, n'oublie pas, maugréa ma mère. On –
— Respecte une femme, terminai-je à sa place. Je sais maman.
Mon père entra à son tour dans la cuisine et m'observa de haut en bas. Il eut un petit sourire avant de me tapoter la tête.
— Protège-toi. Lui fais pas de gosses, c'est compris ?
J'allais ouvrir la bouche pour me défendre un minimum et surtout leur dire que je ne voulais pas mettre Greer mal à l'aise avec toutes ces réflexions, mais mon père agita sa main. Je le suivis à contrecœur dans son bureau. Je savais presque à chaque fois à qui j'avais affaire entre mon père et le Prez des Reapers.
— Tu sais qui elle est n'est-ce pas ?
Je croisai mes bras sur mon torse, debout devant son bureau. Cette pièce était à son image. Plein de cuir, de bouteilles de whisky aussi vieille que moi, et des souvenirs du club encore et encore.
— Pourquoi cette question ? grognai-je.
— Tu ramènes la fille d'un des pions les plus proches du Roi dans ma maison. Ça veut dire que je peux enfin compter sur toi pour les affaires du club ? Prendre enfin ta place d'héritier.
Je déglutis. Je n'aimais pas ce que cette phrase sous-entendait.
— Alby, grogna mon père. Tu pensais vraiment pouvoir la fréquenter comme ça ?
Ma colonne vertébrale se raidit. Il s'installa dans son siège et m'observa pendant plusieurs secondes.
— Tu crois que je la manipule c'est ça ? soufflai-je. Tu crois que je veux l'utiliser à des fins particulières qui joueraient en faveur du club ?
Le regard de mon père se refroidit brusquement et il croisa à son tour ses bras sur son torse.
— Vous n'êtes pas les enfants de n'importe qui, Thaddeus.
On passait donc à Thaddeus. Génial.
— Vous êtes les héritiers de deux Pions. Votre comportement et votre futur ne vous appartiennent pas. Tu le comprends n'est-ce pas ?
— Je ne-
— Ne sois pas idiot au point de croire que je te laisse la fréquenter par pur plaisir sans attendre quelque chose de toi en retour. C'est la fille d'un Pion. Elle est promise au fils du Roi. Si je te laisse te rapprocher d'elle, elle doit prouver son utilité. Tout comme toi.
Le poids de la disparition de Daniil me heurta encore une fois de plein fouet. Alors c'était donc ça ? Ma mère qui me disait : respecte une femme et mon père qui me demandait de la manipuler pour le bien du club ?
Hors. De. Question.
Elle est promise au fils du Roi.
Je savais qu'elle était liée à Jaxen d'une certaine façon, mais à ce point-là ? Le savait-elle ? Ce mec était un connard, doublé d'un pervers. Je ne pouvais pas...
— Implique-toi, fils.
Il agita sa main pour me congédier après avoir balancé sa bombe. Je refermai la porte de son bureau et m'y appuyai quelques secondes pour reprendre mes esprits.
Elle est promise au fils du Roi.
Et j'étais censé devenir le futur Prez des Reapers.
Quand je revins dans la cuisine, Greer aidait ma mère en cuisine et ma sœur ouvrait la porte à des nouveaux venus. On me pressa contre des torses pour me saluer et une angoisse toute particulière me prit à la gorge. Comme à chaque fois que je pensais à Daniil. Comme à chaque fois que je pensais à ma place dans ma famille, dans le club.
Greer croisa mon regard et elle fronça ses sourcils. Je lui souris pour la rassurer et elle n'insista pas. Elle devait comprendre d'une certaine façon. Alors pourquoi je n'arrivais pas à me dire que j'allais tout abandonner maintenant ? Je plongeai dans une situation similaire à ma dernière déception amoureuse. J'étais dans une merde incroyable.
L'heure du départ arriva bien plus vite que je ne le voulais, mais éventuellement Giovanni nous embarqua dans sa voiture pour nous ramener. Greer et lui discutèrent tout le long de trajet et je tentais tant bien que mal de répondre quand on me posait des questions. J'avais déjà la tête ailleurs. Mon weekend avec Greer me semblait déjà si loin. J'aurais dû savoir que mon père allait me rappeler à l'ordre. J'aurais dû me rappeler que Greer n'était qu'une autre enfant martyriser par ses parents et qu'elle n'avait pas le droit de vote sur sa propre vie. Et que j'étais exactement dans la même situation qu'elle.
Giovanni nous déposa du côté le moins fréquenté de l'académie pour que nous puissions avoir un moment tranquille. Il fila sans demander son reste et je le regardai partir avec un étrange sentiment au creux de mon torse. Lui aussi savait très bien ce que mon père attendait de moi.
Greer contourna son sac qui l'attendait par terre et posa une main sur mon bras. Je ne pus m'empêcher de regarder autour de nous pour voir si personne ne pouvait nous surprendre. Je détestai déjà faire ça, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Greer le vit et retira sa main. Je soupirai et frôla sa joue du bout de mes doigts.
— Merci pour ce week-end, souffla-t-elle.
Elle s'accrocha à ma main et y pressa sa joue avec un peu plus de force.
— On se retrouve au réfectoire ?
Elle hocha la tête et je récupérais mes affaires pour filer vers le dortoir des garçons. Plongé dans mes pensées, je n'aperçus qu'au dernier moment le groupe de Jaxen, appuyé contre la porte de chambre où se trouvait Spencer.
Bordel. Je n'avais même pas encore défait mes bagages que j'avais droit au reste. Aucune pitié dans ce monde.
L'un d'eux siffla en me voyant arriver. Il y eut quelques ricanements aussi.
— J'espère que t'as bien profité de ton weekend, parce que d'ici demain, tu feras moins le malin !
Je ne relevai même pas, mais j'eus le malheur de croiser le regard froid et calculateur de Spencer. Il se frotta le menton et fit la grimace. Je me faufilai dans ma chambre avant de fermer mon verrou à double tour. Je vérifiai tous les recoins pour vérifier que personne n'était entré et une fois satisfait, je me laissai tomber sur mon lit.
Jaxen revenait donc cette semaine. Je n'avais franchement pas envie de voir sa tête, mais est-ce que j'avais le choix à ce stade ?
Je roulai sur mon flanc et ouvris mon portable. Je fis défiler les quelques photos que j'avais prises de Greer sans les lui montrer.
Tous ces moments de détentes me paraissaient si loin à présent. Toutes ces petites blagues, cette légèreté, cette insouciance.
Si je ne faisais pas attention, mon père me prendrait tout ça, que je le veuille ou non.
Tout pointait Greer comme la fille que je ne pouvais pas avoir.
Elle était fille de Pion.
Elle était tributaire des décisions prises par son père.
Elle était riche, intelligente et intouchable de bien des façons.
Elle était le pire choix et pourtant, elle était devenue quelqu'un d'important à mes yeux.
De trop important pour que je l'abandonne maintenant.
**
Alby voit son futur se rétrécir au fur et à mesure que ses responsabilités s'alourdissent. D'après vous qu'est ce qu'il va devenir ? 🤔
Le retour de Jaxen les enfants 😎😎
Désolée pour les publications chaotiques de ce week-end. On était prise dans l'écriture de notre nouvel univers 😂😜
Tout le monde va bien ? 😁
La bise 😘
Taki et Ada'
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