21 - Jaxen


Tout le monde parlait de l'incident de ce matin et dans le groupe où une majorité d'élèves se trouvait, les photos de Greer et Alby circulaient. De quoi me foutre en rogne.

On entendait que ça ; on ne voyait que ça. Alby attaché par du scotch et Greer agenouillée au niveau de sa bite pour le détacher. Je vibrais d'une colère sans nom ; d'une sorte de haine tenace qui ne me lâchait pas. J'éructai sur place, prêt à défoncer quelqu'un. Alby de préférence. Mais pas tout de suite, pas comme ça. Il pensait que je craignais de lui faire face ; du un contre un. Pas du tout. J'aimais déléguer. Regarder. Il voulait la guerre, il l'aurait. Et Greer agirait comme une bombe.

Qu'elle petite idiote sans cervelle. Mes menaces n'agissaient plus sur elle depuis plusieurs semaines ; depuis qu'elle pensait qu'Alby était son ami. J'allais donc devoir remettre les pendules à l'heure de pas mal de monde. Comme d'habitude. Alby et Greer en tête, mais avant ça, je devais faire redescendre la pression et rien de mieux pour ça que de baiser. Un bon exutoire, surtout avec la bouche de Vanessa autour de ma queue.

Je lui baisai la bouche sans douceur, avec fureur, même. Je l'avais attrapée dans les couloirs avant le premier cours et sans surprise, elle s'était laissé embarquer. Je l'avais attiré dans les toilettes et avait baissé mon pantalon sans attendre une seconde. Sa langue jouait avec mon gland et elle me rendait fou.

Le poing fermé dans ses cheveux, c'est moi qui instaurais le rythme, la puissance de mes coups de hanches. Elle acceptait, elle grognait, gémissait trop, mais je m'en foutais. J'en avais besoin là, maintenant, pas plus tard, pas avant. Maintenant.

Ma prise de contrôle à moi, pour rester sur le droit chemin, pour ne pas me laisser submerger.

Vanessa se recula, sur les genoux et essuya le coin de sa bouche en un geste obscène, évident. Elle regardait un peu trop de porno, mais rien à foutre. Je voulais me perdre en elle, dans ses chairs, dans son étroitesse.

Contrôle.

Contrôle.

Contrôle, putain !

Les seins de Vanessa s'écrasèrent contre la paroi de la cabine et je me glissai en elle, comme ça, presque avec douceur.

Je ne bougeai pas l'espace d'un instant, le temps de respirer, de fermer les yeux pour me recentrer. Sa voix me donna mal à la tête et je la pilonnai, sans aucune patience. Elle gémit, se tortilla, chercha à m'atteindre avec ses mains, mais je ne voulais pas qu'elle me touche, qu'elle m'effleure.

Je voulais juste la baiser, sans prise de tête, sans qu'il y ait autre chose que deux corps que se perdait l'un dans l'autre.

Rien de plus. Rien de moins. Juste elle et moi. Pour un instant. Je sentis un frisson remonter de ma queue à ma colonne vertébrale. Mes reins me brûlèrent et un coup de jus me poussa à donner un ultime coup de boutoir avec que je ne me disperse dans la capote.

Je me reculai, retirai le préservatif pour y faire un nœud et le balancer dans la cuvette. Je remontai mon falzar et le boutonnai.

Vanessa me jeta un coup d'œil, toujours aussi impudique après nos petites sessions baise. Je connaissais son corps presque à la perfection ; aucun détail caché à ma vue.

— Si je prends un avertissement parce que j'ai loupé les cours, tu...

— Quoi ? Tu vas dire au dirlo que tu te faisais tringler dans les chiottes ?

— Va te faire foutre, Jax.

— C'est fait, non ?

Je chopai ma veste et me barrai de là, sans l'attendre. Je me lavai les mains et la porte claqua derrière moi. Les couloirs étaient déserts ; en même temps tout le monde était en cours. J'aimais le silence dans ces moments-là, le murmure de la voix d'un prof derrière une porte close. Mains dans les poches, je repensai à la petite blague de Doug et des autres. Si Greer n'avait pas détaché Alby, ça aurait pu être tellement drôle. Mais non, il avait fallu qu'elle joue à la sauveuse, tout ça pour quoi au juste ? Aucune putain d'idée, mais je n'allais pas laisser passer un tel comportement, surtout pas de sa part à elle.

Elle jouait à un jeu dangereux. Trop dangereux pour elle. Il était donc de mon devoir de la remettre dans le droit chemin, qu'importe la façon, la douleur. La rancœur.

Lorsque la sonnerie retentit, j'attendis que Spencer sorte de la salle pour nous diriger au cours suivant.

— Qu'est-ce que tu vas faire ?

Il portait la trace du mauvais coup d'Alby. Sans surprise, ce dernier ne s'était pas laissé faire. Il savait cogner. Il savait faire mal.

— Réunis les gars à midi, je viens d'avoir une idée... grandiose.

Peut-être même la pire de toute. Spencer ne m'interrogea pas à ce sujet. Il me connaissait suffisamment pour savoir qu'il aurait bientôt les réponses à ses questions. Il attendrait donc patiemment que la pause méridienne sonne. J'exultai par avance. Je montais d'un niveau et cette fois, ça allait faire très mal.

Pauvre Greer, elle ne savait pas la conséquence de ses actes, mais elle l'apprendrait bien assez tôt.

Le groupe s'installa autour de moi, à l'extérieur. Ce mois de janvier battait des records niveau temps de merde, mais ça ne dérangeait aucun d'entre nous. Ceux qui s'en étaient pris à Alby avaient tous une sale gueule. Je ricanai et Doug renifla, mécontent. Il avait une dent contre le boursier ; peut-être en rapport avec sa gueule qui ne lui revenait pas, ou une connerie dans le genre. Doug était un abruti fini, mais comme toujours, son utilité n'était plus vraiment à prouver. Si quelqu'un devait se faire un plaisir de détruire Alby Cooper, ce serait lui. Sans hésitation.

Jun fut le premier à me demander ce qu'ils devaient faire concernant Greer. Comme si j'allais leur laisser ce plaisir.

Pas cette fois. Pas cette putain de fois. Elle ignorait tout de la merde dans laquelle elle venait de se plonger elle-même. Cette fois, pas de demi-mesure. Même la sex tape serait bien fade à côté ; j'allais m'en assurer moi-même. Oh oui.

Cette fois, je t'enterre, Greer chérie.

À se demander si elle ne cherchait pas les emmerdes. Mon attention toute tournée vers elle.

— Ça fait longtemps qu'on n'a pas challenger les abrutis de ce lycée, dis-je, un sourire affable aux lèvres.

Spencer se pencha légèrement en avant, les coudes appuyés contre ses cuisses.

— Un pari en tête ?

— Avec un petit pactole à la clé, approuvai-je. Certains ont besoin de s'acheter une nouvelle voiture après un accident.

Je pensais à Kelly, ce petit branleur de Kelly. Papa et maman avaient réussi à verser un joli pot-de-vin pour que leur fils ne fasse pas de la prison, mais monsieur avait été privé de son dernier joujou, ce qui lui déplaisait beaucoup. Et je savais qu'un type comme Kelly ne crachait pas sur de l'argent facile. Surtout après avoir mis ses darons en colère. Alors aucun doute qu'il serait le premier dans la course.

— Combien ? m'interrogea Luis.

— Deux cent mille.

Le silence. La cendre des clopes qui virevoltait dans l'air. L'odeur de la fumée. Et ce froid mordant.

Doug siffla, Spencer hocha la tête, pensif.

— Qu'est-ce que tu nous as prévu cette fois ?

J'observai les autres élèves dans la cour. Je pris mon temps, fis mon petit effet. Je jouai avec le suspens, pour que ce soit plus théâtral, tellement, tellement mauvais.

Quelque part, dans un coin reculé de ma tête, je savais flirter avec un point de non-retour.

Avec ça, aucun retour en arrière possible.

— Je m'engage à reverser la somme dans son intégralité à celui qui baisera Greer McCray avant la fin de l'année. Il faudra qu'il m'apporte la preuve qu'il a réussi.

Si les autres éclatèrent de rire, je sentis le poids du regard de Spencer.

— T'es sûr de toi sur ce coup ? me demanda-t-il.

Parce qu'il en savait plus que les autres.

Mais que ça ne changeait rien.

— Le dernier mec que tu as surpris avec Greer... n'est toujours pas revenu.

Saint Adams. Je me souvenais de lui. Du bruit des os de son visage qui se brisaient sous mes coups. Non, il n'était pas revenu. Le ferait-il ?

— Je ne changerai pas d'avis, Spenc, soufflai-je.

Il leva les mains en l'air.

— Je demandais juste.

Il s'inquiétait toujours pour moi. Sans raison. Parce que là, il ne s'agissait pas de moi. Mais de Greer. La teneur du pari ferait le tour du lycée dans l'heure. Qui serait le premier à tenter de l'approcher ? J'étais curieux. Doug et Luis étaient déjà en train de se chauffer mutuellement. Ils n'avaient aucune chance. En fait, personne ne l'avait, mais je voulais faire mal.

Attaquer là où je pouvais.

Sans prévenir.

Un coup bas. Douloureux.

Les téléphones se mirent à émettre des notifications dans tous les sens. Je vis les regards se tourner vers moi, puis chercher Greer.

Le pari était lancé.

Deux cent mille dollars en jeu.

Si ça, ça n'en motivait pas certains, je ne comprenais plus rien. Je savais comment frapper mes adversaires, comment les mettre à terre. Comment les piétiner, jusqu'au sang.

Jusqu'à la mort.

Jusqu'à la chute du plus beau des anges. Parce qu'eux aussi pouvaient saigner. Mourir.

Peu avant la reprise des cours, je reçus un message du paternel. Comme à son habitude, ce fut simple et concis.

Ça me prouva surtout qu'il savait tout ce qui se passait au sein de Riverview Prep Academy.

Tout. Jusqu'au montant d'un pari tout juste lancé.

Il me félicita. Comme si j'avais eu une bonne note. Comme si c'était normal de jouer de la sorte.

J'éteignis mon téléphone pour ne pas être emmerdé par toutes les notifications.

Combien de temps avec que Greer n'apprenne la nouvelle ?

Tic-tac, tic-tac. 

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