12 - Alby
Le retour à Riverview fut plus rude que je ne l'imaginais. Être retourné si tôt dans l'année à la maison, avec les membres du club, me faisait presque regretter ma décision de terminer mes études. Mais je ne pouvais pas me contenter du club. Je voulais plus, je l'avais toujours voulu.
Alors, je me replongeai comme jamais je ne l'avais fait dans les cours. Et j'oubliais même pourquoi j'avais dû faire attention au début. J'oubliais qu'ici, la loi du plus fort n'était pas celui du plus impliqué dans ses études, mais du plus riche.
Et je n'étais clairement pas l'élève le plus riche de l'établissement.
Jaxen Ross l'était.
Je n'étais qu'un boursier.
Un putain de boursier.
Je regardai mes livres en morceau au milieu de ma chambre. Assis sur le lit, les doigts agrippés à mes cheveux, je tentai de compter jusqu'à cent en espagnol. Histoire de me concentrer sur autre chose que ma colère qui commençait à bouillonner en moi.
Ce n'était que des livres. Fondamentalement, je m'en foutais. Je pouvais toujours en racheter. J'avais de l'argent de côté, assez pour me refaire un stock de fournitures. Même si les bouquins coûtaient chers, je pouvais me démerder.
Ce n'était pas ça le fond du problème.
Le fond du problème, c'était que ces enfoirés étaient rentrés dans ma chambre.
Ils avaient réussi à forcer le verrou, si ce n'était de trouver carrément la clé qui allait avec. Connaissant Jaxen, j'étais presque sûr qu'il aurait pu négocier ça.
Je frottai ma nuque et me retins d'appeler mon père pour qu'il gère ça de son côté. Ce serait trop simple.
La première chose que je devais faire, c'était de changer la serrure et de mettre un verrou supplémentaire à ma porte. Personne ne viendrait vérifier et si quelqu'un le faisait, je pouvais toujours dire que c'était parce que quelqu'un était rentré par effraction dans ma chambre. Au pire, je m'en foutais.
Je me levai de mon lit et restai un instant là sans bouger. S'ils étaient rentrés, avaient-ils déposé des caméras ? En quelques secondes, je retournai entièrement ma chambre et ne trouvai rien.
Je me lançai dans une dernière vérification et satisfaisait, je commandai rapidement ce qu'il me fallait pour me protéger. Pendant que les étudiants étaient au self, je pris le temps de balancer tous les livres et de me dresser une liste pour aller en racheter.
La journée fut longue et je ne relevai même pas les ricanements des petits chiens de Jaxen qui rigolaient à chaque fois qu'ils me croisaient. Je fis un rapide détour par la librairie de la petite ville à côté de l'école, qui heureusement possédait quelques stocks. Je commandai les autres avec agacement et rentrai pour trouver un petit paquet devant ma chambre. Je l'ouvris et y découvris ma commande ainsi que quelques outils. Il y avait un petit mot dedans qui me fit grincer des dents.
J'écrasai le papier et le jetai à la poubelle. Je n'allais pas manger au self le soir, tout comme je n'allais pas courir non plus. Je me barricadai dans ma chambre et attendis que tout le monde soit en train de bouffer, pour changer ma serrure. Ce que je fis avec rapidité et efficacité. Le verrou me prit plus de temps à poser, mais éventuellement tout fut clair.
Les quelques jours suivants, je continuai d'être parano et tentai de raser les murs pour me faire oublier. Je n'étais pas faible, j'étais juste en train de voir qui ricanait encore sur mon passage. Ça me permettait de repérer les connards qui étaient à la botte de Jaxen.
— Tu dors bien la nuit, Alby ?
La question de Jaxen me raidit. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Mes vêtements étaient revenus de la lingerie avec du poil à gratter dedans. J'avais donc passé mon temps à me gratter avant de comprendre ce qu'il s'était passé.
Cela faisait deux nuits que je ne dormais pas. Deux nuits que je gardai les yeux ouverts, que je faisais du sport et que je planifiai la mort accélérée de Jaxen Ross.
Qu'est-ce que ça pourrait bien faire qu'il crève ? Il ne faisait que pourrir son environnement. Cela ne changerait rien. Je croisais le regard de Greer à l'autre bout de la classe. Elle baissa le nez immédiatement quand elle comprit que je la regardais moi aussi. Jaxen suivit mon regard et claqua de la langue.
— C'est dommage, hein ? Tu aurais dû m'écouter plus tôt.
— Va te faire foutre, sifflai-je, mon nez non loin du sien.
Il sourit. Un sourire à faire peur. Le sourire que mon père gardait pour ceux qu'il voulait tuer ou allait tuer. Ce n'était pas un sourire bienveillant, au contraire, c'était rempli de haine et d'un poil d'idées meurtrières.
— Bonne idée la serrure, même si ça ne me retiendra pas à l'extérieur. Si tu arrives à rentrer par effraction chez les gens, crois-moi, je peux le faire aussi. Verrou ou pas.
Mon corps entier se raidit une bonne fois pour toutes. Ce n'était pas dans mon dossier. Ce n'était pas non plus sur mon casier judiciaire. Le bâtard s'était renseigné. Je voulus lui répliquer d'aller respirer du béton frais, mais il se redressa et regagna sa place quand le prof entra.
Je me forçai à suivre le cours. Le reste de la journée passa dans un brouillard un peu abrutissant. Il fallait que je dorme. Il fallait que je fasse quelque chose concernant toutes ces merdes qui allaient me tomber sur la gueule à cause de Jaxen Ross.
Je ne pouvais pas faire grand-chose pour mes fringues, hormis vérifier à chaque fois qu'elles revenaient de la lingerie.
Je regardai ma petite poubelle à côté de mon bureau et le mot chiffonné à l'intérieur. J'allais le chercher et le dépliai de nouveau. L'écriture était à la main et je pouvais très bien la reconnaître.
J'aurais très bien pu prendre une caméra et l'installer dans ma chambre, pour vérifier qui allait et venait. Ce n'était pas une si mauvaise idée que ça, mais je n'allais pas en faire grand-chose. Si je demandais des répercussions sur Jaxen, j'étais sûr qu'il serait innocenté, même avec une preuve à l'appui.
Non. Soit je rusais, soit je contre-attaquais.
Je n'avais pas beaucoup d'autres choix. Je pouvais aussi espérer passer inaperçu, mais c'était trop tard.
Le jour suivant, mes cours furent inondés par une gourde sur la table de la bibliothèque. Le petit chien de Jaxen ricana avant de s'excuser et partir. Je pris le reste de la journée pour tout recopier.
Et ensuite, ce fut une autre galère.
Et le jour suivant aussi.
Le meilleur de la semaine fut sûrement quand je ne retrouvais aucune de mes affaires à la sortie de la douche. La seule fois où je tentais de les placer sur la porte pour qu'elles ne finissent pas trempées.
Je regardai avec pitié ma trousse de toilette et grognai. Je la calai contre ma bite pour tenter de garder un minimum de dignité. Je dus traverser le couloir entier sous les yeux des autres mecs pour atteindre ma chambre.
J'entendis des bruits de photos quand les mecs sortirent le téléphone portable. Un cul parmi tant d'autres, rien d'excessif, n'est-ce pas ?
Je tirai les clés de ma trousse de toilette et rentrai à l'abri de ma chambre. Je terminai de me sécher avec une seconde serviette et enfilai des fringues.
Je tentai de rester calme le plus possible et me contentai de bosser mes cours le reste de la soirée. Quand je sortis pour tenter de grappiller un peu de nourriture, les rires m'accompagnèrent tout au long de mon supplice dans le réfectoire.
Si je pensais avoir atteint ma limite, la vérité était encore très loin. Si le week-end fut plutôt calme sans la présence de Jaxen dans les locaux, j'eus droit à une très bonne semaine suivante. Rena m'avait prévenu qu'un colis arriverait pour moi en début de semaine, mais le jeudi je n'avais toujours rien.
Je reçus un message d'un destinataire inconnu qui me disait que mon colis n'était pas arrivé à destination et qu'il fallait que je commence à le chercher.
— Fais chier ! crachai-je.
Je savais que tout le monde était au réfectoire à cette heure-là de la journée, j'allais donc là-bas pour y trouver Jaxen.
Faire de la merde avec mes cours, pourquoi pas. Mais on ne touchait pas à ma famille ni à tout ce qui avait un rapport avec elle.
Je repérai le connard au milieu du réfectoire et me tins juste au-dessus de lui. Il pivota pour cligner des yeux et me regarder.
— Rends-moi le colis, grognai-je.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, Alby. Oh et ta mère ne t'a pas appris à être poli ?
Quand j'armais mon poing, le mec à côté de lui se leva, prêt à m'arrêter. Je le fusillai du regard et collai mon nez au sien.
— Vas-y, protège ton petit chef. Je t'attends. Tu vas faire quoi ?
— Alby, Alby, soupira Jaxen.
Il se leva à son tour et nos regards se croisèrent au même niveau. Il me poussait à bout et j'osais le dire, mais il y arrivait extrêmement bien. Toute ma colère était dirigée sur lui à présent.
— Je te l'ai déjà dit, grogna le connard, tu aurais dû choisir tes relations. Si tu avais souhaité venir avec nous, tu serais bien plus tranquille. Dis-moi, tes notes tiennent le coup ?
— Rends-moi le colis que tu m'as volé, bâtard, soufflai-je. Ou je te jure que je vais commencer à m'énerver.
— La partie ne fait que commencer, murmura Jaxen.
Mes mains agrippèrent son t-shirt et il haussa un sourcil.
— Tu ne veux pas me pousser à bout, crachai-je.
— Je crois que c'est déjà le cas, non ? Un vrai film, ricana l'autre.
Je relâchai Jaxen, assez brusquement pour qu'il titube sur sa chaise. Il sourit un peu plus. Je ne supportai plus ce mec. À quoi jouait-il ? Sa vie ne se résumait donc qu'à ça ?
— Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de la meuf que tu harcèles ? Fais en bien ce que tu veux, enfoiré. Mais arrête de me renifler le cul okay ?
Un silence tomba autour de nous.
— On verra, grogna Jaxen.
Je fis demi-tour et me dirigeai vers la sortie. Je claquai les portes du réfectoire sans faire attention au virage suivant. Je me heurtai à Greer McCray.
Bordel. De. Merde.
— Pa... pardon, s'excusa-t-elle.
Elle voulut s'écarter, mais ma colère était trop forte.
— Rase les murs putain ! criai-je. Toute cette merde juste parce que je t'ai aidé à ramasser ta putain de bouffe. Bordel, tu te rends compte de ce qu'il fait subir aux autres, juste parce qu'on te regarde ?
Elle devint livide et mon cœur se serra un peu plus de colère.
— Reste loin de moi !
Je la contournai en la bousculant et me rendis aux bureaux des secrétaires. Après plusieurs tentatives de négociation, je ne réussis pas à récupérer mon colis.
Ce ne fut que le lendemain, quand j'ouvris ma porte, que je découvris le colis.
Il y avait une écriture de fille sur le papier qui disait « désolée ». Signé d'un petit G.
J'arrachai presque le papier et claquai ma porte derrière moi.
École de merde.
Des enfoirés.
Et encore des enfoirés.
Je me laissai glisser contre mon mur et tentai de respirer. J'ouvris le colis de ma sœur et y trouvai le collier de Daniil. Je le pressai contre ma poitrine et retins un cri de rage.
Je ne pouvais pas me permettre de montrer des faiblesses.
Jaxen s'y engouffrerait et je ne changerais rien à la suite, hormis si j'abandonnais mes cours.
Le collier en cuir dans mes mains me paraissait plus lourd que dans mon souvenir, mais il était là, en sécurité.
Et Greer avait trouvé un moyen de me le déposer là devant ma porte.
Pourquoi ?
Je ne voulais pas qu'elle s'implique dans cette histoire, tout comme je ne souhaitais pas m'impliquer dans la sienne, ou celle de Jaxen.
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Hellow les adaktives ❤️❤️ j'espère que vous allez bien 😁
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Évidemment on espère que ça vous plaît. Hésitez pas à nous laisser un ti commentaire de temps en temps 😁😁 (on vous voit les petits fantômes d'amour 😍).
À très vite. Ada et Taki ❤️
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