Chapitre 15


***Johan***

Je savais que j'allais perdre d'avance.

Henriette tourna encore, me fixant toujours de ses yeux perçants. Elle avait une allure féline qui correspondait à son caractère. Je l'avais vue pendant son entraînement, elle était plus légère que le plus petit mousse que l'on comptait à bord. Dans tous ses mouvements fluides, je savais qu'elle s'efforçait à rester légère. C'était ça qui faisait sa plus grande force. Je ne faisais pas le poids (Ndla : jeu de mots ! Légère, poids, vous voyez ? ^^').

Soudain, elle courut vers moi en donnant un grand coup d'épée. Je la parai et la repoussai en arrière. Henriette revint sur moi et nous échangeâmes quelques coups pour tester la force de l'autre. Je compris vite qu'elle avait analysé la mienne bien avant le combat. La capitaine frappait de toutes ses forces, et elle me fit bientôt reculer de plusieurs mètres.

Je perdais beaucoup de terrain car elle me faisait reculer de plus en plus. Mais je vis un tonneau près de moi et je le poussai d'un coup de pied sec vers elle. Malheureusement, elle l'évita en sautant agilement. Henriette revint vers moi et me donna un coup violent qui me fit m'appuyer sur le bastingage. Une démonstration de force se poursuivit où nos épées étaient collées l'une à l'autre.

— Dieu, que tu es forte, gémis-je.

Je levais les yeux vers mon adversaire et... Je fus stupéfait. La haine se lisait dans son regard. Tout ses coups, elle les portait parce qu'elle pensait à quelqu'un à qui elle voulait du mal. Henriette profita de mon moment de distraction pour me pousser encore plus fort et je basculai  en arrière du bastingage...

— AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH !!!!!!!!!

— Johan !

Je sentis un gros choc, puis plus rien.


Quelques heures plus tard...

Je m'éveillai avec un mal de chien à la tête, mes pensées et souvenir sens dessus-dessous. J'essayais de me relever, mais des mains - enfin, je crois que c'était des mains - m'obligèrent à me recoucher. Ah oui, tiens, j'étais couché. Dans quoi, d'ailleurs ? Je décidais d'ouvrir les yeux -que j'avais toujours fermés - et ma vue se posa sur une jeune fille très jolie, mais avec un visage rempli de tristesse.

— Ca... Capitaine ?

— Oui, Johan, c'est moi, Henriette, me répondit la douce jeune fille.

— Je suis où... ? Au paradis ?

Henriette secoua la tête, les larmes lui venant aux yeux.

— Si tu y étais, je ne serais pas là, sombre idiot...

Et elle fondit en larmes. Je ne savais pas quoi faire. Je réessayai de me lever, mais une douleur lancinante dans le dos me fit hurler de douleur. Henriette revint à elle et m'obligea à me rallonger, ce que j'exécutai sans ronchonner. 

— Chut..., fit-elle. Tu es grièvement blessé, tu ne pourras pas te lever avant quelques jours.

— Hah ! gémis-je. Que s'est-il passé, Henriette ?

La jeune fille ne pleura plus, ce que je redoutai.

— Je t'ai fait tomber, se contenta-t-elle d'expliquer.

Tout me revint en mémoire. Le duel, la force de mon élève, la haine dans son regard, ma chute puis le noir.

— Je ne t'en veux pas ! m'empressai-je de d'articuler.

— Je savais que tu me dirais ça, soupira-t-elle, tristement. Mais moi, je m'en veux. Je m'en veux horriblement.

Je ne pouvais rien faire à ça, à part lui répéter inlassablement que ce n'était pas grave.

— Dis-moi, à qui pensais-tu, pendant notre combat ? m'enquis-je.

— A ma mère, répondit-elle tristement. Je voulais lui infliger toute ma colère. Mais quand j'ai entendu ton cri, je me suis réveillée, mais trop tard. C'était à toi que j'avais fait payer toutes ma haine, et pas à celle qui le méritait.

Une petite larme coula sur sa joue, qu'elle balaya d'un revers de main. 

— Je m'en veux terriblement, Johan. Je ne pourrais jamais me le pardonner. 

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