Chapitre 11
***Loïc***
Elle était partie. Henriette était partie. Elle m'avait abandonné.
J'étais désespérée, même si c'était moi qui lui avait dit de me laisser à Saint-Malo. Mais je n'arrivais pas à me faire à l'idée que je ne la reverrai peut-être jamais. Quand Henriette devait partir, je savais qu'elle ne reviendrait pas, sachant qu'elle n'avait personne sur terre qui était digne de l'attendre. Seule la mer comptait à présent pour elle. La mer, le vent et la liberté. Ses passions.
Et moi, j'étais seul. Seul avec un mère qui m'exaspérait, seul à ne rien faire, n'ayant plus de petits rendez-vous secret avec ma meilleure amie, n'ayant plus de petits boulot. Je n'arrêtais pas de ressasser dans ma mémoire, cette soirée d'adieu avec Henriette. Elle m'avait embrassé, volontairement, mais sans amour. Même si je savais que cela ne représentait rien pour elle, je ne pouvais me retenir de penser à la douceur de ses lèvres et à la sensation que cela m'avait provoqué. Mais quand je m'égarais dans ces idées futiles, je me donnais une gifle pour me réveiller. Et la dure réalité s'imposait à moi : Henriette était partie.
Alors voilà à quoi rimaient mes journées : à rien. Je pensais au départ de mon amie, je ressassais nos moments d'intimité, et je me giflais pour m'arrêter de rêver. J'en avais les joues rouges. Ma mère ne faisait pas attention à moi et ma sœur ne venait jamais me voir, ainsi que mon père. J'étais misérablement seul.
Tout en moi n'allait plus. Je désespérais. Et, vous saviez, beaucoup d'idées passaient dans la tête des gens quand ils étaient dans cet état-là. Les idées, les pensées, on ne pouvait pas les arrêter.
Enfermé dans ma douleur, je ne voyais plus le monde autours de moi. Ce n'était que des silhouettes floues et sans importance capitale. La seule que j'aurais aimé voir, c'était celle d'Henriette de Nîmes. Mais elle ne se montra point. Alors j'entrais dans une rage énorme et rejetais tous mes soucis sur la tête des autres. Tous mes domestiques recevaient mes injures, ma haine. Et quand mes crises de colère ne m'occupaient pas, je repensais à Henriette, pourquoi ne m'aimait-elle pas.
J'avais déjà répondu à cette question. Et c'était ses parents qui étaient derrière tout ça.
Cinq jours après le départ d'Henriette...
A la une du journal de Saint-Malo :
MONSIEUR ET MADAME DE NIMES ASSASSINES
Dans la nuit dernière, vers onze heures du soir, quelqu'un s'est faufilé dans le parc de la maison des De Nîmes. Il serait entré par la fenêtre de leur chambre, où ils dormaient tous les deux, et aurait lâchement assassiné les deux époux. L'arme du crime était le couteau, car plusieurs traces ont été découverte sur les défunts. La police enquêtent, mais aucune supposition n'est encore parvenue jusqu'à nos oreilles...
— Tu as entendu ça, Loïc ? s'exclama ma mère.
Elle m'avait lu l'article dans le jardin de notre demeure. Je l'avais écouté, m'intéressant beaucoup à cette affaire.
— Oui, c'est affreux ! avais-je répondu. Les De Nîmes était une très bonne famille et chéris de Saint-Malo. Quel dommage pour notre ville ! Ils représentaient beaucoup !
— Mais ne reste-t-il pas leur fille ? Ce n'était pas elle qui, il y a cinq jours, était partie sur la mer, dans un bateau ?
Je hochai la tête.
— Elle-même, mère, confirmai-je.
— Qu'elle aille au diable ! fit-elle. Une fille comme ça aurait dû mériter la même mort que ses parents, et pas en réchapper en se sauvant sur les mers !
— Elle ne savait pas qu'un meurtre allait se produire.
— Et bien quand-même ! C'est une fille de mauvaise foi. La mer n'est pas un bon avenir, pour elle et...
Ma mère n'eut pas le temps de finir sa tirade sur les filles de qualité car une horde de garde s'infiltra dans notre jardin. Le chef de cette bande s'arrêta devant la maîtresse, s'inclina et se présenta :
— Je suis le Capitaine de Montmirail, madame, pour vous servir.
— Que signifie cette intrusion, capitaine ? s'insurgea ma mère.
Montmirail et se releva et prit un air grave.
— Nous venons arrêter votre fils, pour cause de meurtre sur la famille De Nîmes.
Je n'eus pas le temps de voir l'expression de ma mère. Les gardes fondirent sur moi.
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