Chapitre 2

Le matin, une sensation agréable sortit Dabi de son sommeil. C'était bien ces petites grattouilles derrière les oreilles... Ça descendait dans son cou, c'était vraiment génial... Il ronronna et cela le détendit encore plus. Puis il ouvrit soudainement les yeux d'un coup en comprenant ce qu'il se passait. Il tourna vivement la tête vers le blond et tenta de mordre sa main, mais il la retira juste à temps.

« Dommage, tu étais mignon comme tout Aizen ! gagatisa Hawks. Bon c'est pas tout ça mais papa doit aller travailler.

L'insulte qui voulut sortir se transforma en feulement, à la grande surprise du blond. Dabi était horrifié par ce qu'il venait d'entendre.

- Tu ne veux pas que je parte travailler ?

Cette fois-ci, il ne laissa aucun son sortir. Le héros sourit et tenta de le caresser à nouveau, mais Dabi l'évita cette fois ; il venait déjà de s'humilier, il n'allait pas le faire encore une fois.

- Bien alors papa te fera des câlins plus tard !

Et de nouveau il cracha et un éclair de compréhension passa dans les yeux mordorés. Peut-être qu'il était moins con que ce qu'il paraissait.

- Plus de mot papa alors... D'accord, mais tu restes tout de même mon bébé. »

Que c'était dégoulinant de niaiserie tout ça...

Quand Hawks partit pour le travail, il lui souhaita une bonne journée en lui demandant d'être sage. Dabi regarda alors autour de lui dans cet appartement bien vide. L'abruti n'avait pas laissé une fenêtre ouverte pour lui permettre de sortir. Et là, devant ses yeux, il y avait le futon et surtout le cousin qui donnait une impression de litière géante... Oh que ce serait drôle, mais pour l'instant il devait fouiller un peu l'endroit ; peut-être trouverait-il des infos utiles pour la ligue.

Il regarda la penderie avec une grimace : au moins, ça ne se verrait pas s'il fouillait. Il sauta dans le tas de linge et gratta vers le fond. Même si ce n'était pas rangé ça sentait bon, c'était déjà ça. Il poussa un peu le linge propre, faisant tomber quelques trucs par terre. Il sentit une odeur envoûtante, bien meilleure que le reste. Il réussit à choper l'objet et le ressortit tout fier. Il remarqua alors avec horreur qu'il s'agissait d'une peluche d'Endeavor.

Elle semblait avoir bien vécu, il avait envie de la terminer et la déchiqueter. Ça lui donnait la gerbe. Il donna un coup de patte dedans et se jeta dessus à nouveau. Il remarqua alors une étiquette avec marqué « Keigo ». Voilà une information intéressante ! Il laissa finalement l'objet et partit chercher autre chose. Il remarqua alors un carton au-dessus d'un des meubles du salon. La question était comment allait-il monter là-haut ? Les chats sautaient haut normalement. Il se mit devant le meuble et se prépara à sauter, mais il se loupa en entendant un bruit de papier tombant au sol. Il regarda autour de lui mais il n'y avait rien.

Il entendit alors des pas venant de l'extérieur. Il comprit alors que ça devait être le postier qui venait de passer... Il passa tout de même une tête dans le couloir, il vit alors une simple lettre posée au sol. D'ailleurs n'y avait-il pas des boîtes aux lettres à l'entrée de l'immeuble ? Il s'avança et put voir que seul le nom du héros était marqué sur l'enveloppe. Il renifla et recula rapidement son museau, ça sentait une odeur de parfum extrêmement forte.

Il laissa l'objet derrière lui et repartit dans le salon avec comme objectif la fameuse boîte se trouvant en hauteur. Il allait trouver une solution, il en était sûr ! Il trouverait tous les indices qu'il lui faudrait pour voir si Hawks était de bonne foi. Malheureusement, il y passa toute la matinée sans même y arriver. Il finit par abandonner, épuisé. Un chat n'était pas censé avoir une endurance à toute épreuve ? Par réflexe il partit dans la chambre, il s'allongea sur les draps défaits. Ça sentait bon. Il enfouit son museau dans les couvertures et ronronna sans même s'en rendre compte. Il était bien et serein ici.

Il se réveilla un peu plus tard, une envie présente le tiraillant. Il s'étira de tout son long et regarda le futon. Non c'était bien trop confortable pour qu'il gâche une si bonne place de repos. Il fit le tour de l'appartement avant d'arriver dans la salle de bain. Il y avait la serviette de Hawks qui pendouillait lâchement. Dabi n'hésita pas et tira dessus. Une fois au sol, il fit ses besoins dessus. Fier de lui, il repartit dans le salon pour manger un peu de poulet avant de repartir se coucher.

Quand il se réveilla à nouveau, il entendit des clés tourner dans la serrure. Son nouveau souffre-douleur était rentré, parfait ! Il se leva d'un coup se précipita vers la porte d'entrée qu'Hawks avait déjà refermée et se jeta sur ses jambes.

« Salut Aiz... Aïe ! Mais tu m'as fait super mal ! Râla Hawks.

Bien fait pensa le chat. Il aurait bien fait plus mais c'était déjà assez drôle de voir le héros se tenant au mur avec une main et l'autre sur son pied endolori. Fier de lui, Dabi repartit tranquillement dans le salon. Il entendit le blond jurer entre ses dents. L'homme vint alors dans la même pièce, une moue boudeuse gravée sur le visage.

- Moi je suis allé faire des courses pour toi et pour me remercier tu m'attaques... Pas gentil Aizen, vilain chat !

Le vilains laissa ses yeux rouler dans ses orbites, comme si un chat allait s'offusquer s'il lui disait ça... Les gens qui adoptaient des animaux pensaient vraiment que les gronder servait à quelque chose ? Genre le chat allait se sentir coupable et ne plus jamais le refaire ? Ce n'étaient que des animaux sans cervelle qu'est-ce qu'il croyait ce piaf ?

Au moins ça prouvait ses dires, Hawks était un putain de poulet aussi con qu'un manche à balai. Il le vit alors sortir plein de chose de son sac. Dabi se demandait bien ce que cet empaffé avait acheté. Il s'approcha alors pour voir ce qui devait être une litière... Achat inutile car l'appartement entier était ses toilettes ! Des jeux pour chats, il était pas sérieux ? Il allait sûrement pas jouer avec ça comme un vulgaire chat de salon !

Le dernier sac contenait de la bouffe pour chat... Le con, il allait le tuer ! Même pas dans ses rêves il boufferait cette merde ! Hors de question !

- Je t'ai aussi acheté ça, tada !

Il lui tendit un collier pour chat de couleur violet foncé avec des petits pics... Jamais ! Quand il vit Hawks s'approcher avec cette immondice, il feula et partit se réfugier sous un meuble. Il n'allait pas se faire domestiquer, et encore moins par un héros.

- Aizen, si jamais tu sors et que tu te perds tu ne pourras peut-être jamais revenir...

Il avait quand même pas pris une voix de gamin triste pour le faire culpabiliser ? Il croyait que ça allait marcher ? L'abruti complet. Non il n'allait pas sortir de là-dessous. Il entendit alors le héros soupirer et s'éloigner.

Dabi finit par sortir en le voyant se diriger vers la cuisine. Il l'observa et il lui sembla que le héros semblait se tenir bizarrement. Est-ce qu'il avait mordu aussi fort que ça ? Il scruta le moindre de ses faits et gestes. Quand il le vit revenir vers le salon il comprit que Hawks semblait souffrir en posant une jambe. Il sentit une pointe de culpabilité lui traverser l'esprit. Culpabilité qu'il ravala très vite. De tout manière le blond était son ennemi et puis un chat ne pouvait pas autant blesser un humain.

Il s'affala sur le canapé, un simple bols de ramen instantané dans les mains... Pour un héros, il mangeait clairement mal. Il devait chasser du vilain tous les jours, et donc se dépenser et utiliser son alter, et il ne prenait qu'un plat tous prêt industriel et chimique comme repas ? Quand il serait redevenu humain il lui botterait le cul, jamais il ne le laisserait rentrer dans la ligue alors qu'il se nourrissait aussi mal ! Pas besoin de bras cassés !

Il le vit sortir son téléphone et le poser sur la table. Il semblait attendre un appel ou un message, mais Dabi ignorait de qui. Sûrement d'un collègue héros, comme Endeavor... Il se souvint de la saleté de peluche trouvée dans le placard. Par rage, il donna un coup de patte dans l'objet électronique. Il ne voulait pas entendre parler de ce faux héros ! Le voir se pavaner dans les rues était déjà une torture mais savoir qu'il traînait avec Hawks et le traitait comme son égal... lui qui avait ignoré ses enfants et maltraité les autres.

- Ne fait pas ça Aizen !

Il vit le putain de poulet prendre son téléphone comme son bien le plus précieux. Alors lui aussi allait l'ignorer ? Le laisser de côté parce qu'il n'était pas assez fort, ou bien, pour lui ? Très bien qu'il crève lui aussi !

- Si tu le casses, Dabi ne pourra plus me contacter...

Dabi s'arrêta dans son saut et tomba tête la première sur le sol. Il n'avait pas rêvé ce qu'il venait d'entendre n'est-ce pas ? Il se sentit alors soulevé du sol et se retrouva dans les bras du héros qui semblait terriblement inquiet. Il lui caressa la tête tout en cherchant une blessure. Un peu sonné par ce qu'il avait entendu et sa chute, le vilain ne se débattit pas un seul instant. Il le laissa passer ses doigts sur son crâne.

Quand il sembla rassuré, il reposa la chat sur le sol, mais Dabi était toujours un peu perdu. Est-ce que Hawks attendait son appel à lui ? Est-ce qu'il était inquiet pour lui ?

S'il avait eu des sourcils on aurait pu les voir se froncer. Ses yeux devaient refléter une totale incompréhension. Il vit alors le héros retourner le portable, le déverrouiller et regarder ses notifications. Il reposa le téléphone et tourna son regard vers le chat. Une fois de plus, Dabi fut totalement désarçonné. Les yeux mordorés de l'homme étaient mélancoliques.

Le vilain se recula d'un pas. Il ne devait pas mal interpréter, c'était un héros, alors que lui-même était un homme recherché. Hawks ne pouvait pas éprouver, ne serait-ce qu'une once d'affection pour lui ; bien qu'il disait vouloir faire partie de la ligue, ils étaient voués à se haïr ! Pour une fois cette phrase sonnait bien trop fausse dans sa tête. Il sentit à nouveau la main se poser sur con crâne et le lui grattouiller, et encore une fois, il ne bougea pas.

- Allez, je vais prendre ma douche. »

Il regarda le blond se lever et disparaître dans le petit couloir. Dabi regardait le cellulaire toujours posé sur la table. Hawks allait devoir attendre avant qu'il puisse le joindre... Il sentit un petit pincement au niveau de son cœur, mais ne sut comment l'interpréter. Il sentit une sensation étrange lui parcourir tous son corps, une sensation trop longtemps oubliée et qui le réchauffait.

« Aizen ! Cria Hawks.

Le hurlement eut le don de faire sortir le chat de sa réflexion. Il sursauta et se mit en position défensive, les poils hérissés. Il vit alors le blond débarquer à nouveau dans la pièce, un air coléreux sur le visage et surtout une serviette humide de pipi dans la main. Dabi avait envie de ricaner et se foutre de sa gueule.

- Vilain chat ! Maintenant que tu as ta litière, je ne veux plus de pipi à côté ! »

Le chat lécha une de ses pattes comme pour lui faire comprendre qu'il pouvait toujours crier, il s'en fichait, et non la litière n'excluait pas deux, trois autres marquages de territoire. Et puis c'était drôle de voir l'homme tenter de s'énerver sur lui pour lui pardonner instantanément. Il entendit le blond râler sur son côté mignon auquel il ne pouvait pas en vouloir. Est-ce que s'il restait un chat le restant de ses jours et que les héros le découvraient, ils l'acquitteraient ? Qu'est-ce qu'on était con avec nos animaux de compagnie.

Il regarda le blond soupirer et baisser la tête de dépit avant de repartir vers la salle de bain. Il se remit sur ses quatre pattes et suivit une nouvelle fois le blond dans la salle de bain. Son costume de héros semblait assez difficile à enlever, surtout pour les ailes. Cette fois, avant qu'il ne rentre sous la douche, Dabi put observer la cicatrice avec plus de minutie. Elle semblait plus ancienne que ce que le vilain avait pensé. On aurait dit qu'on avait voulu lui couper ses ailes.

Dabi fronça les sourcils, qui aurait voulu faire ça ? Enlever l'Alter de quelqu'un c'était comme lui retirer une partie de son identité... Oui l'homme qui était l'ancien chef de la ligue le faisait, mais il le faisait à des gens dont Dabi se fichait éperdument ! Et puis là on avait pas tenté de lui prendre ses ailes mais de les lui couper...

Qui était l'enfant de salaud qui avait fait ça ? S'il le retrouvait, nul doute qu'il le cramerait jusqu'à la moelle ! Hawks se tourna vers lui avec un léger sourire. Il lui frotta la tête et disparut derrière les portes menant à la douche. Dabi resta à l'observer.

Le reste de la soirée ce fit dans le calme le plus totale, seule la télé tournait mais, que ce soit le chat ou le héros, aucun d'eux ne la regardait vraiment, chacun perdu dans ses propres pensés.

Au moment de se coucher Hawks ramassa la peluche, surpris qu'elle soit ici. Le sourire que fit le héros était mélancolique. Il s'assit sur son lit et regarda l'objet dans ses mains. Dabi s'accroupit, comme un chat en pleine attaque. Il sauta alors sur les mains du blond avec rage tentant d'arracher la tête de cette stupide peluche.

« Arrête Aizen ! C'est mon souvenir le plus précieux !

Un souvenir ? Cette chose ? N'importe quoi, c'était juste l'autre trou du cul d'Endeavor, ça n'avait rien à voir avec un souvenir, plus un cauchemar. Il feula en regardant ce machin qui lui donnait envie de vomir.

- Tu sais Aizen, les parents ne sont pas forcément très aimants envers leurs enfants... Souffla-t-il.

Bien sûr qu'il le savait ! Il n'était pas con, il suffisait de voir comment son père les avait traités lui et ses frères et sœurs ! Dès qu'on était un bon à rien il t'ignorait, ne t'adressait la parole que pour te montrer à quel point tu étais une déception, te poussait à bout jusqu'à ce que tu craques pour qu'il puisse encore plus exprimer son dégoût. Alors si Hawks le savait, pourquoi il ne jetait pas cette peluche de merde ?

- Mon père était un voleur de bas étage, confessa-t-il, et ma mère elle était... dérangée va-t-on dire. Je n'ai pas eu la meilleure famille qu'il soit. Mon père voyait mon existence comme une nuisance, et ma mère vouait un culte à mon père...

Dabi le regardait un peu perturbé. Hawks venait de l'autre côté de la barrière et avait décidé de devenir héros ? Ils avaient des parcours clairement opposés. Il vit l'homme triturer le tissus de la peluche. Une mère dérangée... il savait ce que c'était. Non pas que la sienne le soit vraiment, enfin son père l'y avait poussée... toujours la faute de ce connard d'ailleurs !

- Un jour, ma mère à complètement vrillé, elle a tenté de m'enlever mes ailes, affirmant que c'était l'œuvre du diable... J'en porte toujours la marque. Ce jour-là Endeavor venait d'arrêter mon père...

Comment avait-elle voulu lui enlever ses ailes ? Quoi que non il voulait pas savoir, il avait beau être sadique et un peu psychopathe sur les bords, il n'aimait pas imaginer qu'une mère puisse faire ça. La cicatrice dans son dos en était pourtant la triste preuve.

Il entendit alors l'écho d'une voix d'enfant hurler ; celle du dernier de sa fratrie qui avait reçu de l'eau bouillante sur le visage. Il avait couru jusqu'à la cuisine pour voir sa mère à genoux devant son cadet, le suppliant de lui pardonner, qu'elle n'avait pas voulu.

Dabi se souvenait d'être resté tétanisé par la scène. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre ce qu'il s'était passé. Son père était alors arrivé, le poussant sans ménagement pour entrer et hurler aux domestiques d'appeler une ambulance le plus rapidement possible. Il avait alors écarté sa femme de son fils en lui demandant des explications. Tous ce que le vilain avait retenu de cette scène, c'étaient les yeux perdus et affolés de sa mère. Elle avait l'air d'une folle qui n'avait pas compris ce qu'elle avait fait. Mais jamais Dabi n'avait pensé du mal d'elle. C'était son père le fautif, c'était lui qui l'avait brisée !

Pourquoi Hawks le voyait comme un héros alors qu'il avait complètement brisé sa femme au point qu'elle blesse son propre enfant ? Pourquoi le blond ne voulait-il pas voir la vérité ? Une fois redevenu humain, il lui montrerait à nouveau ses cicatrices pour lui faire entendre raison. Il l'aiderait à se détacher de cette stupide image factice qu'il avait d'Endeavor.

- Ce jour-là, même si Endeavor ne l'a pas vraiment compris... il m'a sauvé de la folie aussi. Si j'étais resté un peu plus je... je ne sais pas ce que j'aurais fait, mais je sais que j'aurais pété un câble. Ce héros, il m'a remis sur mes pieds. Il a balayé mon horrible passé d'un revers de main. Je ne m'étais jamais senti aussi libre et léger. J'étais enfin moi...

Dabi plissa les yeux. Hawks était trop naïf. Il devait entendre raison ! Tout était la faute d'Endeavor, tout ! Ce soi-disant héros, n'avait sûrement pas pensé à l'enfant ailé que devait être le blond, mais juste à sa réputation et à son stupide classement !

- J'aimerais faire pareil que lui un jour. Pouvoir effacer les problèmes de Dabi, être ce héros dont il a tant besoin... je l'ai vu, je sais qu'il souffre. Je veux juste l'aider, lui faire comprendre qu'il n'est pas tout seul.

Dabi le regarda comme si c'était la première fois. Il voulait le sauver lui ? Un déchet de la société ? Un rebus dont plus personne ne voulait... Un homme à qui on avait arraché l'enfance, qu'on avait laissé dans la merde et contre qui on s'était retourné quand il avait enfin voulu faire entendre sa voix ? Pourquoi Hawks voudrait perdre son temps avec un type comme lui ?

Plus personne n'avait de considération pour un vilain. Personne ne cherchait à savoir qui se trouvait derrière, toute la merde que la société souhaitait faire disparaître dans le placard. Hawks était le première à voir sa souffrance, même ceux de la ligue ne voyaient rien, pourtant tous souffraient. Mais la société leur avaient appris à fermer les yeux sur le malheur des autres, et à se concentrer sur eux-mêmes. Pourtant l'homme ailé, qui était un pur produit de cette vie conforme avait su se détacher de ces principes ?

Dabi resta immobile un moment. Il regarda Hawks se coucher en étant toujours aussi abasourdi. Le blond s'endormit rapidement, toujours sous l'œil surpris du chat. Le vilain sentit encore une fois un sentiment si lointain battre à nouveau dans son cœur. Il s'avança vers le visage du héros et se mit en boule contre le cou délicat du volatile.

Il n'aimait pas ressentir un tel mélange d'émotions auxquelles il n'était plus habitué. C'était perturbant. Il devait retrouver son corps d'humain rapidement et retourner auprès de la ligue, et surtout tuer l'autre connasse. Reprendre ses activités criminelles. C'était ce pourquoi il était fait, et non pour des sentiments aussi mièvres...

Il ne sut pas combien de temps il resta immobile, mais au moment où il reprit ses esprits, la respiration d'Hawks était lente et légèrement bruyante. Il avait envie de le réveiller et de lui hurler qu'il le détestait.

Il revoyait l'amour de sa mère, ses yeux verts larmoyant quand il revenait vers elle blessé. Ses excuses sincères murmurées à son oreille. Ses câlins, ses caresses... Hawks n'avait même pas connu ça, l'amour d'une mère, pourtant il était celui qui se trouvait du bon côté de la barrière, c'est lui qui avait fait les bons choix.

Son regard bleu se posa sur la peluche. Pourquoi cet enfoiré devait sauver les familles des autres et détruire la sienne ? N'aurait-il pas dû les sauver eux en priorité ? Sauver son propre enfant en l'empêchant de faire les mauvais choix ?

Dabi ne regrettait rien. En devenant un vilain, il avait gagné sa liberté et il pouvait se venger de ce monde pourri qui n'ouvrait pas les yeux... Mais il avait renoncé au reste de sa famille, à l'amour de sa mère, aux yeux tendres de sa sœur, aux blagues douteuses de son frère et à la petite main potelée du dernier né. Cette main qu'il avait pu tenir plusieurs fois avant qu'il ne manifeste son alter et que son père ne se l'accapare.

Il se demandait ce que Hawks aurait fait à sa place. Serait-il resté voir sa famille tomber en lambeaux, ou serait-il parti lui aussi ? Dabi connaissait la réponse, Hawks était un homme sain d'esprit autant que faire se peut. Il n'avait pas cette folie en lui, il n'avait pas cette personne enfermée en lui qui lui hurlait de tout détruire...

Le héros ailé n'avait rien à faire avec la ligue, non pas parce qu'il était de l'autre côté ou trop bon, mais juste parce qu'il n'était pas fou. Jamais le blond ne brûlerait une maison pour le plaisir d'entendre les gens hurler à l'intérieur, ni ne tuerait quelqu'un pour se réjouir de voir le sang qui coule. Dabi avait une liste longue comme le bras qui prouvait que Hawks ne pourrait jamais faire partie de leur monde.

Pourtant, il commençait peu à peu à se faire une place dans celui du vilain. Il creusait petit à petit une place qui était vide depuis trop longtemps. Ça lui faisait peur autant qu'il avait envie de l'y accueillir avec joie. Il s'endormit sans même s'en rendre compte, blotti contre le bras de Hawks.

Il se réveilla avec douceur, il sentait qu'on lui grattait la tête, c'était tellement agréable. Il se mit à ronronner sans vraiment s'en rendre compte. Il était bien, il aurait voulu ne pas bouger de la journée, rester ici dans cette agréable chaleur.

« Debout Aizen, c'est l'heure de se lever, chuchota la voix d'Hawks.

Dabi ouvrit un œil et tomba dans le regard or de l'oiseau. Il avait un sourire si naturel aux lèvres, pas un qu'il réservait à ses fans, un sincère. Le vilain le trouvait bien plus chaleureux, bien plus agréable à regarder. Il referma son œil, profitant seulement de ces caresses, ne se souciant de rien d'autre. Il ne savait pas combien de temps il serait sous cette apparence ni s'il se retransformerait un jour... Mais ce matin il s'était senti léger. Il voulait profiter de la présence du héros, rester là et oublier le reste. Est-ce qu'il en avait le droit ? Non, il était un criminel assoiffé de vengeance. Mais qu'importe, il voulait être égoïste. N'en avoir rien à foutre du reste et des autres, qu'on lui laisse ces quelques minutes à lui.

Bien sûr, il voulait toujours mettre un terme au règne des héros, montrer aux gens à quel point leurs idoles étaient factices. Tuer l'autre connasse et Endeavor. Mais en cet instant précis, plus rien n'existait à par ce moment de paix et tranquillité, juste entre lui et Hawks.

Il sentit les caresses s'arrêter à sa plus grande déception. La bulle éclatait déjà... bien trop vite, bien trop brusquement. Il sentit alors un poids sur le haut de son crâne et un bruit de bisou sortir de la bouche de blond. Est-ce que le piaf venait vraiment de l'embrasser sur la tête ? Quelle horreur ! Il savait qu'un chat c'était plein de puce et autres cochonneries ? Surtout qu'il ne s'était pas lavé une seule fois depuis son arrivée ici !

Une fois que son hôte le relâcha pour le laisser s'éloigner et lui sourire, Dabi se demanda ce qu'il lui prenait d'apprécier un crétin pareil. La main du héros se posa à nouveau sur son pelage pour reprendre les caresses.

- Finalement quand tu veux tu es un chat câlin !

Il voulait jouer à ça ? Dabi se retourna rapidement pour emprisonner la mains du héros dans ses pattes et le mordre sans vraiment forcer. Cela déclencha le rire du blond qui reprit sa main et poussa gentiment le chat.

- Désolé Aizen, mais j'ai pas le temps de jouer avec toi ! J'ai du travail qui m'attend ! »

Le vilain était déçu, leur petit moment était passé. Hawks devait retourner faire son stupide travail de Héros. Risquer sa vie pour des abrutis. Pourquoi ne pouvait-il pas rester ici avec lui ? Sans le reste du monde... Dabi se laissa tomber sur le futon, écoutant le blond s'affairer pour se préparer. Rester ici le rendait complètement amorphe. Si les autres membres de la ligue le voyaient ainsi, ils lui cracheraient dessus et il ne pourrait par leur donner tort...

Lui qui exécrait les héros et tout ce qu'ils représentaient, tombait petit à petit pour l'un d'entre eux... La vie, c'était décidément bien de la merde, et la sienne en particulier. Entre lui et ce pigeon, c'était impossible de toute manière. Dabi avait choisi la voie criminelle, et jamais il ne voudrait et ne pourrait revenir en arrière. Il avait tué des gens et recommencerait sans l'ombre d'un doute. Il n'était pas sûr que le blond pourrait y changer quelque chose, même s'il le lui demandait. Et malgré les mensonges, il savait que Hawks ne changerait pas non plus pour lui.

Ils étaient deux faces d'une même pièce, l'un était le bon et l'autre était le méchant. Quand il redeviendrait humain, il faudrait qu'il s'éloigne de ce garçon le plus vite possible. Il ne pouvait pas laisser ses sentiments nourrir l'espoir que ça puisse être réciproque, ni qu'ils puissent vivre ensemble un jour. Il allait profiter des instants ici en tant que chat, et dès que ce serait fini, il couperait tout lien avec le héros ailé. Il était son ennemi. Lui le Vilain et Hawks le héros.

Il le regarda partir sans vraiment bouger, la porte se fermant sur la silhouette du blond dans son costume.

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