Froy fixait Mitsuru, décontenancé. Il regardait la légère transformation se faire.
Mitsuru avait maintenant des crocs qui dépassaient légèrement de ses lèvres, et des petites griffes commençaient à percer sous ses phalanges. Il se tenait maintenant les jambes fléchies, écartées, et il avait un regard animal que le blanc trouvait, dans un sens, flippant. Il se tournait vers le cadet, cherchant inconsciemment quelqu'un qui ait la même réaction que lui, pour se rassurer.
Mais ce qu'il voyait le choquait encore plus.
Hikaru avait maintenant les pupilles fines à l'extrême, et des griffes de dix centimètres traversaient la peau de ses phalanges. Sa queue ondulait dans le vent, bien haute. Ses oreilles étaient, elles aussi, bien droites.
Ils commencèrent à tourner en rond, puis le cadet sauta sur son frère. Le blanc était beaucoup trop choqué pour faire quoi que se soit, et restait planté là.
Ce combat là était vraiment différent de celui où Mitsuru avait aidé Hikaru à se calmer. Là, ils étaient tous les deux conscients, et se donnaient des coups calculés.
Le plus vieux tentait de ceinturer son cadet par derrière, mais celui-ci se cabra, saisi ses épaules, et se hissa sur ces dernières par la force de ses bras. Il avait maintenant la tête de Mitsuru entre les jambes, et il bascula brusquement en arrière pour le déséquilibrer, et se rattrapa en roulade. Mitsuru tomba en arrière, mais posa ses mains d'un geste vif et se réceptionna. Il se tourna, s'appuyant sur ses jambes et sauta sur la panthère.
Froy s'était assis sur le plancher qui bordait la maison, et observait les frères se battre, mais d'une façon si rapide et subtil qu'on aurait dit une danse. Chaque mouvement était décidé à l'avance, destiné à construire une chorégraphie violente, bestiale, mais pour le moins impressionnante et ensorcelante.
Il était hypnotisé, tentant de suivre les mouvements et les coups qui s'échangeaient.
Quelqu'un lui toucha l'épaule, et il sursauta.

Il regardait les deux frères, toujours occupés à se battre.

-J'ai vu. Ils sont impressionnants, hein?
-Oui.
-J'ai jamais pu faire tout ce que fait Hikaru.

Il désigna de la main un mouvement que fit celui-ci, qui se relevait d'un coup, sans s'aider de ses mains et sans élan.

-Ils se sont entraînés très dur pour en arriver là. Ça doit être aussi à cause de leur passé. Ils expriment leurs rages enfouies, leurs colères, de cette manière.
-J'ai demandé à Hikaru de m'expliquer, mais il s'est braqué et est parti.
-Tu sais, ses deux là, surtout Hikaru, se confient très difficilement. Je l'ai appris par hasard. Hikaru venait de faire un cauchemar et Mitsuru n'était pas là quand il me l'a raconté. Je suppose qu'il devait parler à quelqu'un à ce moment. Si son frère avait été là, je n'aurais sûrement jamais su. Et je ne sais probablement pas tout.
-Il faut donc que j'attende qu'il ait un cauchemar, m'enfermer avec lui dans sa chambre pour qu'il me raconte ?
-Non. Si tu faisais ça, Mitsuru défoncerait la porte, et pas pour te tuer, mais pour empêcher de te faire tuer. Hikaru n'est pas très conciliant avec les gens qui lui forcent la main. Donc je n'ai qu'un conseil si tu veux tout savoir, il faut que tu attende. Si il en a besoin, il viendra te parler de lui même.
-Hm...

Les deux combattants s'écroulèrent à terre, ruisselant de sueurs. Le plus jeune soupira d'aise.

-Ça, c'est du sport ! fit-il en roulant sur le ventre et en s'étirant, Ça fait du bien de se défouler...
-A qui le dis-tu ! Sourit l'aîné, étalé dans l'herbe
-Vous appelez ça du sport, vous ? demanda Froy, perplexe
-Bien sûr. Ce que tu pense quand on dit sport, c'est faire une vingtaine de tour d'un terrain de 500 mètres.
-C'est déjà pas mal.. marmonna-t-il
-Mais ce que nous, nous appelons sport, c'est courir 5 fois le tour de la propriété, qui fait environ 10 hectares, ou ça.
-Vous êtes tarés !
-Peut être, mais sa paye, regarde. renchérit l'aîné

Hikaru leva les yeux au ciel. Mitsuru désignait son torse, exhibant fièrement des abdos parfaitement dessinés. Froy avait une tête dégouttée.

-Fais pas cette tête, ricana Mitsuru. Si tu veux, je peux t'entraîner. Mais il faut que tu sois motivé.
-Pour avoir des tablettes comme toi, Mitsuru, je pense qu'il serait prêt à faire n'importe quoi...

Froy fusilla Jirou du regard, alors que ce dernier arborait un sourire amusé.

-Qu'est-ce qu'il faut que je fasse?
-Les mecs franchement. Prêt à faire n'importe quoi du moment que ça te muscle.
-Essaye pas de comprendre, Hikaru. Ils sont idiots.
-On est là je vous signale. Puis vous aussi, vous êtes des mecs. Enlève ton T-shirt, que je puisse voir si on peut faire quelque chose pour toi.

Froy se releva, et obéit. Bien qu'il trouvait ça complètement puéril, Hikaru ne put s'empêcher de fixer le mouvement lent qu'il effectuait en enlevant son tee-shirt, dévoilant des abdos moyennement formé. Ils se voyaient, mais c'était loin de Mitsuru.

-Hum... Ça va.
-Ça fait deux mois que je me suis mis à la musculation, deux heures par semaine.
-Seulement deux heures ? Ton corps est très réceptif, alors. Je pense qu'en environ 5 séances d'entraînement, tu seras très proche de mon niveau.
-Sérieux ?!

L'aîné Ichihoshi acquiesça. Hikaru se leva, et alla au côté de Jirou.

-Je paris qu'il ne tiendra pas 10 minutes.
-Je te paris qu'il ira au bout.
-Tenu.

Froy était en train de parler de son entraînement avec Mitsuru, qui proposa de commencer de suite.

-Euh.. D'accord..
-Je suppose que t'as rien, là ? Genre tenue de sport ?
-Bah non... J'ai rien prévu.
-Je vais te prêter des trucs. Suis moi.

Il emboîtait le pas au bleu qui était déjà partie. Il jetait un regard vers le cadet, qui rigolait avec Jirou.
En regardant ce dernier, il fronça les sourcils avant de rattraper Mitsuru.

-Mitsuru ?
-Hm ?
-Pourquoi as-tu proposé de m'entraîner ? Enfin, tu ne dois pas vraiment m'aimer, vu la manière dont je me suis comporté avec ton frère quand je l'ai vu enfin.. normalement, quoi.
-Enfaîte, tu vois, j'ai réfléchis. Si tu avais été un connard, tu aurais tout simplement insulté mon frère de monstre, ou de je ne sais quoi d'autre. Tu l'as juste approché d'un peu trop près et tu le trouve un peu trop mignon. Comparé à ce que tu aurais pu dire, ce n'est pas vraiment grave, répondit-il. Pas vraiment.. marmonna-t-il

Il fouilla dans son armoire avant d'en sortir une tenue et de la lancer sur Froy, qui la rattrapa.

-Enfin bref. Tiens.
-Merci. Mais.. En gros, ça veut dire...?
-Que je vais t'apprendre ce que c'est, d'être un mec musclé.
-Peuh, je le suis déjà.
-Que tu crois, que tu crois. Salle de bain à gauche. Tu vas transpirer, mon gars. Dans deux semaines, tu sauras ce que c'est, d'être musclé.

10 minutes plus tard, le frère du rouquin était changé, et il était avec le bleu assit sur un tatami. 2 heures plus tard, il était sur ce même tatami, effondré au sol, torse nu, ruisselant de sueur, et haletant.

-C'est bon, t'en as assez fait pour aujourd'hui. Je dois dire que t'es pas une lopette, ça me plaît.

Lui aussi était torse nu, mais il n'était pas effondré sur le sol. Il était seulement assis à côté du blanc. La nuit tombait, et il commençait à reprendre sa respiration, alors qu'Hikaru rentrait dans la salle.

-Froy, je vais te raccompagner. On organisera ton déménagement demain.
-Et..m.. moi.. on ne.. demande.. P-as.. mon avis.. ?
-Tu as quelque chose à ajouter ?
-...Ri...Rien...
-Bien.
-Petit frère, tu n'as qu'à t'occuper de lui. Si ça continue, il n'arrivera plus à respirer correctement.
-Pff.. Vas prendre ta douche, avant que l'odeur de ta transpiration ne s'imprègne dans le tatami.
-T'inquiète, p'tit frère.

Il s'approcha pour lui faire un câlin, mais Hikaru le renvoya avec douceur -IRONIE-. Puis il s'approcha du frère de son ami, qui était en train de comater sur le tatami.

-Tu vas rester longtemps comme ça ?

Il ne répondit pas, tentant de reprendre sa respiration. Le plus jeune soupira, s'approcha de lui et, pour commencer, le retourna sur le dos. Puis il partit chercher une serviette qu'il humidifia, et une bouteille d'eau.
Il revint près de lui, puis lui épongea délicatement le visage.

-Je trouve ça vraiment idiot, de s'épuiser comme ça juste pour gagner 2 kilos de muscles.
-Mm.. mais.. Comme ça, je pourrais.. me dire que je me suis un tant soit peu.. racheté pour ce que j'ai fait.. à la personne qui me plaît.
-Je ne pense pas qu'elle serait heureuse de savoir que tu es écroulé sur le sol, et que tu ne peux même pas te relever. dit-il en ignorant le pincementau cœur qu'il avait ressenti

Il le redressa, l'appuyant sur ses cuisses, et lui fit boire un peu.

-Ça dépend.. Qu'est-ce que tu en penses, toi ?
-Mon avis ne compte pas, tu devrais demander ça à cette personne qui te plaît.
-Tu crois que je fais quoi, là ?

Hikaru se figea, et le regarda, déconcerté.

-Quoi..?
-Tu me plais, Hikaru. Tu me plais vraiment.

~~~~~~~~~~

Deux jeunes hommes, l'un aux cheveux roses, l'autre aux cheveux couleur satin, posaient leurs valises, et se relevèrent en s'appuyant sur leurs reins douloureux.

-Aie... marmonna le second
-Pauvre chouchou, sourit une homme d'une cinquantaine d'années
-Mais c'est lourd. Qu'est-ce que tu as mis là-dedans ? renchérit le premier
-Il a raison...
-Tous tes vieux vinyles pourris que tu gardes on ne sait pourquoi.
-Touché. Mais tu es bizarre, pour un vieux de 50 ans. Tu devrais aimer les vinyles.
-Je ne suis pas vieux. C'est à cause de vous que j'ai ces rides aux bords des yeux.
-Tu n'en as pas que au bord des yeux, si tu veux mon avis. fit remarqué celui aux cheveux blanc satiné
-Mais je n'en veux pas. Alors vas bien te-
-Tu es vraiment vulgaire, pour un grand-père. coupa ce dernier
-Hey vous, devant ! On est pas dans un camping ici, mais un aéroport ! Circulez ! grogna un vieux qui poussait un caddie remplie de valises
-Alors vous devriez peut être aller vous raser, on dirait que vous n'avez pas vu une salle de bain depuis au moins deux mois. renchérit l'homme
-Vieux crouton.. marmonna le vieux en les dépassant

L'un des jeunes hommes sourit, fier, alors que l'autre passait sa main dans ses cheveux en marmonnant.

-Le grand-père vient de remballer un vieux !
-Ne m'appelle pas grand-père, petit.
-Okay, pépé.
-Tu répètes encore une fois ça, et je t'arrache la tête.
-Moi aussi je t'aime. le taquina-t-il gentiment
-Si ce n'était pas pour retrouver vos amours d'enfances, je ne vous aurais jamais accompagné.
-Toujours aussi sympa... soupira le second

Les deux jeunes hommes soupirèrent en cœur.. Ils étaient assez séduisants, des traits fins, assez félins, et des yeux magnifiques, gris pour l'un, sarcelle pour l'autre.

-Je me demande où ils sont.
-Moi aussi...
-Ils n'ont pas bougé, bande d'idiots. C'est juste vous qui êtes partis. Vous leur avez brisé le cœur, vous savez ?
-Pas besoin d'en rajouter, merci, marmonnèrent-ils
-Ils s'en sont peut-être remis, et encore, mais eux.. Ohlala.. Ils doivent vous détester, ricana-t-il.
-Arrête de remuer le couteau dans la plaît, vieux fossile !
-Hey vous là !

Un agent de sécurité commençait à venir vers eux.

-Veuillez faire un peu moins de bruit ! Nous sommes dans un endroit public !
-Oh, excusez nous, c'est que notre pépé est sourd, il n'entend rien le pauvre. commença le rose
-Qu'est-ce que tu as dit, sale gosse ?!
-Vous voyez ? renchérit le blanc
-Ho.. Je vois, pardon. Mais si vous pouviez...
-Bien sûr, nous allons prendre un taxis.

Il regarda l'homme.

-TA-XIS PÉPÉ ! ALLEZ VIENS !
-Crétin ! enchérit ledit pépé

Les jeunes hommes posèrent leurs valises dans un caddie, et prirent le plus âgé par le bras en l'emmenant dehors pendant qu'il les couvrait d'injures.
L'un fit signe à un taxi qui passait, et celui-ci s'arrêta. Le chauffeur descendit pour les aider à mettre les valises dans le coffre, pendant que l'homme montait dans la voiture en grommelant, puis les garçons le rejoignirent dans l'habitacle.
Un silence demeura dans la voiture, seulement troublé par le moteur qui démarrait.

-Où est-ce que vous allez ?
-Ce jeune homme à ma gauche vous répondra sûrement, «la forêt de Hoshi», mais ça ne serait pas très sage. Alors à Inazuma, s'il vous plaît.
-Bien.

Les garçons regardèrent le ciel étoilé par la fenêtre, et l'un murmura :

-Hikaru, Mitsuru, j'espère que vous allez bien.. Vous me manquez tellement..

Alors que l'autre n'en pensait pas moi au sujet d'un adolescent au tempérament de feu.

~~~~~~~~~~~~

-Tu me plais Hikaru. Tu me plais vraiment.
-... Je-