Chapitre 11
Il tomba sur la bouche de Froy.
Alors qu'il écarquillait les yeux, il restait figé, collé à ses lèvres, trop choqué pour bouger. Ses oreilles étaient parfaitement levées, et sa queue était figée en une ligne droite, signe d'une intense surprise.
Au lieu de le repousser, il l'attira à lui et ferma les yeux. Il poussa le baiser plus loin, et le corps du plus jeune réagit de lui-même. Ses paupières se fermèrent, tout comme ceIles de Froy, et sa queue se mit à onduler. Il le rapprocha un peu plus de lui, le tenant par la taille.
Toutes les personnes présentes dans la salle observèrent la scène, beaucoup trop choquées pour faire quoi que ce soit. Finalement, Mitsuru, une veine d'énervement sur le crâne, s'approcha des deux adolescents, prit leurs crânes et les sépara. Il tira un peu plus sur la nuque du frère d'Atsuya, la faisant craquer. Froy allait dire quelque chose, mais le regard noir de Mitsuru l'en empêcha.
-Ça va ? On ne vous dérange pas ?
Hikaru était rouge écrevisse et venait d'amener sa main sur sa bouche, trop choqué pour réagir à quoi que ce soit. Comment avait-il pu laisser son corps prendre le dessus ? Et surtout, pourquoi son corps avait-il réagi comme ça ?
Froy se pencha sur lui, un sourcil relevé.
-Hikaru ?
Le cadet le regarda, rougit un peu plus, balbutia quelques mots que personne ne comprit, se releva et courut dehors. Il traversa la forêt à toute allure, ne faisant pas attention aux ronces qui lui griffaient les jambes, aux cailloux qui lui blessaient les pieds et aux branches qui lui giflaient le visage. Il arriva rapidement à un petit étang, et courut vers Yuri, qui s'était légèrement relevé à son arrivée. Il était couché au soleil et avait tout de suite senti la grande agitation de Hikaru. Il en avait immédiatement compris l'origine et en était vraiment amusé.
-Alors ? Je t'avais bien dis que ce mâle te plaisait. Si tu me racontais ce qu'il s'est passé ?
~°oOo°~
-Pourquoi est-ce qu'Il est partie comme ça ? demanda Froy
-La question, c'est plutôt « Pourquoi tu étais à deux doigts de le déshabiller au milieu du salon ? » ?! Je t'ai peut-être dit que je n'étais pas contre votre relation, mais là, vous bouffez devant moi comme ça, c'est un peu trop, tu ne penses pas ?!
-Hé ! C'est lui qui m'est tombé dessus ! répliqua-t-il en arborant un sourire en coin dont il ne pouvait se défaire
-Tu aurais pu le repousser doucement, mais non, il a fallu que tu te mettes à visiter sa gorge !
-Il ne m'a pas repoussé non plus !
-Je suis son frère, putain ! Ça te plairait, toi, qu'un mec ou qu'une meuf bouffe les amygdales de ton frère devant toi ? Non !
Tout le monde autour d'eux était amusé. Mitsuru était beaucoup trop protecteur et il le savait, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était son frère! Et il n'acceptait pas que son frère se fasse faire une visite guidée de sa cavité buccale.
Yuuma, un sourire hilare aux lèvres, vint enlacer Mitsuru par derrière, le faisant sursauter.
-Mitsuru, tu savais que ça arriverait. Laisse le un peu. Et puis il a bien le droit d'avoir un petit ami.
-Oui mais... voi-voilà quoi..
-Je te félicite, Froy ! fit brusquement Michiya
-Moi aussi ! Mais Hikaru doit être vraiment déboussolé... Il doit sûrement être avec sa peluche. rajouta Hitomiko
-Sa peluche ? demanda Yuuma
-Oui, Yuri. Un puma qui s'est lié d'amitié pour lui.
Mitsuru était devenu rouge au contact des mains de Yuuma, et ne faisait plus attention à Froy, qui en profita pour fuir par la porte qui donnait sur le jardin. Une fois dehors, il grimpa au cerisier et s'installa confortablement sur une branche, un sourire aux lèvres, attendant impatiemment qu'Il revienne. Ils allaient devoir s'expliquer, et Froy eut un frisson de délice à cette pensée. Peu importait la manière dont allait se dérouler cette discussion, il allait en sortir avec Hikaru au bras. Il serait à lui quand ils en auraient terminé.
Il ferma les paupières, son sourire disparut et ses lèvres se muèrent en une fine ligne.
« Je veux qu'il soit à moi. Que son cœur soit à moi..
Je l'aime.
Si il dit non, je ne le supporterai pas... »
-Hikaru... s'il te plaît... sois mien.
Il fixa son regard sur la forêt, scrutant le moindre mouvement de feuille. C'est ainsi que, sans s'en rendre compte, il s'endormit.
~°oOo°~
-Voilà.
Il était couché sur le sol, appuyé sur un rocher couvert de mousse, alors que Yuri était un peu surélevé sur un gros rocher. Il avait l'impression de faire une psychanalyse.
-Hm... et que comptes tu faire ?
-Je ne sais pas... vraiment pas. Je n'ai aucune idée de ce que je ressens pour lui. C'est teIlement compliqué.
-Qu'est-ce qui est compliqué ? Est-ce qu'il t'agace à chaque fois qu'il ouvre la bouche ?
-Non, mais...
-Est-ce qu'il n'a pas d'humour ?
-Non, non mais...
-Est-ce que tu te sens bien dans ses bras ?
Il ne répondit pas, détourna le regard, et rougit.
-Est-ce que, quand il t'a embrassé, tu avais plutôt envie de le repousser et d'aller te laver la bouche ou plutôt de lui renvoyer la pareille ?
Il ne répondit toujours pas.
-Moi, vois-tu, je pencherais pour la deuxième option. Hm ?
-Oui... peut-être un peu...
-Il n'y a pas de ''un peu'' qui tienne. Je te dis que tu es tombé dans ses filets à la seconde ou il t'a parlé. Alors arrête de faire ta vierge effarouchée et vas le voir. Vous devez parler.
-Je ne te savais pas spécialiste des relations humaines, Yuri.
-On n'a pas besoin d'être spécialiste pour savoir qu'il t'aime et que c'est réciproque. Vas le voir, je te dis.
-Très bien.... On se revoit demain.
-À demain.
Il se leva, secoua ses cheveux pour se débarrasser de la mousse et se mit à trottiner dans la forêt. Il fit plus attention cette fois-ci, les brûlures des griffures sur ses jambes l'encourageant à grimper aux arbres et à bondir de branches en branches au lieu de courir sur le sol rempli de ronces, de coques de châtaigne et de chardons.
Une vingtaine de minutes plus tard, sortit de la forêt, juste à temps pour voir Froy en train de glisser de la branche où il s'était endormi.
-FROY !!!
-Hein ?
Il se réveilla d'un coup, tomba, mais réussit à s'accrocher à la branche de justesse. Il pendait dans le vide, à deux mètres de hauteur. Hikaru soupira de soulagement quand il le vit s'accrocher, mais le blanc commença à paniquer.
-Hum... Hikaru ? Tu pourrais m'aider s'il te plaît ? Je suis légèrement en train de lâcher, là.
-QueIle idée de s'endormir là-haut, aussi.
Il sortit ses griffes et grimpa rapidement sur la branche où le plus âgé se tenait.
-Je t'attendais. dit-il en le fixant, l'air penaud
Il ne répondit pas, mais rougit légèrement en prenant ses mains.
-Lâche, je vais te remonter.
-Tu en es sûr ? Parce que je pense que je suis un peu, beaucoup, plus lourd que toi.
-Fais ce que je te dis.
En déglutissant, il lâcha la branche et sentit les poignets d'Hikaru se tendre sur ses mains. Il le remonta facilement, et il s'assit au bord de la branche.
-Merci, Chaton.
-À ton servi... Hé ! Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça !
Il sourit, se mit debout sur la branche et avança jusqu'à la base du tronc, poussant Hikaru à se coller à ce dernier.
-Il faut qu'on ait une discussion, mais je n'ai pas très envie de l'avoir en haut d'un arbre.
Il lui sourit, puis chuchota d'une voix qui fit prendre deux teintes de plus à Hikaru.
-Surtout avec les entremetteurs qui nous surveillent « discrètement ».
Il désigna Jirou, Yuuma et Hitomiko, « cachés » derrière la porte du salon. Hikaru les avaient vus, bien entendu. Il soupira et marmonna.
-Tu pourrais t'écarter ? Que je puisse descendre.
-À ta guise. On se retrouve dans ta chambre.
Il rougit en l'insultant dans sa barbe, ce qui fit sourire Froy. Mais ce que le bleuté fit ensuite lui fit perdre ce sourire. Il sauta dans le vide et il dut se retenir de pousser un hurlement. Mais quand il le vit se rattraper comme un chat en bas, il soupira de soulagement.
-Je suis à moitié panthère, ne l'oublie pas. fit-il en accentuant cette phrase d'un mouvement d'oreille et d'un sourire
-Aucune chance.
Il descendit tranquillement de l'arbre, tandis qu'Hikaru se dirigeait vers sa chambre. Quand il posa le pied par terre, Hitomiko et les deux garçons lui sautèrent dessus. Heureusement qu'il savait courir.
Il voulait absolument parler avec Hikaru et ce n'était pas ces trois tarés qui allaient l'en empêcher. Il se mit à courir dans le salon et, trouvant son frère vautré dans le canapé, il se mit à hurler.
-Atsuya ! Hitomiko, Yuuma et Jirou ont des framboises pleines les poches!
-Hein ?! Quoi ?!
Il sauta sur les trois poursuivants, qui s'étaient dangereusement rapprochés de Froy, les fouillant pendant qu'il prenait la fuite sous les « On t'aura ! » des trois plaqués au sol. Arrivé devant la porte d'Hikaru, il toqua et rentra immédiatement en fermant à clé.
-Pourquoi tu fermes ?
Hikaru le suivit du regard alors qu'il allait fermer les fenêtres.
-Je n'ai aucune envie d'être interrompu par... une bande de commères.
-FROOYYYY ! On t'a entendu ! Dès que tu sors de cette chambre, tu es un homme mort !
Froy jura, faisant s'esclaffer Hikaru, amusé. Il se tourna vers lui, un sourire en coin collé aux lèvres.
-C'est moi ou tu te fous de ma gueule ?
Hikaru ne put que rire un peu plus fortement, et reculer à mesure qu'il s'approchait.
-Alors? Qu'as-tu à dire pour ta défense, Chaton ?
-Arrête de m'appeler comme ça.
-C'est votre dernier argument ?
-Une requête, plutôt.
-Ho... très bien.
Ils étaient juste devant le lit et Froy le fit tomber dessus. Il le plaqua en se couchant sur lui, veillant tout de même à ne pas l'écraser.
-Refusé, Chaton.
Il lui tenait les bras avec sa main et lui effleura les côtes, produisant une hilarité incontrôlable chez le jeune garçon.
-Fr-Froy ! Arrêêête !
-En quel honneur ?
-Si-sinon je... je te mords ! tenta-t-il en ne rigolant que plus fort alors que les doigts de Froy s'activaient
-Aww, tu serais teIlement sexy. répliqua-t-il avec un sourire encore plus grand
-S-Stoooooop !
Des larmes de rires coulaient sur ses joues et Froy consentit à s'arrêter, mais resta tout de même au-dessus de lui. Il reprenait doucement son souffle, alors qu'il arborait un sourire tendre.
-Tu es méchant. marmonna Hikaru, une fois calmé, en prenant une moue boudeuse
-Tu es mignon.
Il se coucha sur le côté et l'entraîna sur son torse. Hikaru allait en profiter pour se défiler, mais l'occasion de rester dans ses bras sans personne d'autre autour était trop bonne. Il se laissa emmener et il le tenait contre lui, la main sur sa taille.
-Ça ne te dérange pas qu'on parle comme ça ? Je suis bien là.
-N-Non.
-Bien.
Il le serra un peu plus contre lui, et poussa un soupir de contentement. Quelques secondes plus tard, Hikaru finit par se laisser aller et se détendit complètement. Ils restèrent quelques minutes comme ça, puis le blanc se mit à parler, désireux de faire avancer la conversation.
-Alors... Par quoi est-ce qu'on commence ?
-Comment ça ? Commencer quoi ? demanda le cadet, l'air faussement innocent
-Ho... Tu veux jouer à ça ? Très bien. Vu que tu ne veux rien dire... autant entrer dans le vif du sujet maintenant, tu ne crois pas ?
Il le retourna vers lui d'un coup sec et mit ses yeux à la hauteur des siens.
-Je t'aime, Hikaru. Je t'aime de tout mon être et bien plus encore.
Le concerné rougit inéluctablement, prenant une expression extrêmement surprise et, étant extrêmement gêné, voulut se retourner pour ne plus faire face au jeune homme.
-Ah non, non, non.... Tu restes là, Chaton. C'est à toi, maintenant.
-À moi qu... quoi?
-De me révéler tes sentiments... Tu m'aimes ou pas ?
-Je... hum... Mais arrête de me regarder comme ça, aussi !
-Comme quoi ? Comme ça ?
Son regard se fit intensément tendre et les joues du bleu se colorèrent à l'extrême.
-O-oui ! Arrête de me regarder comme ça !
-Mais je te regarde normalement. répliqua Froy, taquin
-Alors ne me regarde pas !
-Impossible.
Il se mit à nouveau au-dessus de lui, le retenant avec ses mains et ses pieds.
-Je t'ai regardé, je te regarde et je te regarderai toujours. Et c'est comme ça que je te regarderai, maintenant. Tu vas devoir t'y faire. murmura-t-il, la voix n'ayant rien à jalouser à la tendresse de ses yeux, Mais, s'il te plaît, fit-il en se penchant jusqu'à n'être qu'à deux ou trois centimètres de son visage, réponds moi.
Hikaru se mordit la lèvre, ses oreilles étant couchées en arrière, mais pas dans un geste de colère, mais plutôt de gêne. Il ne pouvait pas se dégager de l'étreinte aussi bien physique que visuel de l'homme qui le surplombait. Il était profondément conquis et gêné. Mais aussi, maintenant, il en était sûre.
Il était amoureux.
Jusqu'au plus profond de son être.
Jamais il n'aurait cru qu'il ressentirait quelque chose d'aussi profond envers quelqu'un, encore moins en aussi peu de temps. Il se trouvait aussi un brin masochiste. Il était tombé amoureux d'un homme qui le taquinait tout le temps, et aussi, il en était sûr, d'un pervers.
Mais cet homme-là avait bien d'autres qualités pour équilibrer ces petits défauts qui, disons-le franchement, plaisaient invariablement au plus jeune.
Il était, comme le démontrait son regard et son ton, tendre. Mais aussi intelligent, compréhensif, à l'écoute des autres, loyal.. Mais aussi, il fallait l'avouer, incommensurablement beau.
Il pouvait sentir son corps tout contre lui. Froy était de plus en plus musclé, juste comme il fallait, d'autant plus que maintenant, il allait faire des séances avec Mitsuru. Ses mains était douces, chaudes, grandes et rassurantes. Ses cheveux, étonnamment doux et soyeux encadraient son fin visage.
Et ses yeux bleu qui le fixaient affectueusement le faisaient littéralement craquer.
-Alors ?
Il le regardait dans les yeux et, bien que gêné, déclara avec une voix toute aussi tendre que ceIle du blanc :
-Je t'aime... Je.. t'aime de... tout mon cœur, idiot.
Il fallait bien qu'il l'insulte ou sinon il aurait été perdu.
Ne faisant nullement attention au dernier mot d'Hikaru, Froy se pencha et murmura :
-C'est tout ce dont j'avais besoin d'entendre...
Puis il unit leurs lèvres en un baiser chargé du même sentiment qui avait dominé toute la conversation : la tendresse.
Un baiser merveilleusement tendre.
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