Just shut up and do it [09/07/22]
(TW : propos violents, peut-être aigris, et certainement moralisateurs. Passez votre chemin si vous ne vous intéressez pas sincèrement à ce que pense ma petite personne.)
Je suis épuisé en ne faisant rien... enfin, si, écrire et avoir une activité professionnelle à plein temps rémunérée. Mais ce n'est rien, puisque j'ai deux jours de congé hebdomadaires. Interagir avec la société est beaucoup plus énergivore.
J'ai l'impression de me plaindre non-stop depuis des mois. C'est très agaçant. C'est un point supplémentaire qui m'empêche de m'accepter en ce moment. Avant de n'avoir plus aucune réserve d'énergie, je ne bronchais pas. C'était un point que j'aimais bien, chez moi. Je me sentais débrouillard, fiable. Et seul. Désespérément isolé. Je ne l'ai compris et accepté que récemment. Je sais, c'est pathétique.
Pourtant, malgré cette prise de conscience, je continue à ne pas supporter les gens qui se plaignent avant d'avoir essayé. Enfin, si, j'ai dû longtemps les supporter pendant que je me débattais sans un mot avec mes propres problèmes et handicaps.
Vous êtes dépressif, anxieux ? Moi aussi. Vous êtes handicapé ? Moi aussi. Vous êtes hypersensible ? So what? Vous avez pris le temps et l'énergie pour vous faire diagnostiquer. Félicitations, ça veut dire que vous êtes suffisamment en forme physique et mentale pour ne pas vous foutre éperdument du devenir de votre enveloppe corporelle. Ou alors qu'une autre personne s'est suffisamment préoccupée de vous pour vous faire passer la batterie de test, longue, fatigante, anxiogène. Bravo, vous êtes aimé. Je vous jalouse. Pensez à ça, ça vous aidera peut-être à avoir la volonté de sortir de votre spirale négative.
Vous avez une maladie invalidante au quotidien ? Moi aussi. Vous ne le savez pas, uniquement parce que je ne m'étale pas en public sur ma vie privée. Pas parce que je suis courageux, oh non. Uniquement parce que je crains d'être vu comme une victime. Je ne sais pas pour quelles raisons, elles sont certainement multiples, mais montrer mes failles et mes faiblesses m'angoisse. La peur séculaire, certainement, de l'éventuel prédateur qui s'attaque aux plus faibles. Je sais, c'est stupide. Conditionnement, je t'accuse. Finalement, je m'en suis bien sorti : s'adapter, c'est trouver peut-être des moyens originaux pour compenser ses manques. C'est montrer d'autres forces, qui pourraient rendre les gens admiratifs. Ou jaloux.
Cette énergie dépensée pour côtoyer d'autres êtres humains me fatigue. Surtout ceux qui se plaignent sans me lister tout ce qu'ils ont essayé (ils ne le peuvent pas, ils n'ont rien tenté), je dois me retenir de fracasser leur crâne contre un mur. La dépense énergétique est si importante pour des broutilles. Je souhaite ne pas finir ma vie en ermite. Il y a des priorités, des décisions à prendre quand on n'a plus la force de subir plusieurs stress combinés. Je choisis donc de passer pour un aigri s'il le faut. Je choisis aussi d'envoyer chier.
Ne vous inquiétez pas pour la bienséance, je resterai poli. La plupart du temps, je compatirai même jusqu'à un certain point avec le reste de mon environnement. Mais avec le manque d'énergie, ma patience s'amenuise. Elle n'était pas bien grande, à la base. Je ne suis pas patient, je ne suis pas gentil, je ne suis pas mature, je ne suis pas zen. Il y a beaucoup de choses que je ne suis pas, et vous ne le saviez pas. Parce que je sais bien m'adapter. Pas eu le choix. Enfin si, c'était ça ou mourir.
Pour conserver mon énergie, là, je ne peux plus continuer à écouter des choses négatives sur des problèmes qui n'en sont pas. J'ai cru être trop peu en phase avec les émotions, celles des autres ou les miennes. Au contraire, c'était simplement du déni. Mon corps essayait simplement de se blinder face aux coups. Ça fait une décennie que je n'en peux plus. Et pourtant, je continue. Je ne demande pas votre écoute, votre compassion ou votre validation en ce moment. Juste d'essayer de résoudre vos problèmes à vous, de façon inédite avant de vous plaindre.
Même vous entendre vous plaindre à d'autres personnes que moi, c'est trop de pression supplémentaire sur mes nerfs. Car on a décidé depuis des décennies, que je n'avais aucun problème. Alors quand on s'adresse à moi, c'est à moi d'écouter et trouver des solutions aux soucis des autres, qui en plus n'en veulent pas. Excusez-moi. Naïvement, j'ai cru que vous m'apportiez vos problèmes pour que je vous aide à les résoudre. Je ne pouvais comprendre que vous cherchiez uniquement une oreille attentive qui validerait votre ressenti, afin de vous permettre de vous complaire dans vos jérémiades. Au final, la situation n'est pas si mal hein ?
Nous vivons dans une société un peu moins rétrograde, avec beaucoup de moyens d'information. C'est pour le meilleur et le pire. On peut communiquer sur chacun des problèmes, handicaps, divergences de chacun. On se sent moins seul. On comprend enfin pourquoi on avait ces questionnements non-verbalisables, ces réactions hors normes. On apprend l'existence de situations qu'on n'imaginait pas. La société apprend à compatir, à moins forcer dans des moules. C'est bien.
Et moi, j'apprends que des gens n'ont aucune idée de l'existence de situations pourtant hyper simples. Avec des solutions hyper simples. La meilleure : on s'en fout du jugement des autres, envoyez-les chier.
Ce sont vos parents ou vos amis ? Envoyez-les cordialement chier. S'ils ne vous soutiennent vraiment jamais, je vous suggère de réfléchir profondément à un point : vous avez pu vous débrouiller sans eux ? Donc ils ne sont pas une aide. Coupez les ponts. Vous n'auriez pas pu survivre sans eux ? Vous les aimez par ailleurs, mais ils refusent de vous entendre ? Envoyez-les tendrement chier.
Ce sont vos supérieurs, vous avez besoin de votre paye ? Envoyez-les respectueusement chier. Puis allez travailler ailleurs.
Vous n'osez pas ou ne pouvez pas ? Pour quelle raison ? Vient-elle des circonstances vérifiables, ou uniquement de votre peur de vos propres limites ? Et si vous ne pouvez postuler ailleurs car vous êtes vraiment nul, dans ce cas ce n'est pas vous que je vais plaindre mais vos collègues qui doivent faire votre boulot rémunéré à votre place.
L'esprit humain trouve beaucoup de fausses raisons pour laisser faire. Conditionnement sociétal. Laisser faire jusqu'à un certain point est plus raisonnable. Sauf si vous voulez sincèrement, de façon altruiste, révolutionner la société. Allez y, c'est super. Vous avez encore l'énergie de porter haut votre parole, vos revendications, votre colère. Vous avez encore l'énergie de vous plaindre, utilisez-la à bon escient.
Laissez-moi en dehors de tout ça, j'essaye juste de survivre. Et peut-être, plus tard, grappiller un peu de bonheur éphémère. Peut-être. Plus tard. Ponctuellement. Je m'en fous de l'éternité, elle m'angoisse. Tout ce temps, tout ce pouvoir d'accomplir de grandes choses, toutes ces responsabilités ! Ce serait trop de choses à anticiper, et il y a trop peu d'énergie en réserve.
Que dois-je faire ? Me couper à nouveau de tout, écrire et publier mes superficialités complexes dans mon coin ? Ne plus communiquer mon agacement ? Non. J'ai fait ça trop longtemps. Ça me ronge. J'ai décidé d'arrêter de me diminuer.
Alors je dois déballer tout mon parcours ? Mettre un terme médical validé sur mon expérience personnelle ? Terme médical qui changera de toute manière avec le temps. Me faire plaindre, chercher la compassion d'autrui ? De personnes inconnues dont l'opinion m'est totalement égale (sans vouloir vous offenser par ma sincérité) ? Ça ne me semble pas non plus une solution pour moi.
Je trouverai par moi-même une solution. Et si je n'y arrive pas, ce n'est pas bien grave. Je sais m'adapter.
Je veux juste qu'autour de moi, en réel et en virtuel, on essaye avant de se plaindre. Et si vous avez déjà trop essayé, que vous en avez marre, envoyez les tous chier. Sans déconner. Leur regard vous importe-t-il à ce point ?
Et sincèrement, n'oubliez pas que les handicapés s'adaptent. Que les handicaps soient visibles ou non. On le doit pour survivre. C'est injuste, c'est ainsi. Réclamez plus d'aides, plus de compréhension, de personnes moins mal loties, si vous en avez besoin. Moi, je ne peux rien pour vous. Je n'en ai pas vraiment envie, pour dire crûment les choses.
Et si les jugements vous pèsent, envoyez poliment chier. Même si la source des jugements vit H24 avec vous. Même si vous l'aimez tendrement. Avec tendresse et sincérité, envoyez chier. Vous verrez, c'est comme une charge inutile dont on se déleste. En revanche, si vous vous sentez coupable après ça, il y a plusieurs explications possibles : 1) la source du jugement vous manipule pour vous maintenir dans la culpabilité, 2) vous avez été éduqué par la culpabilisation, 3) vous êtes traumatisé par quelque chose dans votre passé, 4) vous avez franchement exagéré vos problèmes.
Dans les premiers cas, c'est soit du conditionnement, soit de la maltraitance. Envoyez chier et barrez vous. Facile à dire hein ? À faire aussi, si votre vie vous importe. Et c'est le cas. Si elle ne vous importait pas, vous ne vous plaindriez pas, vous ne verbaliseriez pas vos peines. Fuyez puisque vous le pouvez. Ensuite faites-vous aider par des professionnels de santé. Dans le dernier cas : just shut up.
Et n'oubliez pas, de temps en temps, de sortir votre nez de votre nombril pour vous demander si la personne en face de vous, qui semble mieux adaptée et plus chanceuse, n'a simplement pas été un tout petit peu plus acharnée que vous à travailler sur son petit nombril, pour s'adapter pour survivre. Uniquement parce qu'elle a été conditionnée par la société et son éducation rétrograde à se conformer à la majorité, sous peine de se faire bouffer.
Ce que je dis peut sembler validiste. Je m'en contrefous. Tout le monde a des problèmes, plus ou moins compliqués. Vos handicaps et vos limites, et je ne doute pas que ce soit pénible au quotidien, vous semblent encore plus pénibles que ceux des autres, uniquement par votre nombrilisme et votre fermeture d'esprit.
Ceux qui vous acceptent, qui valident votre ressenti à chaque occasion, vous aideront ou pas à vous sentir mieux. Ils pourraient également vous laisser vous complaire dans votre situation, sans aucune action pour améliorer les choses dont vous vous plaignez. Peut-être parce qu'ils ne se préoccupent pas tant que ça de vos problèmes ? Peut-être qu'ils ne pensent pas qu'une solution existe et est applicable ? Ils valident votre immobilisme plaintif. Pendant qu'on déverse ses peines, on oublie qu'il faut parfois changer sa façon de procéder pour n'avoir plus de peines. Ou peut-être qu'elles n'étaient pas si grandes que ça, puisque vous vous sentez mieux après vous être plaint ?
Moi, après tout ça, je m'agace moi-même. Mais certaines choses devaient être annoncées.
Un jour, je trouverai ma solution. Ce texte est pour me souvenir que cette période a existé. Ça me fera plaisir quand elle ne sera plus qu'un souvenir parmi d'autres.
(Je vous avais prévenu de certains points en TW. J'avais oublié les redondances d'idées dans ce texte. Trop tard, vous l'avez lu.)
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