Chapitre 4

Le lendemain matin, les deux amies arrivèrent en cours ensemble et... à l'heure. Marinette était plus détendue; passer la fin d'après midi et la soirée avec sa meilleure amie était définitivement ce dont elle avait besoin pour se changer les idées.

Même si Alya n'avait parlé presque qu'exclusivement des deux héros de Paris, cela avait le mérite d'être divertissant. D'ailleurs, inconsciente que son amie avait l'esprit ailleurs, Alya continuait son monologue :

« Donc, si on résume, la vidéo de la discussion de Ladybug et de Chat Noir ne prouve pas qu'ils connaissent leurs véritables identités, même si moi, j'en suis sûre, mais il est tout de même fort probable que leur discussion avait quelque chose à voir avec leur vie privée... Ahhh Mari, j'adore ça ! Un jour, je découvrirais tout ! Je te le jure ! »

Marinette observait son amie. Elle était autant excitée qu'hier, sa joie était communicative.

Passant la porte de leur salle de cours, elles saluèrent avec entrain Nino et Adrien qui étaient déjà arrivés.

« Bonjour les garçons ! »

Saisissant l'occasion, Adrien répondit rapidement :

« Bonjour Alya, Marinette ! Et hum... Mari... »

Marinette tourna son regard étonné vers Adrien tandis qu'Alya imposait un résumé de ses déductions de la veille à ce pauvre Nino, qui été noyé par le flot de paroles de la jeune métisse.

« Oui, Adrien ? »
« Je euh, je voulais te dire... »

Marinette le fixa. C'était rare de voir le jeune mannequin perdre ses mots, mais décidément cela lui arrivait souvent ces temps-ci. D'un regard elle l'encouragea à continuer. En même temps, il valait mieux qu'elle n'essaye pas de parler...

« Non, euh non rien ne t'en fait pas ce n'est rien »

Marinette allait répliquer quand Madame Bustier entra dans la salle et ordonna à tout le monde de regagner sa place.

Marinette n'arriva pas à se concentrer de toute la matinée. Adrien avait quelque chose à lui dire, c'était évident. Oui, mais quoi ?
Depuis vendredi elle essayait d'oublier ce qui s'était passé aux WC pour femmes. A priori Adrien avait vraiment tout entendu et il n'avait pas oublié lui non plus... Marinette frissonna, finalement elle vivait peut être la même chose que Chat Noir... Adrien cherchait à lui donner une réponse, sûrement un rejet sinon il ne serait pas tant en difficulté... Elle en était sûre.
Légèrement déprimée, le reste du premier cours de la matinée passa alors qu'elle broyait du noir.

A la pause, Adrien se retourna vers Marinette et puisant le peu de courage qu'il avait, annonça d'une traite ce qu'il avait mis la soirée de la veille à peaufiner :

« Mari, est-ce que tu aurais cinq minutes à m'accorder tout à l'heure après avoir mangé ? Je voudrais te parler de quelque chose »

Marinette rougit et hocha la tête. Gêné lui aussi, Adrien lui sourit et se retourna.
Elle était si mignonne qu'il s'en voulait de lui faire tant de peine... Surtout que, s'il était vraiment honnête avec lui même, il n'avait pas envie, il ne voulait pas lui dire qu'il ne partageait pas ses sentiments...
L'image de la Marinette habituelle, souriante, joyeuse et rayonnante s'imposa dans son esprit. Sincèrement, elle avait une place spéciale dans son cœur, sa première amie, la première personne à comprendre qui il était au delà de son apparence et de sa réputation. Alors qu'il était toujours perdu dans ses pensées, la sonnerie retenti annonçant la fin de la matinée. Tous les élèves se pressèrent pour sortir de classe et arriver en tête dans la file d'attente du réfectoire. Passant devant lui, Marinette s'arrêta, semblant hésiter, surtout qu'Alya la pressait de la rejoindre. Saisissant le temps laissé par son hésitation Adrien se lança :

« Tu pourras te libérer vers 13h15 ? On se retrouve à la bibliothèque avant que les cours reprennent »
« OK »

Marinette arriva légèrement en avance au rendez vous. Elle choisit d'attendre Adrien à la table la plus éloignée et la plus en retrait de la bibliothèque. Elle avait accepté d'être rejeté, certes, mais s'il pouvait y avoir le moins de témoins possible, ça l'arrangeait...

Perdue entre ses pensées et son désespoir, elle sursauta quand Adrien arriva et tira la chaise à lui.

« Pardon Marinette, je ne voulais pas te faire peur... »
« Euh.. Non non, ne t'inquiète pas, j'avais la tête ailleurs... »
Marinette s'étonna elle-même... sérieusement? Une phrase sans bafouiller? Il lui aura fallu attendre d'être repoussée pour réussir à lui parler normalement! ... La chance de la coccinelle... hum? Eh bien, ça n'avait pas l'air de fonctionner! Adrien, inconscient du cheminement des pensées de Marinette repris:

« Merci d'être venue... ça va te paraître étrange mais il fallait que je te parle... Sans Alya... »
« Hum, ce n'est rien, je t'écoute. »
« Par rapport à la semaine dernière... »
« ... »
Marinette n'osait rien dire, elle y était, et cette fois il n'y avait pas d'élément perturbateur.

Un lourd silence s'installa. Adrien avait les mains sous la table et malmenait ses pauvres doigts dans tous les sens... Non, définitivement, il n'allait pas y arriver. Pourtant il n'avait aucune excuse! Son amie ne méritait pas de souffrir. Sauf que, quoi qu'il fasse, elle allait souffrir quand même... Il se détestait pour ça. Il lui devait la vérité, mais impossible de la dire, c'est comme si quelque chose en lui retenait ces mots de toutes ses forces.

Adrien releva la tête pour se donner contenance et croisa les grands yeux bleus de Marinette. Depuis combien de temps était-il resté silencieux? Il s'en voulu immédiatement, et se fouetta mentalement. Il fallait qu'il dise quelque chose, il ne pouvait ni faire marche arrière, ni partir sans un mot, ça ne se fait pas. Devant le fait accompli il ouvrit légèrement la bouche.
Marinette était pendue à ses lèvres, attendant l'ultime verdict.

Adrien fut encore plus étonné que Marinette de s'entendre dire d'un trait:

« La semaine dernière, pendant l'attaque d'akuma... on a loupé le cours de Physique/Chime, et je voulais savoir si tu n'avais pas besoin d'aide pour faire les exercices que l'on doit rendre pour vendredi... »

Marinette avait les yeux aussi ronds que des soucoupes. Avait-elle bien entendu? C'était-elle trompée sur les intentions d'Adrien? Avait-il réellement entendu la conversation entre Alya et elle aux WC finalement? Elle sortit de ses pensées en remarquant que le blondinet la dévisageait avec attention.
Le visage d'Alya s'imposa dans son esprit. Si elle était là, elle lui crierait de sauter sur l'occasion.

« Euh... Oui, beaucoup merci, gentil c'est, ... euh, c'est gentil, merci »
Chassez le naturel, il revient au galop...

Légèrement gêné, Adrien se leva et dans un dernier regard vers sa camarade, il lui lança:

« On se retrouve là demain à la fin des cours? J'ai une petite heure de libre avant mon cours d'escrime. »
« Je sais.. Euh, pardon, j'y serais! »
bafouilla Marinette.

Sur ces mots, il parti et la cloche sonna quelques minutes plus tard.
Marinette n'avait pas bougé, c'était les 20 minutes les plus incroyables et les plus étranges de sa vie. Tel un robot, elle se leva et se dépêcha de rejoindre sa salle de cours avant d'être encore noté comme retardataire.

Toujours dans la lune en entrant dans la salle, Marinette s'assit et sorti ses affaires en pilote automatique. Alya, qui l'avait remarqué, ne tenait plus en place:

« Marinette! Alors? Il s'est passé quoi? Il t'a dit quoi? Raconte! »
« Euh... Adrien va m'aider pour les exos de physique... »
« Sérieux? »

Alya n'en revenait pas.

« Et c'est toi, Marinette Dupain-Cheng qui lui a demandé ça? »

Marinette lui lança un regard noir.

« Ah, je me disais aussi que c'était étrange... Il aurait fallu que tu arrives à aligner une phrase cohérente pour pouvoir demander! »
« Alyaaaaaaa »

Marinette soupirait et Alya riait doucement, c'était triste à dire mais la métisse avait raison!

Le reste du cours passa comme dans un rêve pour Marinette qui ne remarqua pas que devant elle, son camarade fulminait devant son manque de courage qui s'était soldée en fuite... Il avait hâte d'être à ce soir pour voir sa Lady, cela le confortera sur ses sentiments et il pourra lui demander conseil...

L'heure du rendez-vous arriva, Chat Noir était assis sur le toit depuis une bonne heure, les yeux perdus dans le vide, regardant sans vraiment la voir la ville de lumière qui s'étalait devant lui.
Dans un énième soupir il se repassa le film de sa journée et plus particulièrement la fin de sa pause de midi...

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que Ladybug venait de se poser délicatement derrière lui. Elle prit d ailleurs un malin plaisir à lui faire peur en s'approchant lentement dans son dos pour lui souffler un « bouh ! » dans le creux de l'oreille. L'effet obtenu était encore meilleur que l'effet es-conté... Chat Noir sursauta violemment essayant de se lever si vite qu'il glissa et s'étala majestueusement aux pieds de l'héroïne.

« Bah alors Chaton, un chat n'est-il pas censé toujours retomber sur ses pattes ? »
« Ah ah ... Je suis sûrement l'exception qui confirme la règle, ma buguinette !»

Lui lançant un regard en travers, Ladybug s'assit non loin de là où était précédemment installé son ami.
Elle repris comme si de rien n'était :

« On a eu une journée plutôt tranquille aujourd'hui, pas d'akumatisé, du calme... ça fait du bien de temps en temps... »
« Parle pour toi... »

Ladybug porta son regard vers son partenaire, il avait repris sa position initiale, assis à ses côtés, face à la ville, le dos voûté, comme s'il portait tous les malheurs du monde.

« Ah... Ça s'est mal passé avec ton amie ? Elle l'a mal prit ? C'est pour son bien, tu as fait ce qu'il fallait Chat... »
« Hum... Justement, je n'ai pas réussi à lui dire... et je m'en veux... »
« Ah... Comment ça se fait ? »
« Ben... Je me suis répété ce que je devais lui dire au moins une centaine de fois devant mon miroir et pourtant, quand je me suis retrouvé face à elle, c'est comme si toute ma motivation et toute ma préparation s'étaient envolées, j'ai perdu mon courage et mes mots. Je ne pouvais pas la faire souffrir, ou plus que ça, je ne voulais pas... Je suis vraiment nul non ? »
« Non, tu n'es pas nul, ce que tu as à faire et quelque chose de délicat et tu en es conscient. C'est une belle qualité Chat. Pour ça, tu as beaucoup de valeur à mes yeux. »
« Merci ma lady, tu m'encourages en disant ça. Il faut vraiment que je lui dise, je suis sûr de mes sentiments. »

Ladybug le regarda avec un regard tendre. Ce côté sérieux et plein d'abnégation de son coéquipier était très agréable à côtoyer, comme quoi, son côté fanfaron cachait bel et bien une profondeur d'âme et une loyauté incroyables. Elle n'en avait jamais douté, mais le voir sans artifice était impressionnant.

A cet instant, son respect et son affection pour Chat Noir augmentaient encore si cela était possible.

Elle fut sortie de ses pensées par Chat qui lui posa une question.

« Ladybug, est-ce que je peux te demander un service ? »
« Oui, bien sûr ! »
« Est-ce que tu pourrais jouer le rôle de mon amie ? Il faut que je m'entraîne plus. Mon problème vient de là, j'en suis sûr. Je manque d'entraînement. »
« Mais tu disais que tu avais répété au moins cent fois devant ton miroir... »
« Oui, mais il était plutôt coopératif, il ne m'a jamais contredit, pas même un miaulement de travers... »

Comprenant où il voulait en venir Ladybug pouffa puis hocha la tête.

« D'accord Chat, je vais jouer le rôle de ton amie. »
« Merci ! Alors... Je me lance ! : ... 'Ladybug, par rapport à ce qui s'est passé'... Raaaaaaaaaah non non non, je n'y arrive pas, c'est encore pire ! »

Chat Noir se prit la tête et frotta vigoureusement ses cheveux dans tous les sens. Ladybug ne comprenait pas :

« Mais tu n'as encore rien dit ! »
« Je sais mais là, je m'adresse à toi, impossible de te rejeter, c'est encore plus dur, c'est même impossible ! »
« Alors utilise un autre prénom, ne m'appelle pas Ladybug et ne me regarde pas dans les yeux, projette une image sur moi. »

Chat Noir releva la tête et croisa le regard confiant de sa partenaire. Plein de gratitude il s'écria :

« Tu as raison, ça peut marcher ! »

Le jeune héros plongeât dans une intense réflexion. Pouvait-il utiliser le prénom de Marinette ? Pour sûr il arriverait bien mieux à se projeter mais Ladybug ne voudrait pas qu'il dévoile quoi que se soit en rapport avec sa réelle identité... Oui mais... Il doit bien exister plus d'une centaine de Marinette différentes à Paris non ?
Ayant pris sa décision, il se tourna vers son amie et après avoir pris une grande inspiration il baissa les yeux et se lança :

« Marinette... »

A l'entente de son prénom, Ladybug se figeât. Depuis quand Chat Noir savait qui elle était ? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions que son coéquipier continua. Avait-il réellement utilisé ce prénom au hasard ?

« Ça va faire une semaine que j'essaye de te parler de ce qui s'est passé aux WC pour filles vendredi... Je suis désolé, mais j'ai tout entendu... »

La jeune héroïne était totalement sous le choc. La théorie d'une utilisation fortuite de son prénom s'éloignait à mesure que Chat Noir parlait...

« Tu sais, quand tu parlais du garçon que tu aimais avec ton amie... Je suis désolé, tu n'avais peut-être pas envie que je sois au courant, mai je ne peux pas faire comme si de rien n'était... »

Ladybug se décomposait. Le prénom, la situation, la date... Trop de coïncidences, elle ne pouvait pas trouver d'autres explications, Adrien et Chat Noir étaient la même personne. Quelle était la probabilité pour qu'une autre Marinette sur Paris ait vécu la même chose qu'elle à la même période ? Elle se sentait faible, très faible. Mais pour le bien de sa santé mentale, il fallait qu'elle se rattache à cette faible probabilité. Il le fallait vraiment. Au moins jusqu'à ce qu'elle quitte son compagnon et qu'elle rejoigne le confort rassurant de sa chambre et qu'elle soit libre de déverser sa tristesse et son angoisse dans son oreiller ou à Tikki. En attendant, elle allait puiser du courage pour faire face dans son alter-ego. Il le fallait.

Chat Noir ne s'était pas rendu compte du combat intérieur que menait sa partenaire et il continua son développement.

« Et comme tu es une amie très chère à mon cœur, je te dois la vérité... Même si je suis un monstre... »
« Tu n'es pas un monstre au contraire »
Ladybug était intervenue malgré elle. Impossible de laisser son partenaire se dénigrer ainsi. « Non seulement tu n'es pas un monstre, mais en plus tu fais preuve de prévenance et d'attention, c'est tout à ton honneur. »

Chat rougit légèrement et remercia la jeune fille d'un regard.

« Merci, mais je pense sincèrement que je suis un monstre, car je ne peux te retourner tes sentiments, je suis éperdument amoureux de Ladybug... » Il regarda intensivement sa partenaire qui avait l'air réellement surprise de la tournure de sa phrase. C'était la première fois qu'il l'avouait aussi clairement, il n'avait jamais caché ses sentiments pour elle, mais cette fois c'était clair, pas de pitrerie ou de fanfaronnade. Il était réellement sérieux. Voyant que Ladybug était mal à l'aise, il se repris avec une de ses pirouettes habituelles :

« Rassure toi ma Lady, ça, je ne lui dirais pas, cela pourrait compromettre mon identité... Je suis désolé de l'avoir dit comme ça, mais j'avais besoin de puiser du courage, cet entraînement est réellement éprouvant pour moi »

Chat Noir était tout penaud devant elle. Ladybug n'était pas mieux, vraiment, cette soirée était trop pour elle. Après quelques minutes de silence, elle se leva et posa sa main sur l'épaule de son coéquipier.

« Chat, tu vas y arriver, ne t'en fait pas, ça sera dur mais elle réagira bien, j'en suis sûre... Je suis désolée, mais je dois y aller »

Sans demander son reste elle lança son yo-yo vers l'immeuble face à eux et s'envola au loin. Elle s'en voulait de prendre ainsi la fuite mais son cerveau n'allait pas tenir, c'était certain.

Elle disparu dans la nuit, laissant Chat Noir face au paysage qu'il avait observé si longuement avant l'arrivée de sa partenaire.

Avait-il été trop direct avec elle? Non, elle connaissait ses sentiments ce qui l'inquiétait plus, c'était le soupçon de tristesse qu'il avait décelé au fond de ses yeux dans le dernier regard qu'elle lui a lancé avant de s'en aller... A quoi cela était-il dû ?

Lentement, il décida de rentrer pour se coucher, même s'il se doutait qu'il ne dormirait pas beaucoup cette nuit. Il avait déjà une boule au ventre en pensant à ce qu'il devait dire demain à Marinette...

Ladybug quant à elle, était arrivée dans sa chambre depuis peu et racontait en détail ses découvertes de la soirée à Tikki en sanglotant...

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