Chapitre 35
Celui-ci n'était pas un squelette, mais un zombie. Alors que le premier cavalier avait comme particularité d'avoir des yeux fous, celui-ci n'en possédait justement pas. À la place, une langue d'une taille surhumaine se balançait au gré des mouvements du cavalier. C'était dégoûtant.
Cette fois-ci, il se dirigea droit sur nous, ce qui nous fit bien plus peur que pour le premier. Malgré ma paralysie temporaire, je lançai à mes amis chasseurs :
-Vous ne servez à rien ici, trouvez ma mère et mon oncle avant qu'il ne soit trop tard.
Graves, ils hochèrent la tête et s'empressèrent de partir.
Le cheval rouge finit par poser ses sabots au sol ; le tonnerre au loin se superposa au bruit de son atterrissage. Son cavalier en descendit et fit tournoyer sa longue épée.
-Jamais personne n'avait réussi à vaincre mon frère.
Sa voix, gutturale, était calme et posée. Il ne semblait pas du tout atteint par la mort de son "frère".
-Est-ce un compliment ?
-Une simple constatation, je ne m'abaisserai pas à ce genre de futilités.
Décidément, ils étaient tous impolis dans cette famille. Nous nous toisâmes silencieusement, ses globes oculaires semblaient me fixer. La magie ne s'explique pas, j'imagine.
Chacun évaluait les capacités de l'autre, et je vis mon adversaire observer avec intérêt le bidon que j'avais en main.
-Sa confiance en lui l'a perdu, je ne ferais pas la même erreur.
Et il se jeta sur moi. Contrairement à son frère, ses coups étaient réfléchis et il ne rechignait pas à me faire du mal. Serrant les dents, je contrai comme je pouvais avec mes dagues. Elles m'étaient apparues instinctivement et cela m'avait très certainement sauvée. Pour un zombie, il était rapide, moi qui espérait me retrouver devant ceux de The Walking Dead.
Son épée était réellement immense et lorsqu'il l'abattait, je n'avais pas d'autre choix que d'esquiver, car j'étais sûre qu'elle couperait mes dagues si elles venaient à se rencontrer frontalement.
Comme avec le premier, nous tournoyons dans la clairière, en une danse mortelle. Je tentai de trouver une faille, mais comme je m'y attendais, mon adversaire était un fin épéiste. Son arme tournoyait comme si elle ne pesait pas plus lourd que mes dagues.
Finalement, l'un trouva la faiblesse de l'autre, et je me retrouvai durement propulsée contre un arbre. Je grognai et tentai de me remettre debout. Cependant, mes membres ne semblèrent pas vouloir m'aider : je restai paralysée alors que le monstre se dirigeait vers moi pour me donner le coup de grâce.
Mais nous avions tous les deux oublié un gros détail : Gabriel et Cérynie attaquèrent le zombie par derrière. Surpris, il n'eut pas le temps de se retourner et contrer les attaques. Ma panthère lui mordit rageusement la jambe alors que l'incube entailla profondément son bras droit.
J'avais beau faire de mon mieux, mon corps était totalement endormi, je ne pouvais rien faire pour aider mes amis qui reculaient face aux assauts violents du monstre. Étant donné qu'il avait un nombre double d'adversaire, il semblerait qu'il doublait sa puissance. Ce fut à cet instant que je compris : je m'étais fait battre alors qu'il s'échauffait. Bien que mon corps soit aux abonnés absents, ma tête tournait à plein régime, et je trouvai mes dagues à quelques mètres de moi, inertes.
Mais plus pour très longtemps.
D'un effort de volonté incroyable, je réussis à les faire léviter à un bon mètre du sol. C'était dur de les garder ainsi en l'air, mais je restai concentrée au maximum. Habituellement, je me contentai de les faire bouger horizontalement. Il ne m'aurait pas fallu beaucoup d'aura pour les amener jusqu'à moi, mais elles m'auraient été inutiles.
Je bougeai mes yeux en même temps que mes dagues. Elles se fichèrent dans le dos de l'être apocalyptique.
Malheureusement, cela ne sembla pas beaucoup le faire souffrir, mais le dérangea suffisamment pour qu'il tourne la tête et tente de retirer l'arme.
Gabriel en profita pour lui couper la tête. Elle tomba, puis roula au sol. Le corps suivit peu de temps après.
Contrairement aux squelettes, les zombies tiennent à leur tête.
Tremblants, nous soupirâmes tous ensemble. Dès que le cheval comprit que son maître était mort, il tenta de remonter rapidement au ciel.
-Hé là !
Gabriel, loin d'être aussi attaché aux animaux que moi, lui coupa également la tête.
Les grondements du ciel s'arrêtèrent immédiatement.
Stupéfaits, nous nous jetâmes un regard. Finalement, ce fut Gabriel qui rompit ce silence en souriant puis en éclatant de rire.
-Putain ! Si c'est aussi simple, je peux me casser !
Le visage que j'affichai devait certainement être inquiet. À nouveau, il me sourit.
-Le cavalier représente les malheurs et leurs destriers, les catastrophes naturelles qui sont déclenchées. En tuant et le monstre, et l'animal, le malheur et le phénomène météorologique se dissipent.
-Tu crois ?
Il haussa les épaules.
-Cela me semble plausible.
Étonnamment, aucun autre cavalier ne nous rejoignit pour une troisième manche. Heureusement, parce que je peinai vraiment à rester debout. Logique, vu que c'était moi qui m'était principalement occupée des monstres...
-Pourquoi ils s'en prennent directement à moi ? J'ai une tête à claque ?!
-Tu es certainement la plus dangereuse d'entre nous.
-Certainement pas.
Le rire cristallin de Cérynie retentit dans ma tête.
-Inconsciemment, tu l'es.
Je soufflai et pris un air d'enfant boudeuse. Il me fallait être décontractée pour ne pas sombrer dans une folie imminente, chose difficile.
D'ailleurs, plus on est de fous, plus on rit.
Des éclairs s'abattirent sur nous et faillirent nous griller au passage.
-N'EN AS-TU PAS MARRE DE JOUER LES HÉROÏNES ?
À quelques mètres de nous se trouvait Zeus. Il avait l'air sincèrement en colère. Au fond de moi, je sentis que ce n'était pas bon du tout.
À mes côtés, Gabriel et Cérynie avaient déjà posé genoux à terre ; ils tremblaient comme une feuille. Dans mon cas, j'étais totalement confuse.
-Je vous demande pardon ?
On aurait dit une mère rabrouant son enfant qui venait de dire une grossièreté. Première gourde, c'était fait. Le visage de Zeus s'empourpra. Un sourire malveillant lui vint. Je me sentais de plus en plus mal.
-Laisse ces cavaliers tranquilles !
Sa voix fut calme, mais mon instinct me sauva à nouveau la vie en me faisant esquiver la foudre que le dieu venait de m'envoyer. Ma politesse s'était envolée en même temps que mes quelques cheveux roussis.
-Putain ! Mais c'est quoi votre problème ?!
-Toi.
Une nouveau vol plané plus tard, je lui répliquai :
-Vraiment ? Qu'ai-je donc fait de si grave ?
Son sourire fut encore plus mauvais.
-Tu es née.
-Mais bordel !
Troisième esquive presque ratée. En plus d'avoir des cheveux en mauvais état, je ne comprenais plus rien. Plus loin, je vis Cérynie et Gabriel, enfin levés, froncer des sourcils. Ils ne semblaient pas plus comprendre que moi.
-Je ne saisis pas, pourquoi vous comporter ainsi avec moi alors qu'il y a à peine quelques jours, vous me suppliez de chercher votre fille ?
Il partit dans un éclat de rire démentiel.
-Je sais parfaitement où elle se trouve, imbécile !
Totalement stupéfaite, je restai immobile face à lui. C'était lui ? Depuis le début ?
Zeus, lui, continua sa tirade :
-Ta mère nous a trahi !
Nouvel éclair.
-Elle a préféré un homme aux dieux !
Un grondement au loin.
-Et regarde ce qu'elle a fait avec !
Il termina sa phrase avec un cri de rage et m'envoya une attaque que je ne pouvais esquiver, puisque j'étais encore en train de me remettre de la dernière.
-THINA !
Gabriel se jeta sur moi et me poussa, me sauvant ainsi d'une mort certaine.
J'entendis derrière moi un petit cri étouffé, puis plus rien.
Horrifiée, je me retournai.
Un corps calciné se trouvait là où je m'étais tenue plus tôt.
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Hey ! Désolée pour le moment d'absence, j'étais en examen ;)
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