Chapitre 26
-Tuez-les !
Hippolyte s'était littéralement transformée en folle furieuse, mais ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus.
J'en comptai cinq ; ils étaient énormes. Leurs yeux rouges vides nous toisaient alors que nous les regardions, pétris de peur. Leurs peaux décrépies, brunes, tombaient dès qu'ils faisaient un mouvement. Leurs lèvres étaient asséchées et leurs joues creuses. Je ne pensai même pas pouvoir gagner face à leurs muscles.
Mais avant que nous puissions faire demi-tour, les portes derrières nous claquèrent et se refermèrent, nous bloquant le passage. Les golems se pressèrent de nous séparer d'Hippolyte et se mirent en position de défense.
Personnellement, j'étais en position "paniquée", mais Gabriel semblait avoir l'habitude de se retrouver devant des monstres de deux mètres cinquante. Il me prit la main et la serra fort, un petit sourire arrogant s'afficha sur son visage.
-Allez Chasseresse ! Fais ton boulot !
Il s'arrêta un instant.
-Peut-être as-tu trop peur ?
Voilà, il m'avait mise au défi, je ne pouvais ne pas répondre.
Me desserrant de sa prise, j'invoquai mes dagues et me tins prête à attaquer. La queue de Gabriel fouetta l'air et il prit un air féroce ; étant comme ça, on n'avait pas envie d'être sa cible.
-Thina...
-Quoi ?
La scène semblait s'être arrêtée afin que nous puissions parler. Ou bien les golems attendaient les ordres de leur maîtresse.
-Tu sais comment on les bute ?
Je tournai la tête vers lui, sidérée.
-Parce que tu sais pas ?!
Il secoua la tête. Son visage reflétait à présent l'inquiétude. Lorsque nous comprîmes que nous étions vraiment dans de beaux draps, nous criâmes :
-MERDE !
Et nous fonçâmes dans le tas, parce que nous n'avions pas d'autres choix.
*******
J'esquivai un poing de la taille de ma tête et tranchai le ventre du golem en face de moi.
Une seconde plus tard, cette blessure qui devait être mortelle s'était régénérée.
-Mais tu fais chier !
Le golem ricana et se jeta sur moi, littéralement. Je failli mourir écrasée, mais mon instinct était plus rapide que ma conscience, je réussi à m'échapper de justesse.
Le monstre atterrit ventre à terre dans un bruit sourd, son dos totalement découvert. J'en profitai pour m'acharner sur sa poitrine, au niveau du cœur. Bien sûr, mes efforts étaient vains, puisqu'il se releva totalement indemne.
Gabriel avait l'air d'être tout aussi énervé. Il s'était emparé d'un balai et en avait cassé le bout. Son arme de fortune parait et attaquait, mais sans grand succès.
Je ne voyais plus Hippolyte et cela m'inquiétait. Même si je ne la connaissais pas, je savais qu'elle était capable de beaucoup de choses pour arriver à son but, mais quel était-il ?
Avant que je ne puisse y penser plus en profondeur, un deuxième golem vint à ma rencontre. Je lui envoyai mon pied en pleine mâchoire et il ouvrit la bouche. Ce que je vis à l'intérieur me stoppa net, ce qui me valu un coup à la tempe qui me laissa confuse.
Il y avait quelque chose dans sa bouche, un papier, mais je ne comprenais plus. Je ne savais plus ce que je devais faire.
Ma tête heurta durement le sol, ma vue se brouilla.
-Thina !
Je les voyais au-dessus de moi. Il m'observaient de leurs yeux rouges. Le premier leva son gros poing, près à l'abattre.
-Gab... Dans la ... Bouche...
Je ne savais pas comment il avait réussi à m'entendre, mais il l'avait fait, ce qui me sauva la vie.
J'entendis un grand fracas derrière moi, puis un coup de vent balaya mes cheveux, me les mettant sur le visage. Je voyais à présent encore moins que précédemment.
On me traîna par la jambe, c'était certainement un golem, car sa poigne me faisait mal. De plus, il ne me ménageait pas.
J'étais comme la poupée d'une gamine de cinq ans qui s'amusait à la balader par le pied.
Je fus projetée contre un mur et sentis mes os se briser. Mais rien ne m'arriva ensuite. J'entendis deux bruits caractéristiques de corps qui tombent, puis un silence total régna. J'eus l'impression que ma respiration sifflante comblait ce silence pesant.
Mais je finis par me calmer, et en entendre une autre.
-Gabriel ?
Je commençai à sombrer dans l'inconscience, mais je luttai, au moins jusqu'à savoir si Gabriel allait bien.
-Gab....t'es... là ?
-Je suis là, Thina.
Sa voix était douce et calme. Je sentais qu'il s'abaissait et il me prit la main. Elle était chaude, tellement chaude, contrairement à la mienne.
-Ils sont .... partis ?
-Je les ai fait partir, Thina, tu n'as plus rien à craindre.
-Bien...
Ses mains se faufilèrent en-dessous de moi et il me souleva, comme une princesse.
-J'aimerais tellement être une princesse.... à la place d'une tueuse...
Il s'arrêta dans ses mouvements. Je ne savais plus ce que je disais à voix haute ou dans ma tête, tout était confus. Et j'avais mal, tellement mal...
-Écoute-moi bien, ma grande. Tu n'es pas une tueuse, mais une sauveuse. Tu m'as sauvé, Thina, et je dois maintenant te rendre la pareille.
-Qu'est ce...
-Nous ne devons pas rester là, Hippolyte finira bien par revenir.
-Gab...
-Oui ?
Je voyais la petite lumière blanche qui grandissait dans mon champ de vision. Elle venait me chercher...pour m'emmener où ? Je ne le savais pas, et ne voulais pas le savoir. Je voulais juste dormir.
-Je suis une sauveuse...pour toi ?
-Et bien plus que ça, à présent.
Je ne compris pas sa dernière phrase, car je me laissai sombrer dans l'inconscience.
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