Chapitre 24

L'amazone qui nous avait parlé se nommait Lampédo, elle était l'une des deux commandantes des armées. La seconde étant sa sœur, Marpésia, que nous rencontrâmes quelques temps plus tard.

Gabriel n'avait toujours pas compris la place qu'avait les hommes dans le monde Amazone. Il continuait de faire le beau, agaçant de plus en plus les femmes.

Nous marchions toutes les trois, Lampédo, Marpésia et moi pour rencontrer leur reine, Hippolyte. Gabriel était, à ma plus grande joie, à l'arrière, totalement ignoré. Je voyais bien que ça ne le plaisait pas du tout de ne pas être intéressant pour autant de femmes. Pauvre incube, il devait être extrêmement frustré.

Quant à moi, j'étais en plein rêve. J'allais rencontrer la fameuse Hippolyte et sa ceinture, qu'avait cherché à s'emparer Héraclès lors de son neuvième travail. Contrairement à ce que disait les mythes, celui-ci avait apparemment échoué, vu que la reine était toujours en vie.

J'entendis Gabriel tenter une énième parole et en eus marre. Je ralentis l'allure et souris aux amazones curieuses.

-Excusez-moi, j'ai quelques choses à expliquer à Gabriel.

Elles prirent toutes deux un air dédaigneux en entendant le nom de l'incube mais acceptèrent ma demande. Je les remerciai et rejoignis Gabriel. Il prit un air soulagé et ouvrit la bouche, prêt à parler. Mais quelle pipelette !

Je ne lui laissai pas le temps d'émettre un son qu'une gifle retentit, résonnant dans le couloir. Toutes s'arrêtèrent et observèrent la scène.

-Non mais t'es con ou tu le fais exprès ! Tu crois qu'il n'y a que des femmes pour quoi ?! Parce qu'elles haïssent les hommes ! C'est seulement parce que t'es avec moi que tu n'es pas encore castré !

Il émit un cri de panique lorsque je lui parlais de la disparition de son organe préféré. Furieuse, je continuai sur ma lancée, mais moins fort, les amazones avaient déjà eu leur scène :

-Ferme ta gueule si tu ne veux pas finir handicapé dans leurs donjons.

Il déglutit mais reprit un air sérieux. Sagement, il acquiesça. Je retournai vers les commandantes qui me regardaient, admiratives. Lampédo me lança :

-Hé bien, je vois que tu sais le tenir en laisse ! Heureusement, je n'aurai pas tenu longtemps avant de lui fermer sa gueule !

Marpésia ricana au commentaire de sa sœur, elle me dit :

-C'est vrai, qu'est ce qu'ils sont chiants, ces incubes ! Donc... si ça te dit de nous rejoindre... On pourra faire abstraction du fait que tu ne sois pas de la famille... Surtout que tu as l'air de savoir te battre !

Elle désigna mes dagues d'un signe de tête, ses yeux pétillaient devant les armes. J'avais décidé de ne pas les faire disparaître devant leurs yeux. Bien qu'elles semblent dignes de confiance, je préférai garder un atout dans ma manche.

J'étais honorée par leur proposition apparemment sérieuse. J'imaginai que cette invitation ne se faisait pas tous les jours, surtout que l'on se connaissait depuis à peine dix minutes. Le truc, c'est que je n'avais pas envie de me couper le sein droit et de vivre coupée des hommes. Ce n'était pas sur le plan sexuel que je disais ça, j'aimais juste passer du temps avec Philip, Joan, Spencer ou Gabriel, bien qu'ils aient tous leurs défauts de garçons.

Je fis donc comme si je n'avais pas compris le sérieux de la question et ris doucement. Nous continuâmes donc notre avancée vers la salle du trône, Gabriel à quelques mètres derrière nous.

La porte d'entrée était aussi majestueuse que celle des incubes. Contrairement à eux, celle-ci ne prouvait pas la richesse matérielle du peuple, mais celle historique. On voyait de nombreuses gravures relatant les aventures des femmes guerrières. Je crus deviner la tentative d'Héraclès de s'emparer de la ceinture d'Hippolyte.

La porte s'ouvrit sans un grincement, présentant une salle plus petite que celle des démons, même si le trône était tout aussi immense. La pièce étaient remplies de statues imposantes et les murs ornés de tapisseries et d'armes anciennes. À côté du trône se trouvait une ceinture dorée ornée d'un immense saphir. J'admirai la femme qui réussissait à la porter.

Cette femme était confortablement installée sur son trône, caressant un énorme boa de sa main. Sa beauté était la somme de celles de Lampédo et de Marpésia, elle était magnifique, et je sentis Gabriel se retenir pour ne pas baver. Ses yeux bleus en amande me scrutait tranquillement. Ses cheveux roux descendait sur une peau dorée mais imparfaite : quelques cicatrices zébraient son corps, ce qui la rendait encore plus attirante. Ses lèvres rouges et pulpeuses bougèrent :

-Enchantée, Thina, demi-déesse. Je suis Hippolyte, reine des Amazones, mais on ne m'a pas dit exactement quel était ton titre.

D'instinct, je posai un genou à terre et baissai la tête pour parler :

-En effet, j'ai préféré rester anonyme devant vos centaines de combattantes.

Je me relevai et la regardai droit dans les yeux, afin de sembler la plus intimidante possible.

-Je pense que vous connaissez mon existence seulement au nom d'un titre. Je suis la Chasseresse, unique fille d'Artémis, enchantée.

Toutes se crispèrent, même la reine. Je vis un esclave masculin lever la tête et observer mes pieds, puis sourire. Hippolyte, elle, n'eus pas l'air aussi enchantée :

-Et que me vaut ta présence ?

Je me tournai vers Gabriel et l'invitai à se mettre à mes côtés. Les lèvres de la reine se crispèrent encore plus.

-J'aide mon ami à découvrir où est partie sa déesse, Aphrodite. Nous avons découvert un tunnel caché qui menait directement du repaire des incubes au votre.

L'amazone fronça des sourcils, posa son serpent sur l'accoudoir et se leva. Déjà qu'elle était grande, elle nous surplombait davantage grâce à la marche menant au trône. Nous n'eûmes pas d'autres choix que de lever la tête.

-Cette pièce vous a-t-elle directement menée à la salle d'entraînement ?

-En effet.

Hippolyte prit un air contrarié et congédia tout le monde, sauf Gabriel et moi. Soudainement exténuée, elle se rassit. Maintenant que tout le monde était parti, elle semblait plus détendue. Dans ses pensées, elle recommença à caresser son animal.

-Que savez-vous sur ce tunnel ?

Gabriel et moi échangeâmes un regard étonné et haussâmes des épaules en cœur. Tentant ma chance, je m'avançai :

-J'ai suivi les mouvements de la déesse dans le repaire des incubes, ils m'ont menée à des souterrains puis dans une pièce sombre et close. D'un coup, un tunnel nous est apparu et nous l'avons emprunté, pour nous mener chez vous.

Hippolyte hocha la tête, comme si elle comprenait.

-Un tunnel vous est apparu certainement parce que vous avez toucher le mur du fond. Grâce à ton sang divin, l'enchantement a cru que tu étais Aphrodite et t'as laissé passée.

Maintenant que j'y pensai, il était vrai que j'avais touché le mur en m'y adossant. Gabriel finit par ne plus se retenir et parla :

-Ouais, mais pourquoi jusqu'à vous ?

L'amazone grinça des dents en entendant la voix mélodieuse de l'incube. Prenant sur elle, elle finit par répondre avec tout de même une haine non-dissimulée dans la voix :

-Ne sais-tu donc rien, incube ? ( Elle se pencha en avant, ses yeux lançaient des éclairs ) Notre dieu est Arès ! Chasseresse, toi qui t'y connais en mythologie ( elle avait craché ce mot, comme si elle ne supportait pas qu'il existe ), quel est le rapport entre notre dieu et celle des incubes ?!

-Ils étaient amants.

Nous avions murmuré ces paroles ensemble, nous rendant compte de notre manque de réflexion. La reine se leva à nouveau, à présent aussi froide que la glace :

-Suivez-moi, je ne suis pas la bonne personne qui répondra à vos questions.

Gabriel ouvrit à nouveau sa bouche :

-Qui est la bonne personne ?

-Arès, évidemment.

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