Chapitre 23

En Média, les dagues.

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Cela faisait un moment déjà que nous marchions dans ce tunnel sombre et inquiétant. Les murs étaient humides et poisseux, il y avait une odeur nauséabonde qui me faisait froncer le nez. Nous entendions les gouttes d'eau tomber, cela rendait une ambiance encore plus étrange car c'était le seul bruit qui comblait le silence avec notre respiration. De la buée s'échappait de nos bouches alors que nous descendions la légère pente. Plus nous avancions, plus il faisait un froid. 

Je frissonnai et me frottai les bras avec mes mains. Bien que je sois habillée assez chaudement, le froid s'infiltrait en moi quel que soit ma couche de vêtements. Gabriel remarqua mon soupir tremblant et enleva sa veste pour me la donner. Je le regardai comme s'il était un monstre.

-Non mais t'es fou ! T'as déjà rien sur le dos !

Il haussa les épaules et m'expliqua :

-Les incubes supportent très bien le froid.

Sceptique, je lui pris sa veste et le remerciai. Mes yeux louchèrent malgré moi vers ses bras musclés. Alors que je jetai de petits regards, je finis par voir une chair de poule s'installer.

-Tu supportes bien le froid, c'est ça ? 

Il me regarda alors que je levai un sourcil interrogateur. Voyant qu'il ne comprenait toujours pas, je lui montrai ses bras d'un signe de tête. Alors qu'il baissai la tête, je lui lançai sa veste.

-Habille-toi avant de geler sur place.

Il grogna mais ne dit rien lorsqu'il remit sa veste. Grâce à mon ouïe un peu plus développée si j'y faisais attention, je l'entendis soupirer de bonheur. Je ricanai.

-Toujours trop de testostérone en vous, les gars.

Il sourit et secoua la tête.

-Ce n'est pas de la testostérone, c'est être gentleman.

-Bien sûr...

Je sentis un courant d'air me frigorifier. S'il y avait du vent, c'est que la sortie n'était pas loin. Soulagée, je pressai le pas, mais Gabriel me retint.

-Tu crois vraiment qu'on va nous accueillir avec joie ?

Ah ouais merde.

-Ok, mais on fait quoi alors ?

Il me jeta un regard lourd de sens et sortit des tonnes d'armes de sa veste qu'il me tendit.

À mon tour de le regarder de haut. Je reculai légèrement et me concentrai. Mes deux magnifiques dagues apparurent dans mes mains. Elles étaient magnifiques, chacune contenant deux lames, doublement redoutables. Je souriais béatement en les renvoyant. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas défoulée.

En voyant mes dagues, Gabriel siffla d'admiration et je vis ses yeux briller.

-Elles sont magnifiques...

-N'est ce pas ?

Je souris et avançai dans le tunnel, Gabriel sur mes talons.

Le courant d'air s'intensifia et je sentis mon cœur battre plus fort. L'adrénaline arrivait et avec elle, la peur. Mais je restai concentrée et avançai vers la lumière, mes deux dagues le long du corps, prête au combat.

Mes yeux furent éblouis pendant un court instant et je les plissai. Une fois la vue revenue, je regardai la salle en face de moi.

C'était exactement comme celle à l'entrée du tunnel. Elle ressemblait à une cave abandonnée, bien qu'illuminée par un énorme lustre qui contrastait avec la pièce. Nous vîmes un escalier monter à la surface et nous l'empruntâmes.

Des bruits nous parvinrent et nous nous crispâmes, prêts au combat. Plus nous montions, plus nous comprenions l'origine de ces sons : c'étaient des armes qui s'entrechoquaient. Notre attention s'accrut davantage.

Nous longions les murs à pas feutrés. J'étais étonnée par la discrétion dont faisait preuve Gabriel, après tout, il n'avait pas eut un entraînement intensif signé Joan. Seule sa queue fouettait l'air, nerveuse ; elle devait certainement traduire le sentiment de l'incube en ce moment même.

L'escalier déboula sur une salle, mais nous ne voyions rien, ainsi collés aux murs. Méfiants, nous jetâmes, ensemble, un coup d'œil à l'extérieur.

Des centaines de femmes se battaient farouchement dans une salle immense. Certaines s'entraînaient à l'épée, d'autres à l'arc. J'en voyais également utiliser des lances et lancer des couteaux. 

La première réaction qu'émit Gabriel fût un discret sifflement d'appréciation devant l'agente féminine. Agacée, je lui envoyai un coup de coude. Il grogna.

-Jalouse ?

Je soufflai et il ricana. Nous reportâmes notre attention sur l'armée présente devant nous et nous nous retrouvâmes juste en face de deux d'entre elles. Ou plutôt, de leurs lances.

-Euh, bonjour, magnifiques demoiselles, je me nomme Gabriel, enchant...

-Ta gueule, l'incube.

Wouah. En plus d'avoir un joli visage qui me rendis légèrement jalouse, elle parlait avec froideur et détachement, comme l'aurait fait un soldat. Gabriel aussi était sous le choc, mais nous n'eûmes pas le temps de faire quoi que ce soit qu'elles nous empoignaient déjà fermement et nous poussaient à l'intérieur de la salle. Les centaines de combats s'arrêtèrent ensemble. Toutes se tournèrent vers nous en silence et nous observèrent. Nous avions été forcés de nous agenouiller devant les combattantes et nous étions à présent en position extrêmement délicate.

Dire que c'était à cause du commentaire de Gabriel.

L'une des guerrières de la foule s'avança. Elle dégageait une aura de surpuissance et je me crispai devant ce danger ambulant. Sa tenue de combat ressemblait légèrement à la mienne mais son corps ne me définissait pas. Elle était grande avec des jambes interminables. Ses cheveux or fouettaient l'air et étaient soigneusement tressés. Elle nous regarda avec dédain et nous dit :

-Qui êtes-vous ?

-Comme je le disais précédemment à ces chères demoiselles..

-Pas toi, l'incube, elle.

Je tournai la tête vers elle. Elle me regardait différemment que le regard qu'elle avait jeté à Gabriel. Ses yeux avaient reflété le dégoût et la haine, alors qu'elle m'observait maintenant avec curiosité et sympathie. Sûrement une solidarité féminine.

-Je m'appelle Thina.

-Quelle est ton espèce ?

C'est Gabriel qui lui répondit :

-C'est une demi-déesse, ma grande, et elle est avec moi ! 

Je jetai un regard noir à l'incube, lui signifiant qu'il n'allait pas m'utiliser pour ce taper une guerrière sanguinaire. Celle-ci prit immédiatement une attitude différente.

-Demi-déesse, hein ? Le jures-tu sur ta déesse à toi, incube ?

-Je le jure sur Aphrodite, elle est demi-déesse.

-Fille de qui ?

Alors que Gabriel se préparait à répondre, je fis part de mon sentiment :

-Ouhou ! Je suis là, autant me parler à moi !

Ils tournèrent tous la tête vers moi, chacun étonné par mon audace. La femme prit un air compatissant.

-C'est vrai, je m'excuse de vous avoir ainsi ignorée.

Ça, c'était fait... Mais je ne me laissais pas humiliée :

-Je veux bien vous répondre, à condition que vous me dites où sommes-nous et qui êtes-vous ?

Elle eût l'air encore plus étonnée. Finalement, elle se mit à rire.

-Te rends-tu compte que tu es agenouillée devant des centaines d'Amazones et ce, en plein milieu de leur repaire ?

Se mettre dans la merde jusqu'au cou, c'était tout moi.


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