Chapitre 15

Éris, Arès, Éris, Arès. Ils n'ont aucun lien avec les humains, à part leur faire chier.

Je me prenais la tête entre les mains et tentai de réfléchir, mais l'appel du sommeil devenait insupportable. Cela faisait 24 heures que j'étais debout, en y ajoutant ma dépense d'aura suite à mon entrainement avec Joan et mes efforts intellectuels.

Abandonnant, je me dirigeai d'un pas maladroit vers mon lit, toujours habillée. Ce n'était pas grave, je changerai demain.

Je m'écroulai donc et tombai dans un sommeil réparateur quand je sentis quelque chose de froid et visqueux me caresser la cheville. N'y prêtant pas attention, je tentai de m'endormir mais cette chose finit par s'agripper à ma jambe et à la serrer. J'imaginai facilement le bleu qui allait me dire bonjour le lendemain. N'y pouvant plus de cette pseudo-hallucination, je me redressai et rabattis les couvertures, pour découvrir une dizaine de serpents siffler à mes pieds.

-C'est quoi ce bordel ?!

Je tentai de les arracher à ma prise, mais ils revenaient toujours à la charge,. Leurs langues sifflantes m'agressaient les nerfs. 

Mon arc et mes flèches étaient de l'autre côté de la chambre et ce serait tout simplement un miracle si je réussissais à toucher une seule de ces bêtes : je n'en avais jamais vu d'aussi rapide. Il ne restait plus qu'à invoquer ma dague. Le truc, c'est que je n'étais pas sûre de posséder encore assez d'aura pour matérialiser mon arme. Je commençai sérieusement à paniquer. Je n'avais, d'ordinaire, rien contre ces petites bêtes, principalement parce que toutes les fois où je les observais, elles étaient de l'autre côté d'une vitre. Sauf que là, elles coupaient ma circulation en se serrant autour de moi, et je commençai à avoir des problèmes pour rester éveillée.

-Gentilles fi-filles, Maman est tellement contente !

J'entendis des bruits de pas se rapprocher de mon lit, mais j'étais presque totalement immobilisée par cette dizaine de serpents qui était devenue, en l'espace de quelques minutes, une centaine. Une ombre se dessina sur les murs et je fus horrifiée : ses cheveux bougeaient et sifflaient, tels des serpents.

Je m'arrêtai de me débattre. Et ce que je compris fut encore plus terrifiant.

Méduse.

La seule des Gorgones à être mortelle, mais elle restait la plus redoutable grâce à ses serpents et ses yeux pétrifiants. On était littéralement médusés lorsqu'on la regardait. Merde, moi qui croyait échapper aux monstres déjà morts. Non, ils ont ressuscité juste pour moi, trop mignon.

Persée, t'aurait carrément dû brûler son corps et jeter les cendres dans la mer, t'aurait au moins pu faire ça pour moi.

Méduse se rapprocha tranquillement tandis que ses serpents sifflaient à ma vue. J'eus tout juste le temps de détourner les yeux lorsque j'aperçus enfin ses serpents et le reste de son visage. Je tenais à ma peau lisse et sans failles, merci bien. Lorsqu'elle comprit mon détournement de regard, Méduse ricana. Sa voix, sifflante, m'agressai les oreilles.

-Elle est maligne, la petite Chasseresse, mais légèrement vulnérable. Tu es sûre de ne pas vouloir voir mes magnifiques yeux ?

Elle se rapprocha davantage de moi et je sentis l'odeur putride de sa chevelure, cela me donnait vraiment envie de rejeter tout ce que j'avais manger pendant la journée. L'odeur était tellement écœurante que je ne me retins pas et fermai les yeux :

-Tu sais que tu schlingue ?

J'entendis immédiatement ses serpents siffler. Peut-être Méduse sifflait-elle en même temps, mais je ne préférai pas vérifier. Il fallait absolument que je sorte de là, parce que ces serpents me serraient vachement bien et je commençai sérieusement à ne plus savoir réfléchir correctement. Je n'étais plus capable de me battre, je devais avoir l'aide de quelqu'un.

Je serai toujours là pour te protéger, autant physiquement que mentalement.

CERYNIE !

Une chaude lumière apparut soudain juste au-dessus de ma tête, comme si Cérynie s'en éjectait, ce qui était sûrement le cas. J'entendis la Gorgone crier et elle recula, éblouie par cette soudaine lumière. Ayant déjà les yeux fermés, je n'eus pas ce problème, et lorsque je sentis les serpents me relâcher, eux aussi atteints par cette lumière franchement éblouissante, je n'attendis pas une seconde et sautai sur mes pieds. 

Un rugissement se fit entendre et je souris en reconnaissant Cérynie. Je n'attendis pas et me retournai pour aller chercher un petit miroir et mes armes. J'étais au milieu de mon salon lorsque j'entendis Méduse hurler de douleur. J'imaginai Cérynie la mordre et la griffer avec haine. 

-Tu me le paieras, salope !

Et puis plus rien. Je n'entendis qu'un grand fracas et le silence redevint maître. Je pris le risque de me retourner et je ne vis que ma panthère boitillait vers moi, la gueule pleine de sang. Elle essayait tant bien que mal de le recracher, mais ça ne devait pas être facile pour un animal. Je me précipitai vers elle avec une bouteille d'eau et la lui versait dans la gueule, lui facilitant la tâche. Elle secoua la tête et je fus aspergée d'eau rouge, mais ce n'était pas mon principal souci en ce moment.

-Elle partie ?

Cérynie se contenta de hocher la tête, sûrement trop épuisée pour me dire quoi que ce soit. Soulagée, mes mouvements étaient moins pressés et donc plus précis. Je me permis de me pencher sur la blessure de Cérynie, au niveau du genou de sa jambe avant droite. Des dizaines de petites morsures profondes la parsemaient . J'effleurai la blessure et entendis Cérynie grogner de douleur. Je levai la tête, paniquée, pour voir ses magnifiques yeux verts.

-Que dois-je faire ? Merde, Cérynie, c'est sûrement empoisonné !

-Ça l'est, mais je guérirai.

-Tu guériras avec une blessure pareille ? Mais tu es crevée ! Tu n'as sûrement pus d'énergie pour faire ça !

Elle hocha tranquillement la tête, comme si ce n'était pas un problème.

-Je dois me reposer dans le monde réel, une fois que je serai plus en forme, ma blessure cicatrisera et je pourrai rentrer dans ta tête.

-Merci.

Elle me regarda comme si j'étais devenue folle. C'était marrant de pouvoir deviner les pensées d'une panthère à travers ses yeux. Voyant qu'elle ne comprenait pas, j'approfondis mon explication :

-Merci de m'avoir sauvée.

Ses yeux se plissèrent comme le font les chats lorsqu'ils sont contents et elle me lécha une grande partie du visage. J'éclatai de rire et lui caressai tendrement la tête. Finalement, je l'aidai à s'installer sur mon canapé et bandai sa blessure, malgré ses protestations. Épuisée, je m'assis sur le fauteuil d'en face et fermai les yeux. Encore une tentative de meurtre. Je commençai à avoir raison d'être paranoïaque

-Ta maison n'est plus sûre, tous savent où tu habites.

Je hochai la tête, arrivant à la même conclusion.

-Je veux bien me séparer de mon appartement, mais pour aller où ? Le QG n'est pas muni de chambres pour ses chasseurs et loin de moi l'envie de rejoindre Joan et sa pute.

Cérynie grogna de rire et s'étira un peu plus sur mon canapé, posant sa grosse tête noire sur l'accoudoir.

-J'ai une cachette parfaite pour toi, sauf si tu n'aimes pas les grottes.

Je haussai un sourcil, un sourire naissant sur le visage.

-J'adorerai vivre dans une grotte.

Nous nous sourîmes et fermâmes les yeux, tentant de nous reposer du mieux que nous le pouvions. Au bout d'un certain temps, j'entendis la respiration de Cérynie se faire plus lente et elle ronfla légèrement. Personnellement, je ne pouvais pas dormir.

Si les monstres déjà morts peuvent également s'attaquer à moi, je n'ai plus beaucoup de chances.

Et c'est sur ces pensées négatives que je m'endormis dans un sommeil composé de dragons, de momies et de démons.


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