Chapitre 14
-Bien, maintenant étends ton aura.
Je fît ce que Joan me demandai, et le réussis avec brio. Une sorte de brume m'enveloppait, énergie de mon corps. Joan acquiesça pour me féliciter et je m'arrêtai, à présent à bout de souffle. Alors que je me penchai et posai les mains sur mes genoux, tentative vaine pour trouver de l'air, il stoppa lui aussi son extériorisation d'aura.
-C'est tout pour aujourd'hui. Je t'ai appris les bases et je ne peux rien faire de plus, c'est à toi de t'entraîner et de développer ton pouvoir. Plus tard, on se penchera sur ta spécification et sur l'étendue de tes possibilités en tant que magicienne. Maintenant ( il se dirigea vers la sortie, m'incitant à le suivre ), nous allons chercher un moyen de stopper cet apocalypse.
-Où vas-tu ? ( Je le suivis à contre-cœur )
-À la bibliothèque. On a certainement une chance de trouver un indice là-bas.
Elle était tout simplement immense. Les étagères atteignaient le plafond haut de 5 mètres et s'étendaient à perte de vue. D'énormes échelles atteignaient leurs sommets et glissaient tranquillement lorsqu'un lecteur souhaitait lire un ouvrage. Il y en avait des milliers, certains vieux et poussiéreux concernant des histoires oubliées et d'autres totalement neufs nous expliquant des phénomènes scientifiques. Il y en avait pour tout les goûts et, pour moi, c'était synonyme de paradis. Les yeux pleins d'étoiles, je suivis Joan se diriger vers un rayon, sûr de lui. Nous arrivâmes à celui intitulé " monstres ". Je comptai des centaines d'ouvrages pour seulement ce rayon et j'écarquillai de grands yeux lorsque je vis Joan prendre les dix premiers et les poser sur une table quelques mètres plus loin. Il s'assit tranquillement et ouvrit le livre, déjà plongé dans son histoire.
-On...on va devoir tout lire ?!
Il haussa les épaules sans même me jeter un regard. Je compris qu'il avait accepté le fait qu'on avait plus rien à faire ensemble. Je ne souhaitai pas l'avouer, mais je fus tout de même triste de savoir que je ne tenais pas autant à lui que ce qu'il m'avait dit.
-Faut bien commencer quelque part, tu as une meilleure idée ?
Résignée, je pris également des livres et m'assit à ses côtés. La table était assez grande pour que chacun puisse étaler ses livres et prendre des notes. Nous lûmes pendant plusieurs heures dans un silence absolu. Je lui jetai de temps en temps quelques coups d'œil mais Joan était sans arrêt "passionné" par sa lecture. Je sentais bien que ce silence n'était pas tranquille et que l'air semblait lourd. Étonnamment, nous n'étions en rien fatigués par ces heures de travail acharnés mais nos efforts nous avaient l'air terriblement vains. Énervée, je claquai mon dernier livre de la pile violemment.
-Ça nous prendra trop de temps ! N'y a-t-il pas un moyen plus efficace ?
Joan releva enfin la tête, les yeux rouges à cause de sa lecture forcée. Il haussa ses sourcils et me regarda, posant son livre pour se concentrer sur moi.
-Une idée ?
-Je sais pas, bordel ! C'est pour ça que je te demande !
Il fronça des sourcils et se pencha sur mes notes.
-Ravana, Seth, Satan, Loki... C'est vrai que c'est assez diversifié. Il y a tellement de chefs différents. On coupe une tête, mais il en repousserait deux autres. Pareil à L'Hydre !
Je m'arrêtai de faire les cents pas. Coupe la tête.
-Et si on se contentait de couper celle qui est immortelle ?
-De quoi parles-tu ?
-L'Hydre de Lerne possède de nombreuses têtes , mais l'une d'entre-elles est immortelle. Si on la coupe et l'enterre, comme l'a fait Héraclès, le reste se contentera de tomber en morceau, puisqu'ils ne sont plus guidés par leur guide.
-Il nous faut donc un chef intelligent et extrêmement manipulateur...
-Exact ! Et qui est le plus fourbe de tous ?
Les yeux de Joan brillèrent.
-Loki.
Dieu de la discorde et de la fourberie du mythe nordique, Loki était censé être le dieu qui provoquera le Ragnarök en tuant celui qui était aimé de tous, Baldr. Je sautai au plafond devant l'évidence. Puis je m'arrêtai, me rendant soudainement compte de mon ignorance de la vérité.
-Euh... Il existe, au moins ?
-Elle. Loki n'était qu'un dieu rendu masculin afin de flatter l'ego des hommes vikings. Le véritable Loki s'appelle Éris.
Éris. Celle qui avait lancé la pomme de la discorde et qui, finalement, avait été la source de la plus grande guerre mythologique, celle de Troie. Je parvins facilement à l'imaginer aussi cruelle que l'était Loki. Je hochai donc la tête suite à cette évidence dans l'évidence. C'était tellement frustrant de se dire qu'on avait passé des heures à lire, à chercher un mini-indice dans des histoires totalement inconnues pour finalement trouver notre réponse devant l'un des plus grands mythes.
-Et... comment on la trouve, notre Éris ?
Joan fit une grimace qui m'informa immédiatement d'un problème. Évidemment, rien n'était facile dans cette histoire.
-Le truc, c'est qu'elle a disparu après la guerre de Troie. Elle se doutait bien qu'elle allait subir des représailles et a quitté l'Olympe.
Je ne pris pas le temps d'y penser plus longtemps et partis vers les principaux couloirs, à la recherche de la section "Dieu grecs". Je finis par voir l'inscription sur une pancarte au fond du couloir. C'était limite si je ne me prenais pas les étagères au tournant tellement j'étais impatiente de trouver des réponses.
Je cambriolai les livres sur notre cible et m'assit à la première table passante, déjà occupée mais je m'en foutais et ouvris mon livre. Le garçon assit à côté de moi s'était arrêté de lire son ouvrage et me regardait, surpris.
-T'inquiète mec, j'avais juste besoin d'une table et d'une chaise. Si t'es pas content va ailleurs.
Surpris mais malin, il se leva et percuta Joan qui venait de me rejoindre, essoufflé. Il s'excusa et marcha rapidement vers une table plus éloignée, ses coups d'œil destinés à ma personne.
Joan s'écroula sur le siège de son ancien occupant et prit de grandes goulées d'air, à bout de souffle.
-Putain, t'es rapide !
Je ne pris même pas la peine de relever la tête, à la recherche d'un quelconque indice m'indiquant la cachette d'Éris.
-Je suis pressée.
-Ouais, mais je n'ai même pas eu le temps de te voir partir ! C'est seulement parce que j'ai deviné que j'ai su où t'étais.
Finalement, je lui jetai un petit coup d'œil. Rien n'indiquait qu'il avait sprinté sur une centaine de mètre, ses cheveux noirs toujours soigneusement bataillés. Je pouvais tout de même voir ses muscles plus saillants à cause de ses efforts sous son t-shirt. Je me giflai mentalement et reportai mon attention sur mon livre, qui était beaucoup intéressant, je devais me m'en convaincre.
-Ma mère est divine, tu te souviens ? Alors maintenant tais-toi et lis.
Ma réponse avait été claire et sèche. La tension était revenue s'installer entre-nous. Mais cette fois-ci, Joan ne laissa pas passer :
-T'es jalouse ?
Je relevai la tête et haussai un sourcil, le visage aussi neutre que possible. Un petit sourire, froid lui aussi, apparut sur mon visage.
-C'était un bon coup au moins ?
Ses yeux s'agrandirent sous le choc, mais il se reprit rapidement et je vis une veine palpiter à son cou sous l'effet de la colère. Mais c'est avec une voix calme qu'il me répondit :
-Tu n'as pas répondu à ma question.
-Toi non plus.
Nous fîmes un combat visuel et je le vis hésiter entre s'excuser et me dire qu'il s'en foutait. Finalement, il s'emporta et détourna ses yeux :
-Qu'est ce qui te fait si j'ai une copine, hein ? J'ai quand même le droit à l'amour, merde ! ( Il prit quelques livres de ma pile sur Éris et les mit dans son sac ) Sur ce, je vais allez voir si Sunshine se porte bien, parce que je m'inquiète pour elle et que je l'aime.
Il se détourna et marcha à grands pas vers la sortie de la bibliothèque. Son allure laissait totalement deviner sa colère et les quelques personnes qui s'aventuraient dans les couloirs s'évitèrent pour le laisser passer.
Sunshine.
Bien sûr qu'il avait le droit d'avoir une copine, je ne m'étais juste pas attendue à ce que ce soit elle qui prenne ce rôle. De ce que j'avais vu, elle avait le corps d'une déesse. La déesse de sexe. Je grommelai malgré moi et replongeai dans mes livres. Éris était, malheureusement pour moi, une déesse très délaissée. Tout ce qui était écrit d'elle parlait de son possible lien de parenté avec Arès et de son implication indirecte dans la guerre de Troie. Je cherchai donc quelques ouvrages sur son frère, peut-être s'était-il chargé de la cacher lors de sa fuite. Mais je ne voyais toujours pas un endroit possible pour être une cachette. Logiquement, Éris partirait là où les dieux ne pourraient pas la retrouver, soit les Enfers, soit le monde humain. Il me semblait impossible de se cacher juste sous les yeux d'Hadès, qui était tout de même le frère de Zeus. J'optai pour une cachette sur Terre. Oui, mais où ?
-Mademoiselle ?
-Mmh ?
Je relevai la tête, les yeux certainement rouges suite à ma lecture prolongée. Un jeune homme aux cheveux noirs et de grande taille se tenait devant moi. Gêné, il m'indiqua la sortie.
-Nous allons fermer, il est 22 heures.
Déjà ? Mince, j'avais été plongée dans mes bouquins et n'avait pas vu le temps passer. Je rassemblai mes livres et me levai. Ce n'était pas grave, j'allais continuer à la maison.
-Puis-je vous emprunter ces livres ?
Il jeta un coup d'oeil à ma tonne de livres et ricana.
-Bien sûr, tant que vous les ramenez.
J'acquiesçai et me précipitai dehors, me dirigant vers ma maison.
J'avais des tonnes de devoirs à faire, et je ne voulais pas manquer un instant.
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