Chapitre 12

Joan se tenait devant moi, son torse nu dégoulinant de sueur. Ses muscles roulaient sous les efforts qu'il produisait : se battre contre moi.

Il avait insisté auprès de son grand-père pour se charger de mon entraînement, insistant sur le fait qu'il était le seul à connaître mes vraies capacités. Son chef accepta, et nous voilà tous les deux dans la salle d'entraînement, chacun dégoulinant de sueur, très sexy. J'étais fière de lui donner un peu de fil à retordre, mais Joan restait plus fort, physiquement et techniquement.

Il se jeta sur moi alors que j'étais toujours en train de reprendre mon souffle. Prise par surprise, je tentai, en vain, de l'esquiver. Il attrapa ma cheville et je rencontrai mon vieil ami le sol, tête la première. Je sentis un liquide chaud descendre de mon nez, mais je n'eus toujours pas le temps d'y prêter attention, Joan me tirait vers lui, un petit sourire victorieux sur le visage. Je ne voulais pas me laisser faire, bien qu'être plus proche de Joan m'attirait. Je tournai donc sur moi-même, m'arrachant de sa prise et sautai sur mes pieds, prête, en position de défense. Joan sourit, fier.

-Je n'en attendais pas moins que ça.

Et il fonça à nouveau sur moi. Cette fois-ci, j'étais prête et je réceptionnai son poing, le faisant valser par-dessus ma tête. Il n'eus pas le temps de se rattraper, et il percuta durement le sol, ce qui lui arracha un grognement. Je lui tirai la langue comme une gamine, accompagné d'une petite danse de la joie. À peine eus-je le temps de voir Joan sourire qu'il attrapa à nouveau ma cheville, me faisant tomber sur le derrière. Sonnée, je le laissai me dominer, ses genoux de part et d'autre de mes hanches. J'étais couchée, et lui, agenouillé sur moi. Son petit sourire me fit rire et je lui envoyai violemment mon genoux dans son entre-jambe. Il cria et se replia, tombant à côté de moi, ses yeux reflétant une douleur qui me fit légèrement culpabiliser. Je me penchai sur lui, inquiète, mais également ravie d'avoir su inverser la situation.

-Ça va ? 

Il grogna puis hocha la tête.

-Je n'aurai pas dû sous-estimer ton instinct féminin.

Je ricanai.

-Quand un mec t'emmerde, un coup dans les couilles, et c'est bon !

Il sourit et je l'aidai à se relever. Nous nous mîmes d'accord pour faire une pause, nous dirigeant vers la cafétéria. Je me pris un soda et Joan prit une eau pétillante, ne supportant pas le "chimique" présent dans ces boissons. Nous étions en train de débattre au sujet de la quantité d'édulcorants présents dans ma boisson lorsque nous nous posâmes à la table des amis de Joan : Carole et Spencer m'accueillirent avec un grand sourire. Je demandai où se trouvait Victor, me rappelant du jeune poupin qui nous avions vu précédemment. Carole me répondit qu'il était parti en cours de biologie. Je haussai des sourcils, intéressée. 

-Vous avez des cours de bio ?!

Spencer hocha la tête, reposant son verre.

-Afin de savoir les organes les plus vulnérables de chaque monstre et leurs faiblesses.

Ah ouais, j'avais pas les mêmes cours, avant.

Voyant ma tête, Joan s'esclaffa et posa une main sur mon épaule.

-Nous sommes entraînés depuis que l'on tient sur nos pieds, ce n'est pas aussi dangereux que ça, vu qu'on est bien préparés, me fit-il accompagné d'un clin d'œil.

Je lui souris gentillement et nous parlâmes de leurs "cours". De ce que j'avais compris, ils avaient cours d'histoire - de mythologie, pour le commun des mortels -, de biologie, de grec et de latin ainsi que des entraînements à mains nues, aux épées, à l'arc ou à d'autres armes de prédilection ainsi que des lancers de poignards. J'écoutai les explications de mes trois amis - dont un, plus qu'ami - avec avidité, voulant toujours en savoir plus sur le monde des chasseurs.

-Moi aussi, je vais devoir apprendre tout ça ?

Joan secoua la tête, je lançai un soupir qui le fit rigoler.

-Vu que tu sais presque autant de choses que nous sur l'histoire, nous allons nous contenter de t'entraîner au combat.

-Faut bien passer par là, soupirai-je.

Carole me tapota l'épaule en signe d'encouragement. Mais Joan n'avait pas cela au programme pour aujourd'hui.

-Pas maintenant, vaut mieux que tu rentres, ton père doit être inquiet, cela fait déjà quelques jours que tu es là et il doit s'inquiéter.

Je grimaçai mais Joan ne parut pas s'en rendre compte. J'acquiesçai alors tout simplement et il me raccompagna jusqu'à mon appartement.

****

-Tu veux bien ouvrir la porte pour moi ? lui demandai-je, me réfugiant derrière lui. J'avais vraiment pris la mauvaise habitude de ne pas être très bien accueillie à mon retour.

Joan éclata de rire, mais ouvrit tout de même la porte et je rentrai à l'intérieur. Bien, aucuns zombies, aucuns démons et aucuns dragons. Suffisait d'aller  vérifier s'il n'y avait pas non plus trop de poussière après mes longs jours d'absence. Je soufflai en pensant à tout le ménage que je vais devoir faire. 

-C'est moi ou ton père est tout le temps en train de travailler ? 

Je grimaçai à nouveau et cette fois-ci Joan ne le manqua pas. 

-Quoi ? Il est en voyage d'affaire ?

Je secouai la tête, sentant mes yeux s'humidifier. Je ne voulais pas parler d'une mort aussi traumatisante pour moi, et je ne voulais que personne ne le sache. Mais je n'allais pas non plus mentir à Joan, pas à celui qui m'a dit et raconté tellement de choses qui m'ont aidé à comprendre qui j'étais.

-Il est mort, Joan.

Je tentai de me calmer et m'assis sur le canapé, soudainement épuisée et nostalgique. Ce bon vieux temps où mon père me racontait l'incroyable force d'Héraclès ou le génie d'Ulysse. J'avais à chaque fois des étoiles dans les yeux et je lui demandai toujours de m'en raconter une autre. J'étais tellement insistante qu'il nous était déjà arrivé de nous disputer parce que je ne voulais pas dormir. Mais nous ne pouvions plus nous disputer, ni même rire aux éclats ensemble, c'était fini.

Je ne l'avais pas remarqué, mais Joan se tenait assis à mes côtés, en soutien silencieux. Lorsqu'il vit que j'avais réussi à dompter mes souvenirs, il me dit, très sérieusement :

-Je suis vraiment désolé, Thina. Je ne savais pas...Tellement désolé...Vraiment...Comment puis-je me faire pardonner ? Je déteste te voir triste.

Je le regardai dans les yeux et les siens, d'un vert profond, me répondirent avec inquiétude et tendresse. Je voulais tout simplement qu'il les ferme en m'embrassant. Il eut l'air d'avoir compris le message, parce qu'il se pencha doucement vers mes lèvres, les regardant avec avidité. Il se tourna vers moi, hésitant, mais je ne lui laissai pas le temps d'y réfléchir plus longtemps : je lui pris la nuque et l'amenai vers moi. Nos lèvres se rencontrèrent et ce fut le déclic.

Joan n'avait plus rien de doux, il me dévorait la bouche passionnément, et j'avoue avoir fait de même. Lorsque j'ouvris la bouche pour murmurer son prénom, sa langue s'y immisça et rencontra la mienne. je gémis et raffermi ma prise sur sa nuque. Mais Joan s'écarta, et un petit cri m'échappa, j'en demandai encore, ce n'était pas assez.  

Dans une tentative désespérée de le ramener près de moi, je me rapprochai, les yeux implorants. Joan sourit mais me tint les mains, n'empêchant d'aller plus loin. Je m'arrêtai donc, les yeux ronds, curieuse de savoir la raison pour laquelle il ne voulait pas continuer. Lorsqu'il comprit que je n'irai pas plus loin, il me lâcha puis se gratta la nuque, embêté.

-On ne peut pas, Thina. Tu es la fille la plus incroyable que je connaisse et je t'apprécie beaucoup, mais tu es la Chasseresse, et je ne veux que ton bien.

-Si tu veux mon bien, embrasse-moi, bêta !

Il éclata de rire et me caressa doucement la joue.

-C'est plus compliqué que ça, Chasseresse. Comme ta mère, tu es destinée à la chasteté. Je ne sais pas ce qui arriverait si tu décides d'ignorer ton destin, mais je ne veux rien risquer, pour toi.

Et il partit. Sans un regard en arrière, sans un au revoir, il ferma calmement la porte et me laissa juste derrière. J'essayai tant bien que mal de comprendre, mais je n'y arrivait pas. Je touchai ma lèvre au souvenir du baiser fougueux de Joan. Mon Joan. 

Mais d'abord, j'avais des choses à dire à ma très chère mère.

-Tu va m'entendre, parce que t'es aussi chiante que ta fille...


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