Chapitre 8 : Thimoté
A bout de force, je laissais ma tête retomber contre le sol froid et tâché de sang. Je fermais les yeux, mais presque aussitôt, je sentis quelqu'un me saisir la mâchoire, et m'ouvrir légèrement la bouche. J'entrouvrais les yeux pour voir Rosa me glisser une sorte de bonbon sur la langue. Celui-ci, au contact de ma salive, se mit à pétiller, et à former une sorte mousse. Je compris aussitôt ce que c'était, et la fusillait du regard, mécontent. Presque instantanément, ce fut comme si une énergie nouvelle traversait mes veines. J'eu l'impression de me réveiller d'un siècle de sommeil, en pleine forme. Et c'était normal. Cette pastille était le fruit d'une expérience du Roi sorcier. En effet, après avoir su que son petit élixir avait parfaitement marché, il avait tenté d'en faire, sous des tas d'autres formes. Et celle-ci était la plus aboutie pour le moment. Hors, elle était encore plus fatigante et longue à faire, car il devait passer par plusieurs étapes. Aussi nous ne devions l'utiliser qu'en cas d'urgence. Je me redressais, et me postait aux côtés des autres. Julie soutenait Gabriel autant qu'elle le pouvait. Les Anciens regardaient par la fenêtre brisée, tout comme les autres vampires. Sauf un, un Ancien qui me fixait intensément. Ses yeux rouges semblaient me sonder de haut en bas. Et brillaient d'une manière malsaine. Tellement qu'un long frisson d'appréhension me remonta le long du dos.
-Tanya, conduit nos invités à leurs chambres. Commença l'un.
Elle acquiesça, et se dirigea vers la porte. On échangea tous un regard, et l'on décida finalement de la suivre.
-Il y en a un avec qui je tiens à m'entretenir. Coupa l'Ancien, celui qui m'avait mit mal à l'aise avec son regard.
Je me stoppais net dans mes mouvements.
-Dan ?
-Ah, on dirait qu'il s'est reconnu. Mais tout compte fait je vais vous laisser un peu de répit. Je vous ferais appeler plus tard dans la soirée. Conclut-il.
Sans demander mon reste, je m'élançais à la suite de Tanya, et tous suivirent. Je sentais leurs regards interrogateurs dans mon dos.
-A quoi penses-tu Nataël ? Demanda l'un des Ancien.
La porte claqua, m'empêchant d'en entendre plus. Et j'étais prêt à parier, que c'était volontaire.
Dans une ambiance très tendue, on se dirigea dans le bâtiment. On croisa plusieurs vampires, tendus comme pas possible, certains se mordant les lèvres, d'autres victimes de tic. Finalement, on s'arrêta dans un couloir.
-Vous n'avez que deux chambres, mais elles sont très grandes. Et quand à ce gamin inutile...Commença-t-elle en ouvrant la mâchoire, comme prête à lui sauter dessus.
-Si jamais tu touches à un seul de ses cheveux ta tête se détachera de ton corps. Lâchais-je froidement.
Elle lâcha un rire, ne me croyant certainement pas. Je la fusillais du regard.
-Tu dois avoir oublié le destin tragique qu'à eu ton ancien copain, tu sais à qui j'ai transpercé le cœur.
Elle dut revoir la scène dans sa tête, puisqu'elle déglutit.
-Ne fais pas trop le malin. Les Anciens n'aiment pas qu'on touche à leurs enfants...Tenta-t-elle.
-Quelque chose me dit qu'une en moins, ils ne s'en apercevraient même pas.
Elle se retourna, pour finalement s'éloigner dans le couloir. Je rentrais dans la chambre attribuée aux garçons, où étaient déjà rentrés mes amis. Puis une fois à l'intérieur je lâchais un soupir.
-Je ne te savais pas aussi cruel. Déclara Jean.
-Je ne le suis pas. Mais la peur est le meilleur anti-vampire.
-Euh, Dan ? Je n'ai pas eu le temps de te le dire tout à l'heure, mais...Cet enfant est désormais...
-Je sais.
-Il est quoi ? Reprit Gabriel.
-C'est un vampire.
-Sérieux ? Je ne savais pas que ça existait les enfants vampires.
-Moi non plus. Grimaçais-je.
Je le réveillais doucement, avant de le poser à terre. Il se frotta les yeux, avant de s'accrocher d'une main à ma cape.
-Tu vas me laisser tout seul ? Demanda-t-il d'une petite voix encore remplie de sommeil.
-Et bien je...
-Tu ne m'aimes plus ? Reprit-il en commençant à renifler, alors que des larmes commencèrent à perler autour de ses yeux.
Puis finalement il tendit ses deux bras vers moi, et je fus obligé de le reprendre dans mes bras, pour éviter qu'il ne pique une crise et me casse les tympans avec des cris aigu. Il s'accrocha à mon cou comme un koala à sa branche.
-Ne m'aidez pas les gars surtout.
-C'est toi le grand frère.
-Et si tu commençais par le laver ? Il est dégeu, comme toi. Déclara Gabriel, avec autant de classe que d'habitude.
Je levais les yeux au ciel, avant de fouiller dans mon sac, pour prendre des habits de rechange.
-Et je l'habille comment ?
On toqua à la porte à ce moment là. La personne n'attendit pas que l'on réplique pour entrer. C'était un vampire à l'air blasé, qui transportait une grande pile de vêtements.
-Des cadeaux de nos généreux Seigneurs. Ce sont des vêtements à votre taille, y comprit pour l'enfant. Déclara-t-il avec lassitude, avant de poser les vêtements sur un des lits.
Puis il fit demi-tour, et sortit de la chambre, avant de refermer la porte derrière lui.
-Voilà, t'as ta réponse. Alors maintenant, à la douche. Répliqua Gabriel avec un sourire moqueur.
Nous avions, Dieu merci, une salle de bain reliée à notre chambre. Je commençais donc par le laver, et contrairement à ce que j'avais crains, il ne se débattit pas. Ce fut donc très rapide. Je l'essuyais rapidement, puis le mit dehors, enroulé dans sa serviette.
-Habillez le, merci ! Dis-je simplement, avant de plonger sous la douche.
Ce fut probablement la meilleure douche que je n'avais jamais pris de ma vie. Retirer le sang caillé le mes cheveux était horrible et même douloureux, mais les retrouver propres et soyeux était un régal. Ne plus être poisseux également. Je m'essuyais rapidement, avant de m'habiller, et de sortir de la salle de bain.
Le jeune garçon était toujours enroulé dans sa serviette, et était recroquevillé dans un coin de la chambre. Quand il me vit, son visage s'éclaira, et il couru dans ma direction.
-Pourquoi vous ne l'avez pas habillé ? Demandais-je alors qu'il se cachait derrière mes jambes.
-Il refusait qu'on le touche. Lâcha Jean en haussant les épaules.
-Dit-donc ! Ils ne te veulent aucun mal. Ce n'est parce que ta vie est difficile que tu dois faire des caprices. Le grondais-je en me dirigeant vers la pile de vêtements.
Je pris ceux qui lui étaient destinés, avant de les lui tendre.
-Habille-toi.
Il se saisit d'une main tremblant des vêtements, et s'exécuta en reniflant bruyamment. Il se hâta tellement, qu'il mit ses deux jambes dans le même trou du pantalon. Je m'agenouillais à ses côtés, et l'attrapais par l'épaule. Il recula aussitôt, trébuchant et tombant en arrière.
-Ne me tapez pas, je vous en supplie. Pardonnez-moi ! S'exclama-t-il en mettant ses bras devant sa tête, comme pour se protéger.
-Te taper ? Mais pourquoi je ferais ça ? Tu n'as pas à avoir peur de moi. Je m'excuse de t'avoir fait peur en te grondant tout à l'heure, mais je t'assure que je ne lèverais pas la main sur toi. Je sais que tes parents sont morts et...
-Ce n'étaient pas mes parents. Déclara-t-il alors.
-Des membres de ta famille alors ?
-Non plus.
-Alors qu'est-ce qu'ils étaient pour toi ? Demandais-je.
-Mes maîtres. J'étais leur esclave.
Mes yeux se posèrent sur les nombreuses traces sur sa peau. J'avais pensé qu'il s'était blessé lorsque l'on les avait attaqués, mais une évidence me vint en tête.
-Est-ce qu'ils te frappaient ?
-Tous les jours.
Une colère intense se diffusa alors dans tout mon corps. Toutes ces traces, c'était ces coups qu'ils lui avaient donné.
-Quel est ton prénom ? Demandais-je en tentant de garder mon calme.
-Thimoté.
-Thimoté, à partir de maintenant, ne laisse plus jamais personne te frapper comme il le souhaite. Je veux que tu apprennes à te défendre, et que tu ne te considère plus comme un esclave.
-Mais je ne peux pas. Répondit-il en baissant ses yeux noisette tristement au sol.
En effet, maintenant totalement propre, on se rendait compte facilement qu'il était brun, et avait les yeux légèrement plus clairs.
-Bien sûr que si.
-Non, parce que je suis un hybride sans pouvoirs. Je suis issue d'une union malsaine, et je suis inférieur.
-Qui t'as dit une ânerie pareille ?
-Mes maîtres.
-Ne les appelle plus comme ça.
Il allait falloir que je lui réapprenne à vivre, et à ne pas se considérer inférieur aux autres. Et également lui dire que désormais, il n'était plus vraiment un hybride sans pouvoirs.
Au même moment, on retoqua à la porte. Sans que l'un d'entre nous n'ait le temps de répondre, un vampire rentra. Il avait les larmes aux yeux, mais la première chose qui me choqua, fut sa ressemblance frappante avec Aidan. Il ne me fallut alors qu'une seconde pour savoir son identité.
Et vous ? Vous avez une idée de qui il s'agit ? Ceux qui ont une bonne mémoire s'en souviennent sûrement, à moins que ça ne remonte à trop longtemps ;)
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