« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent. » – Albert Einstein.
Adèle se leva d'humeur joyeuse : elle était impatiente. Elle fit un peu la grimace au moment d'enfiler sa robe de sorcière qu'elle trouvait si sombre et peu réjouissante, mais se rappela qu'elle serait surement très heureuse de l'avoir quand elle commencerait à sentir les courants d'air passer dans le château. Devant le miroir, elle essaya de définir un minimum les boucles de ses cheveux coupés au carré pour avoir l'air un peu moins sauvage. Elle cacha ses cernes qui ne la quittait pas depuis maintenant seize ans et se mit un peu de couleur sur les joues pour avoir l'ai plus vivante. Satisfaite, elle prit sa baguette et sa besace pour partir en direction de la Grande salle en compagnie de Phoebe et Donnie.
Pour ce premier petit déjeuné de rentrée, elles se servirent de tout ce qui pouvait comporter du chocolat tout en discutant du Tournoi des trois Sorciers. Elle se hâtèrent ensuite jusqu'à la salle du professeur Flitwick pour leur premier cours de Sortilèges de l'année, matière qu'Adèle appréciait tout particulièrement. Le petit homme leur parla du programme de l'année et après avoir aborder la théorie des sortilèges informulés pendant plus d'une heure, il les laissa passer à la pratique pour les vingt minutes restantes de son cours. Ils essayèrent tous de faire léviter une plume devant eux sans prononcer la moindre formule, et après quelques tentatives infructueuses, Adèle réussit à la faire se soulever de quelques centimètres, rapidement suivit par Phoebe qui était à sa gauche.
- Dis, Adèle ... J'espère que ma question n'est pas trop indiscrète mais ... qu'est ce qui t'as fait venir à Poudlard cette année ?
- Donnie ! la réprimanda Phoebe en se penchant pour pouvoir la voir. Le tact, tu connais ?
- Non mais ça va, je sais, répondit Donnie en levant les yeux au ciel tout en balayant d'un revers de la main le reproche de son amie. De toute façon elle doit bien se douter qu'on se pose la question, ça serait trop bizarre de faire semblant de ne pas être intéressée par le sujet.
- Ça ne me dérange pas, intervint Adèle, je vous assure. A vrai dire, je préfère me débarrasser de ça maintenant plutôt que le temps passe et que je ne sache plus comment l'aborder avec vous.
Remarquant que le professeur les observait étant donné qu'elles n'avaient plus fait la moindre tentative depuis qu'elles avaient commencé à parler, Adèle leur promis de leur raconter au déjeuner et elles se remirent toutes les trois à leurs exercices, finissant toutes par y arriver.
La matinée défila rapidement après ça. Adèle et Phoebe se dirigèrent vers leur option d'étude des Runes tandis que Donnie alla étudier les moldus avec le professeur Burbage. Elles se retrouvèrent toutes les trois au déjeuner, les deux anglaises assises en face d'Adèle. Cette dernière leur raconta son histoire, encouragée par les « Mais nooon ! » et « Attends, sérieux ? » des jeunes filles qui attiraient parfois les regards des autres élèves à leur table.
- Et bah dis donc, je ne m'attendais pas à ça, déclara Donnie.
- C'est exactement ce que j'ai pensé quand j'ai appris la nouvelle, plaisanta Adèle. Et maintenant j'attends la lettre qui devrait m'en apprendre plus. Enfin, je ne sais pas trop si je l'attends vraiment. Pour l'instant je crois que je ne veux pas trop savoir, je n'ai pas l'habitude d'avoir autant de trucs à gérer. D'habitude, je suis toujours la fille dans la moyenne, vous voyez l'idée ? Celle à qui il n'arrive rien.
Phoebe et Donnie hochèrent la tête face à elle, avec l'air de comprendre complètement ce qu'elle ressentait.
- Je ne suis ni grande, ni vraiment petite avec mon mètre soixante-cinq. Je ne suis pas la plus jolie fille de l'école, mais j'ai mes atouts. Même si je ne pige rien à l'astronomie, en général je suis plutôt bonne élève parce que je travaille, mais pas parce que j'aurais de super facultés en cours. Et puis je m'entends bien avec les gens mais je n'ai jamais été parmi les plus populaires. En fait, dans pleins de domaines, je suis « moyenne ». Bon aller, « moyenne plus » quand je suis dans une bonne période, concéda-elle.
- Je crois que tu viens de résumé le sentiment de la majorité des Poufsouffles, lui dit Phoebe. On a tous le sentiment d'être « moyen plus », de ne pas avoir de singularité qui nous définit vraiment individuellement. En tout cas moi, c'est exactement comme ça que je me sens.
- Moi aussi, conclu Donnie.
Toutes les trois se sourirent et, après quelques instants de silence où elles réfléchirent chacune a ce qu'elles venaient de dire, la conversation reprit naturellement, comme si elle ne s'était jamais arrêtée. En les observant, n'importe qui aurait pu dire qu'elles étaient des amies de longue date. Pourtant, elles ne se ressemblaient pas vraiment. Phoebe avait de longs cheveux roux foncés qui lui tombaient dans le dos et bouclaient aux pointes. Sa peau était pâle et ses yeux d'un bleu sombre. Elle semblait réservée, et ce encore plus quand elle était à côté de Donnie. Pour Donnie, engager la conversation avec n'importe qui était facile. Elle était lumineuse, elle parlait et riait fort. Elle avait la peau hâlée et le sourire collé aux lèvres. Ses cheveux châtains, coupés en un carré long, lui arrivait au-dessus des épaules et encadraient son visage aux joues pleines, sur lesquelles on pouvait voir -si on y prêtait attention- quelques cicatrices de son acné qui avait aujourd'hui disparu. L'une à côté de l'autre, elles semblaient bien différentes. C'est aussi ce qui plaisait à Adèle. Leurs différences, aussi bien physiques que dans leur personnalité, permettait à Adèle de pouvoir se faire sa place dans ce trio naissant : elle se sentait des points communs et des manières de penser et d'agir similaires avec les deux jeunes filles.
Le repas terminé, elles se dirigèrent vers leur salle de Défense Contre les Forces du Mal. Le professeur Maugrey étant lui aussi nouveau, personne n'avait d'anecdote à raconter à son sujet : pour une fois, Adèle ne se sentait pas comme la nouvelle élève en entrant en cours. Sur le chemin, elles avaient croisé les jumeaux Weasley et Lee Jordan avec qui elles partageaient le cours. Contrairement à la matinée où elle avait toujours su où s'assoir, cette fois-ci les tables de deux la laissèrent perplexe. Elle entama un mouvement pour s'installer aux côtés de Lee mais Phoebe la devança et lui adressa un air innocent, qui ne l'était en réalité pas tant que ça. Se retenant de sourire en comprenant que la jeune fille avait un faible pour l'ami des jumeaux, elle continua l'air de rien son chemin jusqu'à la table suivante pour s' assoir avec Donnie. Les jumeaux se mirent derrière et entamèrent un débat animé sur l'une de leurs inventions en attendant que le professeur arrive.
- Je ne savais pas pour Lee, chuchota Adèle à sa voisine avec un sourire malicieux. Je crois que j'ai un peu trop parlé de moi jusqu'ici, il va falloir que vous m'en disiez un peu plus sur vous si je veux éviter les gaffes.
- Si tu savais ! Ça fait un an qu'il lui plait et qu'ils sont toujours à côté quand on partage des cours avec les Gryffondors, répondit Donnie sur le même air tout en parlant à voix basse. Ils se tournent autour mais aucun des deux ne fait rien. Je commence à croire qu'ils aiment juste l'idée de se plaire mutuellement mais que le reste ne les intéresse pas.
Elles se turent quand ils entendirent résonner dans le couloir la jambe de bois de leur professeur claquer contre le sol. Tout au long du cours, Adèle ne sût si elle était impressionnée ou horrifiée. Fred et George derrière elle semblaient pencher du côté de l'admiration, mais elle n'était pas sûre d'être convaincu de l'utilité de toutes les démonstrations faites en classe. Jusqu'au diner ils parlèrent de ces deux heures qu'ils venaient de passer. Si dès le premier cours ils abordaient les sortilèges impardonnables, comment allait se dérouler le reste de l'année ?
Les trois filles ne restèrent pas longtemps dans la salle commune ce soir-là. Elles avaient mieux à faire : défaire leurs valises. Les deux habituées expliquèrent à Adèle qu'elles avaient pris l'habitude de ramener des choses de chez elles pour décorer la pièce, ce qui expliquait les long rideaux vert sapin que Donnie portait et les trois tapis que Phoebe essayait de maintenir fermés pendant qu'elle parlait. Adèle les aida à tout installer et, n'ayant rien prévu de plus, elle déposa sur une commode un bocal rond dans lequel se trouvait une multitude de pierres, allant du quartz rose à l'aventurine, en passant par des lapis-lazuli.
- C'est parfait ! s'exclama Phoebe en voyant les pierres aux propriétés magiques. Ça complétera ma pharmacie fait maison, dit-elle en ouvrant une ancienne pharmacie en bois qu'elle venait d'accrocher au mur au-dessus des pierres et qui avait manifestement subit un sortilège d'agrandissement. Essence de sommeil, décoction de plantes pour les ballonnements, des huiles arrangées pour les problèmes de peaux ... j'ai tout !
- C'est une pro des potions, lui apprit Donnie. Pas besoin d'aller voir madame Pomfresh pour les maux du quotidien quand tu as une Phoebe avec toi.
Une fois terminé, elle se reculèrent pour admirer leur œuvre. Cette chambre était la seule de la maison Poufsouffle où la seule touche de jaune se trouvait sur les courtepointes en patchwork des lits et sur les écussons des robes des sorcières. Le vert des rideaux et des nombreuses plantes tranchait avec la dominante beige de la pièce. Seule chose inachevée : le tableau en liège qu'elles avaient accroché sur l'un des murs avec pour idée de le remplir de photos, de citations et de petits mots (en plus de leur emploi du temps, le côté pratique avant tout).
Le reste de la semaine se déroula rapidement pour Adèle, en dehors des heures d'Astronomie et d'Histoire de la Magie qu'elle trouvait d'un ennui mortel. Le jeudi, elle finissait à 16 heures et elle en profita pour filer dans sa salle commune et aider Phoebe à préparer la salle pour leur soirée d'intégration qu'ils avaient programmé le soir même. Les Préfets avaient prévenu tout le monde qu'à 19 heures ils commenceraient, et que les retardataires se verraient affublés d'un gage. La menace avait bien fonctionné puisqu'on ne compta que peu d'étourdis qui finirent simplement avec des oreilles d'ânes sur le dessus de la tête ou un bec de pélican, tout dépendait de l'imagination de l'élève de septième année qui les métamorphosait. L'un des Préfets proposa aux premières années de se présenter en effectuant un sortilège simple qu'ils connaissaient, en montrant un domaine dans lequel ils étaient doué ou en racontant une anecdote à leur sujet. Rapidement, tout le monde se prêta au jeu et de petits groupes de formèrent, mélangeant les sorciers des différents âges et des différents groupes déjà établis entre eux. Adèle était assise sur l'accoudoir d'un canapé, les chaussettes sur l'assise, en compagnie de Donnie, de Cédric et de deux autres élèves plus jeunes dont elle n'était pas sûre de bien prononcer les noms.
- Je suis imbattable à Pierre/Feuille/Ciseaux, décréta l'un des deux élèves qui venait d'une famille de moldu et qui expliqua le jeu aux autres. Je sais toujours à l'avance ce que l'autre va jouer. C'est pareil aux cartes. Tenez, regardez.
Il se saisit d'un paquet de cartes qui traînait sur la table basse et énonçait les numéros et les familles des cartes avant de les retourner sur la table et il ne se trompa sur aucun des tirages qu'il effectua.
- Tu dois être bon en Divination ! La chance, moi je ne comprends rien à ce que raconte Trelawney.
- Même elle, elle ne comprend pas trop ce qu'elle raconte, le rassura Cédric. Moi, je sais faire ça.
Il prit sa baguette et pointa la plante la plus proche. Après avoir murmuré une formule, de jolies fleurs orangées poussèrent et s'épanouir.
- Faire fleurir des bourgeons plus rapidement ? S'étonna Donnie. Très romantique monsieur le tombeur, le charria-t-elle.
- C'est mon côté féminin, répondit en souriant Cédric. Mais pas sûr que tu saches ce que c'est, toi tu fais tout comme un bourrin, la taquina-t-il.
- N'importe quoi ! fit-elle, partant au quart de tour. Ok, ça peut m'arriver, quelques fois peut-être, d'agir avant de penser. Je suis juste un peu ...
- Tu es spontanée, l'aida Adèle.
- C'est ça ! se réjouit Donnie. Exactement ! Qu'est-ce que tu as à répondre à ça, Diggory ?
- Que tu devrais arrêter de parler et nous montrer ton talent, répliqua-t-il en riant.
- C'est pas faux, dit-elle en riant à son tour. Alors, j'aimerais que vous pensiez chacun a un adjectif pour décrire ma superbe personne, leur demanda-t-elle.
Donnie les regarda chacun leur tour droit dans les yeux alors qu'un air concentré et sérieux venait occuper son visage.
- Les jeunes, vous n'êtes pas du tout originaux, dit-elle aux deux sorciers dont Adèle avait oublié les noms. Spontanée, sérieusement ? On venait de le dire ! D'un autre côté, c'est toujours mieux que se qu'a pensé Cédric. Tu me trouves vraiment casse-pieds ?
- Mais bien sûr que non ! Je savais que tu allais lire dans mes pensées, c'est tout. Et toi Adèle, tu avais choisi quoi ?
- Je pensais à « Energique ». Mais maintenant que je sais que tu peux lire dans les pensées je vais passer un peu moins de temps avec toi, lui dit Adèle en plaisantant.
- Sois sans crainte jeune sorcière, mon grand-père ne m'a appris que des bases en légilimencie. En réalité, si la personne en face ne se concentre pas sur ce que je dois lire et n'accepte pas que je le fasse, je suis incapable de faire plus. Quoi qu'il en soit, à ton tour !
- Très bien. Je vous préviens, ce n'est pas vraiment magique, mais j'ai quand même besoin de la baguette de l'un d'entre vous.
Cédric lui tendit la sienne, perplexe, et attendit pendant qu'elle l'examina.
- 30,5 centimètres, bois de frêne, crin de licorne. Tu es quelqu'un de plutôt têtu et de très fidèle. Je dirais aussi que tu es d'humeur constante, tu es loin d'être lunatique. Et compte tenue de la souplesse de ta baguette je crois que tu t'adaptes facilement au changement.
Adèle lui rendit sa baguette, satisfaite de son analyse.
- Je ne peux rien contredire, répondit Cédric en haussant les épaules. Mais j'espère être un peu plus que ça !
- La baguette ne dit pas tout du sorcier, le rassura-t-elle. Mon père est fabricant de baguettes, alors j'ai appris un peu avec lui.
- S'il vous plait, votre attention ! Il est l'heure de notre traditionnelle chasse au trésor ! Nous avons caché dans le château le parchemin qui vous donnera la clé pour aller en cours de Potions sans avoir la boule au ventre ! Ah, euh, non attendez, se reprit le Préfet en chef qui reçut un message que Phoebe fit léviter vers lui. Ah non, il semblerait que ce secret n'ait toujours pas été révélé au grand jour. Rogue reste Rogue et nous, nous restons de pauvres agneaux apeurés devant sa personne. Mais ce n'est rien, nous avons prévu le coup et caché dans l'enceinte de ce château une paire de miroirs à double sens, ainsi que des baguettes farceuses et autre inventions offertes par nos généreux sponsors, les jumeaux Wealsey, qui n'ont malheureusement pas pu être avec nous ce soir. Vous pouvez être seul ou en équipe, et votre objectif est de trouver ce trésor grâce aux indices déposés, et ce sans vous faire attraper par la Manticore qui rôde la nuit dans les couloirs – en vrai ce n'est que Rusard, mais cet homme est vil. Que le ou la meilleur.e gagne !
- Pour rappel avant que vous ne partiez, le couloir du troisième étage est interdit, ce n'est donc pas la peine d'aller chercher par-là ! Et nous n'avons rien caché en extérieur non plus, rappela Phoebe alors que la plupart ne l'écoutait déjà plus, occupé à organiser leurs équipes. Comme pour les précédentes années, ce n'est pas réservé uniquement aux premières années.
Adèle fit équipe avec Cédric pour cette mission d'importance capitale. Ayant déjà participé à toutes les précédentes éditions, Donnie préféra rester avec Phoebe qui ne pouvait participer, ayant elle-même aider à cacher les cadeaux.
- Bon, il faut être méthodique, décréta Cédric. Si j'étais une baguette farceuse des Weasley, je me cacherais forcément dans les cuisines. C'est clairement l'endroit où ils passent le plus de temps après leurs lits.
- Mais les cuisines, ce n'est pas juste à côté de notre salle commune ? Ce n'est pas le choix de cachette le plus aventurier.
- Justement. On parle de Phoebe et de Duncan. Ce ne sont pas les plus téméraires.
Les deux sorciers se dirigèrent donc en direction des cuisines, mais une fois arrivés devant un grand tableau représentant une coupe de fruit, le mot de passe que Cédric utilisa tout en chatouillant la poire ne fit rien bouger.
- Et mince, ils l'ont changé. Bon, je sais à qui demander, tu restes là où tu viens avec moi ?
- Je t'attends ici, je vais me cacher par là-bas et voir si certains ont pensé comme nous.
Il se séparèrent et Adèle s'adossa contre l'une des colonnes, assise par terre. Elle attendit et vit en effet passer quelques premières années et d'autres plus âgés qui avaient perdu le mot de passe tout comme eux. Le sifflotement de quelqu'un lui fit relever la tête et elle sourit en apercevant l'un des jumeaux. Cédric avait raison, les cuisines avaient l'air d'être l'un de leurs lieux favoris.
- Petite balade nocturne ? lança-t-elle à l'adresse du rouquin.
- Visiblement toi aussi.
- Je cherche tes baguettes farceuses. Tu m'aides à rentrer dans les cuisines ?
- Après vous, répondit-il en faisant une courbette ridicule pour l'inviter à passer devant lui une fois qu'il eut donné le mot de passe.
Un rapide coup d'œil dans son cou lui apprit qu'elle était en compagnie de Fred, ce dont elle se doutait aux intonations de voix qu'il prenait.
- Et toi, c'est quoi ton excuse pour te balader le soir dans les couloirs ?
- Je viens nous chercher du ravitaillement à George et moi. On va bosser une bonne partie de la nuit sur un nouveau projet.
- Un projet secret ou un projet que je peux connaitre ?
- Un projet que tu pourras tester en avant-première, quand ce sera finit.
- Je commence à vous cerner, ça sent le traquenard. C'est moi qui le testerai ou c'est vous qui le testerez sur moi ? fit-elle, suspicieuse.
- Seul l'avenir nous le dira, répondit-il en lui adressant un clin d'œil.
Les deux sorciers continuèrent d'avancer dans le couloir qui menait jusqu'aux cuisines tout en discutant de la semaine qui venait presque de s'écouler. Adèle appréciait discuter avec Fred. Depuis qu'ils avaient fait leur rentrée à Poudlard, les occasions se faisaient plus rares puisqu'ils ne faisaient que se croiser dans les couloirs. Les seuls bouts de discussions qu'ils avaient eus se résumaient à Fred faisant des blagues en cours avec George et Adèle qui riait tout en essayant de se faire discrète, répondant parfois quand elle trouvait que sa répartie en valait le coup. Il est vrai que Fred était vif d'esprit et n'avait pas sa langue dans sa poche, ce qui facilitait grandement les choses quand on était de ces gens qui pensent trop et agissent peu. Avec lui, Adèle n'avait pas le temps de se demander quel sujet aborder puisqu'il ne lui en laissait même pas le temps. Avec les jumeaux Weasley en général, il fallait suivre le rythme où ils étaient déjà loin devant.
- On dirait que tu as l'habitude de venir ici à cette heure, nota Adèle quand ils sortirent des cuisines, Fred le sac chargé des gâteaux offerts par les elfes de maison qui n'avaient pas semblés surpris de le voir débarquer aussi tard. On aurait dit qu'ils t'attendaient.
- Depuis le temps, c'est presque un rituel, répondit le rouquin.
- Je ne sais pas comment tu fais. A Beauxbâtons je ne me suis même jamais promené de nuit dans les couloirs, c'est interdit.
- Ici aussi, pourtant tu es là.
Ils se turent un moment, puis Fred reprit :
- Tu veux voir un truc cool ? Je te préviens, c'est pas validé par le règlement.
Adèle acquiesça et au lieu de reprendre le chemin inverse qu'ils avaient fait pour arriver jusqu'aux cuisines, Fred s'appuya contre le mur de gauche et y disparu. Il avait attrapé la main d'Adèle juste avant de s'y engouffrer. S'il ne l'avait pas fait, elle n'était pas sûre qu'elle l'aurait même vu disparaitre tellement les couloirs de ce château étaient sombres. Elle eut la même sensation étrange que lorsqu'elle s'était trouvée plateforme 9 ¾ et qu'elle avait traversé le mur de pierre pour réapparaitre sur le quai de départ du Poudlard Express.
Ils débouchèrent sur un étroit escalier en colimaçon qui n'en finissait pas. Au départ, la jeune fille essaya de masquer son essoufflement - comme si monter une cinquantaine de marche en essayant de suivre le rythme de Fred et de ses grandes jambes était un exercice tout à fait banal. Quand elle l'entendit toutefois être autant essoufflé qu'elle, elle ne fit plus semblant d'être une grande sportive au cardio de marathonienne.
Après de longues minutes d'escalade, ils sentirent un courant d'air frais passer sur leurs visages et s'infiltrer sous leurs robes de sorciers. La lumière de la lune éclaira les quelques marches restantes et ils émergèrent enfin de l'escalier. Adèle se pencha en avant, les mains posées sur les cuisses pour essayer de reprendre son souffle, mais ce qu'elle vit lui fit presque perdre l'équilibre. Elle se redressa brusquement et recula jusqu'à se heurter au jeune homme qui avait dû anticiper et l'attrapa d'une poigne ferme par le bras.
- Surprise ! articula-t-il alors qu'il essayait toujours de reprendre sa respiration.
Adèle eu envie de lui hurler qu'il était complètement malade, que c'était terriblement dangereux et irresponsable, que sous le choc elle aurait pu basculer dans le vide. En effet, sous ses pieds elle n'avait pratiquement plus vu que le vide. Elle n'avait rien remarqué avant de se baisser, le rouquin lui cachant la vue. Elle ne put rien articuler, ne sachant plus si elle était essoufflée par l'effort ou par le choc qu'elle venait d'avoir. Même si elle avait pu parler, elle n'aurait pas réussi trouver les mots qu'elle cherchait en anglais. Fred les avait menés tout en haut de l'une des plus petites tours qui se dressaient sur le château et ils avaient une vue imprenable sur le lac et sur les étendues de champs entourant Poudlard. La lune, lumineuse cette nuit-là, se reflétait dans l'eau lisse du lac et on pouvait voir une multitude d'étoiles éclairer à perte de vue un ciel sans nuages. Seul le hululement des chouettes venait troubler le silence de l'endroit. Adèle était incapable de déterminer à quelle hauteur ils se trouvaient, mais ce qui était sûr c'est que si quelqu'un se trouvait en bas il serait incapable de distinguer leurs silhouettes. Ce qui avait tant effrayée la sorcière aux premiers abords n'était pas seulement la hauteur mais aussi l'absence totale de barrière de protection. Ils se tenaient tous les deux sur un sol constitué de planches en bois qui n'était pas bien large, du moins juste assez pour les faire tenir tous les deux, peut-être une troisième personne s'ils faisaient attention.
- T'as vraiment un pète au casque toi, fut tout ce qu'elle put dire à Fred dans sa langue maternelle.
- Je n'ai pas la moindre idée de ce que tu viens de dire mais j'imagine qu'on pourrait traduire par quelque chose comme : « Quelle magnifique vue Fred, je n'aurais jamais eu l'occasion de voir quelque chose de si beau sans toi ». Ce à quoi je réponds « Je t'en prie, tout le plaisir est pour moi. Mais si un lac vu de haut te fait autant d'effet, ne te retourne surtout pas où tu ne supporterais pas la vue de mon sublime visage éclairé par la lune ». Et là tu ris, parce que je suis quand même plutôt drôle –voilà, exactement se rire-là- et moi je souris parce que je suis content, acheva Fred d'une voix plus calme et plus chaude que celle qu'il avait eu tout au long de son monologue.
- Pourquoi tu es content ? demanda Adèle presque à voix basse alors que le rouquin était toujours dans son dos.
- J'aime surprendre et faire rire les gens. Et tu es un très bon public pour ça : tout ce que tu penses se lit sur ton visage. Même pas besoin de parler la même langue pour te comprendre.
* * *
J'espère que vous avez aimé ce chapitre un peu plus long ! Je suis évidemment toujours preneuse de vos avis 😊
Et avant que je n'oublie encore une fois, je voulais remercier CelleQuiAimeLeBleu pour m'avoir aidé avec le chapitre 4 !
Bisous !
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