Chapitre 3
Ma chambre a été mon sanctuaire personnel pendant des années. Peu importe à quel point j'aime ma famille, parfois ils sont étouffants et dans cette maison, tout le monde sait que les chambres sont hors limite. C'est bien la seule règle qu'ils respectent tous.
Mon lit est resté le même après toutes ces années. Le même couvre-lit fleuri que j'aimais tant et les rideaux qui allaient avec. Mon bureau n'était pas débarrassé des cahiers et des livres de mes années de lycée.
Les murs portent toujours les posters que j'avais accroches ou colles depuis de nombreuses années : NSYNC, One Direction, Destiny's Child et tant d'autres. Mes médailles, par contre, ne sont plus là, peut-être que maman les a mis dans une boite.
Rien n'a changé, comme si je n'étais jamais partie. Mais je sais que Mima passe souvent ici parce qu'il n'y a pas une once de poussière ni sur le bureau ni sur les étagères. Une tige d'encens est allumée ici aussi : menthe et jasmin. Les fenêtres ont été ouvertes donc l'odeur n'est pas aussi forte que je l'espérais.
Sur mon lit reposait, comme Papa Wei l'avait dit, un présent pour moi. L'habituel enveloppe rouge et une enveloppe bien plus grande, jaune. J'imagine bien que ça soit une photo de nous que je rapporterai à l'appartement lorsque j'y retournerai.
Je m'assois sur mon ancien et ouvre l'enveloppe rouge que je sais comporterai bien la moitie de la moitie du loyer que je verse. À cause de mes études plutôt poussées, je n'ai pas pu travailler de manière consistante et assez bien pour pouvoir gagner ma vie. Mes parents ont continué à jouer un grand rôle dans ma vie adulte. Parfois, les triplets s'en mêlent, bien évidemment. Je leur dois beaucoup. Je dois, de ce fait, m'appliquer pour trouver un travail qui leur permettra de ne plus s'inquiéter à mon sujet.
Au lieu de trouver quelques billets de cent dollars dans l'enveloppe, je trouve un papier plie, que j'ouvre. C'est un chèque. Un chèque. Le montant que fait mettre la qualité de ma vision en question. Il y a assez pour que je puisse me louer un autre appartement seule dans un des meilleurs quartiers de la ville et payer le loyer EN ENTIER pour le reste de l'année. J'ai eu la chance de grandir de façon aisée grâce à mes parents. Ils ont tout fait pour que tout le monde soit à l'aise et puisse profiter pleinement de sa vie personnelle sans avoir quoi que ce soit qui les gènes. Mais je sais aussi que s'occuper de trois enfants et de trois personnes âgées a un moment, ça n'a pas été du tout facile. Nan nous a laissé juste après mon dixième anniversaire. Malgré la douleur que ça nous a apportée, je savais déjà que les nombreux voyages a l'hôpital n'étaient pas tous frais payés. Malgré l'assurance, le montant était très exorbitant.
Voir une telle somme sur un chèque à mon nom m'enlève les mots de la bouche. Je découvre ensuite un mot au fond de l'enveloppe :
"Joy, profite de ta vie ! On est très fières de toi. Nan et tous les autres se réjouissent de ta réussite. On t'aime.
-Papa Wei et Mima (avec tout le monde aussi, surtout Alex parce qu'il a écrit ce mot :P)"
Je crois bien que mon côté sensible remonte à la surface parce que mes larmes m'empêchent de voir clairement. Pendant plusieurs minutes, je suis assise sur mon lit, empoignant le mot écrit par mon frère, pleurant toutes les larmes de mon cœur. Je n'entends pas les coups toqués à ma porte et je ne remarque pas mes frères autour de moi.
Lorsque j'ouvre enfin les yeux, je suis surprise de les trouver dans ma chambre. Alex est assis par terre en face de moi, Owen est assis à ma droite sur le lit et Liam est à ma gauche.
Toute ma vie à l'école, on m'a demandé comme je faisais pour différencier mes frères l'un de l'autre. La petite chinoise qui a trois frères et qui sont des triplets est un bon moyen pour vendre du rêve, je vous le dis. Lorsque je leur dis que c'est facile et qu'ils ne se ressemblent pas comme ont l'aurait espéré, "pfff tu dis ça, mais personne ne le verra" à plus ou moins toujours été la réponse que je recevais. Jusqu'à ce qu'ils les voient en vrai.
Owen, le premier qui est sorti est l'image parfaite de Papa Wei, avec ses cheveux noir, droit, ses yeux bruns, sa peau a un teint plus fonce que nous quatre, comme s'il a bronze depuis l'intérieur du ventre de maman. De nous tous, il ressemble le plus à nos ancêtres chinois. Ensuite est venu Liam : l'asiat' aux taches de rousseurs. Cadeau de la famille irlandaise de papa. Et finalement Alex : la copie conforme de notre paternel qui ne ressemble en rien au fils d'un Yang. Il est le deuxième chinois le plus blanc que je connaisse. Que tout le monde connaisse en fait. "Tu es sûr qu'il n'a pas été adopté ?", m'a demandé une amie à l'école. "Mais non, il ressemble beaucoup trop à notre père.
Pour faire simple, je dis toujours "Le chinois chinois, c'est Owen, celui qui est entre les deux, c'est Liam et le plus blanc des trois, c'est Alex." Et la confusion s'efface en un clin d'œil. Et même sans leurs attributs physiques distinctifs, leur tempérament est bien trop différent pour les confondre. La seule chose visible qui les relie est la ressemblance bizarre qu'ils ont et que bizarrement les trois ont arrêté de grandir exactement au même moment et a la même hauteur. Les triplets Yang dépassent tous d'une demi tête notre père a moitie Européen qui, déjà, mesure aux alentours d'un mètre quatre-vingt-neuf.
"Ça va Nana?" Me demande Owen.
"On a frappé, mais tu n'as pas entendu." Continue Liam
"On allait partir, mais on t'a entendu pleurer. Donc, on est entre." Fini Alex.
"TU es rentré " Le corrige Owen.
"Et on l'a suivi" Ajoute Liam.
Alex hoche la tête, confirmant les propos de Liam.
"Ces trois la m'ont franchement manques" je pense, ce que je fais pleurer encore plus.
"Oh non, arrête Lanz, on rigolait !" Me rassure Alex en me frottant les jambes. "N'est-ce pas ?"
"Ouais, après toutes ces années, on te fait toujours pleurer ?"
Liam a appuyé ma tête sur son épaule et Owen me frotte le dos.
"Owen, tu étais celui qui la faisait constamment pleurer ! " Dit Liam.
"Non."
"Oui. Maintenant qu'elle n'est plus là, tu terrorises tes enfants et tes élèves." Réplique Alex.
Sa réponse m'a fait rire et Owen est offensé du fait que se moquer de lui me fasse rire.
"Maintenant que tu vas bien, pourquoi pleurais-tu ?" Me demande Liam.
"Le chèque." Je murmure.
"Quoi, il y a une faute ?" S'exclame Alex. "Je vous avais dit de me l..." Je lui coupe la parole.
"Non, l'argent. D'où est-ce que ça sort ?"
"Oh, un détournement par-ci, une fraude par-la." Blague Alex en haussant les épaules.
"Alex." Je presse sur son nom en le regardant dans les yeux. "D'où sortez-vous avec cet argent ? Sérieusement."
"Maman et Papa avaient ouvert un compte d'épargne pour chacun de nous a notre naissance. Et un petit pourcentage de leur salaire y allait chaque mois." M'explique Owen. "Après un certain temps, les intérêts rapportent une belle petite somme. J'ai reçu le mien après l'annonce de mon mariage avec Isabelle. Liam et Alex ont reçu le leurs à l'université pour leurs anniversaires. Et lorsqu'on a eu un travail assez stable et que tout allait plutôt bien, on a fait de même. Ce que tu vois est la somme finale."
"Qui penses-tu payais pour ces voyages ?" Questionne Alex en levant les sourcils ?
C'est vrai qu'Alex et Liam étaient souvent en déplacement. Owen est professeur de mathématiques appliquées à une université d'ici et donne des cours de maths et de chinois dans des écoles pas trop loin. Liam est architecte et Alex travaille à la banque.
Liam avait des sorties dans tout le pays et rapportait des photos d'architectures qu'il trouvait plutôt intéressantes. Certaines fois, il quittait même le pays. Alex allait tout le temps dans des séminaires ou des conférences partout dans le monde a une époque. Je n'ai jamais questionné leurs dépenses pour être honnête, mais tout est logique maintenant.
"Je vois."
J'essuie mes yeux avec un papier que m'avait glissé Liam et me redresse.
"À présent que tu es sûr que je n'ai volé personne à la banque, tu peux bien arrêter de pleurer s'il te plait Lanz? Maman va penser qu'on t'a fait pleurer. Mima demande à ce que tu descendes aussi." Me dit Alex.
Je souris et acquiesce. Mes frères se lèvent et me donnent un grand sourire, chacun à leur façon. Je me lève aussi et les enlace ensemble.
"Je vous aime. Et vous me manquez beaucoup." Je leur dis en les relâchant.
"Awwww, arrête sinon Liam va pleurer." Répond Owen en mimant des pleurs.
"Connard." Rétorque Liam, qui en effet, a une larme qui coule au coin de son œil, qu'il essuie rapidement.
"Maman dit que ta robe est dans la penderie" ajoute Alex en sortant.
Je ferme la porte et m'appuie dessus. Je jette un œil au chèque plié sur le lit. Je n'en crois toujours pas mes yeux, mais je n'ai jamais été aussi reconnaissante de toute ma vie.
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Un autre chapitre long!!!!
Comment vous trouvez??
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