Chapitre 7

Point de vue: Cameron

  Sophie expliqua à Lilia:
- Tu vois la fille là-bas? C'est d'elle dont je te parlais.
  Lilia regarda Kaïthleen et affirma, comme si j'avais besoin de son accord:
- Tu as le droit d'être amoureux d'elle, elle est jolie.
  Sa remarque me fit sourire d'amusement, mais aussi rougir, ce qui fit rire Sophie. Nous rejoignîmes Kaïthleen. Nous la saluâmes et Lilia s'exclama joyeusement:
- Moi c'est Lilia, je suis la sœur de Cameron.
- Je suis Kaïthleen, une amie de ton frère.
- Ouais, il m'a parlé de toi. D'ailleurs...
  Pour éviter le sujet qu'elle allait aborder, je la coupai et demandai à la jeune femme:
- Qu'est-ce que tu fais là?
  Elle me montra l'appareil photo avant d'expliquer:
- On m'a commandé un tableau de la gare, alors je prends des clichés à reproduire. Enfin... À reproduire en y ajoutant quelques "touches personnelles".
  Comme Lilia était plutôt curieuse, elle questionna:
- Ah, tu fais des tableaux? Tu dois bien dessiner! Et c'est quoi, les touches personnelles?
  Comme Kaïthleen tourna son regard vers moi, sûrement pour s'assurer qu'elle pouvait évoqué ses sujets surnaturels avec ma sœur, comme elle était jeune, je répondis pour elle:
- Elle ajoute des personnages ou ambiances surnaturels.
- C'est trop bien! s'enthousiasma Lilia. Tu pourras faire un portrait de moi, en monstre?
  La jeune femme accepta, amusée. Je proposai:
- Si tu as fini tes photos, tu peux nous accompagner jusqu'à l'appart'. Tu pourras y dessiner Lilia, si tu veux.
- Ça sera avec plaisir, sourit-elle, ce qui fit apparaître un sourire sur mes lèvres.
  Nous partîmes donc et arrivâmes chez moi peu de temps après. Lilia alla rapidement ranger ses affaires dans la chambre d'amis, qu'elle partagerait avec Sophie, car deux lits y étaient, et revint pour s'asseoir prestement sur une chaise et poser comme un mannequin. Ses manies nous firent rire, et Kaïthleen commença à croquer. Je ne regardais pas son dessin. J'étais absorbé par son visage, ses yeux qu'elle levait par intervalles réguliers vers Lilia... J'aurais plutôt dû porter mon attention sur ce qu'elle dessinait...

Point de vue: Kaïthleen

   J'avais réfléchi à ce que je pouvais dessiner. Je ne voulais pas faire un monstre un peu trop extrême, je ne savais pas ce qui aurait pu choquer Lilia. Elle n'avait que dix ans, après tout. J'avais donc opté pour un squelette. Simple, mais qui donnait vraiment bien quand c'était bien fait. Et quelque chose, sans que je ne saches quoi, m'avait donné l'envie de faire un squelette. Je m'appliquais à esquisser la petite fille et le squelette de façon à ce que l'on ait l'impression qu'il sorte de la fillette. J'étais plutôt fière, c'était bien réalisé sans être vraiment effrayant. Une fois fini, je le tendis à Lilia. En posant les yeux dessus, sa mine heureuse se décomposa. Un air plus que terrorisé apparut sur son visage et elle hurla:
- Le squelette démoniaque! Il faut qu'il sorte!
  Elle plaqua ses mains sur son visage en criant d'effroi. Cameron et Sophie se précipitèrent pour la réconforter, mais elle s'enfuit pour se réfugier dans la cuisine. Cameron s'exclama, plus qu'inquiet:
- Sophie, les couteaux!
  La jeune femme n'eut pas besoin de plus. Elle se jeta sur les talons de Lilia. Cameron s'assit, prenant son visage dans ses mains. Je regardai mon croquis, essayant de comprendre ce qui n'allait pas. Le voyant, le jeune homme m'éclaira:
- Tu n'y es pour rien.
- Qu'est-ce qu'elle a?
- Elle a refait une crise... Ça faisait longtemps. Depuis que...
  Il s'arrêta avant de reprendre, sans finir sa phrase initiale:
- Elle a peur des os. Enfin c'est bien plus qu'une peur. Une réelle phobie, pire que tout. Ça allait beaucoup mieux depuis quelques temps.
- Je suis vraiment désolée, m'excusai-je, me sentant tellement coupable.
  Il posa sa main, celle qui n'était pas dans sa poche, sur la mienne avant d'assurer avec un sourire:
- Tu ne pouvais pas savoir, ce n'est rien. Disons que ton dessin est vraiment mal tombé. Ce qui lui fait le plus peur, ce sont ses propres os. Elle pense que son squelette est un squelette démoniaque qui lui veut du mal, alors ça la terrifie.
  Je trouvai premièrement cette phobie vraiment bizarre. Il ajouta:
- Tu sais, elle a déjà essayé de se mutiler pour retirer ses os... Quand on était plus jeune, je l'ai trouvée, un couteau à la main, et l'épaule entièrement ouverte alors qu'elle essayait de se débarrasser de sa clavicule... Si je ne l'avais pas trouvée, qui sait ce qui se serait passé...
  Cette histoire était horrible. J'eus un sentiment de tendresse pour Lilia, avec un peu de pitié tout de même. Elle revint avec nous, tenant Sophie par la main. Cameron se dépêcha d'aller s'agenouiller à ses côtés.
- Tout va bien, Lilia?
  Elle acquiesça, silencieuse, encore troublée.
- Je suis vraiment désolée, Lilia, je ne voulais pas t'effrayer...
  Elle resta muette, mais elle s'avança vers moi pour me faire un câlin, signe qu'elle ne m'en voulait pas. Je fus soulagée de voir qu'elle allait un peu mieux et, après ce que m'avait dit Cameron, j'étais plus qu'heureuse qu'elle ne se soit pas fait de mal. Je passai la journée avec eux. C'était vraiment génial, mais j'avais hâte de rentrer. Les Charlotte me manquaient...

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