Chapitre 14

Point de vue: Cameron

  Le lendemain, je me levai tôt. J'avais très peu dormi. Ça pouvait paraître un peu bête, mais j'avais peur de ce qui allait maintenant se passer entre Kaïthleen et moi. Peut-être ne voudrait-elle plus me voir... Sa réaction m'avait bien montré son dégoût... Je m'étais peut-être trompé, peut-être n'était-elle pas faite pour moi... Peut-être était-elle comme les autres... Quand j'arrivais dans la cuisine ouverte, Sophie était déjà levée, à faire des pan-cakes pour le petit-déjeuné. Elle dût remarquer ma mine déconfite, car elle questionna:

- Mal dormi? Ça s'est mal passé, hier soir?

- Ça aurait pu être mieux, en effet...

- Que s'est-il passé?

  Je me contentai de lui montrer ma main. Elle s'assit face à la place où je m'étais installée.

- Cameron, si elle a été surprise, tu ne peux pas lui en vouloir, tu sais...

- Je sais, oui... Mais elle n'a pas été que surprise, elle était dégoûtée... Elle ne voudra sûrement plus me voir...

- Ne dramatise pas! s'exclama-t-elle, un petit rire moqueur dans la voix. Elle t'aime, elle ne va pas rompre juste pour ça.

  J'arquai un sourcil, peu convaincu. Beaucoup de personnes m'avaient déjà tourné le dos à cause de ça. J'espérais juste qu'elle soit différente, comme je le pensais. C'est ce que je me disais lorsque mon téléphone sonna. C'était elle. J'hésitai, mais je n'eus pas le temps de prendre une décision. Sophie me l'arracha des mains et répondit:

- Salut Kaïthleen, c'est Sophie! Tu vas bien?

  Il y eu un instant de silence, sûrement parce que ma opine répondait. Sophie reprit:

- Il est à côté de moi, mais il est occupé. Tu n'as qu'à passé dans une demi-heure, ok? 

  Un moment après, elle raccrocha.

- Ça sera plus simple de vous parlez en face, non? Et je t'interdis de cacher à nouveau ta main devant elle! Allez, vas t'habiller!

  J'y allai et, quand je revins, Lilia était elle aussi debout.

- Ça va pas, Cameron? Tu as une drôle de tête...

- Mais non, c'est sa tête normal, me taquina Sophie, ce qui fit rire ma sœur. Dis, Lilia, ça te dit, un cinéma? Il y a un film sympa qui passe dans un quart d'heure.

  La jeune fille acquiesça avec joie. Cinq minutes plus tard, elles étaient parties. Décidément, Sophie était assez douée pour arranger des coups et des rendez-vous. Des coups à la porte retentirent peu de temps après. J'ouvris la porte, prenant sur moi pour laisser ma main à l'extérieur, et je me retrouvai face à une Kaïthleen inquiète. A peine était-elle devant moi qu'elle s'exclama:

- Mon Dieu, Cameron, je suis vraiment désolé pour hier soir! Je n'aurais pas dû réagir ainsi, c'était vraiment stupide et exagéré...

  Je fus d'abord surpris. Personne ne m'avait adressé ses excuses à ce sujet avant elle. Je finis par répondre:

- Ecoute, je comprends ta réaction. Elle est vraiment... immonde.

  Je parlais bien entendu de ma main. J'allais d'ailleurs la remettre dans ma poche, pensant que ce serait mieux ainsi, mais Kaïthleen m'arrêta en glissant sa main dans la mienne. Dans ma main brûlée. Je tournai vers elle un regard étonné, et elle affirma:

- Ce n'est pas si horrible que ça, vraiment.

- Merci, lui souris-je, reconnaissant.

  Elle s'approcha un peu plus de moi et m'embrassa tendrement avant de me susurrer:

- Je t'aime...

- Je t'aime aussi, mon amour... Entre, entre. Je dois tout te raconter.

- Me raconter? Me raconter quoi? questionna-t-elle, curieuse, en fermant la porte derrière elle.

  Nous nous essayâmes sur le canapé.

- Je dois te raconter pourquoi ma main est ainsi, et tout ce qui m'est arrivé par le passé. 

  Elle resta silencieuse, attendant la suite, sentant probablement que ça n'allait pas être une histoire très joyeuse. Elle respecta tout de même mon envie de la partager avec elle. Je commençai:

- C'était il y a pas mal de temps. Il y a plus de dix ans. J'étais vraiment très jeune, mais j'étais déjà très mature et responsable. J'avais deux sœurs... 

  Sûrement après un rapide calcul, elle remarqua:

- Si c'était il y a si longtemps, Lilia n'était pas encore née, si?

- Non, effectivement. J'ai eu deux autres sœurs.

  Son regard m'envoya un signal de tristesse et de pardon. Elle devait avoir remarqué que je parlais d'elles au passé, mais elle ne voulait pas me couper. Je continuai:

- La plus veille des deux avait un an de moins que moi et s'appelait Piper. La deuxième avait deux ans de moins que moi. C'était Rebecca...

  Ma gorge se nouait, mais je voulais continuer. C'était important pour moi qu'elle sache.

- Tout commença lorsque nous déménageâmes...

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