Point de vue: Cameron

  Deux jours plus tard, c'était moi qui allait dîner chez elle. Je me sentais tellement bien auprès d'elle... Je savais que je pouvais lui faire confiance. J'aurais pu placer ma vie entre ses mains sans inquiétudes. Je pensais donc qu'il était peut-être temps d'arrêter de lui cacher mes secrets, notamment ma main.

Point de vue: Kaïthleen

  J'avais passé un super dîner avec Cameron. Même si les Charlottes n'avaient pas arrêtées de le critiquer, je n'y avais pas prêté attention. Il était environ 23 heures lorsqu'il m'indiqua qu'il devait rentrer chez lui. Je l'accompagnai jusqu'à la porte et je l'embrassai amoureusement, les yeux fermés. Alors que mes lèvres étaient en contact avec les siennes, je sentis qu'il sortait enfin sa main droite de sa poche. J'étais heureuse qu'il en ait enfin le courage, jusqu'à ce qu'il prenne mon visage entre ses mains. Alors que je pouvais parfaitement ressentir la chaleur de sa main gauche, sa main droite n'en dégageait aucune. Elle était tellement étrange, dure et caoutchouteuse. Dans un réflexe, j'ouvris brusquement les yeux et m'écartai, posant mon regard sur la main. Je plaquai mes mains sur la bouche pour retenir un cri surpris, horrifié, et peut-être même dégoûté. Je m'étais imaginé quelques causes au fait qu'il cachait sa main, mais pas celle-ci. Sa peau, si on pouvait appeler ça de la peau, était entièrement desséchée et racornie sur toute sa paume et son poignet. J'avais réagi sur le coup, sans penser à la sensation que j'avais pu envoyé à Cameron. Il se hâta s'enfoncer profondément sa main dans sa poche et son visage se referma. Il baissa légèrement la tête, et indiqua:
- Je crois que je vais y aller... À plus tard.
  Il se tourna et sortit de l'appartement en fermant la porte derrière lui. J'aurais voulu l'arrêter mais les Frozen Charlotte me ralentissaient.
- Quelle main horrible!
- Immonde! Dégoûtante!
- Qu'il reste loin de nous!
- Qu'il reste loin de toi!
  Je secouai la tête, essayant de retirer leurs paroles de ma tête, et je m'élançai au dehors de mon domicile.
- Cameron!
  Il était déjà parti, il n'était plus visible de là où j'étais. J'hésitai à essayer de le retrouver, mais je finis par me dire que je devais attendre le lendemain. Lorsque nous aurions tous deux l'esprit reposé... Je rentrai. Je m'en voulais tellement d'avoir réagi ainsi, aussi mal. Ça devait déjà être difficile pour lui, je n'avais pas à rajouter ça.
- Tu as bien fait, Kaïthleen.
- Bien fait.
- Il ne te mérite pas.
- Il ne nous mérite pas.
- Il paiera...
- Comment ça, "il paiera"!?
  Habituellement, leurs propos sur Cameron ne m'inquiétait que très peu, mais là, ça partait en menace... Comme pour me rassurer, elles reprirent:
- Nous ne lui ferons aucun mal.
- Nous resterons sur nos étagères, promis.
  Qu'à moitié rassurée, j'allai me coucher. Je ne dormis pas de la nuit, m'en voulant toujours.