Chapitre 5
N'hésitez pas à commenter, ça me fait toujours plaisir 😉
Le lendemain.
-Mais oui papa ça va, désespère Paul, qu'est-ce que j'ai mangé ce midi?
Le garçon se tourne vers moi. Il observe les pâtisseries sur mes jambes et sourit.
-Je me suis gavé de légumes comme d'habitude quelle question.
Je m'esclaffe, il pose sa main sur ma bouche afin de me faire taire ce qui ne fait qu'accentuer mes gloussements. La voix de monsieur Lahote continue d'inonder le véhicule. Il a une drôle de voix au téléphone.
"Et comment ça se passe avec la petite Charlie, vous vous êtes enfin remis ensemble?"
Paul affiche des yeux ronds. Il se précipite sur son téléphone, désactive son Bluetooth et pose son portable contre sa joue.
-Je dois y'aller Pa, on parle une autre fois!
Je suis rouge comme une pivoine et je ne suis pas la seule. Lorelai tapote mon épaule avant de me faire un clin d'œil comme pour dire " tu as une touche ma grande". Le brun lâche un sourire crispé pour détendre l'atmosphère. Il fait presque nuit, nous arrivons enfin devant chez Fred. Lorelai a été clair, elle n'avait peut être pas été assez persuasive avec Phineas mais elle se chargerait de son autre ami. Paul et moi dormirons dans un hôtel du coin en attendant. Nous nous garons devant un immeuble grisâtre.
-Bon et bien, déclare la blonde, on se rejoint demain matin.
J'acquiesce.
-Tu es sûr que tu y arriveras?
La concernée lâche un rire.
-Ne t'inquiètes pas Lahote, je connais ces deux idiots depuis le berceau. Phineas peut être têtu mais je connais Fred comme ma poche, je le convaincrais.
Alors qu'elle s'apprête à ouvrir sa portière, elle se retourne soudain vers Paul.
-J'aime beaucoup ton père au passage, pouffe-t-elle, il devrait t'appeler plus souvent ça vous permettrait peut être de vous bouger.
Je saisi mon oreiller et le balance sur la blonde qui éclate de rires. Elle quitte le véhicule, j'ouvre ma fenêtre. Lorelai me montre son téléphone avec malice.
-J'ai rapporté à Rachel, bonne chance les tourtereaux!
Cette peste! Je savais qu'elle servirait d'agent double. La Black ne me lâchera plus maintenant. Paul rit, je lui donne un coup de coude.
-Quoi? s'esclaffe-t-il. Ce n'est pas plus mal comme ça !
Je roule des yeux. Je sens que cette soirée risque d'être embarrassante.
Nous faisons le tour de la ville et ne trouvons qu'un motel ouvert. Je soupire. Il ne manquait plus que ça!
-Et si on dormait plutôt dans la voiture? je propose.
Un sourire se dessine au coin de ses lèvres. Je n'avais plus vu cette petite mimique typiquement Lahotienne depuis une éternité.
-Quoi princesse Charlie a peur que je lui saute dessus?
-Moi? Peur? Tu te surestime très cher!
Je n'aime pas quand il m'observe avec ce petit air. Ce petit air qu'il aborde quand il souhaite me faire perdre mes moyens. Je n'étais pas restée seule avec Paul depuis un sacré bout de temps et je ne m'imaginai pas que l'occasion se présenterait dans un vieux motel perdu.
-Aller Charlie, je n'en peux plus de dormir ici, je veux prendre une douche chaude et m'endormir sur un vrai matelas.
Il n'a pas tord. Cela ne nous ferait pas de mal ni à l'un ni à l'autre. J'hoche la tête avec lassitude. Je n'ai pas d'autre choix que de céder.
-Yes!
Il sert le poing comme signe de victoire et sort dans un bond. Un véritable gamin.
-Je te le revaudrai
-Tu as intérêt, je grogne.
Au guichet un homme de la quarantaine nous accueille d'un sourire. Je sens les yeux de l'inconnu se poser sur moi d'une façon peu professionnelle. Paul me prend la main et l'homme se ressaisit. Il se tourne, prend un pass et nous indique le numéro de notre chambre. On n'a pas assez d'argent pour en prendre deux. Alors que Paul le paye, l'homme entrouvre la bouche. Je vois sa question venir à dix kilomètres.
-Pas de préservatifs merci, je soupire.
Le chargé d'accueil acquiesce. Il fait cela avec naturel, on s'est comprit, pas besoin d'en dire davantage. Paul m'observe avec surprise.
Alors que nous nous dirigeons vers l'ascenseur il se penche vers moi.
-Comment tu as su qu'il allait nous le proposer? me murmure-t-il.
-L'instinct mon petit, l'instinct.
Le Lahote approuve avec respect.
Ce n'est que lorsque nous arrivons dans la chambre que je me rend enfin compte d'où nous sommes et surtout que nous sommes seul. Au moins les murs sont à peu près insonorisés, nous n'entendrons personne,c'est déjà ça.
-Je vais prendre une douche, déclare le Lahote.
Il se dirige vers la petite salle de bains tandis que je me laisse tomber sur le lit. C'est un petit lit double mais il fera l'affaire pour cette nuit. Je dois avouer que cela me fait étrange que les autres sous-entendent quelque chose entre nous. Je n'avais plus entendu ça depuis longtemps. Et moi est-ce que je pourrais envisager un nous? Pendant un an j'ai mit ma vie en pause. J'étais tellement obnubilée par ma propre souffrance que j'en ai oublié ceux qui m'entouraient. Rachel et Paul étaient là, ils ont été patients, ne m'ont pas laissé tomber là où d'autres auraient jeté l'éponge depuis bien longtemps.
Le garçon quitte la salle de bain, laissant des effluves de champoings et de la vapeur sortir de la pièce humide. Il ne porte qu'une serviette, j'explore son torse du regard.
-Qu'est-ce que tu fais petit suricate? Tu m'admires?
J'arque un sourcil, passe devant lui, lui donne une tape sur la tête et rentre dans la salle de bains.
-Charlie?
J'incline la tête vers l'encadrement de la porte pour pouvoir le voir.
-Tu te nettoieras bien le visage
-Qu'est-ce que j'ai? je panique.
-De la bave, s'éclaffe-t-il, ne t'en fais pas je leur fais à toutes le même effet.
Je claque la porte et l'entend rire.
Je pénètre dans la petite douche. L'eau chaude m'effleure la peau, je sens mes muscles se détendre. C'est agréable. Je ferme les yeux me laissant aller à cette sensation de bien être. Quand je les rouvre enfin pour saisir un champoing, je pousse un cris strident. Un octave plus haut et je reproduirais à l'identique la scène incontournable de Psychose. A coté des savons se tient une bête. Une bête, non, ce n'est pas une bête, c'est un petit être maléfique. L'insecte grimpe le long du mur. Je n'ose pas l'arroser par crainte qu'il finisse sur moi. Paul débarque alarmé par mon hurlement à la mort.
-Qu'est-ce qu'il y'a? s'écrie-t-il les deux poings dégênés prêt à frapper.
-Là! je pleurniche. Il est là!
Le Lahote se rapproche pour voir le cafard. Il se tourne vers moi, perplexe.
-T'es pas sérieuse? J'ai cru que c'était grave putain!
-Qui te permets de dire que ça ne l'est pas imbécile!
Il chasse l'animal avant de me dévisager.
-C'est bon, rassurée?
Il essuie mes larmes de son pouce.
J'affiche des yeux ronds. Je viens de percuter que je suis nue comme un vers. Et je ne suis pas la seule. Les yeux de Paul se déposent sur ma silhouette, il ne dit rien, il sourit.
-Whaouh, lâche-t-il dans un murmure.
Je le pousse avant de refermer le rideau. Et merde.
Je mets du temps avant d'enfin me décider à quitter la pièce. Paul a laissé un t-shirt à lui sur le rebord du lavabo puis est sorti. Je l'ai enfilé, me suis examinée dans le miroir puis suis sortie. Il faisait les cent pas dans la chambre. Vêtu d'un jogging mais toujours torse nu, il s'essuie les cheveux avec une petite serviette.
-Je...
-Tu n'as rien vu, rien du tout c'est comprit?
Il hoche la tête. Je me laisse tomber sur le lit. Un silence plane. Cette soirée n'est pas embarrassante comme je le pensais, elle est bien pire que cela. Nous sommes tous les deux mal à l'aise. Paul ne dit rien par peur de me contrarier mais si je ne dialogue pas, nous serons encore plus gênés demain. Je lui jette un regard en biais, ses cheveux sont toujours aussi trempés. Je me mets debout sur le matelas.
-Incapable de se sécher correctement les cheveux tout seul, je râle, passes moi ça!
Je prends sa serviette. La surprise se lit dans ses yeux. Il s'avance vers moi, pour une fois que je suis plus grande que lui. Je frotte doucement ses cheveux. Il m'admire. J'ai beau fuir le contact visuel, il ne bouge pas, continuant de m'observer. Ses mains se posent sur mes hanches, je frissonne. Je croise timidement son regard. Ses yeux me déstabilise.
-Tu es belle Charlie Turner, est-ce que tu le sais au moins?
Je déglutie. Il remonte avec douceur sa main droite, la posant sur ma joue. Le garçon rapproche mon visage du sien. Nos lèvres s'effleurent, c'est doux, c'est passionnel. Je sens mon cœur s'accélérer pourtant je me sens bien. Je m'accroupie. Il pose un genoux sur le matelas, se rapprochant de moi. Lentement, tout en jouant avec mes lèvres, il me fait m'allonger. Je joue avec ses cheveux, et alors que sa tête vient se nicher dans mon cou, je stoppe tout.
-Je ne peux pas.
Il se décale. Le Lahote est essoufflé, il m'observe avec incrédulité.
-Tu m'as brisé le cœur une fois, il n'y en aura pas de deuxième, je lui souffle.
Je me glisse sous la couette.
-Bonne nuit Paul.
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