bonus

point de vue : charlie

- Hé les mecs, j'vais rentrer je suis éclatée, je m'exclame en articulant avec du mal

Je ramasse péniblement mon sac à main et mon manteau, direction la sortie du carré VIP.

- Je te raccompagne, me lance Ken en me regardant, je reviens les gars

- T'es pas obligé, je réponds une fois qu'il est à ma hauteur

- J'te laisse pas torchée et seule dans Paname à 4h, c'est mort

Puis il me prend la main pour me guider vers la sortie. J'embrasse de loin tout le monde une dernière fois sans oublier de souhaiter à nouveau à Idriss un bon anniversaire.

Une fois dehors je ne ressens pas le froid. C'est sympa l'alcool.

On commence à marcher vers la coloc, j'ai le nez en l'air comme une enfant de cinq ans. C'est beau le ciel dis donc. Mais ça fait quoi d'être une étoile ?

- Tu veux savoir quelque chose de drôle? je sens son regard se poser sur moi, les astres c'est magnifique non ? Alors pourquoi des astres et désastres c'est pareil ?

- Tais toi

- Des fois, je continue sans prendre en compte sa remarque grincheuse de vieux mec, j'repense à ce soir là, où tu m'as dit qu'on aurait pu être âmes soeurs

- Et t'en penses quoi ? questionne-t-il

- Je pense qu'on l'est déjà, je réponds sincèrement. Pas besoin d'être un couple et de s'aimer comme un couple pour l'être tu vois ? T'es mon âme soeur amical, un bout d'âme qui comble la mienne... bon c'est chelou mais c'est fort ce qu'on a Ken, et j'en suis heureuse

- Moi aussi tu sais, je sens sa main caresser la mienne, c'est agréable

- Et je suis heureuse que tu ailles mieux. T'iras loin Samaras, t'es bourré de talent et n'en doute jamais

Et on marche et on marche et ça ne s'arrête pas. Je suis fatiguée et j'ai cette impression de tanguer. J'ai vraiment trop bu et cette petite promenade ne me fais pas sortir de cet état second.

On arrive enfin au pont de la Concorde. Sacré pont. Je lâche la main de Ken avant de monter comme une enfant sur la rambarde.

- Charlie descends bordel, dit-il sèchement

Qu'il est chiant, il sait pas s'amuser celui là. Pourtant j'ai assez donné de ma personne pour qu'il aille mieux et pas conséquent qu'il s'amuse. C'est pesant de porter quelqu'un, seule et à bout de bras. Comme s'il m'avait transmis son mal-être au final.

- Descends, ça me fait pas rire

Alors évidemment je me marre. Quel rabat-joie.

- Fais moi, je tire la langue

Il monte sur la rambarde à son tour pour me barrer le passage.

- Et puis? Il se passe quoi maintenant espèce de p'tite conne ?

- J'vais enfin pouvoir être tranquille

Il me regarde avec incompréhension, en même temps je ne suis pas très claire mais je veux juste dormir, et il me tends la main.

J'ai pas envie de sa main moi. J'ai envie de dormir. Dormir dans l'eau, quelle incroyable idée, ça me fera me sentir en été.

L'été, la seule saison où je me sens dépourvue de problème. Comme si le soleil m'offrait chaque jour ce cadeau si précieux qu'est la sérénité et la tranquillité.

J'hausse les épaules puis je me laisse tomber dans la Seine. C'est sur qu'il y a mieux type une incroyable piscine dans le sud mais bon, je fais avec ce que j'ai.

Ma chute me paraît interminable et si angoissante. Lorsque la seule force qui me relie à la terre est la gravité, je commence à reprendre conscience. Pourquoi j'ai fait ça ?

Comme si tout l'alcool redescendait d'une traite je me rends compte de ma merde. Je viens de sauter dans la Seine.

L'eau gelée me transperce le corps comme des lames de rasoirs qui viennent m'arracher chaque parcelle de peau. Tous mes membres deviennent engourdis, comme si je n'avais plus la possession de mon corps.

J'essaye de remonter à la surface, le souffle coupé, tous les sens affolés.

Je n'y vois rien dans le noir absolu. Mes bras sont si lourds, je me sens comme un vieux robot rouillé. Je suis incapable de nager.

Mais où est la surface ? Où est Ken ?

Qu'est-ce que j'ai fait putain.

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