PARTIE 2 CHAP. 3

Mais cette nuit-là, je fais un rêve. Un rêve plutôt étrange. Il semble tellement réel que j'ai du mal à croire que je suis en train de dormir. Mais elle est là. Charlie.Elle est assise au pied de mon lit, sa guitare sur les genoux. Elle me dit qu'elle va mal mais qu'elle se sent bien. Le son d'une corde résonne. La corde la plus aiguë vient de se rompre.

« Tu vois Maël, ces six cordes sur nos guitares ? Ce sont des morceaux de nos vies. Il ne m'en reste plus que cinq. Toi, tu en as toujours six. Plus précisément,chaque corde représente nos problèmes, les problèmes qui nous détruisent. La corde la plus aiguë représente le plus bénin de tes soucis. Un truc assez important pour figurer sur cette guitare,mais pas assez pour t'achever. La plus grave correspond à ton problème le plus gros, ce qui t'anéantit le plus. »

Une nouvelle corde se rompt.

« Plus que quatre... »

Elle me tend une pince qu'elle sort de derrière son dos.

« Tiens, prend ça. Coupe la première corde. »

Je la regarde fixement, l'air désemparé. Je brandis la pince qu'elle pointe en ma direction et je coupe la corde la plus aiguë de ma guitare. À ce moment précis, je ressens une légère douleur dans la poitrine. C'est mon cœur. Je décide de couper la deuxième. Une douleur deux fois plus intense se fait ressentir.

« Pas si vite. Soit patient. »

Je regarde sa guitare et constate qu'une seule corde a résisté. Les autres se sont cassées.

« Pourquoi tu es partie Charlie.Pourquoi tu m'as abandonné ?

— Je n'avais pas le choix Maël.Mes cordes se sont rompues toutes seules, je n'ai pas été assez forte...

— Arrête avec tes cordes deux secondes ! Tu m'as laissé seul, sans aucune explication ! Jet'en veux et je m'en veux de t'en vouloir.»

J'attrape de nouveau la pince que je venais de déposer sur mon lit et coupe les trois cordes suivantes.Une douleur insoutenable me prend alors et refuse de s'en aller. J'ai du mal à respirer. Je presse fort sur ma poitrine avec mes mains et me plis en deux. Je grimace de douleur.

« C'est ce que cela fait Maël,quand le plus lourd de tes problèmes continue de te bouffer de l'intérieur. Cette douleur, tu veux qu'elle s'arrête, n'est-ce pas?

— Je choisis de ne pas mourir.

— Parfois, nous n'avons pas le choix...

— On a toujours le choix Charlie! Toi aussi tu avais le choix, tu l'as toujours eu...

— C'est faux Maël, pas toujours. Sors un peu de ce que les autres te disent. Choisir entre une vie de souffrance et une mort paisible n'est pas un véritable choix. La première option a été épuisée et ne demeure plus une possibilité.»

Elle me regarde et me fait comprendre que je dois couper la dernière corde afin de stopper la douleur. Je me prépare à faire lâcher la corde la plus grave en fixant sa guitare. Au moment où sa corde lâche, je resserre l'emprise de ma main sur la pince et brise la mienne. C'est alors que je ne sens plus rien, la douleur a disparue. Tout va bien, je suis bien. Mais après quelques secondes, j'entends un bruit, un son constant. Comme un bip.

Tout à coup, j'ouvre les yeux dans une inspiration brusque. Mes poumons sont vides. Je suis dans ma chambre d'hôpital. Les médecins sont là. Mes parents aussi. Ils pleurent.Je me redresse et leur fais signe que je vais bien mais ils ne réagissent pas. Je me lève du lit et m'approche d'eux. Je leur parle mais ils ne me répondent pas. Je me retourne et je me vois,allongé sur ce lit d'hôpital miteux. Une machine à côté du lit vient d'être débranchée. Mon cœur ne bat plus. Je suis mort. Mais ne l'ai-je pas toujours été depuis tout ce temps ? Tout ça n'était qu'une sorte d'imagination ? Je n'ai jamais quitté ma chambre d'hôpital et je n'ai jamais rencontré Charlie. J'étais dans le coma durant tout ce temps, pendant plusieurs mois et mes parents ont décidé d'arrêter mes souffrances aujourd'hui.

Je suis mort Charlie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top