Chapitre 11 : Enfance compliquée !
C'est la gorge sèche, que le combiné m'échappe des mains. Il se cogne contre le bureau en acajou mais le son m'est étouffé. J'expulse tout l'air de mes poumons en un souffle et essaie de suivre ce qui se passe. Or, je me sens encore plus spectatrice que d'ordinaire. La chair de poule me couvre et le monde me parait tout simplement ralentit.
Je peine à croire que mon propre père, mon concepteur, l'homme que j'aime, m'appelle Kendall. Je n'avais jamais auparavant entendu ce nom, pour dire, alors mon cœur se sent transpercé par une arme des plus incisives jamais existé.
Je reprends contenance petit à petit sous le regard des braqueurs et reprend le téléphone.
-Papa...
C'est tout ce que j'arrive à souffler. Je me creuse les méninges pour lui expliquer la situation, le forcer à me dire la vérité, mais je n'y arrive tout simplement pas. Mon cœur bat à tout rompre, des larmes me coulent des yeux, le désarroi m'emprisonne.
Alors qu'une idée pour amener mon identité sur le tapis, Hulk appuie sur le fameux bouton du haut parleur tandis que Po me serre entre ses bras, presque dans le souhait de me protéger. Il me répète comme une litanie qu'il me maintient la tête hors de l'eau mais inexorablement, je me noie. Ainsi je tente de me dégager de ses bras musclés mais sa main se pose sur ma bouche et il resserre sa poigne. Il n'est donc pas difficile de m'entendre me débattre en gémissant.
De l'autre côté du fil, mon père hurle des supplications. Je n'y fais plus trop attention jusqu'à ce qu'un prénom vienne peser dans la balance. Éros. Semblable au nom du dieu grec.
Hulk fronce alors plus les sourcils qu'il ne lui ai arrivé et frappe de toutes ses forces contre le bureau. Je comprends alors son inquiétude. Malgré son masque dorénavant les autorités savent qui il est. J'aimerais pouvoir le répéter pour être certaine que ce foutu Marshall serve à quelque chose mais quelqu'un bon sang de bonsoir entrave mon droit de liberté d'expression. Je suis donc soumise au bon vouloir de Po mais cela ne semble pas déranger Hulk alias Éros qui fait les cent pas.
Une veine dans son cou sursauté plus le temps passe et c'est les yeux fous qu'il centre son attention sur moi. Il semble vouloir communiquer avec moi...mais il fait fausse route, je ne suis pas réceptive. Je tourne donc la tête tout en griffant Po pour qu'il me lâche. Sauf que mon geste n'a pas l'effet escompté. Hulk alias Éros décide dès lors de s'acharner sur mon père.
-Très bien Phil ! Puisque tu viens de mettre mon identité à jour, il est peut-être temps de faire pareil avec la tienne et celle de Kendall.
Un silence se fait. Personne ne bouge, même les mouches ne tentent pas de voler. Il y a seulement un des otages qui choisit ce moment là pour tenter de s'enfuir et hurler à la mort. Il n'a pas fait quelques pas que l'homme qui se battait contre Hulk (? ou Éros ? ) se détache du groupe pour lui balancer une bonne décharge électrique dans le dos. L'homme tombe à terre peu de temps après et convulse violemment ; mais pris d'une force mentale herculéenne, malgré ses tremblements, tente de ramper jusqu'à l'entrée.
-Mais dégomme-le Jameson !, s'énerve miss-je-fais-croire-que-je-suis-gentille-mais-ne-le-suis-pas.
Et dire que je l'avais oublié celle-là !
-C'est ce que j'essaie de faire ! proteste-t-il avec l'hilarité de Viktorin.
Ainsi il lui lance un nouveau jus, mais rien à faire, même pris d'autres tremblements et avec un écume s'échappant de ses lèvres, cet homme continue de ramper. À ce jour, ce parfait inconnu devient mon héros et obtient mon plus sincère respect.
Au bout de la troisième malheureusement, ce guerrier rend les armes et s'avoue vaincu. Il git ainsi à quelques mètres de nous complètement inconscient. Je m'interroge alors sur son identité. Il est fort possible que son nom devienne mon premier tatouage. Signe de force, de rebellion et de courage. Certes ce serait tellement loufoque mais je ne suis plus à cela près.
Le fameux Jameson - en effet j'ai un autre nom - se retourne, un sourire amusé au coin des lèvres.
-Y'en a vraiment qui sont insistants !
Le rire qui l'accompagne me heurte et je me mords les lèvres pour ne pas l'accompagner dans ce petit moment assez atypique. De plus je ne suis pas la seule à trouver cette scène dérisoire, Winnie lui ébouriffe les cheveux rayonnant et Éros (Hulk pour les intimes) se permet de sourire. Et c'est plus effrayant que quand il fronce les sourcils. Comme quoi y'a des gens, ils ne sont pas nés pour être heureux physiquement.
Je suis, prise au dépourvue, secouée n'importe comment dû au rire de Po.
-Ca va, c'était pas hilarant non plus ! Je dis.
Or, le seul son que l'on entend est un mâchouillement horrible qui ressemble plus à un étranglement d'une chèvre en train de beugler. Instinctivement, Po resserre sa poigne me soulevant même de quelques centimètres.
Ainsi la salle se calme et Éros recommence à parler au téléphone. Il lui énonce les règles. Si mon père dévoile ne serait-ce qu'un seul nom encore, les braqueurs me feront du mal. Pour appuyer, ce qu'il dit, de sa main libre il appuie sur ma blessure au genou me faisant pousser un cri strident. Si mon père s'use à prévenir la police, ils me feront du mal. S'il essaie de les rouler, ils me feront du mal. S'il tente de mentir, plus jamais il ne me reverra.
Le regard des braqueurs me font comprendre que sur toutes les règles, la dernière parait être la plus importante à leurs yeux : le pourquoi du comment de cette histoire.
-C'est parti alors ! S'exclame un Winnie requinqué.
-Et si tu te présentais en nous racontant ton enfance, propose alors un Hulk à bout de nerfs, tendu jusqu'à l'extrême.
Un blanc s'ensuit avant que mon cher papa ne parle.
-Je m'appelle Philip Vendange-Aven. Je suis né au sud de Philadelphie en 1963 entre les trafiquants de drogue et les catins. Ce n'était pas facile tous les jours sur le plan financier mais on tenait bon autant qu'on pouvait. Ma mère se tuait à la tâche dans son travail de cantinière et mon père était routier. À la mort de ma mère l'année de mes huit ans, mon père nous a forcé à déménager à Charleston où nous avons élu domicile.
Y'avait rien à dire. Je me sentais beaucoup plus à ma place dans cette ville. Les problèmes de ma famille me paraissait complètement dérisoires. Il y avait ce quartier, ces pauvres gens qui ne demandaient que de l'aide mais qui étaient traités comme des moins que rien. C'étaient des braves gens. Bien plus que ceux de Philly. (Mon père soupire de tristesse. ) Ils méritaient plus et je n'étais pas le seul à le penser. Ce pourquoi à l'université, j'ai intégré une sororité appelé Les Rorschach. C'était surtout des petits riches qui croyaient sauver le monde mais dès qu'on parlait de pauvreté, remontaient sur les grands chevaux. (Un rire amer s'échappe du haut parleur du fix. Je n'ai qu'à fermer les yeux pour me remémorer nos discussions à ce sujet. Il y avait toujours un verre de citronnade entre nos mains et un soleil nous réchauffait la peau. Cependant, ici-bas, j'ai froid. ) Pourtant au cours de ces réunions hebdomadaires j'ai rencontré des personnes vraiment intelligentes et qui possédaient les mêmes idéaux que moi.
Mon père ne dit rien pendant quelques instants et le silence n'est comblé que par nos respirations haletantes. Je veux savoir la suite. Tout comme les braqueurs, parait-il. Je m'interroge alors sur ce qu'ils savent, ce dont ils se doutent et ce dont ils ignorent. Peut-être que si je parvenais à faire un échange de bon procédé, la suite pourrait être un "Happy End." Néanmoins, je sais que cette journée de Noël sera ma fin. Après savoir si je mourrai vraiment, ou perdrai une partie de mes croyances, la suite au prochain épisode.
Putain c'est vrai ! Cette aventure est tellement loufoque qu'elle serait digne d'une série hollywoodienne. En un sens c'est tellement pathétique : Ma vie ne serait en fait qu'une putain de pièce de théâtre ?
"-Continue Philip, l'encourage Po.
-Peter ? questionne mon père, oubliant la première règle. "
Le coup n'attend pas. Hulk frappe mon genou comme si j'étais responsable. La douleur irradie mon corps et je laisse alors échapper un sanglot. Je ne vais pas y arriver, pensè-je. Je vais craquer.
Alors que mon père grogne des insultes à l'attention des braqueurs, Winnie passe son bras autour de mes hanches, pour me soutenir sentant que je vais m'effondrer d'ici peu. Complètement lessivée, je pose ma tête sur ses larges épaules ne souhaitant que le sommeil mais cela ne m'est pas possible puisque mon père se met à conter la suite.
-Donc je disais que j'avais rencontré plusieurs personnes aux idéaux semblables aux miens. Nous nous étions alors intéressés à de nombreux projets pour redonner la valeur aux Charlos, les vrais Charlos, ceux qui saignent pour leur gagne-pain. Nous avions commencé donc par envisager de faire des études de droit, tu sais...la voix légale...avant que nous nous tensions compte que ce n'était qu'une perte de temps totale. Nous avons donc choisi un autre chemin...
-Et si tu revenais un peu en arrière hein, demande Peter.
-Ta famille, précise alors Hulk. C'est d'abord ta famille qui nous intéresse.
-J'ai un frère, rajoute-t-il après un long silence.
Mes pensées sont embrouillées. J'ai un oncle ? Et d'où nom de Dieu ?
-Et comment il est ton frère ? insiste Éros.
-C'est mon frère jumeau, maugrée mon père, la colère donnant des impulsions à sa voix.
Je me recroqueville comme s'il était en face de moi à l'instant et que je le savais proche d'exploser de fureur. Il est autant au pied du mur que moi et cela le frustre. Si je ne l'aimais pas tant, je jubilerais ravie, après qu'il m'ait caché autant de choses sur ma vie. Mais s'il me le cachait, c'était pour une bonne raison, non ?
-Et ?
Si réellement, Hulk est dans ma famille ( car c'est envisageable dorénavant), les Vendange sont des sacrés sangs chaud. C'est chiant merde ! Si nous pouvions juste avoir une conversation normale, on ne serait surement pas dans cette position désastreuse avec le FBI sur le dos.
Moral : Il faut toujours avouer ce qu'on a sur le cœur au lieu que cela empoissonne nos relations.
Merci conscience, je déraille tant...
-Mais tu n'aurais pas genre volé la fille de ton frère avant de disparaître pendant plusieurs putains d'année ! S'exclame un Hulk au bord de l'implosion.
Sainte Mère de Dieu ! Je n'ai même pas le temps de paraître surprise que je m'évanouis à cause de ma jambe.
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Hello ! Et oui ! C'est un chapitre que j'ai commencé ce soir juste avec le but de vous faire plaisir et de vous remercier pour vos votes même lorsque vous ne me laissez pas de commentaires. Vous êtes un super soutien ! Alors revenons à nos moutons ?
Des avis ?
Des questions ?
Des idées de la suite ?
Gros bisous.
Saphirre.
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