Scène bonus La Guilde des Ombres Tome 2
Bonsoir à tous !
Aujourd'hui, j'ai fouillé dans mes archives pour chercher quelque chose pour un autre livre et au fil de mes prospections, je suis tombée sur une scénette cocasse et amusante de La Guilde que j'ai coupée au montage en écrivant car elle n'apportait rien de spécial à l'intrigue sur le coup. Mais je pense qu'elle est sympa quand même, donc j'ai décidé de la partager avec vous.
Je vous resitue le contexte (attention aux spoilers si vous n'avez pas encore lu le tome 2 partie 2 !!) : cette scène s'intégrait à l'origine dans le passage où la bande est à Port-Daleth (ville portuaire au sud-est du Continent) avant d'embarquer sur le navire La Sirène Noire qui les conduira sur les Terres Immémoriales.
Il s'agit d'un premier jet sans prétention, écrit assez simplement dans l'ensemble, mais je vous le dévoile pour le délire en attendant le tome 3 (les précommandes du broché dédicacé sont ouvertes sur la boutique Plume Blanche, d'ailleurs)
Donc, dans cette scène, comme Gorgon se paye du bon temps dans une maison close avant le départ en bateau vers le royaume elfique, Panama envoie Beladyn et Menos le chercher sur place malgré leurs réticences plus que grincheuses...
Bien entendu, ne lisez pas ce bonus si vous n'êtes pas à jour dans la saga.
Belle lecture à vous et n'hésitez pas à partager ou taguer en commentaire les autres fans qui aimeraient du rab inédit en attendant le grand final !
P.S : pour les lecteurs qui déplorent déjà de terminer la saga, si ça peut vous consoler un peu, sachez que j'ai prévu d'écrire un chapitre bonus du tome 3 que je publierai cet été et qui se passera après la fin.
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— Nous cherchons un rouquin borgne, efflanqué, pâle et bavard qui se prend pour le nombril du monde. Cette description te dit quelque chose ? demanda Beladyn à une prostituée vêtue d'une robe aux voiles roses qui évoquaient les pétales d'une fleur.
Tout en dévorant le séduisant pyro du regard, la fille de joie leur désigna une porte, au premier étage du bordel. Abink et Menos montèrent les marches dont le bois craqua sous leurs bottes et se campèrent devant la chambre indiquée, où fusaient des rires féminins et des... aboiements humains. Les deux compagnons échangèrent un coup d'œil chargé d'appréhension. Avec un long soupir, Beladyn cogna son poing contre le battant à trois reprises. Le frère de Panama ne daigna pas répondre.
— Gorgon Carswell, rhabille-toi et sors tout de suite, tu es attendu à l'auberge ! s'écria le dragon avant d'aviser son ami, près de lui dans le couloir, qui se dandinait d'un pied sur l'autre. Je te préviens, l'ancêtre, hors de question que j'entre là-dedans.
— De même, grogna le vieux nain en croisant les bras sur la poitrine avec une ferme détermination. J'ai vécu assez d'atrocités sans devoir me coltiner un nouveau traumatisme qui me poursuivra jusqu'à ma mort.
— Ce n'est pas un argument recevable : j'ai vécu encore plus d'atrocités que toi.
— Oui, mais toi, tu n'as pas le cœur fragile comme moi. Si je suis foudroyé par une crise cardiaque, tu auras mon trépas sur la conscience et mon cadavre sur les bras !
— Laissons le hasard décider, suggéra Bel en extirpant un sceptrion de sa poche. Que choisis-tu ?
— Hum... Pile. Non, attends, face !
Brasier jeta la pièce dorée dans les airs, la rattrapa au vol et la colla contre le dos de sa main bronzée. Les deux compagnons se penchèrent solennellement sur le dessin ciselé du sceptrion. Abink émit un juron en langue draconique. Derrière la porte, les aboiements bizarres reprirent de plus belle, causant quelques sueurs froides et frissons irrépressibles au duo.
— Bon sang, je ne peux pas, se plaignit Bel, un pli sur le front. Cela risque de te surprendre, mais mon héroïsme légendaire a des limites. Et si je devenais aveugle ? Ce serait terrible pour accomplir la suite de notre quête.
Et je ne pourrais plus jamais reluquer les courbes de Carswell en douce, songea-t-il avec dépit.
— Un peu de courage, mon ami ! Parfois, le sens du sacrifice est indispensable... Je suis avec toi. (Menos rajouta dans sa barbe.) Par la pensée, évidemment.
— Et si on attendait que le rouquin termine sa petite affaire ? Je suis sûr qu'il manque d'endurance. Nous ne sommes plus à trois minutes près.
— Bel, vas-y, nous n'avons pas de temps à perdre ! Ne te dégonfle pas, par mes ancêtres. Le sort a tranché. Plus tu hésites, plus ce sera difficile.
— Hélas ! Bon, quand il faut y aller... Souhaite-moi bonne chance.
Le guerrier télépathe carra les épaules, se craqua les cervicales, retint son souffle et ouvrit prestement la porte. Menos se détourna pour ne pas apercevoir la moindre image susceptible de heurter sa sensibilité et de lui donner envie de rendre son repas à terre. Il entendit les cris stupéfaits d'une femme d'un certain âge, les objections véhémentes de Gorgon et les exclamations dégoûtées du dragon. Le vieux nain ricana en se congratulant d'avoir eu la sagesse d'opter pour le côté face de la pièce.
— Par les dieux du Panthéon ! vociféra Beladyn à l'intérieur. Quelle horreur ! Mes yeux me brûlent !
— Hé, rends-moi ça ! Je l'ai vol... payé une fortune ! protesta le borgne, furibond.
— La ferme, pervers. Bouge-toi et en vitesse ! Désolé pour le dérangement, ma dame.
— Je vous préviens, s'insurgea la prostituée, je n'accepte pas deux hommes en même temps, je n'ai plus vingt ans ! Mmmh, par contre, beau blond tatoué... Je suis d'accord pour m'occuper de toi après lui, si tu es prêt à attendre ton tour.
— Non merci. Je suis marié à une charmante rouquine caractérielle et jalouse aux tendances castratrices, déclina poliment le pyro maudit.
— Fiche le camp, Beladyn, ouste ! cingla Gorgon, expéditif. Je suis au beau milieu d'une expérience fondamentale.
— Tu as bien assez expérimenté pour aujourd'hui ! Espèce de détraqué, ramasse ton pantalon ! Sauf si tu veux que ta sœur déboule ici pour te ramener de force à l'auberge ?
— Non, ça va, ça va ! lâcha hâtivement le Donnien, soudain nerveux. Ne dis rien à Nama, je te suis !
— On n'oublie pas de payer dame Cunégonde, les garçons ! rappela sèchement la femme en claquant ses paumes l'une contre l'autre à l'instar d'une maîtresse d'école autoritaire.
Abink ne tarda pas à revenir dans le couloir, traînant le jeune homme contrarié par le col de sa tunique froissée et déboutonnée. Gorgon avait les cheveux en pagaille et du rouge à lèvres partout sur le visage. Menos secoua la tête avec réprobation. Ce gamin était irrécupérable !
– Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? gronda le pyro en grimaçant tandis qu'ils descendaient l'escalier de la maison close. Comment vais-je réussir à oublier ce qui m'a agressé la rétine dans cette foutue chambre glauque ?
— Tu n'as qu'à effacer ta propre mémoire avec ton Don de télépathie, répliqua Gorgon en haussant une épaule.
— Mon pouvoir ne fonctionne pas sur moi-même, sombre abruti !
— Pas mon problème. Et ne sois pas jaloux de mes techniques au lit. Je les perfectionne depuis longtemps. Si tu as besoin de mes conseils amicaux...
— Si je devais choisir entre tes « conseils amicaux » et une mort abominable sur le champ de bataille, j'irais sur le champ de bataille sans hésiter.
Gorgon fut particulièrement vexé par cette saillie injuste. Il se mit donc à bouder, au grand soulagement de Beladyn et Menos qui savourèrent une paix bienvenue pendant le reste du trajet.
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