Chapitre bonus Crazy Wild West

Voici le chapitre bonus de ma romance déjantée Crazy Wild West, partagé entre les points de vue d'Elyas et de Zara. J'espère que vous kifferez !

Bien entendu, veillez à avoir lu le livre en entier avant de lire ce qui va suivre, ou vous serez spoilés. Bonne lecture !

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Elyas

Ah, Venise. La Sérénissime !

Torse nu après ma douche, ma tasse de café à la main, je m'accoude au garde-fou ornementé du balcon qui surplombe le Grand Canal. Il est 10h : les gondoles, Vaporettos et autres bateaux à moteur fendent les eaux turquoise. Tel un empereur indétrônable, le soleil d'or exerce sa suprématie dans le ciel azur au-dessus du labyrinthe de palais vénitiens, campaniles rouges et canaux surmontés de ponts en pierre qui distillent une atmosphère romantique. Quelle ville fabuleuse. Je pourrais en tomber amoureux, si mon cœur n'était pas déjà pris par la Belle au Bois Dormant qui ronfle dans le lit derrière moi, les quatre fers écartés, à poil, ses frisettes d'ébène sur la figure – un vrai tue-l'amour, mais qu'importe.

Parce c'est ma femme, désormais.

Madame Leeloo Boutin Mercury. Je ne me lasse pas de répéter son nouveau nom en boucle dans ma tête et de contempler son anneau à l'annulaire en me rengorgeant de fierté, même si c'est très con. J'aime cette folle à la folie.

Je déplie un prospectus pioché dans la montagne que Lee a récupérée sur les présentoirs du hall de notre somptueux hôtel, qui me rappelle celui de Las Vegas. L'image sympa d'un ristorante m'attire l'œil, son menu régale mes papilles par avance. Il propose des spécialités toscanes. Le Palazzo Massari di Venezia, situé dans le quartier San Marco. Je vais y emmener Lee ce soir. C'est notre lune de miel, après tout. On ne se refuse aucun plaisir ! Nous avons passé trois semaines magiques en Corse, à proximité de ma ville natale Bonifacio, avant de nous rendre dans le nord de l'Italie. Mon cabinet est prospère sur le plan financier et la carrière de mannequin de mon Chocapic est au beau fixe, puisqu'elle enchaîne les contrats de prestige. Elle a dernièrement marqué une apparition à la télé, dans une pub pour un site de lingerie glamour. On la voit assise sur une méridienne en velours noir, dans un boudoir de pin-up, baignée par un puits de lumière rouge. Elle enfile langoureusement des bas noirs ourlés de dentelle sur une musique sexy. Inutile de préciser que, juste après avoir découvert cette pub sur notre écran plat, je lui ai sauté dessus pour lui arracher ses fringues et la pilonner sauvagement sur le canapé. D'autant plus qu'elle avait justement mis les fameux bas sous sa jupe moulante et me souriait d'un air coquin en me surveillant du coin de l'œil.

D'ailleurs, dès que j'ai terminé mon expresso, je rejoins ma gazelle au lit et la réveille en douceur par un massage érotique qui commencera par ses chevilles, pour remonter le long de ses longues jambes fuselées, jusqu'à l'intérieur de ses cuisses. Nous avons baptisé le pieu de notre suite à maintes reprises depuis le début du séjour – je ne manquerai pas de laisser un pourboire aux femmes de ménage – mais nous ne sommes jamais rassasiés l'un de l'autre. Nous avons déjà fait l'amour... je ne sais plus, en vérité. J'ai arrêté de compter après la treizième fois et demi. Nous ne sommes pas allés jusqu'au bout, car nous avons été interrompus par une blague téléphonique de Stan. Cet attardé a tenté de se faire passer pour une de mes « groupies » tarées avec une voix de fausset. « Ooooh monsieur Mercury, quel honneur, je suis votre plus grand fan ! Je vendrais ma culotte au diable pour que vous me broutiez le minou dans votre combinaison sexy de base-jumper ! » Dès que j'ai entendu le rire étouffé de Gab derrière lui, j'ai raccroché au nez de mon meilleur ami. Bon Dieu, ils n'ont que ça à faire, ces deux gamins ? Qu'ils s'achètent une vie !

En tout cas, à l'heure actuelle, ma queue palpite sous ma serviette à l'idée de replonger dans le fourreau brûlant et humide de ma déesse au lever de jambe acrobatique.

— Mmmmh, déjà au garde-à-vous dès le réveil, soldat Mercury ? lance une voix rauque et sensuelle derrière moi, tandis que des bras graciles couleur caramel m'encerclent la taille.

En sentant ses seins ronds s'écraser au milieu de mon dos, je me raidis de tout mon long. Mes fantasmes éclatent comme un nuage de bulles. La gorge sèche, je repose ma tasse sur la petite table en fer forgé.

— Lee.

— Oui, amour de ma vie du cosmos de l'univers intergalactique ?

— Ne me dis pas que tu es nue sur le balcon.

— Du toooout ! Détends-toi mon Dragibus, j'ai mon string Polochon.

Je jette un regard inquiet autour de nous. Un couple de touristes d'un certain âge sur le balcon de leur chambre d'hôtel petit-déjeune en nous observant avec insistance. La femme, d'un air indigné. L'homme, avec un rictus pervers. Mes yeux se reportent sur un bâtiment en face de moi. J'aperçois un type à sa fenêtre qui oriente un télescope dans notre direction. Nom de...

— Tu es tellement chou d'avoir pensé à emporter une boîte de Chocapic dans nos valises, babille Leeloo en frottant son nez contre ma nuque, ses paumes caressant mes abdos contractés. Best husband qui bande of the world, comme dirait mon frère quand il parle de son homme.

— Rentre dans la chambre en te couvrant la poitrine tout de suite. Des inconnus nous matent ! je gronde avec autorité, en lui saisissant un poignet.

— Et alors ? Offrons-leur un chouette spectacle. (Avant que j'aie pu réaliser quoi que ce soit, ma métisse frappadingue empoigne le bord de ma serviette et la tire sur le côté d'un coup sec, dévoilant ma queue.) FREE THE DICKS ! hurle-t-elle jovialement, si fort que l'écho résonne au-dessus du Grand Canal, avant d'agiter ma serviette en l'air comme un drapeau blanc.

Je m'étrangle de stupeur et de fureur, Lee explose de rire. La vieille femme sur le balcon voisin recrache son thé sur son mari, qui fixe mon sexe en érection en proférant des jurons en allemand – je suis dans une forme olympique, j'avoue. Je pivote en un éclair, attrape mon ingérable femme exhibo par les jambes et la balance sur mon épaule, façon homme des cavernes, pour la ramener à l'intérieur. Du coin de l'œil, je la vois faire coucou de la main aux voyeurs alors que je la transporte à l'abri des regards – même si j'expose au passage mon cul, qu'elle ne se prive pas de fouetter avec la serviette. Elle me tue !

— Tu vas me le payer, vilaine fille, je grogne en la jetant sans ménagement sur le lit.

— J'y compte bien, monsieur mon mari ! minaude Lee, ses yeux verts brillant de gourmandise, en refermant une main autour de son sein tatoué pour titiller son mamelon dur du pouce.

Ma paume me démange. Elle va avoir droit à une sacrée fessée !

Je rampe au-dessus d'elle sur le matelas en parsemant ses superbes jambes de baisers et de morsures. Elle se cambre avec un long gémissement de plaisir quand je fais lentement courir ma langue sur sa cuisse. Au moment où je m'apprête à baisser – avec les dents – son string en satin sur lequel est brodé un poisson jaune et bleu potelé qui louche sur moi d'un air débile, quelqu'un frappe à la porte.

Lee et moi nous figeons en échangeant un regard interloqué.

— Tu as appelé le service d'étage pendant mon sommeil ? s'enquiert-elle dans un murmure, une main sur ma nuque.

Je secoue la tête.

Je rabats le drap sur son corps quasi nu, enroule de nouveau la serviette autour de mes hanches et vais ouvrir la porte.

Personne. Bizarre...

Les sourcils froncés, je baisse les yeux sur deux objets qui reposent sur le seuil, dans le couloir.

Un T-Rex vert en plastique qui monte un Tricératops rouge.

C'est quoi ces conneries ?

Au moment où je me penche pour ramasser les jouets, un bras épais me chope brutalement par le cou, une main bourrine m'ébouriffe la tignasse et une voix tonitruante me défonce le tympan :

— SURPRIIIIIIIISE, LES JEUNES MARIÉS !

Leeloo crie comme une hystérique en sautillant sur le lit et en claquant dans ses paumes tandis qu'un troupeau de dinosaures s'engouffre sans hésiter dans notre suite nuptiale.

Eh merde. Je préférais largement le canular téléphonique.

Toute la bande est là.

***

Zara

— Mais qu'est-ce que vous foutez ici ? tonne Elyas, qui semble aussi heureux de nous voir ici que s'il découvrait une orgie de blattes dans son paquet de Dragibus.

Bien que je ne le montre pas, pour entretenir ma réputation de ninja inflexible, je trouve sa tête amusante. Il est rouge comme une tomate, avec des rayons laser à la place des yeux. Bouh, j'ai peur. Je m'empresse de le prendre en photo avec mon portable. Ce cliché inaugurera mon futur album de Venise. Je rajouterai au mec de Lee une moustache à la Hitler et de la fumée qui lui sort des oreilles via un logiciel, ça lui ira à merveille.

— Cache ta joie, Apocon, je déclare d'une voix atone.

— Lee, tu étais au courant qu'ils allaient débarquer pendant notre putain de lune de miel ? gueule le kiné alors qu'Alice et Gab se précipitent sur le lit pour étreindre son épouse aussi survoltée qu'eux.

— Non, mon Dragibus, je te le jure sur la tête de ma Sushi ! lui assure-t-elle entre deux câlins, les lèvres pincées de contrition.

Je lève les yeux au plafond, les mains dans les poches de mon ample pantalon noir. Ses talents de mythomane avoisinent le point zéro. C'est elle qui a suggéré à Stan de rappliquer à Venise à la fin de leur voyage de noces : Macaron et Rec rêvaient de visiter cette ville. J'ai suivi le mouvement, mais je n'étais pas particulièrement enthousiaste. Pourquoi ? Car je suis en plein entraînement intensif pour un tournoi de jeux vidéo programmé le mois prochain face aux blaireaux acnéiques shootés au Cacolac auxquels je vais mettre une branlée virtuelle. Néanmoins, à présent que je constate à quel point ça fait chier Elyas, je ne regrette pas d'avoir décollé mon petit fessier de mon fauteuil de gaming. De quoi se plaint le malaxeur de cellulite, d'ailleurs ? Ils ont suffisamment roucoulé, ce n'est pas comme si on s'était tapé incruste au début de leur séjour ! Les connaissant, ils ont dû copuler comme des lapins sous ecstasy dans chaque coin de cette chambre. À mon avis, le vagin de Lee est tellement dilaté qu'elle pourrait faire une descente d'organes et se vider de ses entrailles sanguinolentes sous nos yeux. J'aime bien cette nana, donc ça m'emmerderait un peu. Même si ce serait vraiment cool et intéressant à voir.

— Quel accueil de merde, sérieux ! râle Stan en poussant son meilleur ami sur le côté. Je m'attendais à une danse de la joie, suivie d'un hommage collectif au Saint-Bédo pour fêter notre arrivée fracassante ! Boudin est contente, au moins !

— Ta réaction est en effet très vexante, Apocon, renchérit Gabriel en pointant dignement le menton. On pensait que le coup du T-Rex qui encule un Tricératops te ferait au moins sourire. C'était bien la peine qu'on se creuse les méninges avant le vol. Stan a failli faire un AVC en réfléchissant.

— Elyas est grognon parce qu'il n'est pas encore bien réveillé, l'excuse Alice avec cette gentillesse horripilante qui me donne envie d'exploser son ravissant visage à coups de chandelier.

— Si, il est bien réveillé, je contre aussitôt en désignant la protubérance sous sa serviette. Il y a un bout qui dépasse, non ?

— Tu as tout à fait raison, Sushi, son gland tente une évasion à la discrétion relative, confirme Gab d'un air intéressé en rajustant ses lunettes.

— Mon Dieu, c'est affreusement embarrassant ! s'exclame sa cousine.

— Fais pas ta pucelle, Alice ça Glisse ! L'autre soir au Hamlet, ton mec a fait allusion à tes nouvelles tendances SM, se moque Stan en haussant les sourcils.

— C'est embarrassant pour Elyas, pas pour moi, rétorque-t-elle sans chercher à nier le commentaire du frère de Lee.

— Arrêtez de le regarder, bordel ! Mais qu'est-ce que vous avez tous avec mon pénis, aujourd'hui ? Allez vous faire mettre ! s'emporte le Corse en remontant sa serviette.

— Je peux te le couper, si tu ne l'assumes pas, je propose aimablement. Alice, file-moi le coupe-papier dans le pot à crayons.

Leeloo se tord de rire sur le lit pendant que son masseur d'utérus se rue dans la salle de bains pour s'habiller, s'astiquer la manette ou je ne sais quel truc d'humain lambda.

— Aux chiottes, Mercury ! scandent Stan et Gab à l'unisson à l'instant où Elyas claque la porte en nous insultant de tous les noms.

Blasée, je m'affale sur un fauteuil moche en bâillant à m'en décrocher la mâchoire tandis que Rec montre à Lee, avec une excitation qui la contamine, son planning des prochains jours et une carte de la ville recouverte de milliards de croix multicolores. Stan allume la télévision, se gratte les parties et baragouine une phrase incompréhensible en franco-italien. Alice s'extasie sur la vue du Grand Canal, les mains croisées sur la poitrine. Mon instinct pessimiste est formel : je sens les problèmes se pointer à l'horizon, comme à chaque voyage qui nous réunit. Nous verrons comment y faire face au fil de l'eau. Avec le bol qu'on a, on se retrouvera pris dans une fusillade entre mafieux au milieu d'un ristorante et Stan se recevra une balle dans les couilles. Alice deviendra l'otage d'un gangster, mais Lee fera diversion sur mon ordre en soulevant son top pour exhiber ses nichons. Je m'approcherai furtivement du salopard par-derrière et lui enfoncerai un hachoir dans le crâne.

Ce serait l'éclate, n'empêche.

Me désintéressant de mes amis, j'expédie un SMS à mon binôme programmeur, Gandalf Le Grigri.

[Tu avais raison, mec. Venise pue le canal moisi et la vieille morue. Un peu comme ton haleine.]

[Ou alors, tu n'as pas changé de slip depuis trois semaines, SushiDestroyer.]

[On dit culotte pour les filles, espèce de nerd. Et je n'en porte pas. Je suis pro-boxer. Rends-moi service, va te faire rebooter. Ta mère t'a tellement mal codé que t'es aussi réactif qu'un Atari ST qui charge une disquette.]

[Ta mère à toi aurait dû appuyer sur Ctrl+Z quand tu es née.]

Je pouffe légèrement, ce qui me vaut des regard effarés de mes copains moldus – il faut dire que je ne ris qu'une fois par an, au mieux. Je n'ai jamais rencontré Gandalf Le Grigri en vrai, mais il est super drôle.

Je m'étire avec une ombre de sourire en imaginant les eaux de cette ville teintées de sang, des membres coupés et des viscères de touristes flottant à la surface des canaux. Ça pourrait faire un jeu vidéo de survival horror d'anthologie. Il s'intitulerait "Massacre sérénissime à Venise". Je visualise une course poursuite en bateau qui vire au gore avec un gondolier fou et cannibale armé d'une tronçonneuse. Je note cette idée du tonnerre dans un coin de ma tête, je suis sûre que cette œuvre récolterait un franc succès.

Au fait, j'allais oublier une bricole ! J'envoie un SMS confidentiel à ma meilleure pote, qui saisit son portable à la coque Raiponce rose bonbon.

[Tu l'as dit à Mercury, meuf ?]

[Non, pas encore. Je pensais lui annoncer ce matin pendant le petit-déj, mais vous êtes arrivés plus tôt que ce que je croyais. Ou on s'est levés trop tard. Bref, tu m'as comprise, le poisson nage dans l'océan calme de son ignorance avant la tempête qui va bientôt se déchaîner !]

[Bon, au moins, on va tous pouvoir assister à sa réaction en direct. Je prépare mon appareil photo et mes ricanements grinçants.]

[Super méga génial ! Ça va être collector, ma Sushi, j'ai trop hâte. Si tu savais comme mon cœur bat à 1000 km/h !]

[Tu m'étonnes, ma couillonne. Tu as prévu quoi ?]

Leeloo relève la tête vers moi avec un immense sourire machiavélique, digne de celui qui vient d'incurver mes lèvres, avant de pianoter sa réponse sur son portable :

[De mettre le test de grossesse dans son bol de Chocapic !]

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