Chapitre bonus 1 inédit AFM : "Buon campleanno, amore mio !"
Il s'agit d'un recueil de chapitres bonus de "Amour, flingues et macaronis", "La Reine Courtisane" et, à venir, de la saga "Myrina Holmes." (une fois que les trois tomes seront publiés)
Ce ne sont pas les quelques chapitres bonus présents dans les livres : ceux qui font partie de ce recueil ont été écrits spécialement pour mes lecteurs des réseaux sociaux. Il y a notamment ici deux chapitres inédits qui n'ont jamais été publiés sur Wattpad, car je les ai uniquement dévoilés sur Facebook (un d'AFM, un de la Reine)
Evidemment, veillez à avoir lu les romans concernés en entier avant d'aller lire ces bonus, sinon vous vous spoilerez.
Bonne lecture à tous !
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Chapitre bonus : « Buon compleanno, amore mio ! »
Valentin
Cinq jours sans les enfants à Porto-Vecchio, dans le sud de la Corse. Juste Rob et moi dans un magnifique appartement de luxe avec vue sur la mer pour fêter nos dix ans de mariage. Des semaines que j'attends ce séjour avec impatience. J'ai réservé les billets d'avion, la location, les sorties. J'ai aussi averti toutes les personnes de notre entourage que je ne tolérerai pas le moindre dérangement intempestif et que nous ne décrocherons nos téléphones qu'en cas d'urgence vitale – et pour répondre à Luna, Roméo et Anya s'ils ont besoin de nous parler, bien entendu.
Ces derniers temps, ma femme et moi avons du mal à nous dégager des petits moments d'intimité. J'ai ouvert un deuxième resto à Florence il y a quelques mois, ce qui a considérablement rallongé mes journées. Rob a certes des horaires plus flexibles, mais quand elle n'est pas à son studio de tatouage, elle s'occupe à 100% des jumeaux. Elle est tellement exténuée qu'elle s'effondre comme une masse dans le lit en ronflant tel un canard asthmatique à 22h. Et un soir sur deux, je rentre après qu'elle soit couchée. Donc dans ces cas-là, nous ne nous adressons pas un mot de toute la journée. De plus, nous consacrons la plupart de nos week-end aux enfants en les emmenant en balade ou en jouant avec eux. À l'instar de leur mère, les jumeaux sont des boules d'énergie et s'ennuient très vite. Comme ils sont encore petits, ils ont besoin de toute notre attention.
Mais ces diverses conditions desservent notre vie de couple, que nous avons mise de côté par la force des choses. Nous n'avons pas eu l'occasion de faire l'amour depuis trois semaines, pour tout vous avouer. Une première en dix ans... Mi manca, cazzo !* Émotionnellement, moralement... et physiquement.
Vu la frustration que j'ai accumulée, elle va prendre très, très cher pendant ces cinq jours. On a du temps à rattraper. Et je gère mal l'abstinence. Je suis une bombe à retardement.
Bon, je ne vais pas vous mentir, on a déjà commencé. On a tiré un petit coup vite fait dans les toilettes de l'avion. La diablesse avait tout prévu, car elle n'avait pas enfilé de culotte sous sa jupe. Nous nous sommes fait incendier par les hôtesses de l'air et avons essuyé de nombreux regards outrés des autres passagers – il faut admettre que Rob n'est jamais discrète quand elle jouit – mais la honte post-coïtale en valait la peine. Et nous avons réitéré les galipettes dans un cagibi de l'aéroport parce que ça n'avait pas duré assez longtemps dans l'avion. Ah, et elle m'a aussi un peu branlé dans le taxi en m'embrassant passionnément, sa veste rose bonbon étendue devant mes jambes pour que le conducteur ne nous voit pas. Mais le Corse nous a grillés quand même : il m'a adressé un clin d'œil complice dans le rétro avec une expression d'envie sur le visage qui m'a mis en rogne. Je l'ai étripé de mon regard glacial de tueur à gages, mécontent qu'il nous mate. Son sourire s'est évanoui comme par magie, il a dégluti en détournant la tête, et il n'a pas prononcé un mot pendant tout le trajet entre Figari et Porto-Vecchio. Si j'avais surpris à nouveau son regard libidineux dans le rétroviseur, je lui en aurais collé une. En arrivant à la location, j'ai plaqué mon épouse contre le mur du vestibule pour remettre le couvert – c'était sa faute, elle m'a trop chauffé dans le taxi – mais elle m'a repoussé cavalièrement en éclatant de rire, m'a traité de perverso et m'a annoncé que je devrais attendre sa surprise de ce soir. Avant d'aller visiter l'appartement en se déplaçant d'une démarche chaloupée tandis que je reluquais ses fesses, pas assez moulées à mon goût dans sa jupe.
Ça, c'était il y a quatre heures. À présent, nous terminons de nous préparer pour aller au resto qu'elle a réservé, un établissement guindé en hauteur qui surplombe le port de la ville. Enfin, correction : j'ai fini depuis belle lurette, ça m'a pris dix minutes. Rob est dans la salle de bains depuis deux heures et demie. Je l'entends se brosser les dents, pester contre les nœuds de sa crinière, activer son sèche-cheveux, chantonner, insulter son reflet, faire couler de l'eau, rallumer son sèche-cheveux, pousser un râle de douleur, s'asperger d'un produit en spray, se cogner contre le lavabo, jurer. Après dix ans de mariage, je suis habitué, mais ça m'agace toujours autant. Je jette un coup d'œil au cadran de ma montre.
— Robyn Massari, magne-toi ! Si on est trop en retard, ils vont refourguer notre table à un autre couple, grondé-je en tambourinant contre la porte pour la troisième fois.
— Meuuuh naaan, mon gros lapin tatoué ! Au pire, tu glisseras un petit pot de vin discret à une serveuse avec ton sourire de vaurien et on aura une autre table dans les trois minutes tapantes ! s'exclame sa voix enjouée de l'autre côté du battant.
— Ça ne marche comme ça que dans les films, cuore mio. L'autre jour, un client a essayé de me corrompre avec un billet de 5 euros au Palazzo Massari pour passer devant les autres dans la file d'attente, je peux te dire que je l'ai envoyé bouler bien comme il faut.
— Parce que tu es le patron et que tu as un sale caractère ! Et puis toi, tu ne soudoies pas avec des billets de 5 euros, tu n'es pas un gros radin.
Un vrombissement résonne. Je fronce les sourcils.
— Rob, c'est mon rasoir électrique, ça ?
Petit rire nerveux. L'appareil s'éteint.
— Mais non, mais non, c'est mon épilateur !
— Je suis sûr de ne pas avoir vu ton épilateur dans la valise.
Silence embarrassé.
— Je te rachèterai un rasoir, promis, lâche-t-elle gaiment. Je suis prête dans cinq minutes, amore mio !
Secouant la tête, je soupire de dépit et retourne m'asseoir sur le transat du balcon pour fumer une clope et boire un verre de scotch devant le panorama de rêve nimbé par les couleurs flamboyantes du soleil couchant.
Une demi-heure après, au moment où je me résous à défoncer la porte d'un coup de pied et à balancer ma femme sur mon épaule pour l'emmener au resto de force, elle émerge ENFIN de la salle de bains. Trois putains d'heures pour se préparer, elle a battu tous les records ! Et moi, je mériterais un trophée pour ma patience. (Et une pipe.)
— Tadaaaam ! s'écrie-t-elle en levant théâtralement les bras, un sourire immense aux lèvres.
Fière comme une paonne, elle effectue un lent tour sur elle-même pour me montrer le fruit de son labeur. Debout devant l'encadrement de la porte-fenêtre, je frotte mon menton barbu, un chouia désappointé. À l'exception de la tenue, je vois à peine la différence avec son apparence avant son séjour dans la salle de bains, mais il vaut mieux ne pas lui en faire la remarque. Ah si, attendez, elle a fait quelque chose à ses cheveux. En outre, elle a mis des boucles d'oreilles argentées en forme de cupcakes. Et elle est un peu plus maquillée que d'habitude, si je ne m'abuse.
— Très jolie.
Le sourire de Rob se désintègre aussitôt, remplacé par une expression furibonde et un regard aussi froid qu'un iceberg. A priori, j'ai gaffé.
— Absolument magnifique, rectifié-je en adoptant un ton plus enthousiaste.
Elle plaque les poings sur ses hanches en grinçant des dents. Nom de Dieu, quelle idée à la con de sortir ! Je préférerais mille fois qu'on se fasse livrer une pizza et qu'on mange tout nus dans le lit avant de passer la soirée à copuler. Réfléchissons, comment procéder pour rattraper le coup ? Si je lui sors qu'elle ne fait pas son âge, je peux dire adieu à ma nuit de débauche : elle va me tirer une balle dans la tempe pendant mon sommeil et enterrer mon cadavre sur la plage de Palombaggia.
Ou le balancer du haut des falaises immaculées de Bonifacio, au choix.
— Divinement sexy ? tenté-je d'une voix suave avec mon "sourire de vaurien".
Elle me rend mon sourire en se décontractant. Bravo Val, bien joué.
Bon, j'avoue qu'elle est canon et que j'aurais pu m'extasier davantage dès le début, même si je ne comprends pas trop comment elle a pu passer autant de temps à se pomponner. Sa crinière blond vénitien, d'ordinaire lisse, arbore de belles boucles anglaises. Ses yeux de chat sont soulignés par un far gris irisé et sa bouche pulpeuse est rehaussée d'un rouge vermeil. Mais c'est sa robe pin-up qui attire particulièrement mon attention. D'un blanc éclatant, elle est composée d'un bustier moulant dépourvu de bretelles qui lui fait un décolleté de malade à faire péter les braguettes et d'une jupe évasée lui arrivant à mi-cuisse. Fraîche, pétillante, angélique, bandante. Je plonge mon regard dans ses seins généreux constellés de tatouages – à défaut d'y plonger autre chose, du moins pour le moment – avant de le relever vers son ravissant visage de poupée. Elle me toise de haut en bas en se mordillant la lèvre inférieure, l'œil brillant d'admiration et de désir. Je suis sur mon 31, moi aussi. Chemise blanche aux manches retroussées, pantalon beige impeccablement ajusté, tignasse savamment décoiffée. La classe à l'italienne incarnée.
— Mmmh. Beau gosse, commente-t-elle d'une voix faussement détachée.
Quoi, seulement beau gosse ? Je la foudroie du regard, vexé. Elle se marre.
— Échelon 5, rajoute-t-elle avec tendresse en détachant les deux premiers boutons de mon col de chemise afin de laisser entrapercevoir le haut de mon torse bruni par le soleil. Voilà, Échelon 69 maintenant, conclut-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sage et chaste sur mes lèvres.
Je grogne en enserrant sa taille de mes doigts possessifs, qui ne tardent pas à descendre en direction de ses hanches. Reculant vivement, Rob se soustrait à mes mains en un rien de temps avec un claquement de langue réprobateur. Merde, elle me connaît beaucoup trop bien.
— Non, vil macaroni, bas les pattes et la queue ! La surprise d'abord.
Rien à foutre de sa surprise, bordel. J'ai envie de la sauter en long, en large et en travers. Dans toutes les positions. Dans toutes les pièces. Pendant des heures. Jusqu'à ce qu'on s'évanouisse tous les deux.
— J'allais juste te serrer dans mes bras, tesoro.
— Mon cul, oui, tu veux me serrer tout court. La dernière fois que tu m'as dit ça, je me suis retrouvée à poil trente secondes plus tard, juchée sur une commode, avec ma culotte déchirée fourrée dans la bouche et ton fusil à pompe entre les jambes ! me reproche-t-elle en désignant mon entrecuisse tendue d'un index accusateur.
Si nous n'avions pas fait l'amour dans l'avion et à l'aéroport, je n'aurais pas cédé. Mais ça a l'air de lui tenir à cœur, cette histoire de surprise. Je peux bien prendre sur moi avant de la prendre elle.
— Et ce cadeau, tu me l'offres quand ?
— Il y en a deux, mon chéri. (Je me décompose. Deux ?) Un pendant le resto, l'autre après.
— Rob, putain.
— Fais-moi confiance. Je te jure que tu ne le regretteras pas, Val ! (Elle marmonne, saisie d'un doute qui me rend un peu anxieux.) Enfin, j'espère.
***
Moi aussi, j'ai une surprise pour elle afin de célébrer nos noces d'étain. Je pensais la lui offrir demain, mais le resto est une occasion idéale. Pendant que Rob est aux toilettes, j'interpelle la serveuse pour lui transmettre mes directives. En ponctuant le tout d'un pot-de-vin de 100 euros et d'un sourire de vaurien, naturellement. La jeune femme rousse à la peau hâlée s'éclaire d'un sourire rayonnant lorsque je lui montre le cadeau. Appliquant une main sur son cœur, elle s'extasie comme si le présent lui était destiné.
— Oh, quelle merveille ! C'est tellement romantique monsieur, votre femme va adorer ! minaude-t-elle en chuchotant.
Je me retiens de rouler des yeux. Qu'est-ce qu'elle en sait, elle ne la connaît pas.
En prenant la boîte avec précaution, la serveuse contemple rêveusement mon visage et mon col de chemise entrouvert, les yeux pleins d'étoiles, le rose aux joues, le souffle un peu court. Elle a toujours son autre main sur son sein gauche. Et elle... se le malaxe légèrement en me fixant. C'est aussi gênant que flatteur, mais si Rob débarque et la voit me lorgner en se touchant de la sorte, elle va avoir droit à une coupe de champagne dans la figure dans le meilleur des cas, une menace de mort sifflée à l'oreille dans le pire. N'ayant aucune envie de passer la nuit au poste de police, je fais remarquer subtilement à mon interlocutrice que mon épouse pourrait revenir d'une seconde à l'autre et tomber sur le cadeau. La serveuse cille, m'adresse un sourire entendu et file en cuisine. Une minute plus tard, ma Française tatouée se rassoit en face de moi en lissant les plis de sa robe.
— Ils traînent à ramener notre commande, bougonne-t-elle en pianotant sur la table avec ses ongles. J'ai les crocs.
— Indulgence, cuore mio. Ils ont du monde à servir et le personnel est en sous-effectif, justifié-je, connaissant l'envers du décor.
Elle acquiesce en promenant un regard pensif autour de nous. Le cadre est somptueux. Notre table, au bord de la vaste terrasse, donne vue sur les lumières du port surmonté par un ciel étoilé. Rob a viré les chandelles de la table en arrivant ; elle ne voulait aucun obstacle entre nous. Mais comme elle a posé le chandelier près de sa chaise, un serveur a shooté dedans en passant et a failli cramer notre nappe. C'était moins une. Elle s'est confondue en excuses en bafouillant. Oui, elle aurait dû éteindre les flammes avant, mais elle n'y a pas pensé. Moi non plus, en fait. J'étais trop occupé à me perdre dans son décolleté aguicheur en élaborant mille scénarios érotiques. Je n'étais pas le seul, d'ailleurs. J'ai vite noté que plusieurs hommes assis aux tables voisines en profitaient aussi plus ou moins discrètement. J'ai fait un exemple en alpaguant bruyamment la compagne d'un quinquagénaire : "Madame, ça ne vous dérange pas que votre mari louche sur les seins de ma femme ?" Elle s'est mise à l'engueuler, il a rougi de honte sans piper mot, et ils sont partis en trombe. Après ça, plus aucun client du resto ne s'est risqué à nous regarder, que ce soit Rob ou moi. Ma tendre épouse m'a taxé de "macho mal embouché" et j'ai allumé une cigarette pour me calmer les nerfs. La seule fois où j'ai essayé d'obliger cette tête de mule à enfiler une veste pour éviter ce genre de désagrément en public, j'ai eu droit à un doigt d'honneur et à un "Vanfacullo" bien agressif.
Son portable vibre dans son petit sac à sequins multicolores. Je ne cache pas mon exaspération au moment où elle l'ouvre.
— Tesoro, on a dit dans l'avion qu'on ne regardait pas nos portables.
— Mais ça pourrait être une urgence ! proteste-t-elle, flippée. Imagine si Roméo ou Luna est à l'hôpital avec une commotion cérébrale. Ou les deux ! Ce serait bien leur genre de nous faire un coup pareil en même temps. (Elle avise son écran, son visage blêmit.) Oh mon Dieu Val !
Je me raidis de tout mon corps, terrorisé par sa réaction. J'imagine soudain mes enfants sur leur lit de mort. Jamais nous n'aurions dû les laisser pour aller baiser peinards. Nous sommes des parents irresponsables, les pires qui existent sur Terre !
— Quoi, qu'y a-t-il ? aboyé-je en écarquillant les yeux, le cœur battant la chamade, les doigts crispés sur le bord de la table.
Elle grimace de dégoût. Je soupire de soulagement. À tous les coups, c'est Lili ou Nina.
— Varan s'est plantée de destinataire, elle m'a envoyé un sexto bien chaud du slip.
— Surtout, je ne veux rien savoir, anticipé-je direct en lui assénant un regard d'avertissement.
— "Hâte que les enfants soient au lit pour qu'on teste la marchandise, mon biquet. Le gode-ceinture est nervuré, tu vas prendre ton pied ma petite salop..."
— Rob ! m'étranglé-je, au bord de la nausée. C'est mon cousin !
— Je rigole ! Elle m'a envoyé un SMS normal. Enfin, normal version Nina. "Bonnes vacances les amoureux, profitez-bien de l'île de beauté ! Pour info, il y a une plage naturiste à la pointe de Chiappa (ou comme dit biquet, Chipoooolata) si ça vous botte le radis de bronzer des parties génitales. Giacomo et moi, on a rencontré des gens super là-bas. En tout cas, on pense à vous, mais vite fait hein, on n'a pas que ça à faire. Vos deux petits monstres pétaient le feu, mais no soucy, on les a endormis en leur faisant boire de la vodka citron. Valentino, tu vas grave kiffer quand tu vas voir la surprise de ma morue. Si tout se passe bien. LOL LOL LOL" Oh, mais quelle sombre idiote celle-là ! glousse ma femme.
Un sentiment d'inquiétude me tord l'estomac. Je ne la sens pas, cette soirée. Mon instinct d'ancien tueur à gages est formel. Beaucoup trop de "lol" dans un message, j'en ai froid dans le dos.
— Elle plaisante pour la vodka citron ? murmuré-je en langue italienne.
— Avec Nina, qui sait, réplique ma femme en rangeant son portable.
— Rob...
— Mais oui, elle plaisante. Détends-toi, tout baigne amore mio, dit-elle en me prenant la main.
Sous la table, son pied déchaussé remonte lascivement le long de ma jambe. Ce n'est pas ce geste-là qui va m'aider à me détendre.
Elle change de sujet avec un adorable sourire et des yeux amoureux :
— Oh, mon macaroni... Je n'arrive pas à croire qu'on soit mariés depuis une décennie, souffle-t-elle en entrelaçant nos doigts sur la table. Ça passe tellement vite. Je me souviens de notre rencontre dans l'ascenseur comme si c'était hier.
Pour ma part, je me souviens de la fois où nous avons fait l'amour dans ce même ascenseur comme si c'était hier aussi. Nous étions ensemble depuis une semaine. C'est elle qui avait appuyé sur le bouton d'arrêt de l'ascenseur. C'était tellement hot que si la scène avait été filmée, ce passage aurait été coupé au montage. Mais notre première rencontre était bien sympa aussi, dans un style plus soft. Surtout la culotte à têtes de mort roses.
— Nous avons parcouru un sacré bout de chemin ensemble, admets-je en lui caressant le dos de la main avec le bout de mon pouce. On pourrait écrire une autobiographie de couple. On aurait des centaines de choses à raconter dans ce bouquin.
Enfin, je censurerais tout de même quelques éléments, notamment l'attaque de la courgette mutante phallique dans le supermarché. Mon mâle ego ne s'en est jamais vraiment remis.
Elle éclate de rire, son pied calé à plat sur l'intérieur de ma cuisse. Allez, Rob, tu peux mieux faire, sept centimètres sur la gauche et...
— Aucun lecteur ne croirait à ce qui nous est arrivé, c'est trop démentiel. Même moi quand j'y repense, je me demande parfois si nous n'avons pas eu un genre de délire collectif hallucinatoire. En mode Inception, rêve ou réalité, toupie qui tourne ou qui s'arrête ? Ou alors... (Se renfrognant tout à coup, elle plisse les yeux en surveillant les alentours.) Sois sur tes gardes, amore mio. La Matrice est partout.
Elle a déjà un coup dans le nez à cause des apéritifs. Formidable.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Tu fais chier à ne jamais comprendre mes références ciné, Val.
— Si tu faisais des références ciné à des films pornos ou du bon cinéma des années 70, je comprendrais plus souvent.
— Bref. Tiens, voilà ta première surprise, annonce-t-elle en extirpant de son sac une boîte noire rectangulaire. Buon campleanno, amore mio !*
Nom de... aurait-elle eu la même idée que moi ?
— Zieutes discrétos, ça pourrait en choquer plus d'un, précise-t-elle tout bas, une main sur le côté de la bouche.
J'arque un sourcil coquin en l'interrogeant du regard.
— C'est un accessoire sexuel ?
— Ben regarde, imbécile.
J'entrouvre le couvercle.
Une bouffée d'émotion se répand en moi lorsque je découvre, dans un écrin de velours, l'objet personnalisé qui a dû lui coûter une blinde.
Un élégant couteau à cran d'arrêt au manche noir et argent ciselé des deux dragons enlacés de nos tatouages. Sur la lame, les mots "Ti amo macaroni" ont été gravés. Un rire m'échappe. Je suis très touché par son attention. C'est un superbe cadeau.
— Aussi divinement sexy que toi, Rob.
— Tu aimes, mon gros lapin tatoué ?
— Et comment. Je l'adore, cuore mio. Merci.
— J'avais d'abord pensé à une nouvelle montre, et puis je me suis dit merde, c'est trop banal pour Val, babille-t-elle en se tapotant le poignet. Après, j'ai pensé à un nouveau Beretta, mais je craignais que ça ne t'encourage inconsciemment à reprendre certaines "activités" (Elle mime des guillemets avec les doigts.)... problématiques. J'ai même envisagé un gode-ceinture, renchérit-elle en écartant ses mains d'une trentaine de centimètres, mais j'ai laissé tomber quand Nina me l'a déconseillé. Ensuite...
— Je t'aime aussi, la coupé-je, attendri, en refermant le couvercle contenant l'arme blanche. Alla follia.*
Elle sourit d'une oreille à l'autre. Tout à l'heure, je vais lécher sa délicieuse petite fica en prenant tout mon temps pour lui témoigner ma gratitude, jusqu'à ce qu'elle jouisse sur ma langue et qu'elle oublie définitivement cette perturbante idée de gode-ceinture qui m'a fait frémir lorsqu'elle l'a évoquée. J'empoigne sa cheville sous la table pour déplacer son pied, que j'écrase contre mon entrejambe dure comme l'acier. Elle fait mine d'être choquée.
— Mais enfin, monsieur, je ne vous permets pas, s'insurge-t-elle en italien, en faisant doucement courir son pied le long de mon sexe.
— Tu as enfilé des dessous ? m'enquiers-je en susurrant dans la même langue.
Elle hoche la tête tandis que je masse langoureusement la courbe douce de son mollet.
— Enlève ta culotte, exigé-je avec autorité.
Elle secoue la tête.
— Tu discutes mon ordre ? grondé-je en lui pinçant le mollet.
— Tu te prends pour Christian Grey ou quoi ? Tu vas te calmer mon coco, parce que tes ordres, tu peux bien tous te les fourrer dans ton joli petit fion. Ton "ordre" à deux balles ne va pas dans le sens de ma deuxième surprise.
Christian Grey ? Ce n'est pas un ex à elle, j'espère ?
Bordel, j'ai épousé la seule femme au monde qui me résiste et n'ait pas peur de moi. C'est bien ma veine ! Minute, qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Sa deuxième surprise implique sa lingerie ? Ah, intéressant !
Le serveur nous apporte deux coupes de champagne et la serveuse nos entrées, du foie gras agrémenté de copeaux de truffes pour moi, des gambas flambées sur un nid de feuilles de salade pour mon épouse. Tout en l'écoutant jacasser d'une oreille, je la regarde manier sa fourchette pour écarter méthodiquement les feuilles vertes et rouges, comme elle le fait systématiquement. Rob ne peut pas blairer la salade. Elle va trouver ma surprise sous... Mais où est-elle ? Le cuisinier ne l'a quand même pas enfoncée dans une gambas ? Je cherche la serveuse des yeux, irrité. Où est-elle passée ?
Et à cet instant, j'entends un poing cogner sur la table et un verre se briser à terre. Je me retourne vers Rob, horrifié. Le teint bleuâtre, la bouche ouverte, elle est pliée en deux, les mains autour de sa gorge, et tente de tousser et de respirer, en vain. Putain, c'est pas vrai ! L'autre conne a mis la bague dans le champagne et forcément, ma femme l'a avalée ! C'était couru d'avance avec sa malchance ! C'est justement pour ça que je voulais qu'elle soit sous une feuille de salade !
Un client secourable s'approche pour aider Rob et commence à lui taper dans le dos, sans résultat. Je me lève en quatrième vitesse, renversant ma chaise dans mon mouvement, bouscule le type et prends littéralement les choses en main. Sans perdre mon sang-froid, je me place derrière elle, me penche en avant et entoure son buste de mes bras, un poing au creux de son ventre, pour exécuter la méthode de Heimlich. Je compresse vigoureusement le haut de son abdomen afin d'évacuer le corps qui obstrue ses voies respiratoires.
— Allez, recrache, cuore mio !
Une phrase que je n'aurais jamais formulée dans un autre contexte avec elle, vous vous en doutez.
À mon grand soulagement, elle expulse la bague en or, qui décrit un vol plané dans le resto pour disparaître... par-dessus le garde-fou.
Atterrissage direct dans la mer.
Un. Putain. De. Diamant. Rose.
Un des joyaux les plus rares au monde.
J'ai déboursé 5 millions d'euros à des enchères pour l'obtenir. Sans déconner.
(Elle me buterait si elle connaissait le prix. Hors de question de le lui dire.)
Ça m'apprendra à faire confiance aux serveurs...
Mais bon, relativisons. Ma femme est vivante, c'est tout ce qui compte.
— Ça va, angelo mio ? demandé-je en serrant délicatement Rob contre moi tandis qu'elle reprend son souffle en toussant, des larmes aux yeux.
— Oui, oui, coasse-t-elle en s'accrochant à mon cou. C'était quoi ?
— Une grosse mouche, sans doute, réponds-je en l'embrassant sur le front.
***
Nous voilà rentrés à la location. Robyn est déjà passée à autre chose avec une facilité déconcertante, car elle a l'habitude de ce genre d'incident à cause de sa poisse. Le patron de l'établissement voulait appeler les secours, mais elle a refusé catégoriquement en lui assurant que tout allait bien. Trois minutes après avoir frôlé la mort, elle croquait ses gambas comme si de rien n'était. Nous n'avons plus revu la serveuse de la soirée, elle ne savait plus où se mettre. Bizarrement, le dîner nous a été offert par la maison. Quant à moi, j'ai fait le deuil de mon diamant rose à 5 millions d'euros.
Elle m'a bandé les yeux avant d'entrer dans l'appartement en m'expliquant qu'elle avait embauché quelqu'un pour venir en notre absence préparer ce dont elle aurait besoin. Mon imagination tourne à plein régime. Balançoire érotique, peut-être ? Décor spécifique ?
Elle me guide par la main et m'incite à m'asseoir sur une chaise. Elle sème des baisers éthérés sur le bas de mon visage, effleurant mes lèvres, mordillant l'arête de ma mâchoire, en déboutonnant ma chemise de haut en bas. Je bous d'impatience.
— Promets-moi que tu garderas docilement les mains dans le dos, Val, murmure-t-elle à mon oreille en détachant le bandeau.
— Je ne te promets niente*.
— Tu préfères que je te les attache ?
— OK, je te le promets.
En prononçant ces mots, je croise deux doigts derrière ma chaise.
Elle me retire le bandeau. Son beau visage encadré de boucles dorées, souriant, me fait face. Et, par-dessus son épaule, j'aperçois... une barre de pole-dance.
Je cligne des paupières.
Robyn. Maladresse. Malchance. Pole dance.
Cherchez l'erreur.
Quand je vous disais que je la sentais mal, cette soirée. Mon épouse va bel et bien finir à l'hosto.
Je soupire profondément.
— Cuore mio, loin de moi l'idée de te froisser, mais tu n'as pas besoin de te trémousser pour m'exciter. Tu sais que je suis raide dingue de toi. Littéralement, précisé-je en baissant un regard suggestif vers mon érection.
— Dommage, parce que j'ai pris des cours, Val, dit-elle en taquinant mon nez avec le sien.
— Des cours.
— Hum hum, réaffirme-t-elle en griffant doucement les muscles dénudés de mon torse entre les pans de ma chemise, m'allumant de plus en plus.
— Juste pour moi ?
— À ton avis, crétin ? souffle-t-elle en torturant ma lèvre inférieure, la suçotant et la mordillant.
Mes mains me démangent de la palper partout. Je me fais violence pour rester sage et les repose dans le bas du dossier. Ma femme fait tout son possible pour que notre soirée soit parfaite. Comment ne pas craquer ? J'opine du chef, le visage adouci.
— The Rob's show is coming, baby ! rit-elle en reculant dans un froufrou de robe.
Elle dégaine son portable et lance une musique à plein volume, un sourire enjôleur aux lèvres.
Je grimace, mi amusé mi interdit, en entendant un refrain jovial, dynamique et surtout, affreusement ringard. "Tirelipimpon sur le Chihuahua ?"
— Et merde, pas Carlos ! vocifère-t-elle en pianotant sur son écran. Anya a téléchargé cette chanson moisie l'autre jour pour m'emmerder, je croyais l'avoir effacée de ma play-list. Voilà, c'est la bonne ! The Pussycat Dolls, "Buttons."
Je hausse un sourcil lorsqu'elle commence à claquer des doigts à intervalles réguliers en remuant les hanches au rythme de la chanson bien plus sexy que la précédente. Elle envoie valser ses escarpins par-dessus mon crâne d'un lever de jambe. Puis, tout en caressant la barre d'une main, elle en fait le tour en marchant d'un pas assuré, ses yeux dans les miens, le bout de son index dans la bouche, style ingénue coquine. Bon Dieu, pas une once de gaucherie dans ses mouvements, je ne reconnais pas ma gaffeuse. De profil face à moi, elle se cambre en arrière en se tenant des deux mains à son support, une jambe tendue, l'autre enroulée autour de la barre, et tourbillonne avec agilité, comme une vraie pro. Ses boucles voltigent autour de sa tête.
Heureusement que je suis assis, parce que je n'en reviens pas. Je suis coi ! Et j'ai clairement sous-estimé ma femme. Il faut dire que son premier et dernier strip-tease qui date d'il y a dix ans a été catastrophique, et qu'elle n'avait pas brillé par sa grâce (mais qu'est-ce que j'avais ri, putain !) En tout cas, ma Rob s'est transformée en danseuse de cabaret pin-up grâce à ses leçons.
Roulant du bassin et bougeant les épaules en fredonnant "I'm telling you loosen up my buttons baby", elle détache les boutons du bustier de sa robe avec lenteur et efficacité. Je manque de m'étrangler. Bordel ! Elle a un corset en dentelle noir décoré de nœuds violets en-dessous. Je comprends mieux pourquoi elle a passé trois heures dans la salle de bains, et pourquoi sa poitrine est aussi bien mise en valeur.
Mutine, elle soulève un peu l'ourlet de sa robe, jusqu'en haut de ses cuisses, sans m'en dévoiler davantage. Je grogne, elle sourit. Elle me tourne le dos, retrousse à nouveau très progressivement sa robe, et cette fois, la retire en la faisant passer par-dessus sa tête. Cazzo ! Un string noir et violet assorti au corset. Ses beaux lobes rebondis émaillés de dessins colorés me narguent en gigotant de droite à gauche. Quel culo !* (et quel culot !) Tout le sang de mon corps afflue dans ma queue, qui palpite douloureusement dans mon pantalon. La lingerie est aussi torride que la femme qui la porte.
Les mains enfouies dans ses cheveux, la tête renversée en arrière, gorgée de confiance en elle, Rob se met de profil face à moi et s'adosse à la barre de pole dance, qui vient se nicher entre ses fesses. Sensuellement, elle serpente contre la barre en s'arc-boutant, descendant en écartant largement les jambes, puis remontant avec volupté. Son regard languide de vilaine fille reste enchâssé dans le mien, comme une invitation à la fesser pour m'avoir provoqué de la sorte.
Je prie pour qu'elle vienne me faire une lape-dance.
Mes prières sont exaucées, elle avance dans ma direction.
Elle s'incline vers moi, un genou entre mes jambes ouvertes sur l'assise de la chaise, ses mains sur mes épaules. Rotation de tête, ses cheveux me fouettent le visage. J'ai bien fait de fermer la bouche, je ne suis pas friand de collation capillaire. Ses doigts glissent le long de mes muscles contractés, sur les reliefs de mes pectoraux, le renflement de mes abdominaux. Ma peau se couvre de minuscules frissons sur son passage. Ses lèvres planent au-dessus des miennes, sans jamais s'y égarer. Avec un sourire en coin, elle frôle la bosse qui déforme mon pantalon, mais ne s'y attarde pas, à mon grand désarroi. Elle pivote avec vivacité. Appuyant ses mains sur mes cuisses, elle se cambre en gémissant et frotte son cul contre ma queue au rythme de la chanson. Je me retiens de la saisir par les hanches. Mes poings se crispent dans mon dos tandis qu'elle ondule contre moi, dépravée et libérée. Tous les deux, nous sommes en sueur et haletants comme si nous venions de baiser sauvagement.
J'annule les sorties de demain, c'est décidé. On ne quittera pas cet appartement pendant les prochaines 24h.
Au moment où je me tâte à arracher son corset et son string, son corps se décolle du mien et s'éloigne. Reviens tout de suite t'occuper de ma queue, tentatrice !
— Le bouquet final ! exulte-t-elle en tendant les bras.
Les yeux arrondis comme des soucoupes, je vois Rob prendre son élan, courir vers la barre de pole dance et bondir comme une chatte. Elle attrape le support par le haut, tournoie à trois reprises, bascule en arrière... et se retrouve tête en bas, jambes entortillées autour de la barre pendant qu'elle continue à virevolter, sa chevelure balayant le sol.
Sublime acrobatie !
Jusqu'à ce que...
La barre se décroche brusquement du plafond.
— ROB !
Je me précipite vers elle alors qu'elle s'effondre avec un glapissement strident.
Par chance, elle ne tombe pas sur la tête. J'ai eu la sagesse d'apprendre à mon épouse à chuter correctement lors de nos cours de combat.
Mais son numéro de charme est fini.
Je vérifie qu'elle n'est pas blessée – à part son amour-propre et un futur hématome sur l'épaule, tout roule – et l'aide à se rétablir. Elle soupire à cœur fendre, déçue que sa prestation n'ait pas été irréprochable. Je lui caresse les bras en lui certifiant qu'elle a été mille fois "divinement sexy" et a tout déchiré, y compris mon boxer. Elle rit en sourdine.
C'est le bon moment pour ma surprise. Je m'agenouille devant elle, les mains sur ses hanches. Sa bouche forme un O.
— Robyn Massari, veux-tu m'épouser à nouveau ?
— Pardon ? hoquette-t-elle, abasourdie.
Le diamant rose était pour accompagner ma demande. Je n'ai plus de bague à disposition, mais cela ne m'empêche pas de lui poser la question.
— Oui, mon amour. Renouveler nos vœux de mariage pour nos 10 ans. Chez nous, à Florence, avec tous nos amis. Roméo et Luna seraient fous de joie d'y participer. Et... on fera la même chose pour nos 20 ans de mariage, si tu es partante. Nos 30 ans. Et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'on soit trop vieux, cyniques et aigris pour ces conneries.
Elle se mord la lèvre en souriant. Elle se met elle aussi à genoux, entoure mon cou de ses bras et attire ma tête contre la sienne pendant que j'encercle sa taille de mes mains. Nos lèvres se scellent, nos langues se caressent. Nous échangeons un long baiser fougueux comme au premier jour.
— Putain de bordel de merde de mes ovaires, oui je le veux, murmure-t-elle contre ma bouche. Ti amo, macaroni.
— Ti amo, cuore mio. Buon compleanno. (Un sourire carnassier étire mes lèvres contre les siennes. Ma main se glisse entre ses cuisses tatouées : j'ai un string insolent à faire disparaître.) Et à présent, passons enfin aux choses sérieuses.
Peu importe que cette soirée n'ait pas été parfaite selon les critères des gens normaux... À partir de maintenant, elle le sera pour nous.
Je sens que nous allons passer un excellent séjour.
Mi manca, cazzo ! Elle me manque, putain !
Buon campleanno, amore mio ! Joyeux anniversaire, mon amour !
Alla follia : À la folie
Niente : rien
Quel culo ! Ce cul !
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