PDV WILL

J'entortille une mèche de ses cheveux bruns, écoutant son rire cristallin. Son odeur me parvient et m'apaise. Je me sens si bien à côté d'elle...
Je me redresse sur un coude, l'attirant par la même occasion vers moi. Elle se retourne enfin, dévoilant un squelette poussiéreux.

Je me réveille en sursaut, à même le sol. Son retour n'a rien changé, toujours le même cauchemars...

Autre chose me préoccupe également.

Allons-nous réussir ? C'est la question que je me pose depuis deux jours.

Un coup d'œil sur ma montre m'apprends qu'il est six heures. L'aube ne sera là que dans deux heures. Et le nuage radioactif dans pas beaucoup plus longtemps.

- Debout !
Je cri.

Ça a le don de réveiller tout le monde d'un coup. On a pas de temps à perdre.

- Il nous reste quatre heures de marches jusqu'à Kjorg alors dépêchez-vous de vous préparer.

- Je suis crevée...
Ronchonne Jane.

- Tu dormiras dans l'Abris.
Je réplique froidement.

Elle me fait un doigt d'honneur que j'ignore.

- Tu pourrais être un peu moins con avec nous, on serait peut-être plus motivés.

- Si ta survie n'est pas une motivation assez grande pour toi Jules, tu peux très bien rester ici.
Je crache.

Je ne me reconnais pas. Entre l'angoisse d'être brûlé vif et la tension qu'il y a entre Molly et moi, par ma faute, je suis plus que stressé.

J'ai les nerfs à vif.

- Il a raison, on doit partir maintenant.
Dit Molly en regardant sa montre.

Je suis étonné qu'elle aille dans mon sens mais ne laisse rien paraître.

C'est parti pour quatre heures de marche.

Nous alternons entre marches rapides et courses. J'ai les épaules en miettes et mes pieds n'en parlons pas.

Le ciel s'éclaircit, mais d'une couleur plus qu'inquiétante. Très vite le ciel deviens rouge/marron. Juste derrière nous.

- L'enfer nous colle au cul !
Hurle Mike hilare.

Je crois que c'est ça façon de dédramatiser la situation. Bien sûr ça ne fait rire que lui.

Je fais un tour rapide du groupe, nous sommes toujours au complet, avec Molly et Barb' qui ferment la marche. Je m'inquiète un peu de leurs états, elles semblent au bord de l'évanouissement.

- On fait une pause de cinq minutes !
Je lance avant de m'arrêter.

Tout le monde pousse un soupir de soulagement, certains se laissant tomber sur le goudron.

Charlie crache ses poumons et je me retiens de faire de même. J'ai beau être sportif, j'ai mes limites.

- On boit de l'eau, on prends une grande inspiration et on reprends. Il n'y a pas de temps à perdre.
Je marmonne.

Je m'étire après avoir lâché mon sac. Qu'est-ce que je donnerais pas pour prendre un bain chaud ? Je suis courbaturé de partout , me donnant l'impression d'avoir quatre-vingts ans.

Un bruit de vaporisation me fait me retourner. Molly désinfecte ses pieds nus. Je m'approche d'elle et m'agenoue.

- C'est pas beau à voir.
Je souffle plus qu'inquiet maintenant. Comment fait-elle pour ne serait-ce que tenir debout ?

- Je sais.
Elle grogne en applicant de l'alcool modifié sur ses plaies.

Sa peau s'est arrachée à plusieurs endroits, sûrement d'anciennes cloques. Il y a du sang séché sur ses talons et ses orteils.

- Ça va aller ?

- Je n'ai pas le choix.

Je vois bien qu'elle évite mon regard. C'est mérité. Je n'aurait pas dû déballer ce que j'avais sur le cœur aussi méchamment, surtout devant les autres.
Mais j'étais tellement choqué, et elle... Elle faisait comme si de rien était. Comme si nous ne l'avions pas cru morte durant six longs mois.

Je la regarde appliquer de la gaze et un bandage au niveau des chevilles puis remettre ses chaussettes. Je grimace en voyant une tâche de sang sur l'une d'entre elle.
Une fois en sécurité, les médecins pourront s'occuper d'elle.

Je me relève et vérifie que tout le monde va bien.

- On peut le faire. Personne ne va mourir aujourd'hui.
Je lance avec force.

J'essaye de me rattraper en remotivant les troupes.

***

L'air devient plus lourd, un orage se déchaîne à quelques dizaines de kilomètres derrière nous.

Je regarde ma montre, neuf heure, on a pris un sacré retard, on doit faire tellement de détours pour ne pas rester bloqués. Au lieu d'une heure, c'est plutôt deux qu'ils nous reste à parcourir à ce rythme là.

Une toux violente fait trébucher la jumelle.

- Jane !
Cri son frère par dessus les rafales de vent.

On se précipite tous sur elle, l'encerclant.
Elle crache un long filet de sang visqueux.

- C'est trop tard...
Murmure Molly.

- Non, on peux encore y arriver !

Mon ton n'est pas très convaincant, on en entend clairement la panique.

- Partez sans moi. Je ne peux plus avancer.
Pleure la sœur de Mike.

- On abandonne personne !
Je la gronde.

- Vous allez tous crever si vous restez ici !
Elle s'énerve.

- Je préfère crever que recommencer une nouvelle fois !
Je m'énerve moi aussi.
Cette phrase à le don de jeter un froid.

- Owen !

On regarde la radio, espérant que le signal soit toujours là. Jade recrache un autre filet de sang, se tenant la poitrine fortement.

- Petite ! Dis moi que tu... pas loin !

- On ne peux plus avancer ! Mon amie est contaminée ! Est-ce qu'il y a un abris pas loin ?
Presse Molly.

La radio grésille avant de se couper.

- PUTAIN ! Elle cri, les larmes aux yeux. OWEN !

- ... êtes où ?

- Stonehawk ! STAWNHAWK !

- ...pas. j'arri...

La radio ne marche plus. On se regroupe autour de Jade, maintenant allongée.

- C'est la fin, c'est la fin...
Chuchote Jules les yeux fermement fermés.

Barb' pleure dans les bras de son copain. Mike regarde sa sœur tristement.

- Il va venir. J'en suis sûr.

- Il ne risquera pas sa vie pour de parfaits inconnus !
S'écrie le jumeaux hystérique.

- Il a dit qu'il venait, alors il viendra. Il faut juste qu'on patiente. En rover, il sera là d'ici une vingtaine de minute. Tiens juste vingt minutes ma belle.

Il n'y a pas de peur dans ses yeux. Quand est-ce qu'elle a arrêté d'avoir peur pour sa vie ?

Le vent est de plus en plus violent, nous faisant perdre l'équilibre. Nous restons en cercle, protégeant notre amie des déchets qui s'envolent.

La foudre n'atterit pas loin de nous, dans le village. Je mentirais si je disais que je n'ai pas peur.

- C'est comment de mourir ?
Demande Jules à la brunette.

Il a besoin d'être rassuré et pour la première fois, il fait vraiment son âge.

- C'est moins effrayant que ce qu'on croit.

- Connasse. Je flippe sévère là.
Lâche Jane, ce qui nous fais rire. Il n'y a qu'elle pour détendre l'atmosphère dans un cas pareil.

Charlie commence à tousser mais nous rassure d'un pouce levé.

Après une attente interminable, de la lumière nous parvient à travers la poussière.

- MOLLYYYYY !

- On est là !
Cri cette dernière.

- On est sauvé.
Je dis aux autres.

- Dépêchez-vous les jeunes ! Cri le fameux Owen. Il arrive près de nous et porte Jade comme si elle pesait une plume. Tous dans le rover !

***

- Je leur ai dit de nous attendre, beaucoup me doivent une faveur.

- Nous également.
Je réponds.

- Remerciez plutôt la petite ! Elle vous cherche depuis une éternité ! Alors même qu'elle savait pour la centrale.
Bougonne le barbu au volant.

Je regarde Molly, ses bras repliés contre elle ce qui attire mon attention. Je me penche en avant et vois avec horreur que ses mains sont rouges, comme brûlées.

- Tu es contaminée ?
Je demande durement.

Pourquoi ne nous a-t-elle rien dit ? Pourquoi elle cache toujours des choses ?

- Je vais bi...
Elle s'interrompt pour vomir du sang à ses pieds, côté passager.

- Merde Molly ! Bois de l'eau, vite. On est bientôt arrivés !
S'inquiète le vieux.

Tout le monde est mal en point et si ça ne tenait qu'à moi, je tousserai jusqu'à m'en étouffer.

Je regarde le ciel derrière nous, prêt à nous engloutir.

Allons-nous réussir ?

•••

Verdict ?

Rien à dire ojd,
à demain ! 😂

WILLCHR